Bataille de Beaupréau (1794)

Bataille de Beaupréau
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Vue de Beaupréau, gravure de Thomas Drake, vers 1850.
Informations générales
Date
Lieu Beaupréau
Issue Victoire républicaine
Belligérants
Drapeau de la France République française Drapeau de l'Armée catholique et royale de Vendée Vendéens
Commandants
Étienne Cordellier
Joseph Crouzat
Jean-Nicolas Stofflet
• Claude de Bruc du Cléray
• Pierre de Bruc de Livernière
Forces en présence
2 000 à 3 000 hommes[1],[2] Inconnues
Pertes
~ 50 morts[3] ~ 200 morts[4]

Guerre de Vendée

Batailles

Coordonnées 47° 12′ 10″ nord, 0° 59′ 36″ ouest
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Bataille de Beaupréau
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Bataille de Beaupréau

La bataille de Beaupréau se déroule le lors de la guerre de Vendée. Elle s'achève par la victoire des républicains.

Prélude modifier

Après sa défaite à Cholet le , le général vendéen Jean-Nicolas Stofflet se retire sur Chemillé, qu'il abandonne ensuite pour gagner Beaupréau. Le général républicain Cordellier se lance alors à sa poursuite[5]. Le 10 février, il parcourt la route de Cholet à Vihiers, sans trouver trace de l'armée vendéenne[5]. Le 13, il investit Chemillé, qu'il fait incendier, puis il gagne Beaupréau dans la soirée[5],[3]. Le lendemain, l'armée de Stofflet lance l'attaque contre Cordellier depuis les villages de Montrevault et La Poitevinière, au nord et au nord-est de Beaupréau[5],[3].

Forces en présence modifier

Le général Cordellier et son second, le général Crouzat[3], sont alors à la tête d'une colonne de 2 000 à 3 000 hommes[1],[2]. Dans ses mémoires, l'officier vendéen Louis Monnier estime les républicains à 3 000 hommes lors de cette bataille[6].

Déroulement modifier

Dans son rapport[Note 1] au général en chef Turreau, Cordellier indique que les Vendéens engagent le combat le 14 février, à 9 heures du matin, en assaillant les avant-postes républicains du côté de Montrevault et de la La Poitevinière, au nord[3],[7]. Le 74e régiment, placé à l'avant-garde avec quinze chasseurs à cheval, oppose cependant une forte résistance et parvient à contenir l'attaque[3]. Cordellier fait alors battre la générale et sort de la ville à la rencontre des Vendéens[3]. Cependant une colonne vendéenne contourne les positions républicaines et entre dans la ville de Beaupréau par la route de Gesté, à l'ouest[3]. Surpris, les bataillons patriotes n'ont pas le temps de marcher dans leur ordre de bataille et Cordellier donne l'ordre à ses hommes de se déployer en tirailleurs[3],[7]. Les Vendéens finissent par céder et battent en retraite, poursuivis par les républicains[3]. Le gros de leurs forces s'enfuit par La Chaussaire, à l'ouest de Beaupréau[3]. La fusillade s'achève à quatre heures du soir[3],[7]. Cordellier cesse la poursuite à la tombée de la nuit et fait ensuite bivouaquer ses troupes à La Regrippière[3].

L'officier royaliste Louis Monnier évoque brièvement le combat dans ses mémoires[Note 2]. Selon lui l'attaque fut « mal dirigée », les Vendéens « n'avaient pas quatre coups à tirer » et furent « battus complètement et poursuivis de très près »[6].

Pertes modifier

Dans son rapport à Turreau, Cordellier affirme que ses pertes sont d'à peine 50 hommes, tandis qu'il évalue celles des Vendéens à 600 hommes, dont plus de 150 noyés dans l'Èvre et la Sanguèze, près de La Chaussaire[3],[7]. L'aide-de-camp de Cordellier donne quant à lui un bilan de 700 morts pour les insurgés dans un courrier envoyé le même jour au général Huché[Note 3].

Dans ses mémoires[Note 4], l'officier royaliste Bertrand Poirier de Beauvais donne cependant un bilan moins élevé et écrit que les pertes de l'Armée d'Anjou furent d'environ 200 hommes[4].

La jeune comtesse Marie Danguy de Bruc, qui selon Bertrand Poirier de Beauvais s'était distinguée par son « héroïsme » lors de la bataille de Cholet[8], est tuée lors du combat de Beaupréau[9]. Le général Cordellier indique dans son rapport qu'« une femme, entre autres, est restée sur-le-champ de bataille. On a trouvé sur elle une somme considérable en or, argent, assignats et bijoux »[3]. Dans leurs mémoires, les officiers Louis Monnier et Bertrand Poirier de Beauvais rapportent qu'elle trouve la mort lors de la déroute, par la faute de son beau-frère, le chevalier de Bruc, qui, trouvant inconvenant qu'elle soit en croupe derrière un cavalier, l'oblige à descendre de cheval avant de l'abandonner à l'arrivée des hussards républicains[Note 5]. La comtesse de Bruc est ensuite « sabrée et mise en morceaux » par les hussards[4],[6].

Notes et références modifier

Notes modifier

  1. « Au moment où je t'écrivais à Beaupreau pour t'informer que j'y étais arrivé hier soir, après être parti le matin de Chemillé que j'ai brûlé , .et dans l'intention d'aller à la poursuite des brigands que l'on m'avait dit s'être dirigés du côté de Beaupreau, j'ai entendu crier aux armes et battre la générale, attendu que les brigands attaquaient mes avant-postes du côté de la Poitevinière et de Montrevault. Je quitte sur-le-champ la plume, et je monte à cheval pour disposer ma troupe.

    À peine arrivé à la sortie de Beaupreau du côté où j'étais attaqué et où ma brave troupe se portait, que l'ennemi entrait déjà dans la ville du côté de Geste. Mes bataillons, qui furent surpris, n'eurent pas le temps de marcher dans leur ordre de bataille. Je leur ordonnai de se mettre en tirailleurs, et bientôt toute la campagne fut couverte de soldats républicains qui firent une fusillade continuelle sur les brigands qui prirent de suite la déroute en jetant leurs armes, afin de mieux battre en retraite. « » Tu ne peux pas te figurer à quel degré la valeur de mes soldats s'est élevée. Le brave soixante-quatorzième régiment, à qui j'avais donné l'ordre d'aller à la découverte avec quinze chasseurs à cheval une demi-heure avant l'attaque sur la route de Montrevault, n'était composé que de héros.

    La fusillade a commencé à neuf heures du matin, et a continué, de notre part, jusqu'à quatre heures du soir en poursuivant l'ennemi dont la perte peut être portée à six cents hommes, sans que de mon côté j'en aie perdu cinquante. Plus de cent cinquante d'entre eux se sont noyés dans la rivière d'Evre, ainsi que dans celle de Sanguèze, qu'ils ont passé à la Chaussaire; enfin, si la nuit n'était pas survenue, je serais encore à leur poursuite.

    Ma troupe est maintenant bivouaquée sur les hauteurs qui bordent la route de Geste à Nantes, et les murs du couvent de la Regripière. Je viens d'envoyer des ordonnances pour que le tiers de ma colonne, qui s'était portée du côté de la Poitevinière et que je crois à Beaupreau, rejoigne la colonne.

    Je compte aller demain à leur poursuite pour achever mon ouvrage; mais le besoin de cartouches, et plus encore de souliers, me mettra dans la nécessité de séjourner au premier endroit que je rencontrerai, qui, je crois, sera TifFauge.

    Je ne sais où est Duquesnoy ni les autres chefs de colonnes ; je t'aurai une véritable obligation de m'en dire deux mots.

    Les brigands ont perdu beaucoup de leurs chefs aujourd'hui; une femme, entre autres, est restée sur-le-champ de bataille. On a trouvé sur elle une somme considérable en or, argent, assignats et bijoux.

    Dans le compte que tu rendras de cette affaire à la Convention nationale, n'oublie pas de faire l'éloge de toutes mes troupes et particulièrement du soixante-quatorzième régiment auquel nous devons notre salut par la résistance qu'il a montrée au commencement de l'attaque, et sans laquelle nous n'aurions pu sortir de Beaupreau qu'en désordre. Compte sur moi, comme sur les soldats que je commande[3]. »

    — Rapport du général Cordellier au général en chef Turreau, le 14 février 1794 à La Regrippière .

  2. « Nous ne fûmes pas aussi heureux quelque temps après, Les Républicains étaient revenus à Beaupréau ; ils étaient campés à Saint-Martin de Beaupréau. M. de Bruc, avec sa division, n'abandonna point l'armée. Sa dame était plus courageuse qu'un homme ; son beau-frère faisait le second commandant de la division ; ils étaient tous rassemblés au Fief-Sauvin. M. de Bruc résolut d'aller attaquer ce corps qui était campé à Saint-Martin et qui était composé de 3.000 hommes. L'attaque fut mal dirigée. Nos soldats n'avaient pas quatre coups à tirer, de sorte que nous fùmes battus complètement et poursuivis de très près du côté de la Chaussaire et du Fief-Sauvin, où tout le gros de notre armée s'était jeté, et où nous pouvions échapper à une poursuite vive[6]. »

    — Mémoires de Louis Monnier.

  3. « Nous avons brossé l'ennemi qui a eu l'impudence de nous attaquer sur les neuf heures du matin : sa perte doit se monter au moins à sept cents hommes. Il a été vigoureusement chargé par nos deux colonnes dont l'une, que n'ont pas quittée les généraux Cordellier et Crouzat, est actuellement à la Regripière près Geste ; et l'autre, qui a été jusqu'au hameau de Villeneuve, au-delà du fief Sauvin, est revenue en ordre à Beaupreau où était le.point de ralliement. Je ne crois pas que ces messieurs se donnent encore le ton d'attaquer notre petite division de l'armée du Nord[3]. »

    — Rapport de l'aide-de-camp du général Cordellier, le 14 février à Beaupréau au général Huché.

  4. « Ma mission étant remplie auprès de Charette, ayant vu l'armée du Centre qui m'avait mis au courant de ses dispositions et de sa marche, je partis pour retourner à l'armée d'Anjou. Quand je fus sur les bords de la Sèvre, j'appris qu'il y avait eu, le 14 février, une affaire à Beaupréau à notre désavantage; on ne put me donner d'autres détails, si ce n'est que l'armée royaliste s'était retirée vers Clisson pour gagner l'armée du Centre à un endroit appelé, je crois : les Quatre-Vents.

    Je me fais conduire à l'armée du Centre, et quelques heures après nous voyons paraître l'armée d'Anjou.

    Je rendis compte de ce que j'avais fait, mais les circonstances présentes ne nous permettaient pas d'exécuter ce dont j'étais convenu avec Charette.

    Nous n'étions pas nombreux, ayant été dispersés par la déroute ; il fallait faire un nouveau rassemblement. Notre perte, sans être considérable, avait été environ de deux cents hommes ; c'était la colonne de Cordellier[4]. »

    — Mémoires de Bertrand Poirier de Beauvais.

  5. « C'est à cette bataille de Beaupréau que la comtesse de Bruc, se trouvant pressée dans sa fuite, ayant un mauvais cheval et sur le point d'être prise, reçut les offres d'un de nos plus braves cavaliers, qui lui proposa de monter derrière lui, sûr, dit-il, de la sauver. Déjà elle était à bas ou plutôt derrière cet homme, lequel était prêt à partir, quand survient le chevalier de Bruc, qui trouve mauvais que sa belle-sœur soit en croupe derrière un cavalier, et l'oblige à reprendre son cheval. La pauvre comtesse n'était pas encore en selle que les hussards ennemis arrivent... et dans la mêlée qui se produisit, cette malheureuse femme fut hachée de coups de sabre... Mme de Bruc fut universellement regrettée dans l'armée[4]. »

    — Mémoires de Bertrand Poirier de Beauvais.

    « Madame de Bruc montait un cheval qui ne pouvait tenir à la poursuite des hussards bleus. M. le comte, son mari, était d'un autre côté; son frère, le chevalier, était sur le devant en déroute, sans penser à sa belle-sœur qui était derrière. J'avais un cavalier nommé Trilliot, le plus brave cavalier de l'armée, qui était très bien monté; observant la marche rapide des bleus, il aperçoit derrière lui Madame de Bruc, qui à tout instant était près d'être prise. Trilliot dit à Madame de Bruc : « Sauvez-vous, vous voilà prise. » Madame de Bruc voulut faire sauter son cheval par-dessus une haie, le cheval s'abattit et Madame de Bruc tomba dans le fossé. La cavalerie ennemie était à peine à demi-portée de mousqueton. Trilliot dit à Madame de Bruc: Montez rapidement derrière moi ou vous voilà prise. » Cette aimable dame, extrêmement leste, monte derrière lui, et tous deux marchent grand train rejoindre les autres. M. le chevalier de Bruc, qui savait bien que sa belle-sœur était derrière, et qu'il n'y avait point de danger à retourner pour voir ce qu'elle était devenue, parce qu'il y avait de la cavalerie des nôtres qui s'opposait un peu à la poursuite rapide des bleus, l'aperçut montée derrière le cavalier qui l'avait sauvée. Indigné de voir Madame de Bruc montée en croupe, il lui dit : « Madame, descendez et montez derrière moi ». Trilliot laissa M. de Bruc avec sa belle-sœur dans le chemin, il ne pouvait la monter derrière lui. L'armée républicaine arriva au grand galop; M. de Bruc abandonna sa belle-soeur qui fut sabrée et mise en morceaux. Voilà le fruit de la gloire mal fondée de M. le chevalier de Bruc. Dans un moment aussi périlleux Trilliot sauve sa belle-sœur, et lui, par hauteur, sacrifie la plus aimable des femmes. Telle a été sa valeur[6]. »

    — Mémoires de Louis Monnier.

    « De là nous avons été à Beaupréau, où nous avons essuyé une déroute complète, ayant été poursuivis pendant trois lieues. Prenant la route de Montaigu, notre armée encore divisée, nous nous sommes battus en retraite avec grand courage, et nous sommes parvenus à rallier notre monde. Là, nous avons malheureusement perdu la femme de M. Debruc; nous battant à l'arme blanche pour la sauver, elle fut tuée à cinquante pas de moi[10]. »

    — Mémoires de Renée Bordereau.

Références modifier

  1. a et b Clénet 1993, p. 189.
  2. a et b Delahaye et Gaborit 1995, p. 49.
  3. a b c d e f g h i j k l m n o p et q Savary, t. III, 1825, p. 195-197.
  4. a b c d et e Poirier de Beauvais 1893, p. 264-265.
  5. a b c et d Delahaye et Gaborit 1995, p. 51.
  6. a b c d et e Monnier 1894, p. 71-73.
  7. a b c et d Gabory 2009, p. 388.
  8. Poirier de Beauvais 1893, p. 257.
  9. Chassin, t. IV, 1895, p. 290.
  10. Bordereau 1814, p. 43.

Bibliographie modifier