L'affaire Neyret, du nom de son principal mis en cause, Michel Neyret, révèle des faits de corruption de fonctionnaires de la Police judiciaire française.

Lors d'une enquête visant un réseau de trafiquants de drogue en 2010, des écoutes relatives à Gilles Benichou (escroc lyonnais et indicateur de Michel Neyret)[1], laissent penser aux enquêteurs que le commissaire Neyret, personnalité de la Police nationale décorée de la Légion d'honneur[2], alors en poste à Lyon, renseigne un homme réputé proche du milieu lyonnais sur les informations dont dispose la justice au sujet d'un suspect[3]. Après avoir mis Neyret sous écoute les enquêteurs acquièrent la conviction que le policier et une partie de son entourage professionnel et personnel sont corrompus et rendent des services à des membres du grand banditisme. Neyret et sa femme sont alors interpellés à h du matin dans leur manoir de la Gabetière[4] par l'IGPN le et placés en garde à vue[5] dans la foulée. Le , à l'issue de cette garde à vue, il est mis en examen pour corruption, trafic d'influence, association de malfaiteurs, trafic de stupéfiants, détournement de biens et violation de secret professionnel[6].

Dans les jours et les mois qui suivent, d'autres interpellations ont lieu dans les milieux policier, judiciaire et du grand banditisme, ce qui déclenche une véritable « onde de choc » lié à l'ampleur supposée de l'affaire et à sa couverture médiatique importante[5].

Michel Neyret est révoqué le par Manuel Valls[7].

Instruction

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L'instruction dure plus de 3 ans et demi. À l'issue de celle-ci le parquet requiert, en mai 2015, que neuf personnes fassent l'objet d'un procès devant un tribunal correctionnel[3].

Michel Neyret fait l'objet de nombreux chefs d'accusations dont les plus graves sont ceux de corruption et association de malfaiteurs. Seuls les faits de détournement de scellés de stupéfiants, et offre, détention ou cession de drogue sont également reprochés à trois autres policiers, le capitaine Jean-Paul Marty, le commandant Gilles Guillotin et le commissaire Christophe Gavat, qui a évoqué l'affaire dans plusieurs livres pendant l'instruction[3].

Trois autres personnes, Gilles Benichou[8], son cousin Stéphane Alzraa (figure du milieu du banditisme juif lyonnais)[9] et Cyril Astruc, supposées proches du milieu lyonnais et liés à la fraude à la TVA sur les quotas de carbone, ainsi que la femme de Michel Neyret et l'avocat lyonnais David Metaxas font également l'objet d'une demande de renvoi devant le tribunal sous diverses accusations[3].

Procès

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L'affaire Neyret est jugée au mois de mai 2016, devant le tribunal correctionnel de Paris, à un rythme de trois jours par semaine entre le 2 mai et le 24 mai[10]. Gilles Benichou et Stéphane Alzraa ne se présentent pas devant le tribunal et sont jugés en leur absence[11]. Le verdict est rendu le . Le , le parquet de Paris, considérant certaines condamnations trop clémentes, annonce faire appel du jugement du tribunal correctionnel de Paris pour quatre des prévenus[12].

Prévenu Faits reprochés[3] Réquisitoire[13] Jugement [14]
Gilles Benichou Corruption et trafic d'influence actifs 5 ans de prison
100 000  d'amende
5 ans de prison avec mandat d'arrêt
100 000  d'amende
Michel Neyret Association de malfaiteurs
Corruption et trafic d'influence passifs par personne dépositaire de l'autorité publique et recel lié à ces faits
Détournement de scellés de stupéfiants et détention, offre ou cession de ces produits
Violation de secret professionnel
4 ans de prison
dont 18 mois avec sursis
2 ans 1/2 de prison avec possibilité d'aménagement
Stéphane Alzraa Corruption et trafic d'influence actifs 5 ans de prison
250 000  d'amende
2 ans de prison avec mandat d'arrêt
250 000  d'amende
Nicole Neyret Recel de trafic d'influence et de corruption passifs par personne dépositaire de l'autorité publique 12 mois de prison avec sursis 8 mois de prison avec sursis
Jean-Paul Marty Détournement de scellés de stupéfiants et détention, offre ou cession de ces produits 6 mois de prison avec sursis 3 mois de prison avec sursis
sans inscription au casier judiciaire
Gilles Guillotin Détournement de scellés de stupéfiants et détention, offre ou cession de ces produits 10 mois de prison avec sursis Relaxe
Christophe Gavat Détournement de scellés de stupéfiants et détention, offre ou cession de ces produits 8 mois de prison avec sursis Relaxe
Cyril Astruc Complicité de violation du secret professionnel 2 mois de prison avec sursis Relaxe
David Metaxas Recel de violation du secret professionnel Amende Relaxe

Procès en appel

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Le procès en appel a lieu en avril 2018[15].

Prévenu Faits reprochés[3] Réquisitoire[16],[17] Jugement [18]
Michel Neyret Association de malfaiteurs
Corruption et trafic d'influence passifs par personne dépositaire de l'autorité publique et recel lié à ces faits
Détournement de scellés de stupéfiants et détention, offre ou cession de ces produits
Violation de secret professionnel
4 ans de prison dont 18 mois avec sursis
15 000  d'amende
5 ans d’interdiction des droits civiques, civils et de famille
4 ans de prison dont 18 mois avec sursis
Stéphane Alzraa Corruption et trafic d'influence actifs 3 ans de prison
250 000  d'amende
3 ans de prison
250 000  d'amende
Gilles Guillotin Détournement de scellés de stupéfiants et détention, offre ou cession de ces produits 8 mois de prison avec sursis 8 mois de prison avec sursis
Christophe Gavat Détournement de scellés de stupéfiants et détention, offre ou cession de ces produits Relaxe Relaxe

Arrestation de Gilles Bénichou

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Visé par un mandat d'arrêt diffusé par Interpol, Gilles Bénichou est arrêté après deux ans de cavale par la police marocaine à Marrakech en . Il est en attente d'une possible extradition[19].

Références

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  1. Lors de ces écoutes, les policiers captent une conversation où un Gilles Benichou assure à l'escroc Yannick Dacheville qu'il peut lui venir en aide grâce à « un joker » au sein de la police qui « ne pouvait rien (lui) refuser ": Michel Neyret, alors au sommet de sa carrière. Cf « Douze ans de prison: peine confirmée pour un personnage central de l’affaire Neyret », sur leprogres.fr, .
  2. « Trajectoire d’un flic en première ligne », Le Progrès, (consulté le )
  3. a b c d e et f Le Parisien : Corruption : le parquet veut un procès pour Neyret, l'ex-patron de la PJ de Lyon
  4. Hôtel de la Gabetière, à Estrablin, manoir du XVIe siècle que Nicole Neyret hérite de sa grand-mère, classé établissement hôtelier 3 étoiles, et exploité par l'épouse Neyret. Source : « Michel Neyret, de super flic à "retraité de la police nationale" », sur europe1.fr, .
  5. a et b Le Monde : Le numéro 2 de la police judiciaire lyonnaise en garde à vue
  6. « Le commissaire Michel Neyret placé en détention provisoire », Le Figaro, (consulté le )
  7. « Le commissaire Michel Neyret révoqué par Manuel Valls », Le Monde, (consulté le )
  8. La "solide amitié" entre le commissaire Neyret et l'escroc Gilles Benichou
  9. Affaire Neyret: Stéphane Alzraa en fuite
  10. « Affaire Neyret: Le procès aura lieu en mai au tribunal correctionnel de Paris », sur 20minutes.fr (consulté le )
  11. La Croix : Au cœur du procès Neyret, deux absents de poids
  12. « Affaire Neyret: le parquet de Paris fait appel », sur lefigaro.fr, .
  13. Le Progrès : Prison ferme requise contre le système Neyret
  14. FranceInfo : Michel Neyret condamné à deux ans et demi de prison ferme pour corruption
  15. « Affaire Neyret: Le procès aura lieu en mai au tribunal correctionnel de Paris », sur lefigaro.fr (consulté le )
  16. Le Monde : Au procès en appel de l’ex-commissaire Neyret, le réquisitoire cinglant de l’avocat général
  17. Ouest France : Procès Neyret. Peine requise aggravée, mais sans retour en prison
  18. Notre temps : Michel Neyret, grand flic déchu, condamné à deux ans et demi ferme en appel
  19. Caroline Mangez, « Exclusif - Fin de cavale pour Gilles Bénichou, le tombeur de Michel Neyret », Paris-Match,‎ (lire en ligne, consulté le ).

Bibliographie

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Filmographie

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  • Olivier Marchal, Borderline, 2015