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Ichlhyen et Chloh.

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Intrduction: Ichlhyen et Chloh. Cet article se propose de donner quelques éclaircissent sur l’origine, le sens, et les ambigüités linguistiques de terme ichlhyen, chleuh et chloh lorsqu’ils sont employés pour désigner la population de Sousse. Ichlhyen est le nom qui désigne les habitants autochtones du Sousse (Sud du Maroc) depuis au moins trois millénaires[1]]. شلوح، شلح، تاشلحيت، الشلحيين. Ethniquement, cette population est constituée de la confédération d’Imsmodn et Iznagns.[2] Leur langue est le tachelhit qui est une variante de la langue tamazight. Dans la langue française, ils sont appelés chleuh. Ce nom se confond phonétiquement avec le mot chloh qui vient de la langue arabe. Linguistiquement chloh et chleuh sont deux mots étrangers à la langue tachelhit, le mot chloh employé pour nommer les habitants du Sousse désigne en réalité des actions qui se sont déroulés à Médine au VIIème[. Chleuh est un mot d’origine français.


Espace géographique d’Ichlhyens.

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Ethniquement, les Ichlhyen sont composés de deux grandes fédérations que sont les Imsmodn (Masmouda en arabe) et les Iznagn (Sanhadja en arabe) [3]. Ces deux fédérations et leurs descendants occupaient jusqu’à nos jours le grand Sud marocain. Leur espace de parcours est situé approximativement de la plaine nord de l’Atlas (Adrar n’dern) jusqu’aux confins du désert au sud de l’Anti-Atlas. Du côté de l’Est les tribus nomades des Ichlhyen vont au-delà de l’axe Ouarzazate-Demnat. Leur limite ouest s’arrête à l’Océan atlantique. Ichlhyen désignent la population du Sousse qui parle la langue tachelhit. Le terme chleuh vient de la langue française ; il a le même sens que le nom d’Ichlhyen [4]. Mais le mot chloh qui appartient à la langue arabe a un sens totalement différent. Dans le parler courant, le chleuh du Français est prononcé chloh par les berbérophones et arabophones. Du fait du non distinction verbale au niveau de la prononciation, chleuh se transforme en Chloh et change de sens. On est en présence de deux homophones dont l’origine et le sens n’ont rien de commun, mais qui sont tous les deux utilisés pour désigner deux choses différentes. Le chleuh, en français, désigne les Ichlhyen du Sousse tandis que le chloh de l’arabe désigne « les coupeurs de chemins » [5]. Phonétiquement, dans le langage courant, rares sont ceux qui font la distinction entre Chleuhs et chloh alors que ces deux mots viennent de langues différentes et que leurs sens n’ont rien en commun.Voici donc un aperçu de l’origine historique, du sens et de l’évolution des noms d’Ichlhyen, chleuh et chloh .

Ichlhyens

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L’étymologie du mot Ichlḥiyen et de son singulier achlhy reste imprécise[6]. Mais il y a un consensus sur le fait que linguistiquement Ichlhyen (pl) achlhy (sing) sont ceux dont la langue vernaculaire est le tachelhit. Selon M.Qaremy & B. Rybak phonétiquement, le prononcé de tachelhit est différent entre les zones montagneuses et la plaine de Sousse. Souvent au féminin la lettre « t » se transforme en « s » comme tafokt (le soleil) qui devient safoks dans certaines localités de la fédération d’Irsmoukin [7].

La langue tachelhit est parlée exclusivement par les Imsmodns et Iznagns du sud du Maroc[8]. Elle est l’une des variantes de la langue tamazight commune aux autochtones du nord de l’Afrique[9]. Il peut y avoir à l’intérieur de l’aire linguistique des Imsmodns et Iznagns quelques différences au niveau de la prononciation et du changement de voyelles dans certaines phrases. Mais cela n’affecte pas la compréhension verbale entre les populations de cette région. Historiquement, les imazighen dont font partie les Ichlhyens étaient des nomades[10]. Leur mode de vie dans cette partie du Maroc n’était pas différent de ceux des autres sociétés humaines de l’époque. On estime que les premières sédentarisations de la population autochtone de l’Afrique du Nord ont commencé avec la construction de la ville de Carthage au VIIIe av. J.-C[11]. l’activité florissante de la ville punique attirait des tribus berbères qui se sont stabilisées dans la cité et ses environs. Cependant, de nombreuses autres tribus ont choisi de perpétuer leur mode de vie de nomade pastoral en poursuivant leur route vers le Sahel et l’ouest jusqu’à l’océan atlantique[12]. C’est une partie de ces nomades Ichlhyen que l’on trouvait dans le grand Sousse marocain.

patronyme Ichlhyen [pl] et Achlhy [sig.]

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Au 1er siècle avant notre ère, une partie des tribus des Imsmodns et Iznagns passe du nomadisme à la sédentarisation le nouveau mode de vie a nécessité l’invention d’un vocabulaire nouveau correspondant à chaque chose ou objet lié à leur nouvelle situation[13]. C’était dans ce contexte qu’apparaissait le néologisme Ichlhyen [pl] et Achlhy [sig]. Ce nouveau nom servait à différencier la population sédentaire de celles qui ne l’étaient pas encore à l’époque. Auguste Moulineras du XIXe l’employa dans son livre “achluh Ichlḥiyen” en indiquant que le nom d’Ichlhiyen viendrait du mot natte servant à réaliser les tentes des familles sédentarisées11. Auguste Moulineras a donné des indices sérieux sur les liens possibles entre le nom des objets usuels et l’étymologie du mot Ichlhyen qui remonte à l’époque de la sédentarisation des Imazighens dans le Sousse. Luis Del Marmol qui a vécu plusieurs années au XVIe siècle dans le sud du Maroc a été le premier auteur connu à transcrire en graphie latine le nom d’Ichlhyen sous la forme Chilohés[14]. Dans son livre L’Afrique de Marmol l’auteur employait le mot Chilohés pour parler d’Ichlhyens du Sousse qui parlent la langue tachelhit. ,chellouh était attesté dans la langue française dès 1866.

Origine française du terme chleuh

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Selon Antoine Meillet le mot chellouh était attesté dans la langue française dès 1866[15]. Il était mentionné dans le Grand Dictionnaire universel du XIXe de Pierre Larousse c’était Victor Guérin qui écrivit en 1892, chleuh en lieu et place de chellouh[16] . Depuis cette date, le nom qui désigne Ichthyen en français s’écrit chleuh. Dans la littérature anglo-saxonne, mais aussi française, d’une certaine époque, pour parler des Ichthyen, chaque auteur écrivait leur nom comme bon leur semblait. C’est la raison pour laquelle plusieurs graphies coexistaient, en voici quelques exemples ; chelh et chleuh cheluh Shallah shloh, shosheloh, chlohuloh chellouh, shellous ou chellaha. En français, la forme graphique définitivement adoptée pour nommer les Ichlhyen est le nom chleuh que l’on trouvait dans la Grande Encyclopédie de Ferdinand-Camille Dreyfus dès 1891. C’est cette forme d’écriture graphique de “chleuh” qui est toujours employée en français.

L’origine arabe du mot chloh.

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Les mots Chalh ou Chloh que l’on trouve sous différentes graphies appartiennent aux vocabulaires de la langue arabe ; Chalh ou Chloh sont dérivés de la racine Chalaha14[17]. Dans les dictionnaires classiques de langue arabe chlh, chloh, chalh, challahaho signifient se dévêtir, tête nue, nudité, vol, pillage ou coupeurs de route15[18]. Ces termes et leurs dérivés étaient utilisés au VIIe par des Arabes de Médine pour désigner ceux qui attaquaient les caravaniers qui faisait le commerce entre le Yémen et Damas. Les auteurs de la langue et de la littérature arabe classique ne connaissaient pas le mot Ichlhyen. Lorsqu’ils parlaient d’Imazighen ou d’Ichlhyen ils les nommaient al baraber ou al barabira et leur langue al barbaria. De point de vue de la linguistique, le mot chleuh et chloh sont des homonymes étrangers à la langue tachelhit. Leur phonétique et leur graphie, donne l’impression qu’ils ont quelques similitudes, alors qu’ils n’ont rien de commun. Le nom d’Ichlhyen a été francisé en chleuh au XIXe. Quant au chloh dérivé, de l’arabe Chalaha n’a aucun lien sémantique ni avec Ichlhyen ni avec chleuh du français. Le nom d’Ichlhyen est apparu à l’époque où les tribus d’Iznagns et Imsmodns commençaient à se fixer dans la région de Sousse il y a environ 3000 ans. Le mot chlh et chloh de l’arabe chalaha était employés au VIIe en Arabie ; il n’a aucun lien avec Ichlhyen ni avec leur langue tachelhit16.

Références

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  1. Daniel Noin - Professeur .Géographe agrégé à l'Université de Paris I,, Anti-Atlas. « Chleuh »,, Encyclopédie universalis
  2. Ibn Khaldoun,, Histoire des Berbères et des dynasties musulmanes de l’Afrique septentrionale, Librairie Orientaliste Paul Geuthner,
  3. « Chleuh », dans Wikipédia, (lire en ligne)
  4. « Chleuhs », dans Wikipédia, (lire en ligne)
  5. (ar) Abul-Fadl Jamal ad Din Muhammad Ibn Manzur,  », littéralement la langue des Arabes] est le dictionnaire encyclopédique de la langue arabe, qui englobe la lexicologie arabe depuis le IXe siècle
  6. Yassir Benhima, « Quelques remarques sur le nomadisme préhilalien au Maghreb (viiie-xie siècle) », Mélanges de la Casa de Velázquez. Nouvelle série, nos 39-2,‎ , p. 209–227 (ISSN 0076-230X, DOI 10.4000/mcv.2969, lire en ligne, consulté le )
  7. M. Qaremy et B. Rybak, « différenciation de la phonétique d’Adrar/azaghar », La revue de la société Française de la Chirurgie maxillo-faciale. 1977,‎
  8. Rachid Agrour, « Contribution à l’étude d’un mot voyageur : chleuh », africaines 208 |,‎ 2012 varia
  9. S. Chaker, « Chleuh . (linguistique/littérature) », Encyclopédie berbère,‎ , p. 1926–1933 (ISSN 1015-7344, lire en ligne, consulté le )
  10. Jean-Paul Démoule, Les dix millénaires oubliés qui ont fait l’Histoire,, Fayard fayard,
  11. A Bourgeot, Nomadisme et sédentarisation,
  12. Charles-André Julien, Histoire de l’Afrique du Nord : Des origines à 1830,
  13. Auguste Moulineras, Maroc inconnu Maroc septentrional, Paris,, Augustin Challamel (Augustin Challamel) Augustin,
  14. PERROT D’ABLANCOURT, L’Afrique de Marmol, 3 vol.,
  15. Rafael Faraco Benthien, Antoine Meillet, Comment les Mots Changent de Sens., Gloucester,,
  16. Ferdinand-Camille Dreyfus, La Grande Encyclopédie de Ferdinand-Camille Dreyfus,
  17. (ar) Abul-Fadl Jamal ad Din Muhammad Ibn Manzur, Lisân al -'arab [arabe », littéralement la langue des Arabes] est le dictionnaire encyclopédique de la langue arabe
  18. Atlas du coran. Personnages Groupes Humains, Ed Sana,