Bataille de Zhu Qissa

La bataille de Zhu Qissa se déroule dans l'aire de Zhu Qissa, située à environ 36 km à l'est de Médine, dans la province de Médine, au centre-ouest de l'Arabie Saoudite, du 25 juillet au 30 juillet 632. Elle oppose les forces du Califat Rachidun dirigées par le calife Abou Bakr As-Siddiq à celles des rebelles apostats dirigées par le général Hibal ibn Khuwailid[1],[note 2].

Bataille de Zhu Qissa
à compléter
Carte situant toutes les batailles durant les Guerres d'Apostasie dans la péninsule Arabique où Zhu Qissa y est visible.
Informations générales
Date - [1],[2]
(5 jours)
Lieu Province de Médine, Arabie Saoudite[note 1]
Casus belli Décision d'Hibal ibn Khuwailid de marcher sur Médine[3],[2]
Issue Victoire du Califat Rachidun[1],[4],[5]
Changements territoriaux L'aire de Zhu Qissa repasse sous contrôle du Califat Rachidun[1],[5]
Belligérants
Califat Rachidun
Commandants
Abou Bakr As-Siddiq

Ali ibn Abi Talib
Talha ibn Ubayd Allah
Zubayr ibn al-Awwam
Abdullah ibn Muqrin
Suwaid ibn Muqrin
Al-Nu'man ibn Muqrin (en)
Hibal ibn Khuwailid
Forces en présence
Inconnu mais moins que l'ennemi Inconnu mais plus que l'ennemi
Pertes
Inconnu Lourdes

Notes

Abou Bakr As-Siddiq ne participa pas à la première confrontation.

Guerres d'Apostasie

Batailles

Bataille d'Abraq - Bataille de Buzakha - Bataille de Ghamra - Bataille de Naqra - Bataille de Zafar - Bataille de Daumat-ul-Jandal - Bataille de Dibba - Bataille d'Al-Yamama - Bataille de Nujair

Cette bataille, composée de quatre confrontations[6],[7], est victorieuse pour le Califat Rachidun, marquant le début des Guerres d'apostasie[5], le retrait des rebelles apostats dans l'aire d'Abraq[1],[8],[note 3], et une consolidation de la légitimité d'Abou Bakr As-Siddiq dans son rôle nouveau de calife[5].

Contexte modifier

Situation suivant le decès du prophète Muhammad modifier

Après le décès du prophète de l'Islam, Muhammad, le 8 juin 632 , Abou Bakr As-Siddiq est désigné comme successeur pour diriger le nouvel état naissant. Cependant, les tribus de la péninsule arabique, autrefois soumises et musulmanes sous Muhammad à partir de 631[note 4], abandonnent l'Islam à sa mort, provoquant une apostasie généralisée qui touche toutes les tribus de l'Arabie, à l'exception notable des habitants de La Mecque, de Médine et des Banu Thaqif (en) de Taëf. Certains clans renient totalement la foi, tandis que d'autres sont divisés entre ceux qui abandonnent la croyance et ceux qui restent fidèles.

Deux prétendus prophètes, Tulayha ibn Khuwaylid (en) et Musaylama ibn Habib, ainsi qu'une fausse prophétesse, Sajah bint Al-Harith (en) , alimentent cette apostasie. Musaylama ibn Habib est déjà connu comme imposteur depuis longtemps, tandis que Tulayha ibn Khuwaylid commence à se proclamer prophète pendant la maladie de Muhammad.

La principale menace pour Médine provient de Tulayha ibn Khuwaylid et des tribus d'Arabie centrale, occidentale et du nord qui le suivent, notamment les Banu Ghatafan, les Tayy, les Banu Hawāzin, les Banu Asad (en) et les Banu Sulaym.

Déroulement modifier

Pré-bataille modifier

Environ une semaine ou deux après le départ de l'armée d'Usama bin Zayd[note 5], des délégués des apostats de Zhu Qissa[note 6] se rendent à Abou Bakr As-Siddiq, à Médine. Ils déclarent :

« Nous continuons à prier, mais nous ne payons plus l'impôt[note 7]. »

Cependant Abou Bakr As-Siddiq refuse cette proposition. Il répond avec fermeté :

« Par Allah ! Si vous refusez ne serait-ce qu'une once de l'impôt qui vous a été imposé, je vous combattrai. Vous avez un jour pour répondre. »

Le lendemain matin, avant l'expiration de l'ultimatum d'une journée, les émissaires quittent discrètement Médine, ce qui signifie un rejet des demandes d'Abou Bakr As-Siddiq. Peu après leur départ, Abou Bakr As-Siddiq envoie ses propres émissaires à toutes les tribus apostâtes, les exhortant à rester fidèles à l'islam et à continuer à payer leurs impôts, ce qui n'a pas l'effet escompté.

Les émissaires apostats de Zhu Qissa, observateurs et attentifs, remarquent avant de quitter Médine l'absence de combattants. À leur retour, ils rapportent à leurs compatriotes la conversation avec Abou Bakr As-Siddiq et la vulnérabilité apparente de Médine, néanmoins, bien que l'armée principale d'Usama bin Zayd ne soit toujours pas revenue de son expédition, la ville n'est pas aussi sans défense que ne le pensent les apostats, car il reste encore de nombreux hommes valides, notamment du clan Banu Hâchim[note 8], qui sont restés pour pleurer leurs proches décédés.

Entre-temps, Tulayha ibn Khuwaylid (en), désormais à Samira (ar), renforce les apostats de Zhu Qissa avec un contingent dirigé par son frère Hibal ibn Khuwailid.

Après avoir entendu les rapports des émissaires, la tentation de détruire Médine, alors qu'elle est encore sans défense, devient trop grande pour les apostats. Ils décident donc de marcher sur la ville. Depuis Zhu Hussa[note 9], où les apostats établissent une base, une partie des forces de Zhu Qissa avance encore plus près de Médine et campe, se préparant à attaquer la ville. Nous sommes maintenant à la troisième semaine de juillet 632.

Bataille modifier

1ère confrontation modifier

La défense de Médine modifier

Abou Bakr As-Siddiq est informé de ce mouvement et entreprend immédiatement l'organisation de la défense de Médine. Le calife rassemble une force de combat à partir de ces restes. Ali ibn Abi Talib, Zubayr ibn al-Awwam, Talha ibn Ubayd Allah et Abdullah ibn Masud, commandent désormais chacun une partie de la nouvelle armée.

Pendant trois jours, rien ne se produit. Les apostats, incertains par où commencer, n'entreprennent rien.

Initiative offensive du Califat Rachidun modifier

Abou Bakr As-Siddiq prend alors la décision, sur son ordre, de faire sortir les musulmans de Médine pour lancer une attaque rapide contre le camp avancé des apostats. Cette offensive réussie permet de repousser les apostats jusqu'à Zhu Hussa.
Informés de ce succès, Abou Bakr As-Siddiq ordonne aux musulmans de rester sur place en attendant de nouvelles instructions.

2ème confrontation modifier

Réquisition de moyens modifier

Le lendemain de cette première confrontation victorieuse par le Califat Rachidun, Abou Bakr As-Siddiq part de Médine avec une imposante série de chameaux de bât[note 10], car tous les chameaux de monte[note 11] ont été réquisitionnés pour l'Expédition d'Usama bin Zayd.

À l'arrivée du convoi au camp abandonné des apostats, les musulmans qui les ont expulsés montent sur les |chameaux, et l'armée se dirige vers Zhu Hussa, le camp de base des apostats

Anticipation par Hibal ibn Khuwailid de l'initiative musulmane à Zhu Hussa modifier

Hibal ibn Khuwailid, anticipant l'approche des musulmans, fait preuve de ses compétences militaires en positionnant stratégiquement ses troupes derrière une pente, à une certaine distance de la base vers laquelle les musulmans avancent.

Déroute du Califat Rachidun face aux rebelles apostats modifier

Les musulmans, montés sur leurs chameaux de bât, avancent sans méfiance, ignorant la présence des apostats qui les attendent juste au-delà de la pente. Lorsque les musulmans approchent du sommet, les apostats se lèvent soudainement et lancent de nombreuses peaux de chèvre remplies d'eau en direction de la pente où se trouvent les musulmans. Des bruits sauvages résonnent parmi les rangs des apostats, tandis que certains tambourinent sur des tambours et hurlent à tue-tête. Les chameaux de bât, non entraînés au combat et peu habitués aux bruits forts soudains ou à la vue d'objets inhabituels roulant vers eux en grand nombre, sont pris de panique et prennent la fuite.
Malgré les efforts des musulmans pour maîtriser leurs montures paniquées, ils échouent, et bientôt, toute la force musulmane rebrousse chemin vers Médine.

Hibal ibn Khuwailid, ayant rapidement repoussé les musulmans jusqu'à Médine sans engager véritablement le combat, interprète la retraite des musulmans comme une manifestation de peur, ignorant que la panique des chameaux est la véritable cause de cette retraite, et non la crainte des hommes qui les montent. La partie de sa force qui reste à Zhu Qissa est informée de ce succès et appelée à avancer.

Le même soir, la pleine force des apostats avance et rétablit le camp près de Médine, d'où ils se sont retirés seulement la veille. Le moral des apostats est élevé.

3ème confrontation modifier

Changement de tactique modifier

Les musulmans, furieux et déterminés à se venger, savent que les apostats sont retournés à leur camp près de Médine et décident de les attaquer avant qu'ils ne puissent achever leurs préparatifs de bataille. Sous ses instructions, les musulmans passent la majeure partie de la nuit à réorganiser leur petite armée et à se préparer au combat.

Pendant la dernière partie de la nuit, Abou Bakr As-Siddiq mène son armée hors de Médine et se forme pour l'assaut. Il déploie l'armée avec un centre, deux ailes et une arrière-garde. Gardant le centre sous son commandement direct, il place l'aile droite sous Al-Nu'man ibn Muqrin , l'aile gauche sous Abdullah ibn Muqrin et l'arrière-garde sous Suwaid ibn Muqrin. Avant l'aube, l'armée se met en mouvement vers le camp ennemi où les apostats, confiants en une victoire facile le lendemain, dorment profondément.

Attaque surprise et nocturne du Califat Rachidun modifier

Cette fois, c'est Hibal ibn Khuwailid qui est surpris. Les premières lueurs de l'aube n'apparaissent pas encore quand une masse furieuse et hurlante de musulmans fonce sur le camp des apostats. Les musulmans ne leur font pas de quartier, beaucoup sont tués, mais la plupart trouvent refuge dans la fuite et ne s'arrêtent pas avant d'arriver à Zhu Qissa, où ils font une pause pour se reposer et se réorganiser.

Après cette attaque, le moral des apostats a considérablement diminué. Abou Bakr As-Siddiq a opté pour une attaque surprise afin de compenser son infériorité numérique, et il a réussi.

4e confrontation modifier

Capitalisation sur la déroute des rebelles apostats modifier

Après avoir remporté cette manche, Abou Bakr As-Siddiq décide de ne donner aucun répit à ses adversaires. Au lever du soleil, il marche vers Zhu Qissa.

Une fois sur place, il structure son unité de combat de la même manière que la nuit précédente et lance une nouvelle attaque. Les apostats se battent avec un moral bas, et après une résistance initiale, ils se replient à Abraq, où d'autres membres des clans des Banu Ghatafan, des Banu Hawāzin et des Tayy sont rassemblés.
Après avoir capturé Zhu Qissa, Abou Bakr As-Siddiq envoie une petite force sous le commandement de Talha ibn Ubayd Allah pour poursuivre l'ennemi. Talha ibn Ubayd Allah avance sur une courte distance et élimine quelques traînards, mais la taille réduite de sa force limite ses capacités à infliger de grands dommages aux apostats en retraite.

Post-Bataille modifier

Zhu Qissa est occupée le 30 juillet 632[note 12].
Abou Bakr As-Siddiq laisse Al-Nu'man ibn Muqrin (en) avec une unité pour occuper Zhu Qissa, tandis qu'avec le reste de son armée, il retourne à Médine.
Le 2 août 632, l'armée d'Usama bin Zayd revient à Médine, mettant fin à la menace qui pèse sur la capitale de l'Islam.

Conclusion modifier

En résumé, la série de quatre confrontations dans cette bataille est caractérisée par des retournements stratégiques : Après une première victoire du Califat Rachidun, une tentative ultérieure connaît un revers en raison d'une ruse habile des apostats (Et plus précisément de leur chef, Hibal ibn Khuwailid). Cependant, Abou Bakr As-Siddiq aboutit finalement à une attaque nocturne réussie. Capitalisant sur ce succès, la quatrième confrontation, entreprise par Abou Bakr As-Siddiq, conduit à la retraite des rebelles apostats de Zhu Qissa.

Conséquences modifier

Cette bataille, remportée par Abou Bakr As-Siddiq et son tout récent Califat, revêt une importance symbolique majeure sur plusieurs plans ; il s'agit de la première victoire des Guerres d'apostasie, ensuite cela consolide son poste en tant que Calife, puis enfin sa légitimité est acceptée parmi une majorité de musulmans dans le Califat Rachidun pour continuer à assurer les Guerres d'apostasie.

Notes et références modifier

Notes modifier

  1. Le lieu de la bataille n'est pas unique, car celle-ci s'est passé à Zhu Hussa et à Zhu Qissa.
  2. Frère de Tulayha ibn Khuwaylid (en).
  3. Lieu affilié à la tribu des Banu Dhubyan (en) dans la région de Nadjd en Arabie saoudite, et est maintenant un promontoire rocheux et abrupt à 8 km au nord d'Al Hinakiyah (en).
  4. L'Année des Délégations, en 631, marque l'apogée du pouvoir du Muhammad. Les soixante-dix tribus qui ont noué un accord avec lui envoient à Médine des émissaires pour confirmer leur sujétion.
  5. cf. l'expédition d'Usama bin Zayd.
  6. La concentration d'apostats la plus proche de Médine se trouve dans l'aire de Zhu Qissa, à environ 36 km à l'est de Médine.
  7. L'impôt ici, parle de la zakât.
  8. Clan de Muhammad.
  9. L'emplacement de Zhu Hussa n'est pas connu.
  10. Utilisés pour le transport de marchandises.
  11. Utilisés pour le transport de personnes.
  12. 8 Joumada al-oula en 11 apr. J.-C.

Références modifier

Sources modifier

Bibliographie modifier

  • (en) Agha Ali Ibrahim Akram, Sword of Allah : Khalid Bin Al-waleed, His Life and Campaigns, Adam Publishers & Distributors, , 504 p. (ISBN 978-8174355218, lire en ligne) ;  

Liens externes modifier

  • (en) Ebrahim Khorasani Parizi, Ansar's Role in the Suppression of Apostates in the Era of Caliphate of Abu Bakr, Iran, Department of History, Faculty of Literature and Humanities, Baft Branch, Islamic Azad University, Baft, , 10 p. (ISSN 2090-4304, lire en ligne) ;  
  • (en) Supremeseerah Publisher, Biography of Khalifa Abu Bakr Siddiq, , 180 p. (lire en ligne) ;  

Liens internes modifier