À son image

roman de Jérôme Ferrari

À son image est un roman de Jérôme Ferrari paru en 2018, lauréat du prix littéraire du Monde et du prix Méditerranée en 2018.

À son image
Auteur Jérôme Ferrari
Pays France
Genre Roman
Éditeur Actes Sud
Date de parution
Nombre de pages 224
ISBN 978-2-330-10944-8

Résumé modifier

En , sur le port de Calvi, Antonia, une photojournaliste, retrouve Dragan, un légionnaire qu'elle a rencontré pendant la guerre en Yougoslavie dix ans plus tôt. Elle remet son retour en famille d'une journée, pour une soirée prolongée avec lui. Fatiguée par des heures de conversation, elle repart en voiture dans le nord de l'île, et éblouie au soleil levant, elle s'écrase dans un ravin d'Ostriconi. Son office funèbre ou messe de requiem est célébré par son oncle et parrain, par ailleurs prêtre. Dans l'église, chacun se rappelle la défunte et reconstitue le récit d'une vie[1]. Pour l'écrivain, il s'agit d'un prolongement de sa réflexion sur la photographie de guerre entamée - avec Oliver Rohe - dans l'essai À fendre le cœur le plus dur (Inculte 2015 et Actes Sud "Babel" 2017) consacré à l'analyse du reportage réalisé en Tripolitaine par le correspondant de guerre Gaston Chérau[2] pendant le conflit opposant l'Italie à l'Empire ottoman (1911-1912)[3]. Dans À son image, Gaston C. est la figure fictive de Gaston Chérau.

Contexte modifier

Le personnage principal, Antonia (1965-2003), vit en Corse, au village (Alta Rocca) ou en reportage (localier, en Balagne par exemple), ou sur le continent du côté de Nice, quand elle n'est pas en reportage de guerre (Vukovar). Elle fréquente de fait, de manière privilégiée comme jeune femme photographe corse, des militants à différents moments du nationalisme corse : Aléria (1975), Casabianca (1976), Bastelica (1980), Ajaccio (1984), Tavera (1990), événements, arrestations, libérations, exécutions...

La fiction n'est pas une reconstitution, les noms des personnages sont transformés, surtout les hommes, et les visages sont masqués... Mais la formation des personnages est déterminée par le monde corse, particulièrement des années 1970-1990. Les autres personnages féminins sont Madeleine, Lætitia, Damienne. Les autres personnages masculins sont Pascal B, Simon T, Christian P, Jean-Joseph, Xavier, Marc-Aurèle...

Contenu modifier

Ou plutôt les mentalités sont formées par cet engrenage de violence qui brise les solidarités anciennes, comme en Yougoslavie (avec la figure entrevue d'Arkan, ou la scène On tue des porcs, ou toute autre photo insoutenable de tout conflit) : chacun voudrait y échapper sans le pouvoir, et Dragan, le jeune appelé yougoslave serbe se retrouve légionnaire à Calvi pour échapper au souvenir des violences au pays perdu.

En ce sens, chaque chapitre est précédé d'une référence à un passage du Nouveau Testament et de la légende d'une photographie absente (de guerre ou non) de photographe réputé. D'où les références à Gaston C et Rista M pour d'autres horreurs (Tripoli 1911, Corfou 1915) : à son image.

La lecture du livre peut durer le temps d'un long office funèbre, avec intégrale du Dies iræ en chant polyphonique. L'officiant, oncle-parrain, se souvient de tout ce que lui a communiqué Antonia, qu'il a accompagnée, dotée d'un appareil photo à 13 ou 14 ans, retrouvée et perdue. Antonia a grandi, a connu des hommes, a fui son village, a photographié l'insoutenable, s'est repliée sur les photographies de mariage pour tel journal local, ou telle famille, et est morte.

Accueil modifier

L'accueil public et critique est globalement bon[4],[5],[6],[7],[8],[9],[10],[11],[12],[13],[14].

Prix modifier

Le roman a reçu le prix littéraire du Monde et le prix Méditerranée en 2018[16].

Hommage modifier

Notes et références modifier

  1. Quatrième de couverture, site de l'éditeur Actes Sud. Consulté le 8 novembre 2018.
  2. Pierre Schill, Réveiller l'archive d'une guerre coloniale. Photographies et écrits de Gaston Chérau, correspondant de guerre lors du conflit italo-turc pour la Libye (1911-1912), Grane, Créaphis, , 480 p. (ISBN 978-2-35428-141-0, lire en ligne)
  3. Eileen Ryan, « Réveiller l’archive d’une guerre coloniale: Photographies et écrits de Gaston Chérau, correspondant de guerre lors du conflit italo-turc pour la Libye (1911–1912) », The Journal of North African Studies,‎ , p. 1–3 (ISSN 1362-9387 et 1743-9345, DOI 10.1080/13629387.2019.1663882, lire en ligne, consulté le )
  4. « A son image - France Culture », sur France Culture (consulté le ).
  5. Sabine Audrerie, « « À son image » de Jérôme Ferrari », La Croix,‎ (lire en ligne, consulté le ).
  6. Anne Brigaudeau, « "A son image", vibrante homélie pour une photographe défunte signée Jérôme Ferrari », sur Francetvinfo.fr, Franceinfo, (consulté le ).
  7. « À son image, de Jérôme Ferrari », sur En attendant Nadeau, (consulté le ).
  8. « A son image et à sa guise : requiem argentique », sur Actualitte.com (consulté le ).
  9. « À son image, Jérôme Ferrari » [livre], sur Télérama (consulté le ).
  10. a et b Jérôme Garcin, "À son image" de Jérôme Ferrari : le verdict du Masque & la Plume, 30 août 2018, Le Masque et la Plume, France Inter.
  11. « Que dit le web du roman À son image de Jérôme Ferrari ? », sur Bibliosurf II (consulté le ).
  12. « critique de "A son image", dernier livre de Jérôme Ferrari », sur Onlalu.com, (consulté le )
  13. Etienne de Montety, « À son image, de Jérôme Ferrari: la pesanteur et la grâce », Le Figaro,‎ (lire en ligne, consulté le ).
  14. Faustine Prévot, « Notre coup de cœur littéraire. "À son image", le nouveau roman de Jérôme Ferrari », sur NotreTemps.com, (consulté le ).
  15. Baptiste Léger, À son image - L'Entretien, septembre 2018, Lire n°468, p. 41-45.
  16. Raphaëlle Leyris et Jean Birnbaum, « Le Monde » remet son prix littéraire à Jérôme Ferrari pour « À son image », 5 septembre 2018, Le Monde.

Bibliographie modifier