Baptême catholique

sacrement de l'initiation chrétienne dans l'Église catholique

Le rite du baptême catholique est le premier des trois sacrements de l'initiation chrétienne, avec l'eucharistie (la communion) et la confirmation.

Baptême d'un bébé.
Baptême en France en 1944.

Pour les personnes ayant l'âge de raison (enfants et adultes[1]), il est précédé d'une période de préparation, appelée catéchuménat[2], au cours de laquelle le futur baptisé, le catéchumène, découvre la foi pour laquelle il demande le baptême.

Rituel du baptême modifier

La célébration commence par le tracé du signe de la croix sur le front du futur baptisé. Ensuite, le futur baptisé entre dans l'église, symbolisant que par son baptême, il va entrer dans la communauté chrétienne. Le rite du baptême proprement dit commence par une profession de foi des catéchumènes et leur renoncement à Satan et au mal. Il se poursuit par le rite de l'eau qui constitue le cœur du sacrement[3].

L’ancien Rituel du baptême "comporte deux longs exorcismes à la forme impérative et un exorcisme impératif sur le sel que l’on déposera ensuite sur la bouche de l’enfant". Dans le nouveau Rituel de 1969, "les prières d’exorcisme, pourtant portées par une très longue tradition, ont presque disparu"[4]. Le pape Paul VI lui-même a déclaré le  : « Dans la liturgie du baptême, on a raccourci les exorcismes. Je ne sais pas si ce fut là chose très réaliste et très bien trouvée [una cosa molto realistica e molto indovinata]. » [5].

Par trois fois, le prêtre (ou le diacre)[6] verse l'eau sur le front du catéchumène en prononçant les paroles : « N, je te baptise au nom du Père et du Fils et du Saint-Esprit. Amen »[Note 1].

C'est une obligation canonique de désigner pour le baptisé un parrain ou une marraine, ou les deux, personnes elles-mêmes baptisées et confirmées. Historiquement, leur fonction était avant tout d'être des témoins de ce sacrement, au nom de la communauté chrétienne. La tradition a également véhiculé le rôle d’accueillir l’enfant en cas de décès des parents et de lui assurer une vie chrétienne. Aujourd’hui ce sont des personnes avec qui le baptisé aura une relation privilégiée au cours de son enfance et qui sont chargées d'aider le baptisé à grandir dans la foi chrétienne. À l’issue de la cérémonie, le parrain, la marraine et le baptisé (ou ses parents s’il est trop petit) signent le « registre des baptêmes » qui atteste le sacrement. Ce registre est tenu en double, un exemplaire reste à la paroisse, l’autre est conservé à l’évêché[3].

Autres formes de baptême catholique modifier

Ondoiement modifier

On appelle « ondoiement » un baptême réduit à l'effusion d'eau accompagnée de la formule baptismale, sans aucune des autres formes complémentaires. Il est souvent réservé aux cas d'urgence (danger de mort). Bien que canoniquement valide, il doit être ensuite complété par les autres cérémonies, si l'on dispose d'assez de temps.

Baptême de sang modifier

L'Église catholique reconnaît l'idée du baptême dans le martyre, dit aussi « baptême de sang » : quelqu'un n'ayant pas ou pas encore reçu le baptême par l'eau mais ayant défendu, au sacrifice de sa vie, des convictions correspondant aux valeurs chrétiennes est considéré comme baptisé sans avoir reçu le sacrement[7].

Baptême de désir modifier

L'extension de la notion du baptême vers le concept de baptême de désir, puis de désir implicite, implique un changement des mentalités, avec l'idée d'un salut rendu accessible par le Christ à toute l'humanité à travers le temps et l'espace, pas seulement aux personnes formellement baptisées. C'est une rupture avec la théologie d'Augustin d'Hippone, même si cette idée était présente dès le début de l'Église et que les théories de d'Augustin d'Hippone ne constituent pas en elles-mêmes un dogme de l'Église catholique et n'ont jamais été admises dans les Églises orthodoxes[8].

Le concept de « baptême de désir » permet donc à celui qui a manifesté le désir d'être baptisé mais en a été empêché par une mort imprévue d'être considéré comme baptisé dans l'au-delà, sans avoir reçu le sacrement[9],[10],[11].

Baptême de désir implicite modifier

Le « baptême de désir implicite » s'appuie sur l'idée que si quelqu'un, vivant dans une société où le christianisme n'existe pas,[réf. à confirmer] est droit, généreux, sincère, on peut alors présumer que s'il avait eu connaissance du Christ et de l'Évangile, il aurait sûrement accepté le baptême et que donc il pourrait être sauvé. L'obligation du baptême reste tout de même maintenue, mais dans les faits c'est reconnaître que le Salut n'est pas assuré par l'accomplissement d'un rite mais avant tout par l'attitude intérieure : le baptême de désir implicite permet donc à des millions voire des milliards de personnes, depuis les premiers âges de l'Humanité, de se retrouver dans la même situation dans l'au-delà que les baptisés. Toutes ces personnes sont baptisées sans le savoir[12].

Effets du baptême modifier

 
Un baptême d'enfant en France en 2016.

Les différents effets du baptême apparaissent dans le rite sacramentel, dans lequel la plongée dans l'eau fait appel au symbolisme de la mort et de la purification, de la régénération et du renouvellement. Les deux effets principaux sont donc la purification des péchés et la nouvelle naissance dans l'Esprit Saint (Ac 2, 38 ; Jn 3, 5)[13].

Rémission des péchés modifier

Par le baptême, tous les péchés sont remis, le péché originel et tous les péchés personnels ainsi que toutes les peines dues au péché[14].

Dans le baptisé, certaines conséquences temporelles du péché originel demeurent cependant, telles les souffrances, la maladie, la mort, ou les fragilités inhérentes à la vie comme les faiblesses de caractère, ainsi qu’une inclination au péché que la Tradition appelle la concupiscence[15].

Créature nouvelle modifier

Le baptême fait du néophyte « une création nouvelle » (2 Co 5, 17), un fils adoptif de Dieu (Ga 4, 5-7) qui est devenu « participant de la nature divine » (2 P 1, 4), membre du Christ (1 Co 6, 15 ; 12, 27) et cohéritier avec Lui (Rm 8, 17), temple de l’Esprit Saint (1 Co 6, 19)[16].

La Sainte Trinité donne au baptisé la grâce sanctifiante, la grâce de la justification[17].

Incorporation à l'Église, corps du Christ modifier

Le baptême fait des baptisés des membres du corps du Christ. « Aussi bien est-ce en un seul Esprit que nous tous avons été baptisés pour ne former qu’un seul corps » (1 Co 12, 13)[18].

Les baptisés sont devenus des « pierres vivantes » pour « l’édification d’un édifice spirituel, pour un sacerdoce saint » (1 P 2, 5)[19].

Le baptisé est appelé à se soumettre aux autres (Ep 5, 21 ; 1 Co 16, 15-16), à les servir (Jn 13, 12-15) dans la communion de l’Église[20].

Les baptisés sont tenus de professer devant les hommes la foi que par l’Église ils ont reçue de Dieu et de participer à l’activité apostolique et missionnaire du peuple de Dieu[21].

Lien sacramentel de l'unité des chrétiens modifier

Le baptême constitue le fondement de la communion entre tous les chrétiens, aussi avec ceux qui ne sont pas encore en pleine communion avec l’Église catholique[22].

Baptême et salut modifier

 
Baptême dans la Bresse v. 1900.

L'idée que le baptême était nécessaire[23] au salut a été popularisée en Occident par Augustin d'Hippone, à la suite d'une controverse avec Pélage qui s'est conclue par le 16e concile de Carthage affirmant la doctrine du péché originel (418). La tradition théologique occidentale a donc été influencée par la pensée d'Augustin, mais celui-ci, selon François Brune, a bâti sa théologie du péché originel sur une erreur de traduction d'un passage célèbre de l’Épître aux Romains 5, 12-15. Augustin, travaillant sur un exemplaire de la Vulgate incorrect et parfois lacunaire[24]. Augustin écrivait que « par Adam, dans lequel tous ont péché, le péché est entré dans le monde, et par le péché la mort, et qu’ainsi la mort a passé en tous les hommes » alors qu'il fallait lire « par Adam, le péché est entré dans le monde, et par le péché la mort, et qu’ainsi la mort a passé en tous les hommes, du fait que tous ont péché » et sur cette erreur il a développé une théologie d'un péché héréditaire ne permettant pas aux enfants non baptisés d'accéder au paradis[24]. La pensée d'Augustin n'a pas été adoptée intégralement par l'Église, mais la doctrine du péché originel, et la nécessité du baptême des enfants qui en découle, fut néanmoins proclamée comme un dogme au concile de Trente en 1546[25]. Plus prudent que la formulation augustinienne, le concile de Trente ne parle pas d'un péché « héréditaire », mais d'une transmission du péché par propagation[26].

 
L'Esprit saint au-dessus d'une cuve baptismale, vitrail de l'église de l'Immaculée Conception, Kenton (Ohio), États-Unis.

Validité et licéité du baptême modifier

La condition minimale pour la validité du baptême est l'utilisation de l'eau (on peut être baptisé soit par immersion soit par aspersion) et l'emploi de la formule trinitaire « au nom du Père et du Fils et du Saint Esprit ». Pour que le baptême soit licite (c'est-à-dire conforme aux prescriptions du droit canon, sans que le non-respect de ces exigences rendent le baptême invalide) d'autres conditions sont spécifiées dans le droit canon : les candidats qui ont atteint l'âge de la raison doivent d'abord passer par un catéchuménat, tandis que dans le cas des petits enfants, il faut l'accord des parents et un espoir fondé que l'enfant sera élevé dans la foi catholique (cf. can. 865, 868).

Ainsi, des prêtres de Brisbane (Australie) ont baptisé des nouveau-nés avec des formules « créatives », telles que I baptise you in the name of the Creator and of the Redeemer and of the Sanctifier et I baptise you in the in the name of the Creator and of the Liberator and of the Sustainer[27] au lieu de la formule consacrée. La Congrégation pour la Doctrine de la Foi a reconnu nul ces baptêmes, conduisant ainsi les catholiques concernés à devoir recevoir à nouveau le sacrement[28].

Depuis le concile Vatican II modifier

Le Catéchisme de l'Église catholique insiste sur la nécessité du catéchuménat postbaptismal, en précisant qu'il ne s’agit pas seulement du besoin d’une instruction postérieure au baptême, mais de l’épanouissement nécessaire de la grâce baptismale dans la croissance de la personne. Ces dernières décennies, plusieurs initiatives ont été prises en ce sens, mais qui ne suffisent généralement pas pour combler l'écart entre les exigences liées à la nature du baptême et — dans la plupart des cas — la situation des parents à l'égard de la foi chrétienne et de l'Église[29].

Notes et références modifier

Notes modifier

  1. Le mot « Amen » fait partie de la formule liturgique du baptême, bien qu'elle ne soit pas requise pour la validité.

Références modifier

  1. « IV. Qui peut recevoir le baptême ? »  , sur vatican.va (consulté le )
  2. « Comment est célébré le sacrement du baptême ? »  , sur vatican.va (consulté le )
  3. a et b « III. Comment est célébré le sacrement du baptême ? », sur vatican.va (consulté le )
  4. « Nouveau Rituel du baptême : le cri d’alarme d’un exorciste, le site de L'Homme Nouveau », sur hommenouveau.fr (consulté le ).
  5. René Laurentin, Le démon, mythe ou réalité, Fayard, , p. 155
  6. « V. Qui peut baptiser? »  , sur vatican.va (consulté le ).
  7. « Le baptême de sang », Le Culte catholique : baptême et confirmation,‎ , p. 12 (lire en ligne)
  8. Père François Brune, Mes entretiens avec les morts, éd. Le Temps présent, , p. 107
  9. Le baptême de désir - Catéchisme de l'Église catholique, § 1259.
  10. Pourquoi le baptême de désir ne peut se passer de la célébration du sacrement, article du site Aleteia du Fr. Thomas Michelet, o.p.
  11. Abbé Jean Oussou-Kicho, « Baptême de désir : voici ce que vous ne savez pas », sur Un prêtre vous répond, (consulté le )
  12. Père François Brune, Christ et Karma, La réconciliation ?, éd. Le temps présent, , p. 42-43
  13. Catéchisme de l'Église catholique, n° 1262-1274
  14. CEC, n° 1263
  15. CEC, n° 1264
  16. CEC, n° 1265
  17. CEC, n° 1266
  18. CEC, n° 1267
  19. CEC, n° 1268
  20. CEC, n° 1269
  21. CEC, n° 1270
  22. CEC, n° 1271
  23. « VI. La nécessité du baptême », sur vatican.va (consulté le )
  24. a et b Père Père François Brune, Saint Paul, le témoignage mystique, éd. Oxus, , p. 95
  25. Bruno Jacobs, Le baptême des petits enfants dans une société déchristianisée : quelle approche pastorale pour aujourd'hui ?, Parole et Silence, , 602 p., p. 148
  26. Bruno Jacobs, Le baptême des petits enfants dans une société déchristianisée, Parole et Silence, , 602 p., p. 364
  27. (en) « Baptism controversy points to larger question of communion, says Australian archbishop », The Courier-Mail,‎ (lire en ligne, consulté le )
  28. « Réponses aux questions sur la validité du baptême », sur vatican.va, (consulté le ).
  29. Bruno Jacobs, Le baptême des petits enfants dans une société déchristianisée : quelle approche pastorale pour notre époque ?, Parole et Silence, , 602 p., p. 35-79

Annexes modifier

Articles connexes modifier

Bibliographie complémentaire modifier