Bataille des Clouzeaux

bataille de la guerre de Vendée
Bataille des Clouzeaux
Description de l'image Mort d'Haxo.jpg.
Informations générales
Date
Lieu Les Clouzeaux
Issue Victoire vendéenne
Belligérants
Drapeau de la France République française Drapeau de l'Armée catholique et royale de Vendée Vendéens
Commandants
Nicolas Haxo François-Athanase de Charette de La Contrie
Jean-Baptiste Joly
Louis Guérin
Forces en présence
2 000 hommes[1] 700 à 800 hommes[2],[3]
Pertes
20 à 106 morts[4],[1]
49 à 57 blessés[4],[1]
Inconnues

Guerre de Vendée

Batailles

Coordonnées 46° 37′ 51″ nord, 1° 30′ 27″ ouest
Géolocalisation sur la carte : France
(Voir situation sur carte : France)
Bataille des Clouzeaux
Géolocalisation sur la carte : Pays de la Loire
(Voir situation sur carte : Pays de la Loire)
Bataille des Clouzeaux
Géolocalisation sur la carte : Vendée
(Voir situation sur carte : Vendée)
Bataille des Clouzeaux

La bataille des Clouzeaux se déroule le lors de la guerre de Vendée. Elle s'achève par la victoire des Vendéens qui repoussent une attaque républicaine visant à détruire la petite armée du général Charette. Le général républicain Nicolas Haxo trouve la mort lors de ce combat.

Prélude modifier

Après la défaite du général Cordellier à la bataille de la Vivantière, le général Nicolas Haxo arrive à Palluau le 3 mars et se lance à la poursuite de la troupe de Charette, qu'il décide de traquer sans répit[1]. Pour ce faire, il bénéficie d'une compagnie de guides organisée par Kléber à l'automne, qui l'informe des mouvements des Vendéens[1].

Le 7 mars, Haxo se porte sur la forêt des Gats, entre Belleville-sur-Vie et La Merlatière[1]. Charette refuse le combat et s'enfuit vers le bois de La Chaise, en laissant cependant derrière lui une quarantaine de morts[1]. Haxo perd alors sa trace et fouille les environs des Lucs-sur-Boulogne, des Brouzils et de Saint-Philbert-de-Bouaine pendant de longues marches et contre-marches de 12 à 15 heures par jour[1].

À la mi-mars, Haxo divise sa colonne en deux : le premier détachement se porte sur Saint-André-Treize-Voies et Vieillevigne et rejette une partie de la troupe de Charette sur le deuxième détachement, mené directement par Haxo, qui a pris position à L'Herbergement[1]. Le 17 mars, à Rocheservière, Haxo tombe sur une troupe de 200 à 300 Vendéens et en tue une centaine d'après les estimations républicaines[1].

Le lendemain, Haxo arrive au Pont-James, à Saint-Colomban où il écrit à Turreau pour lui demander des renforts de cavalerie, puis il poursuit sur Legé[1]. Il réunit ensuite ses deux détachements à La Chapelle-Palluau et apprend que Charette est à Maché[1]. Il se dirige alors sur Beaulieu-sous-la-Roche afin de préparer son attaque, mais il arrive une heure trop tard, les Vendéens s'étant replié sur Les Clouzeaux[1]. Haxo retourne alors à Beaulieu, où il écrit sa dernière lettre, puis il marche sur Les Clouzeaux[1].

Forces en présence modifier

L'état des forces en présence n'est pas connu avec exactitude. À la date du 8 mars 1794, le général Haxo, alors à Palluau, écrit au général Turreau qu'il est à la tête d'une colonne de 2 000 hommes[1],[5]. D'après Émile Gabory, la troupe inclut 300 cavaliers[6]

Côté vendéen, Haxo estime également le 8 mars que l'armée de Charette est forte de « douze cents hommes au plus » et est handicapée par « quatre voitures de blessés »[1],[5]. Dans ses mémoires[A 1], le chef royaliste Pierre-Suzanne Lucas de La Championnière indique quant à lui que l'armée, encore forte de 1 200 hommes fin février[7], ne compte plus que 700 à 800 hommes au moment du combat[2],[3].

Déroulement modifier

 
Les Clouzeaux, gravure de Thomas Drake, vers 1850.

Les Vendéens sont divisés en quatre groupes, Charette commande la droite, Joly la gauche, Guérin le centre et Bodereau la réserve[6].

Les dragons républicains chargent les premiers l'avant-garde vendéenne commandée par Joly. Ils sont sur le point de la faire plier lorsque la cavalerie vendéenne les prend de flanc. Les dragons prennent aussitôt la fuite et jettent la confusion dans les rangs des deux bataillons[8] d'hommes à pied et provoquent une déroute générale. Trop avancé, Haxo se retrouve sans soutien au début du combat et est tué[1].

 
Mort du général Haxo, gravure de Thomas Drake, vers 1850.

Les circonstances de la mort du général républicain varient selon les récits[1]. Dans son rapport, Turreau raconte qu'après la fuite de deux bataillons, Haxo est atteint de deux coups de feu, son cheval s'effondre, et, « sur le point d'être pris par les cavaliers ennemis », il « se brûle la cervelle »[4],[8],[1]. Les républicains Collinet, Savary et l'adjudant-général Aubertin[A 2] retiennent également la thèse du suicide[1]. En revanche, le chef vendéen Pierre-Suzanne Lucas de La Championnière affirme dans ses mémoires que le général républicain est abattu par un coup de fusil après avoir blessé plusieurs de ses adversaires : « Dans ce désordre le Général Haxo se trouva empêché par un fossé que son cheval ne pouvait franchir : il mit pied à terre et fut bientôt atteint par un des nôtres qui lui cria de remettre ses armes ; il en reçut, pour toute réponse, un coup de sabre sur la tête. Le Général entouré successivement pas cinq cavaliers refusa toujours de se rendre jusqu'à ce qu'un soldat, qu'il prit pour un de ses chasseurs, à cause d'un petit casque qu'il lui vit sur la tête, en profitant de sa méprise, l'eût renversé d'un coup de fusil. Haxo, quoique par terre, se défendit encore et blessa un des nôtres à la main d'un coup de pistolet »[2]. Un prisonnier vendéen nommé Pierre Prudhomme déclare le 14 juillet que « Haxo avait dit qu'il était bien malheureux de mourir de la main de la canaille et qu'il s'était brûlé la cervelle, que Charette avait actuellement son cheval, et qu'avant de mourir il avait dit à Charette ma mort te vaut 30 000 hommes »[1]. Charles-Louis Chassin publie quant à lui le récit d'une tradition orale selon laquelle Haxo se serait réfugié dans l'église en profitant de l'obscurité et n'aurait été tué que le lendemain matin[1],[10].

Après le combat, les Vendéens évacuent rapidement les lieux, tandis que les deux bataillons de l'aile gauche reprennent le champ de bataille, ce qui permet à Turreau de faire passer la défaite de ses troupes pour une victoire[6],[8].

Pertes modifier

Dans son rapport[A 3] adressé le 22 mars au ministre de la guerre Jean-Baptiste Bouchotte, le général Turreau écrit que les pertes républicaines sont d'une vingtaine d'hommes tués et de 57 blessés[4],[8]. Dans son journal, l'armateur sablais André Collinet donne un bilan plus élevé en écrivant que 106 hommes ont été tués et 49 blessés, dont onze mortellement[1]. Les pertes vendéennes sont inconnues.

Conséquences modifier

L'issue de la bataille est marquée par une dispute opposant Charette et Joly, chacun réclamant le cheval du vaincu, qui revient finalement à Charette. Cette querelle conduit à la séparation des deux armées[6].

De son côté, le général en chef Louis Marie Turreau arrive à Aizenay le 21 mars et apprend la mort d'Haxo à La Mothe-Achard[4]. Le 22, il arrive aux Sables-d'Olonne[4].

Selon l'historien Lionel Dumarcet : « Haxo avait échoué tout près du but. Sa mort laisse apparaître l'incroyable médiocrité de l'état-major républicain en Vendée. Il faudra attendre deux ans pour qu'un nouveau général soit en mesure de comprendre comment réduire Charette à merci »[1].

Notes et références modifier

Notes modifier

  1. « Depuis le mois de décembre 1793 ou depuis la prise de Noirmoutier nous avions presque toujours été poursuivis, mais jusqu'à présent les républicains avaient cherché à cerner les endroits que nous occupions, et tandis qu'ils dirigeaient leurs colonnes vers les bourgs ou le village où ils croyaient que nous devions les attendre, à la faveur de la nuit, nous passions entre leurs différents postes et nous tombions parfois sur ceux qui se croyaient les moins exposés.

    Le Général Haxo changea de méthode, il s'attacha continuellement à nos pas et nous suivit à la trace sans nous permettre un moment de repos ; par ce moyen, il nous avait réduit au dernier état d'épuisement, mais ses troupes, quoique mieux approvisionnées que les nôtres, se trouvaient enfin bien fatiguées. De nôtre côté, nous périssions ; depuis plus de quinze jours nous n'avions pas trouvé le moment de faire faire du pain, et notre armée qui n'était plus composée que de sept à huit cents hommes allait être totalement détruite sans la mort de celui qui avait juré notre perte. Notre cavalerie, partie pour la découverte, revenait à toutes jambes poursuivie par la cavalerie ennemie. M. Charette entrait alors dans le bourg des Clouzeaux et ses soldats y prenaient déjà des logemens : on lui annonça l'ennemi sur nos talons : Camarades, s'écria-t-il, qui m'aime me suive, nous avons la victoire. En effet, les cavaliers ennemis, dans l'ardeur d'une poursuite aussi vive, étaient trop en désordre pour soutenir le feu qu'on dirigea contre eux. Ils reculèrent à leur tour et leur infanterie, qui suivait de près, fut d'abord écrasée par leur chevaux et bientôt par notre cavalerie elle-même, qui, voyant l'occasion de prendre sa revanche, voulut rattraper ce qu'elle avait perdu.

    Dans ce désordre le Général Haxo se trouva empêché par un fossé que son cheval ne pouvait franchir : il mit pied à terre et fut bientôt atteint par un des nôtres qui lui cria de remettre ses armes ; il en reçut, pour toute réponse, un coup de sabre sur la tête. Le Général entouré successivement pas cinq cavaliers refusa toujours de se rendre jusqu'à ce qu'un soldat, qu'il prit pour un de ses chasseurs, à cause d'un petit casque qu'il lui vit sur la tête, en profitant de sa méprise, l'eût renversé d'un coup de fusil. Haxo, quoique par terre, se défendit encore et blessa un des nôtres à la main d'un coup de pistolet.

    Les Vendéens eurent la victoire qu'ils n'avaient pas goûtée de longtemps. Depuis ce jour nous n'avons pas trouvé un ennemi aussi terrible.

    Quoiqu'en se félicitant de la destruction d'un pareil ennemi, on admirait son courage et le bonhomme Joly qui avait été longtemps soldat, regrettait de ne s'être pas rencontré devant lui pour le combattre au corps à corps[2]. »

    — Mémoires de Pierre-Suzanne Lucas de La Championnière.

  2. « Haxo chargeant à la tête des tirailleurs reçut plusieurs coups de feu au corps, à la distance de 20 pas d'une embuscade de l'ennemi retranché derrière un mur que son cheval s'étant abattu les tirailleurs ayant fuit demi-tour à droite. Le général Haxo se voyant près d'être pris par ces gueux en héros en bon et brave republicain il a préféré se donner la mort, en se brûlant la cervelle d'un coup de pistolet[9] »

    — Lettre de l'adjudant-général Aubertin, le 16 juillet 1794.

  3. « Depuis huit jours, je marchais de concert avec le général Haxo contre Charette. Une marche forcée que je fis le 19 m'avait mis sur ses talons. Il m'évita par une fuite très-rapide ; mais nos colonnes étaient disposées à le forcer au combat, de quelque côté qu'il dirigeât sa marche. Effectivement, Charette a été attaqué par la colonne que commandait Haxo en personne. Les deux bataillons qui se présentèrent au combat, sous les yeux du général, prirent la fuite, aussitôt qu'ils eurent vu l'ennemi. Haxo cherche en vain à les rallier, en restant exposé au feu le plus vif; il est bientôt atteint de deux coups de feu, son cheval tombe, et le général, sur le point d'être pris par les cavaliers ennemis, se brûle la cervelle.

    Cependant la victoire était à nous ; la bonne contenance de deux bataillons qui étaient à l'aile gauche et qui chargèrent vigoureusement les brigands l'eut bientôt décidée. Leur perte a dû être considérable ; la nôtre a été d'une vingtaine d'homme tués et cinquante-sept blessés.

    La perte d'Haxo est irréparable dans ce moment-ci. Haxo était mon ami, et peut-être n'en dois-je pas faire l'éloge ; mais je puis dire avec vérité que toute l'armée, tous les citoyens partagent mes regrets. La mort d'Haxo, celle de Moulin le jeune, la retraite de son frère pour cause de maladie, la blessure qu'a reçue le général Caffin, un des meilleurs officiers de l'armée, celle de Blamont, mon premier aide-camp, fait adjudant-général, etc., etc., toutes ces pertes ont retardé considérablement mes opérations et brisé tous mes moyens.

    Un autre embarras que j'éprouve, c'est la difficulté, l'impossibilité même d'assurer ma correspondance, étant continuellement en marche, et de mettre de l'ensemble dans les différentes parties de l'armée soumise à mon commandement. L'ennemi, qui est auxabois, ne s'attache plus qu'à intercepter mes convois et assassiner mes ordonnances. Ma cavalerie est sur les dents, j'en ai fort peu, et c'est l'espèce de troupe dont j'aurais le plus besoin.

    Je n'en finirais pas, citoyen ministre, si je te faisais part de toutes les contradictions que j'ai éprouvées, des entraves que l'on a mises de toutes parts à l'exécution de mon plan, du peu de subordination de la plupart des officiersgénéraux, accoutumés dans cette armée à délibérer sur les ordres et à agir isolément. J'espère que les représentais du peuple près cette armée m'en feront raison en en destituant quelques-uns, mais il m'en reste fort peu.

    Tant que je suis en marche, il m'est impossible de faire exécuter exactement tes ordres et ceux du comité de salut public, j'en ai dit les raisons. Au surplus je rendrai compte des difficultés de tout genre que j'ai éprouvées, et si l'on trouve que je ne vais pas, que je n'ai pas été assez vite, je me justifierai aisément de ce reproche[8],[4]. »

    — Rapport du général en chef Turreau, le 22 mars 1794 aux Sables d'Olonne, au ministre de la guerre Jean-Baptiste Bouchotte.

Références modifier

  1. a b c d e f g h i j k l m n o p q r s t u v w et x Dumarcet 1998, p. 329-331.
  2. a b c et d Lucas de La Championnière 1994, p. 82-84.
  3. a et b Dupuy 1988, p. 93.
  4. a b c d e f et g Chassin, t. IV, 1895, p. 379.
  5. a et b Savary, t. III, 1825, p. 281.
  6. a b c et d Gabory 2009, p. 393-394.
  7. Lucas de La Championnière 1994, p. 81-82.
  8. a b c d et e Savary, t. III, 1825, p. 307-308.
  9. Dumarcet 1998, p. 334.
  10. Chassin, t. IV, 1895, p. 380-381.

Bibliographie modifier