Bataille de Grasla
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Vue d'une reconstitution d'une cabane du refuge de Grasla en 2013.
Informations générales
Date
Lieu Les Brouzils
Issue Victoire républicaine
Belligérants
Drapeau de la France République française Drapeau de l'Armée catholique et royale de Vendée Vendéens
Commandants
Dominique Joba François Athanase Charette de La Contrie
Jean-Baptiste Joly
Forces en présence
1 400 hommes[1] 1 000 à 3 000 hommes[1],[2]
Pertes
Inconnues Inconnues

Guerre de Vendée

Batailles

Coordonnées 46° 51′ 00″ nord, 1° 19′ 00″ ouest
Géolocalisation sur la carte : France
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Bataille de Grasla
Géolocalisation sur la carte : Pays de la Loire
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Bataille de Grasla

La bataille de Grasla se déroule le lors de la guerre de Vendée.

Prélude modifier

Le 9 janvier 1794, les forces vendéennes de Charette et de Joly s'emparent de Saint-Fulgent[3]. Cependant, la colonne de l'adjudant-général Dominique Joba lance une contre-attaque dès le lendemain et reprend la localité[1],[4]. Les Vendéens sont dispersés et se replient sur la forêt de Grasla, au sud des Brouzils, où ils reconstituent leurs forces[1]. Mais Joba s'y présente le 11 janvier[1],[4],[A 1].

Forces en présence modifier

D'après le général Duval, la colonne de Joba est forte de 1 200 fantassins et 200 cavaliers, tandis que les Vendéens sont au nombre de 3 000[1],[A 2]

Dans ses mémoires[A 3], l'officier vendéen Pierre-Suzanne Lucas de La Championnière écrit quant à lui qu'à cette période l'armée n'était « souvent pas plus de mille à douze cents hommes »[2].

Déroulement modifier

Le combat s'engage le 11 janvier, en fin de journée[7],[4]. Les Vendéens se portent à la rencontre des républicains du côté des Brouzils[6],[5]. Ils mettent en fuite l'aile gauche de leur colonne, mais ils sont repoussés par des soldats embusqués alors qu'ils se lancent à la poursuite des fuyards[5],[6]. Selon le récit de Duval, les Vendéens occupent une position avantageuse devant la forêt, la fusillade dure quatre heures et l'issue du combat semble longtemps indécise[1].

Charette est blessé d'une balle au bras, près de l'épaule[1],[6],[4]. Selon Lucas de La Championnière : « Il ne parut nullement affecté et peu de gens s'aperçurent de ce qui venait d'arriver »[6]. Cependant les rangs des Vendéens finissent par fléchir[1],[5]. D'après Lucas de La Championnière, Joly abat un de ses hommes pour tenter d'enrayer la panique[1],[6].

Joba lance alors une charge à la baïonnette avec les forces de son aile droite et les insurgés se replient à l'intérieur des bois[1],[5]. Mais d'après Lucas de La Championnière, ils sont poursuivis au-delà de la forêt[6]. Les Vendéens empruntent alors des chemins étroits qui empêchent la cavalerie de les poursuivre[6] et se replient sur Saint-Christophe-la-Chartreuse, à Rocheservière, d'où ils gagnent ensuite les bois de Grammont[1],

Conséquences modifier

Les Vendéens restent terrés dans les bois de Grammont le 13 janvier[1]. Deux colonnes républicaines passent à proximité sans rien apercevoir[1]. Cependant, les insurgés s'emparent d'un convoi de foin qui suivait[1]. Ils se portent ensuite vers la forêt de Grand'Landes, mais Joba les rattrape à La Chambaudière, au sud de Legé[1]. Après quatre heures de fusillade, les insurgés s'enfoncent dans les bois, où les républicains n'osent pas les poursuivre[8].

Le 14 janvier, sur la base de renseignements fournis par des prisonniers, Joba tend une embuscade dans la forêt de Touvois, au nord de la forêt de Grand'Landes, et y attend Charette[8]. Cependant des grenadiers attaquent trop tôt et la surprise échoue[8]. Charette parvient à s'échapper et à semer ses poursuivants[8]. Il trouve refuge dans le couvent du Val de Morière, un lieu isolé au milieu de landes désertes et à l'écart des voies de communications, où vivent encore une demi-douzaine de religieuses[8]. Encore accompagné de quelques centaines de ses hommes, Charette y fait soigner sa blessure et y demeure caché pendant deux jours[8].

L'adjudant-général Joba regagne Chantonnay, où il fait cantonner sa troupe[5]. Mais à Machecoul, le général Haxo est informé le 16 janvier de la présence de Charette avec 500 à 600 hommes au Val de Morière[8]. Il s'y précipite, mais trouve les lieux pratiquement déserts[8]. Seules six ou sept personnes sont atteintes[9]. Sur les conseils de Marie Élisabeth Benigne Voyneau Duplessis de Montsorbier, rencontrée au Val de Morière, Charette retourne se réfugier dans la forêt de Grasla[8]. Entre le 17 et le 26 janvier, il se soigne et demeure caché à Saligny, dans la forêt de Grasla ou dans d'autres bois environnants[10].

Notes et références modifier

Notes modifier

  1. « Les brigands s'étant retirés aux Brouzils, je m'y portai avec 25 hommes à cheval, bien assuré qu'en les insultant, je les sortirais de cet endroit, où je croyais trop de danger à m'engager. J'avais auparavant, et à peu de distance, laissé l'armée dans un ordre de bataille imposant. Effectivement l'ennemi vint aussitôt nous attaquer. Charette, qui pour la première fois se mit à la tête des (pelotons) des rebelles, fit plier la gauche de ma colonne. Je m'y porte avec célérité, je ranime les soldats, je les excite au combat, je leur offre pour exemple la droite de la colonne, qui chargeait les brigands la baïonnette dans les reins. Aussitôt le sort du combat est fixé; les brigands plient de toutes parts, la déroute se met dans leurs rangs, la cavalerie est forcée, pour se soustraire à la mort, de passer sur l'infanterie. Cependant ma troupe avait besoin de repos, et je fus obligé d'interrompre pour un instant sa marche. En attendant, je fis attaquer par une autre colonne. La ruse me fit bientôt triompher. Je détachai 50 hommes de cavalerie et 200 tirailleurs, qui, à la faveur du local et tandis que nous étions aux prises, opéra une diversion dans les rangs catholiques. Les brigands, croyant que toute l'armée était à leurs trousses, plièrent. Les soldats de la République firent quelques prisonniers, auxquels je promis de faire grâce, s'ils me déclaraient l'endroit, où je pourrais aller la nuit surprendre Charette. Ils nous indiquèrent la forêt de Touvois. J'y marchai avec 200 grenadiers. 12 d'entre eux, qui me précédaient, voulant seuls avoir la gloire de la capture, la perdirent par un mouvement trop précipitél. Après cette affaire je rentrai à Chantonnay, où, de concert avec le général Bard, je fis cantonner la troupe[5]. »

    — Mémoire de l'adjudant-général Joba.

  2. « L'ennemi occupant une position avantageuse devant la forêt, Joba l'attaqua par une fusillade qui dura quatre heures, la victoire était incertaine. Joba fit sonner la charge la bayonnette en avant quoiqu'il n'eut que 1 200 fantassins et 200 chevaux. L'ennemi rentra dans la forêt, les forces étaient de 3 000 hommes. Les républicains le poursuivirent et lui tuèrent beaucoup de monde[1]. »

    — Récit du général Duval, quelques joursaprès la bataille.

  3. « Nous aurions pu rester longtemps dans la forêt de Grala sans être découverts ; une colonne vint à passer au Bourg des Brouzils et sur le rapport de sa faiblesse, nous courûmes l'attaquer. La queue de la colonne prit la fuite, et nos soldats de poursuivre les fuyards pour avoir leurs dépouilles, mais un peloton embusqué dans un taillis faisait un feu terrible ; le Général à pied marcha à l'endroit le plus dangereux et reçut une balle au bras près de l'épaule. La déroute fut complète et l'épaisseur de la forêt ne put nous garantir ; nous fûmes poursuivis fort au-delà. J'ai vu M. Charette au moment qu'il fut frappé : il ne parut nullement affecté et peu de gens s'aperçurent de ce qui venait d'arriver ; il donna même quelques ordres pour s'opposer à l'entrée des ennemis dans la forêt mais ce fut en vain. M. Joly se jeta en avant des fuyards et jura de brûler la cervelle à celui qui passerait outre. Sa menace ne faisant point d'effet, il tua en effet un homme qui refusait de lui obéir, mais malgré tout il fut obliger de céder au torrent. Les mauvais chemins empêchèrent la cavalerie de nous poursuivre plus longtemps. Nous nous retirâmes à Saint-Christophe-la-Chartreuse. Le lendemain nous étions cachés dans les bois de Grammont ; deux colonnes républicaines passèrent de droite et de gauche du bois et nous eûmes le bonheur de n'être pas aperçus. Une heure après notre cavalerie arrêta un convoi de foin qui suivait les détachemens[6]. »

    — Mémoires de Pierre-Suzanne Lucas de La Championnière.

Références modifier

  1. a b c d e f g h i j k l m n o p et q Dumarcet 1998, p. 316.
  2. a et b Lucas de La Championnière 1994, p. 70.
  3. Dumarcet 1998, p. 315.
  4. a b c et d Savary, t. III, 1825, p. 36-37.
  5. a b c d e et f Chassin, t. III, 1894, p. 401-402.
  6. a b c d e f g et h Lucas de La Championnière 1994, p. 71-72.
  7. Dumarcet 1998, p. 331.
  8. a b c d e f g h et i Dumarcet 1998, p. 317.
  9. Dumarcet 1998, p. 318.
  10. Dumarcet 1998, p. 319.

Bibliographie modifier