Victor Adler

médecin et homme politique autrichien, fondateur du Parti social-démocrate autrichien (1852–1918)
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Victor Adler
Victor Adler vers 1900.
Fonctions
Membre de la Chambre des députés
-
Ministre des Affaires étrangères d'Autriche
Biographie
Naissance
Décès
Voir et modifier les données sur Wikidata (à 66 ans)
VienneVoir et modifier les données sur Wikidata
Sépulture
Nationalités
Formation
Activités
Conjoint
Emma Adler (en)Voir et modifier les données sur Wikidata
Enfants
Friedrich Adler
Karl Adler (d)Voir et modifier les données sur Wikidata
Autres informations
A travaillé pour
Parti politique
Partenaire
Rudolf Pokorný (d) (depuis )Voir et modifier les données sur Wikidata
Vue de la sépulture.

Victor Adler (écrit également Viktor) est un médecin et homme politique autrichien, né le à Prague (actuelle République tchèque) et mort le à Vienne. Fondateur en 1888 du Parti ouvrier social-démocrate d'Autriche (SAPÖ), il le préside jusqu'à sa mort. Il participe en 1889 à la création de la IIe Internationale, dont il reste un des membres les plus influents.

Années de jeunesse modifier

Victor était l'aîné des cinq enfants du négociant juif Salomon Markus Adler et de sa femme Johanna (née Herzl). Salomon, originaire du shtetl Lipnik (aujourd'hui Lipník nad Bečvou) en Moravie où son père était tailleur, étudia à Prague, puis déménagea (lorsque Victor eut 3 ans) dans le quartier juif de Vienne, Leopoldstadt. Ses entreprises devinrent florissantes et il acquit de nombreux biens immobiliers. Victor fit ses études au Schottengymnasium, collège catholique qui ne comptait qu'un petit nombre d'élèves d'origine juive.

Il étudia ensuite la chimie, puis la médecine de 1872 à 1881 à l'Université de Vienne ; il devint ensuite l'assistant du psychiatre Theodor Meynert qui milita pour améliorer les conditions de vie des malades dans les asiles psychiatriques.

En 1878, Victor Adler épousa Emma Braun (1858-1935), la sœur du journaliste et écrivain Heinrich Braun, et leur premier fils, Friedrich Adler, naquit en 1879.

Du nationalisme pangermaniste à la démocratie sociale modifier

Comme étudiant, Adler, influencé par les écrits de Friedrich Nietzsche, s'inscrit à la Burgenschaft Arminia dont le nom renvoie au chef germain Arminius (Hermann) et annonce la tendance Deutsch National (national-allemand) de cette confrérie.

En 1882, au Congrès de Linz, Victor Adler (avec ses amis Engelbert Pernerstorfer et Heinrich Friedjung) secondera Georg von Schönerer, figure charismatique du mouvement pangermaniste, pour structurer la politique de ce mouvement qui tendait à allier l'aspiration à la démocratie, un anticapitalisme violent et la défense des intérêts allemands.

Adler se détachera du mouvement de von Schönerer lorsque l'antisémitisme de celui-ci se déclarera trop ouvertement.

Dans sa pratique de médecin, Adler choisit de soigner les plus démunis dans la maison héritée de son père, au 19 Berggasse (où Sigmund Freud emménagera en 1891).

S'intéressant aux conditions des travailleurs et au système d'assurances dans les entreprises, Adler demanda à devenir inspecteur du travail à Vienne, et fit des voyages d'étude en Allemagne, Suisse et Angleterre. Il rencontra Friedrich Engels, August Bebel et Wilhelm Liebknecht et resta lié toute sa vie par une profonde amitié aux deux premiers.

Victor Adler fonda en 1886 le journal Gleichheit d'inspiration marxiste et en 1889, le journal Arbeiter-Zeitung qui deviendra quotidien en 1895. Il fut emprisonné à diverses reprises entre 1887 et 1900 pour ses activités politiques.

Fondation du Parti ouvrier social-démocrate modifier

Les ouvriers commencèrent à s'organiser dans l'Empire austro-hongrois pendant la Révolution de 1848 et divers mouvements socialistes émergèrent ensuite, stimulés par la modernisation et le développement de l'industrie (en particulier, en Bohême). Ces premières associations furent davantage influencées par le socialisme allemand et les idées de Ferdinand Lassalle que par celles de Karl Marx. Elles obtinrent le droit de grève en 1870. Ensuite, une scission eut lieu entre la tendance libérale (die Gemässtige) et la tendance radicale marxiste (die Radikale), cette dernière rejetant le parlementarisme.

Victor Adler réussit à concilier ces deux tendances au Congrès de Hainfeld en 1888 et devint officiellement le leader incontesté du Parti ouvrier social-démocrate (SAPÖ) jusqu'à sa mort en 1918. Le mérite essentiel du nouveau parti, confronté au problème d'un État multinational, fut de rechercher, dans le cadre du régime impérial de François-Joseph Ier, une solution respectant la culture de chaque État.

En 1903, Lev Bronstein qui a vingt-trois ans, qui vient de s'évader d'un camp russe en Sibérie où il était détenu pour son appartenance à un cercle marxiste, et qui voyage avec l'identité d'une personne décédée du nom de Léon Trotsky, vient se mettre sous sa protection à Vienne. Il lui fait bon accueil, le convie à dîner chez Sigmund Freud qui habite un appartement à la même adresse sur la Bergstrasse, et l'envoie avec de l'argent pour un an se réfugier à Londres chez Monsieur et Madame Richter, nom sous lequel Lénine et sa femme vivaient clandestinement à Londres.

En 1905, Adler devint député du parlement autrichien à Vienne où il fut un des principaux promoteurs du suffrage universel (acquis en 1907).

Adler fut soucieux de maintenir la « flamme révolutionnaire » dans les masses mais il fit le choix d'une politique attentiste (Politik des Abwarten), ce qui lui fut parfois reproché.

En , à Paris, à l'initiative de Friedrich Engels, la IIe internationale fut fondée. Victor Adler en deviendra un des dirigeants influents.

Montée du nationalisme en 1914 modifier

Le problème du maintien de la paix fut une constante préoccupation des social-démocraties et de la Seconde Internationale. La déclaration de guerre signa la fin de l'internationalisme socialiste. L'allégeance à la nation allemande l'emporta sur les convictions internationalistes de Victor Adler, et comme la plupart des membres de la Seconde Internationale, il vota les crédits de la guerre.

Une dernière réunion de l'Internationale à Bruxelles () opposa la majorité des dirigeants aux pacifistes comme Jean Jaurès et Friedrich Adler. Ce dernier, qui avait été un des secrétaires du parti de son père, préféra donner sa démission.

En , Friedrich Adler assassina, en tirant à bout portant, le ministre-président comte Stürgkh, responsable selon lui de la poursuite de la guerre et du muselage du parlement. Le Parti ouvrier social-démocrate condamna cet acte de terrorisme individuel totalement étranger à l'idéologie marxiste dont le mouvement se réclamait. Victor Adler tenta, en vain, de persuader le tribunal que cet acte avait été commis dans un moment de folie (la mère de Friedrich, Emma, avait souffert de troubles psychiatriques et sa sœur était internée à l'hôpital psychiatrique Am Steinhof de Vienne).

Friedrich fut jugé par un tribunal d'exception et condamné à la peine de mort. L'empereur Charles, ayant succédé à François-Joseph (décédé le ), commua la peine en 18 ans de prison. Il fut amnistié en 1918.

Première République d'Autriche modifier

Les défaites militaires de 1918 amenèrent les différentes nationalités de l'Empire à constituer des gouvernements provisoires reconnus par les Alliés, fondations des futurs États correspondants.

Adler participa aux fondations de la future République en Autriche et devint ministre des Affaires extérieures du gouvernement provisoire. Il préconisa le rattachement à l'Allemagne (Anschluss).

Cardiaque, Victor Adler s'éteignit le , quelques jours après l'armistice mettant un terme à la participation autrichienne au conflit. La Première République d'Autriche fut présidée par le social-démocrate Karl Renner.

Références modifier

Annexes modifier

Bibliographie et sources diverses modifier

Articles connexes modifier

Liens externes modifier