Apotropaïque

adjectif qualifiant ce qui vise à conjurer le mauvais sort

L'adjectif apotropaïque (du grec αποτρέπειν / apotrépein, « détourner ») qualifie ce qui vise à conjurer le mauvais sort et à détourner les influences maléfiques. Une amulette, par exemple, est un objet auquel on prête des vertus apotropaïques parce qu'elle est censée prémunir contre le malheur la personne qui la porte.

Quelques objets apotropaïques célèbres modifier

 
Méduse, par Le Caravage.

Dans la Grèce antique modifier

  • Les sphinges et les sirènes sous forme de statues funéraires déposées sur les tombes en Grèce vers le VIe siècle av. J.-C.
  • Les scilles maritimes dites apotropaïques dans l'Histoire des plantes[1] de Théophraste: dans Les Caractères du même auteur, le Superstitieux (Caractère XVI)[2] convoque des prêtresses pour le purifier en traçant autour de lui un cercle avec ces plantes.
  • Les statues apotropaïques du dieu Apollon, censées repousser la maladie [3].
  • Le fait de cracher lorsque l'on croise un épileptique[4].
  • Une des plus anciennes images athéniennes d'Aphroditos qui nous soit parvenue est un fragment (fin du IVe siècle), trouvé dans l'Agora d'Athènes, d'un moule en argile de figurine en terre cuite. Le personnage, qui aurait eu une hauteur de 30 cm, est représenté dans un style connu sous le nom de άνασυρόμενος (anasyromenos, c'est-à-dire « qui retrousse son vêtement », « impudique »), une femme levant sa robe pour montrer ses organes génitaux masculins[5], un geste qui était censé avoir une valeur apotropaïque, repoussant les influences malfaisantes et portant chance[6].

Autres modifier

On parle également d'attitude apotropaïque : prudente (ne pas ouvrir le champagne trop tôt), superstitieuse (ne pas marcher sous une échelle). [réf. nécessaire]

Notes et références modifier

  1. Livre VII (13, 4).
  2. Victime de deisidaimona, obsessionnel, dont le nom est proche d'un synonyme de religion : en grec ancien, δεισιδαιμονία.
  3. Kyle Harper, Comment l'Empire romain s'est effondré : Le climat, les maladies et la chute de Rome, La Découverte, 2020 [2017] (ISBN 978-2-348-06923-9), p. 117
  4. Théocrite, Idylles, trad. Bucoliques grecs, Les Belles Lettres, tome I (1925).
  5. Theophrastus, James Diggle, Characters, Cambridge University Press, 2004, p. 367-368.
  6. (en) Ann Olga Koloski-Ostrow (dir.), Claire L. Lyons (dir.) et Natalie Kampen (épilogue), Naked Truths : Women, Sexuality, and Gender in Classical Art and Archaeology, Routledge, , 315 p. (ISBN 978-0-415-15995-1 et 978-0-415-21752-1, OCLC 47055485, présentation en ligne), p. 230-231.

Voir aussi modifier

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Bibliographie modifier

  • Éloïse Mozzani, Le Livre des superstitions. Mythes, croyances et légendes, Paris, R. Laffont, coll. « Bouquins », , 1822 p. (ISBN 978-2-221-06830-4, OCLC 300021797), p. 1056.
  • Nicolas Waquet, préface aux Caractères de Théophraste, Éditions des Mille et Une Nuits, 2010, p. 52-53 et 92.

Articles connexes modifier