Wang Lü

peintre chinois
Wang Lü
Le Mont Hua par Wang Lü.
Naissance
Décès
Prénom social
安道Voir et modifier les données sur Wikidata
Activités

Wang Lü ou Wang Li (Chinois: 王履 Wáng Lǚ), surnom: Andao (Chinois: 安道 Āndào chemin pacifique), noms de pinceau: Qiweng (Chinois: 奇翁 Qíwēng vieux maître étrange) et Jisou (Chinois: 畸叟 Jīsǒu drôle de vieillard) est un peintre chinois du XIVe siècle originaire de Kunshan (ville de la province du Jiangsu en Chine). Il est né en 1332 et mort après 1383. Sa période d'activité se situe au début de la dynastie Ming (1368-1644).

Biographie modifier

Wang Lü est un peintre de paysage, il commence par travailler dans le style de l'école Ma-Xia (vers 11901230). Mais après une visite au Mont Huashan, il se trouve tellement impressionné par la grandeur de la nature, qu'il réalise combien ses œuvres se limitent aux styles des maîtres anciens et décide alors de travailler dans un contact plus authentique avec la réalité. « Mes yeux doivent prendre le Huashan comme maître », déclare-t-il. Il exécute quarante vues du Huashan, mais dès l'époque de Qing Qianlong (1736-1796), plus de vingt d'entre elles disparaissent. À ce jour il n'en subsiste que onze, ainsi que la copie qu'en fait le peintre Lu Zhi, est elle aussi disparue. Le Musée de Shanghai conserve un de ces paysages du Huashan, en couleurs sur papier[1].

L'école de Wu modifier

Wuxian est, pendant la période d'anarchie qui suit le retrait des troupes mongoles vers le Nord, le siège d'un pouvoir rebelle. Aussi Hongwu se montre soupçonneux à l'égard du pays de Wu (Jiangsu). Wuxian est, à la fin des Yuan, le centre culturel de la Chine. Ce renom ne recommande pas les familles de la cité à la bienveillance du nouvel empereur. On sait que les traditions lettrées se maintiennent à la Cour dans le milieu des calligraphes. Mais la faveur du pouvoir va aux peintres de portraits, de sujets historiques, d'oiseaux et de fleurs qui travaillent pour eux dans le style académique. Wang Lü et Song Lian (1310-1381) qui, tous deux, écrivent sur l'art au XIVe siècle, ne paraissent pas rejoindre les conceptions des lettrés de l'époque[2].

Avec la chute des Song du Sud, un grand nombre de peintres de cour se dispersent dans les provinces du Jiangsu, du Zhejiang et du Fujian. Le style académique se répand et ce phénomène donne peu à peu naissance à des peintres professionnels et artistes locaux. L'album du Mont Hua, peint par Wang Lü, est une continuation de cette tradition, comme le sont également les œuvres de Dai Jin[3].

Poète et peintre amateur, Wang Lü s'attache à l'observation des formes: « Si je ne connaissais pas la forme de la montagne Hua, comment serais-je capable de la peindre? » L'observation ne suffit pas cependant. C'est après avoir longtemps ruminé son thème qu'un jour l'image lui apparaît soudain. Il efface celle qu'il vient de peindre et fait une autre peinture. « Alors, dit-il, je comprends que pour peindre la montagne, la méthode est dans le mont Hua lui-même ». Un visiteur voyant la peinture lui demande qui est son maître, Wang Lü répond: « J'ai pour maître mon ‹esprit›, mon ‹esprit› a pour maître mon œil, et mon œil a pour maître le mont Hua ». Guidé par l'esprit, Wang Lü cherche dans la structure même de la montagne l'idée de son œuvre[2].

Bibliographie commentée modifier

Wang Lü est un peintre lettré, célèbre pour le voyage qu'il fait au mont Hua (華山 Huashan): en contemplant les divers sites de cette montagne, il réalise soudain de l'inanité de l'art académique qu'il pratique jusqu'alors, et il entreprend de se mettre directement à l'école de la Nature; il conte cette expérience dans un court texte, plein d'élan, le « Huashan Tu Xu » 華山图序 (reproduit in Leibian, pp. 703-704). Biographie: (Leibian, p. 706) Analyse: Huashi, vol. II, p. 139; Siren, pp. 121-123[4].

Le paysage[n 1].

* La substance du paysage se réalise en atteignant le principe de l'univers.
* La parure extérieure du paysage se réalise par la possession des techniques du pinceau et de l'encre.
* Si l'on s'attache à cette seule parure extérieure sans tenir compte du principe, le principe se trouve en péril.
* Si l'on s'attache au seul principe, au mépris de la technique, la technique devient médiocre.
* Les Anciens ont bien compris ce péril et cette médiocrité, et c'est pourquoi ils s'emploient à réaliser la Synthèse de l'Un[n 2].
* Si l'Un n'est pas clairement saisi, la multiplicité des êtres fait écran.
* Si l'Un est totalement saisi, la multiplicité des êtres révèle son ordre harmonieux.
* Le principe de la peinture et de la technique du pinceau ne sont rien d'autre que la substance intérieure de l'Univers d'une part, et d'autre part, sa parure extérieure[5].

Le paysage exprime la forme et l'élan de l'Univers

* Au sein du Paysage,
* le vent et la pluie, l'obscurité et la clarté constituent l'humeur atmosphérique;
* la dispersion ou le groupement, la profondeur et la distance constituent l'organisation schématique;
* verticales et horizontales, creux et reliefs constituent le rythme;
* ombres et lumière, épaisseur et fluidité constituent la tension spirituelle;
* rivières et nuages, dans leur rassemblement ou leur dispersion, constituent le liant;
* le contraste[n 3]des replis et des ressauts constitue l'alternance de l'action et de la retraite[n 4],[5]
* L'altier et le lumineux sont la mesure du Ciel, l'étendu et le profond sont la mesure de la Terre[n 5].
* Le Ciel enlace le Paysage au moyen des vents et des nuages;
* La Terre anime le Paysage au moyen des rivières et des rochers[5]

Si l'on ne se réfère pas à cette mesure fondamentale du Ciel et de la Terre, on ne peut rendre compte de toutes les métamorphoses imprévisibles du Paysage, car vents et nuages n'enlacent pas tous les divers paysages de la même manière, rivières et rochers n'animent pas tous les paysages suivant une seule recette de pinceau. C'est en fonction de cette mesure du Ciel que l'âme du paysage peut varier; c'est en fonction de cette mesure de la Terre que peut s'exprimer le souffle organique du paysage[6].

Musées modifier

  • Beijing (Musée du palais impérial):
    • Le Mont Hua, feuille d'album (x/40), encre et couleur claire sur papier, dynastie des Ming. Dimensions en centimètres: 34,5x50,5.
  • Shanghai:
    • Le Mont Hua, feuille d'album (x/40), encre et couleur claire sur papier, dynastie des Ming. Dimensions en centimètres: 34,5x50,5.

Bibliographie modifier

  • Nicole Vandier-Nicolas, Peinture chinoise et tradition lettrée : expression d'une civilisation, Paris, Éditions du Seuil, , 259 p. (ISBN 2-02-006440-5), p. 202
  • Dictionnaire Bénézit, Dictionnaire des peintres,sculpteurs, dessinateurs et graveurs, vol. 14, éditions Gründ, , 13440 p. (ISBN 2-7000-3024-9), p. 434.
  • Yang Xin, Richard M. Barnhart, Nie Chongzheng, James Cahill, Lang Shaojun, Wu Hung (trad. de l'anglais par Nadine Perront), Trois mille ans de peinture chinoise : [culture et civilisation de la Chine], Arles, Éditions Philippe Picquier, , 4 02 (ISBN 2-87730-341-1), p. 208, 212
  • Pierre Ryckmans (trad. du chinois par Traduction et commentaire de Shitao), Les propos sur la peinture du Moine Citrouille-Amère : traduction et commentaire de Shitao, Paris, Plon, , 249 p. (ISBN 978-2-259-20523-8), p. 80, 229

Notes et références modifier

Notes
  1. « Le paysage », littéralement « les monts et les fleuves ». Ce binôme acquiert conventionnellement la signification de notre concept unique de « paysage » adopté dans la traduction — sa brièveté le rendant d'un emploi plus commode dans la phrase —, ne conservant l'original « monts et fleuves » que dans les passages où le terme a un rôle plus actif et concret, et où il sert le mieux la beauté poétique du texte. Mais que le lecteur se rappelle: a) que le mot « paysage » s'exprime en chinois par l'union dialectique de deux complémentaires-opposés « monts et fleuves »; b) que l'expression « monts et fleuves » n'est pas disjonctive: elle suggère en chinois une notion unitaire, celle de « paysage » (...).
  2. Le concept de l'Un est déjà rencontré à plusieurs reprises. Il est envisagé ici sous l'aspect particulier de synthèse de l'apparence extérieure et de la substance intérieure, forme et contenu.
  3. « Le contraste » ou « l'interrelation des formes ». Ce concept très commun, constamment employé par les peintres, est excessivement difficile à traduire, faute d'équivalent dans l'esthétique occidentale. Soper l'interprète dans le sens de « three-dimensional representation » (A. C. Soper, Kuo Jo-hsu's Experiences in Painting, Washington, 1951, p. 116, note 68); l'expression est, en effet, fréquemment employée en conjonction avec d'autres termes qui relèvent de la technique de figuration réaliste d'objets matériels dans l'espace, tels que « ombre et lumière - hauteur - distance - échelonnement » etc. (exemple: Ouyang Xiu, cité in Leibian, p. 9).
  4. « L'action et la retraite »: le rapprochement de ces deux termes antithétiques est emprunté aux « entretiens de Confucius »: « Si le Prince vous emploie, allez de l'avant; s'il vous néglige, retirez-vous ».
  5. « L'altier et le lumineux sont la mesure du Ciel, l'étendu et le profond sont la mesure de la terre ». La répartition de ces attributs au Ciel et à la Terre et les termes employés par Shitao sont empruntés à « l'Invariable Milieu »: « L'étendue et la profondeur (de la vertu parfaite) correspondent à la Terre, sa hauteur et sa lumière correspondent au Ciel (...). Le Dao du Ciel et de la Terre est étendu, profond, haut, lumineux... ».
Références

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