Bataille de Mbumbi

Informations générales
Date
Lieu Mbumbi (actuel Angola)
Issue Victoire portugaise décisive
Belligérants
Royaume du Kongo Empire portugais
Soutien militaire:
Alliés africains Mbundu et mercenaires Imbangala
Commandants
Duc de Mbamba Dom Paulo Afonso
Marquis de Mpemba Dom Cosme
Pedro de Sousa Coelho
Forces en présence
2 000–3 000 archers
200 soldats d'infanterie lourde [1]
20 000 archers Mbundu
10 000 fantassins Portugais et mercenaires Imbangala
Pertes
Élevées: Une grande partie des soldats dont 90 de l'infanterie lourdes sont tués, blessés ou prisonniers. Inconnues

La bataille de Mbumbi est un engagement militaire entre les forces de l'Angola portugais et celles du royaume du Kongo le . Bien que les troupes portugaises aient été victorieuses, ce combat est à l'origine de l'expulsion à terme des troupes portugaises du territoire du royaume du Kongo.

Contexte modifier

L'Angola portugais a été constitué après 1575 à la suite de l'intervention des Portugais dans le royaume du Kongo afin de combattre les Yakas qui avaient envahi le royaume en 1568. Après une première tentative désastreuse de conquérir le royaume de Ndongo, le gouverneur portugais Luís Mendes de Vasconcelos (1617-1621) conclut une alliance avec les Imbangala (en), un peuple décrit par des sources européennes et locales comme des mercenaires cannibales originaires du sud de la rivière Kwanza. Le gouverneur les utilise lors de son attaque contre le Ndongo ce qui permet à l'Angola portugais de mettre à profit le chaos créé pour capturer des esclaves.

En 1621, Vasconcellos est remplacé par João Correia de Sousa (pt) (1621-1623). Ce dernier, espérant avoir le même succès que son prédécesseur, attaque dès sa prise de fonctions le royaume du Kongo dans le but d'annexer le Kasanze, une région boisée vassale du Kongo située juste au nord de Luanda, afin d'en obtenir des esclaves. Alors que Correia de Sousa est encore au Kasanze en , le roi Alvare III du Kongo dépêche une ambassade à Luanda afin de négocier la délimitation de la frontière entre son royaume et l'Angola portugais. Correia de Sousa accuse Pedro Afonso qui vient d'être désigné comme duc de Mbamba pour assister la Kasanze de vol de bétail et d'autres pillages et exige qu'il soit remplacé et tué. Pendant ce temps il transfère son armée de Kasanze en Nambu a Ngongo, un autre vassal du Kongo, dans l'ouest Dembos. En plein milieu de cette crise, le roi, Alvare III, meurt le [2]. Correia de Sousa, qui espérait manipuler le successeur du roi, l'un de ses jeunes fils, est déçu lorsque les électeurs désignent comme souverain le duc Pedro Afonso sous le nom de Pierre II. Le gouverneur ordonne ensuite au capitaine Major Pedro de Sousa Coelho (pt), à la tête de 30 000 Portugais, de supplétifs Mbundu et d'un contingent d'Imbangala, d'envahir la province Kongo de Mbamba[3].

Préparatifs modifier

Le capitaine Major Sousa Coelho marche sur Bumbi avec ses trente mille hommes, les Portugais constituant l'infanterie lourde accompagnés des archers supplétifs Mbundu et des mercenaires Imbangala. À l'intérieur de la ville se trouve le nouveau duc de Mbamba, Paulo Afonso[4] et Cosme le marquis de Mpenba[5] pour diriger les forces du Kongo. Ils n'avaient rassemblé qu'environ trois mille hommes constitués par une infanterie légère (archers) augmentée de deux cents nobles, combattant comme infanterie lourde traditionnelle (épée et bouclier). Avant de livrer bataille, le , le duc de Mbamba se confesse et communie ; il monte au combat armé de son épée, son bouclier et entouré des reliques de divers saints[3],[6].

Combat modifier

Au début de la bataille, les deux camps lancent le même cri de guerre, « Santiago », avant de s'engager. Les forces kongo constatent cette coïncidence et font fait remarquer que si le saint portugais était blanc, le leur était noir[3]. Les forces du duc mettent en déroute les archers Mbundu[3]. Mais tout comme à Ndongo, les mercenaires Imbangala ne cèdent pas de terrain, ils contre-attaquent et détruisent l'armée Kongo[3]. Le duc, le marquis, quatre-vingt dix des nobles et des milliers de simples soldats sont tués[3]. Selon les récits des Jésuites qui déclarent cette « guerre injuste », les Portugais réussissent à capturer trois cents esclaves avec lesquels les hommes de João Correia de Sousa, se retirent à Luanda le , sans épargner les possessions des Portugais établis sur place, qu'ils pillent. Les Imbangala, selon leur coutume, dévorent rituellement de nombreux prisonniers ou cadavres, y compris les corps du duc de Mbamba et du marquis de Pemba tués lors de la bataille[7].

Conséquences modifier

La bataille de Mbumbi provoque une onde de choc dans tout le royaume du Kongo. Des émeutes anti-portugaises éclatent dans tout le pays entraînant des massacres généralisés. Le roi Pierre II du Kongo, nouvellement couronné, est contraint de placer sous sa protection les Portugais qu'il peut sauver dans le camp de Mbanda Kasi où il rassemblait ses forces pour une contre-attaque. La victoire portugaise à Mbumbi met un terme à l'amitié entre le Kongo et le Portugal. Le royaume du Kongo déclare la guerre à l'Angola portugais en prenant l'offensive contre des territoires qui étaient sous la domination du Portugal en Angola. L'ultime conséquence de cette bataille est la lettre adressée par le roi Pierre II à la république des Provinces-Unies lui proposant une alliance qui sera à l'origine, vingt ans plus tard, de la prise de Luanda par les Hollandais[7].

Notes et références modifier

  1. John Thornton, Warfare in Atlantic Africa, 1500–1800, UCL Press, (ISBN 9781857283921, lire en ligne  ), 114
  2. John et Andrea Thornton and Mosterman, « Une réinterprétation de la guerre kongo-portugaise de 1622 selon de nouvelles preuves documentaires », The Journal of African History, vol. 51,‎ , p. 237
  3. a b c d e et f (en) John Thornton et Linda M. Heywood, Centrafricains, créoles de l'Atlantique et la Fondation des Amériques, 1585-1660, New York (N.Y.), Cambridge University Press, , 370 p. (ISBN 978-0-521-77065-1, lire en ligne), p. 138
  4. (en) Thornton & Heywood 2007, p. 174
  5. Institut historique belge de Rome, Bulletin de l'Institut historique belge de Rome, parties 39-40, (https: //catalog.hathitrust.org/Record/007467597), p. 391
  6. (en) John K. Thornton, A History of West Central Africa to 1850, Cambridge, Cambridge University Press, (ISBN 978-1-107-12715-9, lire en ligne), p. 130
  7. a et b Thornton & Mosterman 2010, p . 238

Source modifier