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José Seknadjé-Askénazi[1], né le 11 août 1954 à Lyon, est un philosophe, professeur de psychopédagogie et essayiste français.

Son père, Joël Askénazi, était un intellectuel spinoziste ; sa mère Jocelyne Gerson, une psychanalyste de la culture.

Après un cursus universitaire de philosophie, de psychologie et d’épistémologie, ainsi qu’un voyage au Sahara au cours duquel il partage un temps la vie de nomades touaregs (cf. plus loin son idée de traversée des mondes), il intègre assez vite un poste dans l’enseignement supérieur. En parallèle à sa carrière didactique on lui connait des activités de conseil psychologique et d’analyse institutionnelle. Il a également participé à plusieurs missions internationales. José Seknadjé-Askénazi a consacré sa réflexion, dans de très nombreux écrits courts et quelques directions d’ouvrages collectifs, à des objets relativement variés.

Philosophie du langage[2] et des religions[3] ; épistémologie[4] ; technique psychothérapeutique[5] et processus mentaux[6] ; aide aux élèves en grande difficulté[7] ou gravement handicapés[8] ; analyse des phénomènes de réductionnisme[9] et de racisme[10] ; étude des phénomènes institutionnels[11] ; articulations possible entre jeu, passion romanesque et recherche scientifique[12]...

Un lien entre des thématiques d’apparences aussi hétérogènes, qui rend sa production quelque peu atypique, est à trouver dans l’interaction de trois principes (eux-mêmes réductibles à un méta-principe de continuité existentielle inspiré par les travaux de Maurice Merleau-Ponty) :

- celui de la traductibilité de pensée (toute expérience existentielle, tout contenu ou mouvement psychique est traductible pour un autre, y compris quand cet autre semble limité dans ses capacités de représentation). La subjectivité, au sens cartésien du terme, est donc au fondement de la relation inter-humaine. Une mise en actes répétée de cette traductibilité conduit à ce que José Seknadjé-Askénazi appelle la traversée des mondes, dont on retrouve des occurrences dans les liens amoureux qui se jouent des barrières de religion, d’origine ou d’âge, dans la constitution des identités culturelles complexes, dans les synthèses inattendues opérées par un psychisme actif, dans certaines pratiques contemporaines d’utilisation du cyberespace ;

- celui de la constructibilité des compétences de pensée et d’interaction grâce à un travail sur soi-même et sur ses domaines potentiels de maîtrise. On peut devenir plus que ce que l’on est et se modeler un style d’existence épanouissant, y compris parfois très tard dans l’existence, en requestionnant régulièrement sa relation au réel et aux autres. L’idée du surhomme nietzschéen devient alors parfaitement intelligible. Elle suppose, pour pouvoir s’incarner, d’accepter un va-et-vient incessant entre fonctionnement personnel et investissement de l’espace social, mais aussi dialogue avec l’étrangeté. Notre capacité à rehausser notre niveau d’humanité nécessite en effet un allègement compensatoire de la charge surmoïque par l’humour ;

- celui de la garantie de vie : reprenant cette idée de Spinoza que du divin réside dans le réel, José Seknadjé-Askénazi tente de montrer qu’il y a plus et plus intéressant à vivre ou à chercher au sein de l’existence quotidienne que sa banalité de surface. Loin qu’il faille invoquer une quelconque transcendance pour asseoir des règles de vie, il s’agit de faire confiance aux possibilités inscrites en creux dans le réel, qui sont de dépassement et de satisfaction. Il y a souvent un peu de de sublime à découvrir, au-dessous ce qui apparaissait d’abord comme trivial, et il ne sera pas forcément nécessaire de devoir construire des mondes imaginaires pour se l’approprier – nous avons toujours une chance, reste à nous en emparer, telle est la garantie de vie.

  1. On trouve indifféremment sa signature sous les formes José Seknadjé-Askénazi et José Seknadjé. Lorsqu’il écrit des textes engagés, voire polémiques, cet auteur utilise par contre en général un pseudonyme.
  2. « La philosophie de la grammaire », Les Nouveaux Cahiers no 124, Paris, 1996.
  3. En collaboration avec Joël Askénazi, La mystique juive, dans Mythes et Croyances du monde entier Tome II, Éditions Lidis-Brépols, Paris/Turnhout, 1985.
  4. « Logique en état de manque », Daguèch n° 2, 1981.
  5. « Effort, équilibrations, harmoniques : par-delà la psychomoteur », NRAS n° 50, 2010/2.
  6. « L’affrontement psychique à la difficulté », Le français aujourd'hui, dossier L'autre scène dans la classe, Armand Colin, 2009/3, n° 166.
  7. En collaboration avec Joëlle Pojé, ouvrage collectif, Elèves en difficulté : les aides spécialisées à dominante pédagogique, Scérén, Lille, 2005.
  8. En collaboration avec Christine Philip, ouvrage collectif, Scolariser les élèves autistes, CNDP, Paris, 2009. « La désemprise », Nouvelle Revue n° 42, 2008/2.
  9. « La désemprise », Nouvelle Revue n° 42, 2008/2.
  10. « De la traite des noirs au droit à la différence », dans Analyses et réflexions sur la liberté, ouvrage collectif, Ellipses, Paris, 1982.
  11. « Pour une approche qualitative de la direction d’équipe », dans Jean-Marc Lesain-Delabarre (dir.), Diriger : enjeux et démarches, Editions de l’INSHEA, Suresnes, 2013.
  12. En collaboration avec Marie-Louise Martinez, ouvrage collectif, Violence et éducation, L’Harmattan, Paris, 2001.