Anne-Lise Ducanda
Anne-Lise Ducanda est une médecin de la protection maternelle et infantile exerçant en France, ainsi qu'une fondatrice du Collectif surexposition écrans (CoSe), qui se décrit comme une lanceuse d'alerte au sujet de la surexposition aux écrans chez les jeunes.
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En 2017 et 2018, elle propage une infox qui lie l'augmentation des diagnostics d'autisme chez les enfants à une exposition aux écrans. Elle tente ensuite de faire reconnaître un nouveau trouble pédiatrique de surexposition aux écrans, et intervient régulièrement dans les médias pour parler des dangers des écrans.
Vidéo virale et infox au sujet de l'autisme et des écrans modifier
Le média Arrêt sur images date l'« explosion médiatique » d'Anne-Lise Ducanda aux années 2017 et 2018, où « sa parole est relayés par de très nombreux médias »[1]. Alors qu'elle exerce comme médecin de protection maternelle et infantile en Essonne (France) en mars 2017, Anne-Lise Ducanda propose dans une vidéo virale l'hypothèse selon laquelle l'exposition aux écrans causerait l'autisme[2],[3]. Fin mai 2017, elle co-signe une tribune dans le journal Le Monde intitulée « La surexposition des jeunes enfants aux écrans est un enjeu majeur de santé publique », dans laquelle sont mentionnés des « symptômes très semblables aux troubles du spectre autistique »[3].
Elle est reçue au Palais de l'Élysée en novembre de cette même année par Brigitte Macron, et apparaît aussi dans un Envoyé spécial diffusé sur la chaîne France 2 en janvier 2018, intitulé « Accro aux écrans »[4]. Interrogée par Élise Lucet qui la présente comme une experte, elle y met en lien augmentation des diagnostics d'autisme et exposition aux écrans[4].
Le journaliste scientifique Jean-Yves Nau (dans la Revue médicale suisse) et le journaliste Olivier Monod (dans un checknews du journal Libération) soulignent la responsabilité d'Anne-Lise Ducanda dans la diffusion de cette idée fausse parmi la société française[2],[5]. En effet, l'idée qu'un autisme puisse être déclenché par une exposition aux écrans ne s'appuie sur aucune base scientifique[5], comme le dénonce la société française de pédiatrie[6]. S'il existe des preuves que les enfants autistes sont plus attirés par les écrans que ceux qui ne le sont pas, aucune preuve de causalité des écrans dans l'autisme n'a été émise[6]. A l'époque, peu de services presse de vérification des faits re-mettent en cause l'existence de l'autisme virtuel décrit par Anne-Lise Ducanda[1].
Le médecin urgentiste Patrick Pelloux décrit cette idée comme une fake news[4], l'enseignante spécialisée Stéphanie de Vanssay retraçant sa diffusion comme étant typique d'une panique morale[3]. En 2018, différentes familles d'enfants autistes témoignent (entre autres dans Le Nouvel Obs) des méfaits causés par cette hypothèse non-vérifiée émise par le Dr Ducanda, massivement relayée par des médias[7],[8]. À l’occasion de la participation d'Anne-Lise Ducanda et du CoSe à un rapport gouvernemental sur les écrans dans l'enfance en 2024, les journalistes de L'Express Antoine Beau et Stéphanie Benz soulignent l'aspect marginal et alarmiste de l'hypothèse soutenue par la médecin généraliste, qui voudrait que l'exposition aux écrans puisse « aggraver » les troubles du spectre de l'autisme[9].
Plaintes et classements sans suites modifier
En avril 2018, deux mères d'enfants autistes portent plainte auprès de l'Ordre des médecins du département de l’Essonne contre le Dr Ducanda[10],[11].
La Chambre Disciplinaire de l’Ordre des Médecins examine les plaintes de 4 parents d'enfants autistes, et les classe sans suites en 2020[12].
Tentative de reconnaissance d'un syndrome de surexposition précoce aux écrans modifier
D'après Stéphanie de Vanssay, le Collectif Surexposition écrans (CoSe) « s’est constitué autour de la personnalité du Dr Ducanda, et a joué un rôle important dans la dissémination de l’idée selon laquelle les écrans sont dangereux pour les jeunes enfants »[3]. Son activité de médecin de PMI induit un contact régulier avec des enfants scolarisés âgés de 3-4 ans, et leurs enseignants[3].
Anne-Lise Ducanda co-signe en 2017 un article décrivant ses observations, avec Sylvie Dieu Osika et Sabine Duflo[13]. Durant ses apparitions médiatiques, elle décrit l'exposition aux écrans comme le « mal du siècle », une « épidémie silencieuse », une « maltraitance numérique »[14], ou encore une « catastrophe sanitaire »[15].
Elle tente ensuite de faire reconnaître un syndrome de surexposition précoce aux écrans, qu’elle décrit comme responsable de troubles du langage et de troubles du comportement qui seraient confondus avec de l’autisme[16]. Elle co-signe en décembre 2018 avec le pédopsychiatre Daniel Marcelli une publication dans Enfances & Psy en faveur de la reconnaissance de ce nouveau trouble[17].
En juin 2019, elle créée l’association Screenpeace, et se présente sur son site web comme une « médecin spécialiste de la surexposition aux écrans »[3].
Activités de coaching modifier
D'après Stéphanie de Vanssay, le Dr Ducanda a en 2019 une brève activité de coaching pour familles afin de les aider à gérer l'addiction aux écrans[3].
Publications modifier
En 2021, elle publie le livre Les tout-petits face aux écrans[18], aux éditions du Rocher[19].
Notes et références modifier
- Loris Guémart, « Proxy : peu de rapport entre écrans et autisme… sauf pour une médecin médiatique », sur www.arretsurimages.net, (consulté le ).
- Jean-Yves Nau, « Faut-il interdire les écrans aux yeux des plus petits ? », Revue médicale suisse, (lire en ligne).
- Stéphanie De Vanssay, « « L’autisme virtuel » provoqué par la surexposition aux écrans : une panique morale ? », dans Les dossiers de l'écran, Éditions du Croquant, , 39–55 p. (ISBN 978-2-36512-257-3, DOI 10.3917/asava.tessi.2020.01.0039, lire en ligne).
- Handicap.fr, « Patrick Pelloux : autisme lié aux écrans, la 'fake news' ! », sur Handicap.fr, (consulté le ).
- Olivier Monod, « L'«autisme virtuel», lié aux écrans, existe-t-il ? », sur Libération (consulté le ).
- Béatrice Kammerer, « Autisme et écrans : la polémique est relancée ? », Sciences Humaines, no 347, (lire en ligne, consulté le ).
- « Ecrans et "autisme virtuel" : voici ce qu'une fake news peut faire aux gens », sur Le Nouvel Obs, (consulté le ).
- « "En diffusant un documentaire associant autisme et écrans, les médias véhiculent une fake news" », sur Le HuffPost, (consulté le ).
- « Anthroposophie, autisme… Les étranges contributions au rapport sur les enfants et les écrans », sur L'Express, (consulté le ).
- (en) A. M., « Poursuivie devant l'Ordre pour sa thèse controversée sur les écrans et l'autisme », sur www.egora.fr, (consulté le )
- Nolwenn Le Blevennec, « Écrans : les parents d'enfants autistes demandent au Dr Ducanda de s'arrêter », sur Le Nouvel Obs, (consulté le ).
- « Décision de la Chambre Disciplinaire de première instance d'Ile-de-France de l'Ordre des Médecins », sur archive.org (consulté le ).
- Sylvie Dieu Osika, Sabine Duflo et Anne-Lise Ducanda, « Effets de la surexposition des enfants aux écrans », L'Aide-Soignante, vol. 31, no 190, , p. 19–21 (ISSN 1166-3413, DOI 10.1016/j.aidsoi.2017.07.009, lire en ligne, consulté le )
- « Dr Anne-Lise Ducanda : « les tout-petits face aux écrans, l’épidémie silencieuse » | RADIO R », (consulté le ).
- Les enfants face aux écrans: "On ne se rend pas compte de la catastrophe sanitaire qu'on est en train de vivre" selon Anne-Lise Ducanda, pédiatre () BFM TV. Consulté le ..
- Béatrice Kammerer, « Les écrans menacent-ils le langage ?: », L'école des parents, vol. n° 635, no 2, , p. 44–46 (ISSN 0424-2238, DOI 10.3917/epar.635.0044, lire en ligne, consulté le ).
- Daniel Marcelli, Marie-Claude Bossière et Anne-Lise Ducanda, « Plaidoyer pour un nouveau syndrome « Exposition précoce et excessive aux écrans » ( epee ): », Enfances & Psy, vol. N° 79, no 3, , p. 142–160 (ISSN 1286-5559, DOI 10.3917/ep.079.0142, lire en ligne, consulté le ).
- Salah Hamdaoui, « Le Dr Anne-Lise Ducanda alerte sur les dangers des écrans pour les enfants », sur France Bleu, (consulté le )
- Groupe Elidia, « Les tout-petits face aux écrans - Éditions du Rocher », sur editionsdurocher.fr (consulté le ).
