Benoît-Emmanuel Peltereau-Villeneuve

prêtre catholique renvoyé de l’état clérical à la suite d'accusations d’agressions sexuelles
Benoît-Emmanuel Peltereau-Villeneuve
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Curé
Église Saint-François-de-Sales
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Benoît-Emmanuel Peltereau-Villeneuve, né Benoît Peltereau-Villeneuve en 1958, est un ancien prêtre membre de la communauté Saint-Jean. Il est le prieur d'un couvent à Genève entre 1988 et 2008 et curé de la paroisse Saint-François de Sales, voisine du couvent. En 2008, à la suite de soupçons d’abus sexuels sur deux femmes majeures, une enquête canonique et une procédure judiciaire sont engagées à son encontre et il est suspendu de ses fonctions.

Il est renvoyé de l’état clérical en décembre 2022, par le Dicastère pour la Doctrine de la Foi à la suite d'accusations d’agressions sexuelles.

Biographie modifier

Benoît Peltereau-Villeneuve, né en 1958, a suivi ses études au sein d'une institution jésuite, le collège Saint-Joseph de Reims (promotion 1978). Il a été prieur (supérieur d'un couvent) à Genève pendant 12 ans entre 1988 et 2008. De plus il est le curé de la paroisse Saint-François de Sales, dans le quartier de Plainpalais de Genève, gérée par la communauté Saint-Jean. Il est par ailleurs l’organisateur d’évènements importants avec le Festival Agapé de musique et d'art sacré et le Forum Amour et Vie[1],[2],[3]. En 2008, à la suite de soupçons d’abus sexuels sur deux femmes majeures, une enquête canonique est engagée à son encontre et il renvoyé de l'état clérical en 2011, avant que la sanction soit annulée par la Congrégation pour la Doctrine de la foi le [4],[5]. Il quitte la Suisse en 2008 [N 1] et s'installe dans la Meuse en France[7]. Par ailleurs, il est exclaustré dans le diocèse de Saltillo [N 2] au Mexique depuis 2013[8], où il est accueilli par Verbum Spei, une communauté fondée par des frères de Saint-Jean dissidents[9], dont il avait participé à la lettre publique fondatrice contestant la remise en question de Marie-Dominique Philippe lors du chapitre général de 2013[10],[11]. Durant ce temps, il est également aumônier des sœurs de Maria Stella Matutina[12].

Abus sexuels modifier

Une procédure judiciaire est engagée pour « contrainte sexuelle, viol et actes d’ordre sexuel commis sur des personnes incapables de discernement et de résistance » , toutefois, puisque les faits datent de 1991 et 1992, ils sont prescrits. Néanmoins l’ordonnance du procureur général signale : « L’action pénale (…) ne pourra s’exercer en raison de la prescription, même si les faits conduisent au constat qu’une infraction a bel et bien été commise sur les victimes ». Benoît Peltereau-Villeneuve demande l'annulation de cette mention de culpabilité mais la justice suisse refuse. En octobre 2009, il engage une procédure devant la Cour européenne des droits de l’homme[4].

Par ailleurs, en 2012, il dépose des plaintes pour calomnie à l’encontre des personnes qui ont témoigné contre lui lors de son procès. Mais le Tribunal fédéral suisse le déboute, considérant que des accusations d’abus sexuels ne constituent pas une calomnie. De plus, il attaque l’Église catholique de Genève aux prud’hommes considérant qu'elle ne l'a pas protégé. Le tribunal lui accorde un franc symbolique de dédommagement en 2013[4],[13].

En 2014, la Suisse est condamnée par la Cour européenne des droits de l’homme à verser 27 000 euros à Benoît Peltereau-Villeneuve pour violation de la présomption d’innocence[4],[14].

En janvier 2023, la communauté de Saint-Jean annonce qu'à la suite d'une enquête canonique pour de multiples accusations d'agressions sexuelles, Benoît-Emmanuel Peltereau-Villeneuve est renvoyé de l’état clérical par le Dicastère pour la Doctrine de la Foi depuis décembre 2022, « sans possibilité de faire appel ou déposer un recours »[1],[15].

Témoignage modifier

À 16 ans, en 1989, Sophie Ducrey rencontre la communauté Saint-Jean. Ayant de fortes aspirations spirituelles, elle se confie à un prêtre de Saint-Jean, Benoît-Emmanuel Peltereau-Villeneuve, qui va devenir son accompagnateur[15]. Elle témoigne[16] dans son livre publié en 2019 et intitulé Étouffée : Récit d’un abus spirituel et sexuel, de l’emprise psychologique dans laquelle elle est tombée, ainsi que des abus sexuels subis à partir de sa majorité[17],[18].

Publications modifier

Benoît-Emmanuel Peltereau-Villeneuve a publié deux ouvrages évoquant Marie-Dominique Philippe, fondateur de la communauté Saint-Jean[N 3].

  • Ariane Schwizgebel et Benoît-Emmanuel Peltereau-Villeneuve (préf. Philippe-Marie Mossu), Ouvrier de la sagesse : le père Marie-Dominique Philippe, un homme libre, Saint-Maur, Parole et silence, , 216 p. (ISBN 978-2-889-18070-7 et 2-889-18070-0, OCLC 794035721)
  • Philippe-Marie Mossu, Benoît-Emmanuel Peltereau-Villeneuve, Benoît Jourdain et Frédéric Tavernier-Vellas, Entretiens avec le Père Marie-Dominique Philippe sur la miséricorde ; une nouvelle Pentecôte d'amour, La Gélinotte, , 234 p. (ISBN 2955631914)

Notes et références modifier

Notes modifier

  1. En janvier 2008, l'évêque Bernard Genoud demande à l'ensemble de l'équipe de frères de quitter la paroisse Saint-François de Sales de Genève. Quatre nouveaux frères viendront les remplacer[6].
  2. Le diocèse de Saltillo accueille la congrégation Verbum Spei fondée par des dissidents de la communauté Saint-Jean à la suite des révélations des abus commis par leur fondateur Marie-Dominique Philippe
  3. Marie-Dominique Philippe (1912-2006) et son frère Thomas (1905-1993) ont installé un système d’abus spirituels et sexuels pendant plusieurs décennies au sein de leurs congrégations[19].

Références modifier

  1. a et b Matthieu Lasserre, « Un prêtre des Frères de Saint-Jean renvoyé de l’état clérical », La Croix, (consulté le )
  2. Cour européenne des droits de l'homme, « Affaire Peltereau-Villeneuve c. Suisse » [PDF], sur Dalloz actualité, (consulté le )
  3. « Festival Agapé : 3 questions au Fr. Benoît-Emmanuel Peltereau-Villeneuve », sur Anciens de Saint Joseph, (consulté le )
  4. a b c et d « La CEDH conforte un prêtre qui avait été accusé d’abus sexuels », La Croix, (consulté le )
  5. Patricia B., « Communauté Saint-Jean: l'affaire rebondit », Le Temps,‎ (lire en ligne, consulté le ).
  6. Le livre noir de la communauté Saint-Jean, AVREF, (lire en ligne [PDF]), p. 10.
  7. Fedele Mendicino, « La Cour européenne rend justice à un prêtre », La Tribune de Genève,‎ (lire en ligne, consulté le ).
  8. « Un frère de Saint-Jean renvoyé de l'état clérical par le pape », Famille chrétienne,‎ (lire en ligne, consulté le ).
  9. Marie-Laure Rolland, « Fraternité Verbum Spei à Esch: Des garde-fous fragiles contre les abus »  , sur Reporter.lu, (consulté le )
  10. « Lettre ouverte de quelques frères de la communauté Saint-Jean, à tous les frères, soeurs, oblats et amis de Saint Jean », sur mdphilippe.over-blog.com, (consulté le )
  11. Marie-Béatrice Baudet et Sarah Belouezzane, « Violences sexuelles dans l’Eglise : la nébuleuse sectaire des frères Philippe », Le Monde,‎ (lire en ligne, consulté le )
  12. Mikael Corre, « Héritières des frères Philippe : l’incroyable cavale des sœurs de Maria Stella Matutina », La Croix,‎ (lire en ligne, consulté le )
  13. « Agressions sexuelles : un religieux renvoyé de l’état clérical par le pape », Le Point, (consulté le ).
  14. Fedele Mendicino, « La Suisse condamnée à verser 27 000 euros à un prêtre mis en cause », Tribune de Genève, (consulté le ).
  15. a et b Sophie Lebrun, « Sophie Ducrey : « Longtemps, mon agresseur, Benoît-Emmanuel Peltereau-Villeneuve, a pu se maintenir sur son piédestal » », sur La Vie.fr, (consulté le )
  16. « Étouffée », sur Éditions Tallandier (consulté le ).
  17. Xavier Léger, « Livre témoignage de Sophie Ducrey », sur L'envers du décor, (consulté le ).
  18. « Il était une foi… Etouffée », sur CathoBel.be, (consulté le ).
  19. Marie-Lucile Kubacki, « L’enquête historique qui démêle avec précision l’affaire des frères Philippe », La Vie, (consulté le ).

Voir aussi modifier

Liens internes modifier

Bibliographie modifier

  • Sophie Ducrey, Étouffée : Récit d'un abus spirituel et sexuel, Tallandier, , 224 p.

Liens externes modifier