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conférence de Peter Singer 'Quel est le plus grand bien faisable?' au Conway Hall en 2015.

L'altruisme efficace est une philosophie et un mouvement social[1] qui cherche à utiliser une démarche scientifique afin de trouver les moyens les plus efficaces de rendre le monde meilleur. Il incite à prendre en considération toutes les causes, puis toutes les actions envisageables, afin de choisir celles qui permettent d'avoir le plus grand impact positif[2],[3]. C'est le fait de vouloir agir en se basant sur des preuves empiriques qui distingue l’altruisme efficace de l’altruisme ou de la charité traditionnels. L'altruisme efficace implique parfois de prendre des mesures peu intuitives.

Bien qu'une proportion importante d'altruistes efficaces se soit focalisée sur le secteur associatif, la philosophie de l'altruisme efficace cherche de manière plus générale à prioriser les projets, de toute nature, qui permettent d'avoir le plus grand impact positif possible. Des personnalités impliquées dans le mouvement sont le philosophe Peter Singer[4] et le cofondateur de Facebook Dustin Moskovitz[5], Cari Tuna[6], Ben Delo[7], les chercheurs basés à l'université d'Oxford William MacAskill[8] etToby Ord[9], le jour de poker professionnel Liv Boeree[10][11], et l'écrivain Jacy Reese[12].

En France, le scientifique et moine bouddhiste Matthieu Ricard a témoigné son soutien lors du lancement de l'association Altruisme Efficace France[13].

Principes

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Peter Singer est un défenseur important de l'altruisme efficace.

L'altruisme efficace diffère d'autres pratiques philanthropiques par son insistance sur une comparaison chiffrée des causes et actions caritatives, avec pour objectif de maximiser certaines métriques. De ce point de vue, il est similaire au conséquentialisme, que plusieurs figures de proue du mouvement soutiennent[14]. Les idées du philosophe Peter Singer en particulier aidèrent à donner naissance au mouvement[15]. Son livre The Life You Can Save défendait les principes de base du don efficace, affirmant que l’extrême pauvreté impliquait que faire davantage de dons était un impératif moral. Dans son livre, Singer explique que des évaluateurs d'organismes caritatifs devraient être utilisés pour optimiser l'efficacité des dons. Singer donne personnellement un tiers de ses revenus aux œuvre de charité[16].

Impartialité

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Les altruistes efficaces rejettent l'idée que certaines vies ont intrinsèquement plus de valeur que d'autres. Par exemple, ils considèrent que la vie d'une personne dans un pays éloigné a une valeur égale à une personne dans sa propre communauté.[15]. Comme le note Peter Singer dans son essai de 1972 'Famine, Affluence, and Morality':

« Cela ne fait aucune différence morale, que la personne que je peux aider soit l’enfant du voisin qui vit à dix mètres de chez moi, ou un Bengali dont je ne connaîtrai peut-être jamais le nom. [...] Le point de vue moral requiert que nous regardions au-delà des intérêts de notre propre société. Auparavant, [...] c’était difficilement faisable, mais c’est assez faisable maintenant. D’un point de vue moral, le fait d’éviter que des millions de gens à l’extérieur de notre société meurent de faim doit être considéré comme quelque chose d’au moins aussi urgent que le respect des normes de propriété à l’intérieur de notre société[17]. »

En outre, certains altruistes efficaces considèrent que les générations futures ont une valeur morale égale à celle des personnes actuellement vivantes, ainsi ils se concentrent sur la réduction des risques existentiels à l'humanité[18]. D'autres pensent que, indépendamment de l'espèce de chaque individu, des intérêts égaux devraient mener à une égale considération morale, et travaillent donc à prévenir les souffrances animales[19], telles que celles causées par l'élevage industriel[20][21].

Priorisation des causes

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Même si les organisations caritatives étudient de plus en plus leur efficacité, elle le font en général au sein d'une cause déjà choisie, comme l'éducation ou le changement climatique. Il est rare que le choix de la cause lui-même soit analysé de manière critique[22]. Les altruistes efficaces tentent d'identifier l'importance de différentes causes, de les choisir objectivement, concept habituellement appelé neutralité des causes[23][24][25][26]. Elles peuvent être choisies selon des critères d'ampleur (combien d’individus sont affectés par le problème, et avec quelle gravité leur bien-être en est dégradé?), le potentiel d'amélioration (quelle fraction du problème peut-on espérer résoudre en augmentant les ressources qui y sont allouées ?) et le caractère négligé (quelle quantité de ressources est déjà allouée à la résolution du problème?) [27] Plusieurs organisations effectuent des recherches sur les priorités relatives des causes[28],[29][30][31][32]. De nombreux altruistes efficaces considèrent actuellement comme prioritaires l’extrême pauvreté dans le monde en développement, la souffrance des animaux dans les élevages industriels, et la prise en compte des risques existentiels[33][34][23][25].

Efficacité

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Le don efficace est un éléments importants car certains organismes caritatifs ou certaines actions sont beaucoup plus efficaces que d'autres[35]. Parmi les organisations menant des actions aux impacts positifs, certaines obtiennent beaucoup plus de résultats avec moins d'argent [36],[37].

Par exemple, le coût pour former un chien guide d'aveugle aux États-Unis est de 42 000 $. Le coût d'une opération chirurgicale pour corriger la trichiasis, une inflexion des cils vers l'œil qui provoque la cécité, est de 40 $ dans les pays en développement[38]. Cette opération est sans risque et fonctionne dans 80 % des cas de trichiasis. Ainsi, la vue peut être restaurée à 840 personnes pour le coût d'un chien-guide[39].

L'une des principales méthodes pour calculer l'impact d'actions caritatives est l'essai contrôlé randomisé, qui permet d'identifier l'impact d'un programme social en évitant les biais de sélection ainsi qu'un certain nombre de facteurs de confusion[40] [8][19]. Par exemple, des essais contrôlés randomisés conduits par le laboratoire J-PAL du MIT ont démontré l'efficacité des traitements vermifuges de masse pour favoriser l'éducation dans certains pays en développement[41]. D'autres pensent qu'exiger un tel niveau de preuve réduit inutilement le spectre d'action aux causes compatibles avec ce type de preuve, et que l'histoire de la philanthropie montre que les interventions les plus efficaces ont souvent eu lieu sans ce degré de confiance[42].

Appliqué à des interventions caritatives, le rapport coût-efficacité se réfère à la quantité de bien obtenue par unité d'argent ou de temps investie[8]. Par exemple, le rapport coût-efficacité des interventions de santé peut être mesuré en années de vie pondérées par la qualité (QALY) ou en espérance de vie corrigée de l'incapacité (DALY) par quantité d'argent investi. Le DALY est utilisé par l'OMS pour évaluer des systèmes de santé, et dans certaines publications telles que la charge mondiale de morbidité.

Traditionnellement, les évaluations d'organisations caritatives se concentrent sur la minimisation des coûts administratifs en proportion du coût d'un programme. Les altruistes efficaces rejettent cette méthode de mesure, qu'ils considèrent simpliste et erronée[43],[44]. Les altruistes efficaces préfèrent mesurer les résultats obtenus par unité de ressource investie, quelle que soit la part de coûts administratifs. De plus, Dan Pallotta explique[45] que les organisations caritatives devraient être encouragées à investir plus dans les collectes de fonds, si cet investissement leur permet d'augmenter leurs revenus et de dédier une somme plus importante à leurs actions caritatives. Une étude de Dean Karlan atteste même que « les organisations caritatives les plus efficaces dépensent une plus grande part de leur budget sur les coûts administratifs que leur concurrentes moins efficaces[46]», vraisemblablement car les coûts d’administration peuvent servir à conduire des analyses pour déterminer quelles activités menées par l'organisation sont les plus efficaces. Ainsi, les dépenses administratives peuvent contribuer à diriger les ressources vers les meilleures activités.

Raisonnement contre-factuel

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Les altruistes efficaces soutiennent que le raisonnement contre-factuel est important pour déterminer la façon de maximiser leur impact positif. Beaucoup de personnes supposent en effet que la meilleure façon d'aider les autres est par des méthodes directes, comme travailler pour une organisation caritative, ou fournir des services sociaux[47],[48]. Mais puisque les organisations caritatives trouvent en général suffisamment de candidats prêts à travailler pour elles, travailler pour une telle organisation revient à remplacer le deuxième meilleur candidat, qui aurait été embauché à la place et qui aurait fait probablement à peu près autant de bien que nous. Ainsi, choisir une carrière altruiste classique peut avoir un impact bien plus faible que ce que nous aurions intuitivement pensé[49] [50].

La stratégie "gagner pour donner" est proposée comme une stratégie possible parmi d'autres pour les altruistes efficaces. Elle consiste à choisir de travailler dans les carrières à forte rémunération, dans le but explicite de donner de grandes sommes d'argent aux organisations caritatives les plus efficaces. Certains altruistes efficaces ont fait valoir que le deuxième meilleur candidat pour une carrière très lucrative a peu de chances de faire des dons importants. Ainsi, l'impact contre-factuel des dons est important. L'impact contre-factuel relatif aux actes contraires à l'éthique dans une telle carrière lucrative serait aussi élevé, car le deuxième meilleur candidat les aurait commis[51],[52].

Certains, cependant, contestent ce principe. Par exemple, Bernard Williams utilise un exemple similaire, au sujet d'un emploi dans une usine d'armes chimiques, afin d'argumenter contre ce type de raisonnement contre-factuel[53]. Selon Williams, le conséquentialisme exigerait que l'on agisse d'une manière qui viole notre propre intégrité[54].

Utilité de financements supplémentaires

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Les organisations altruistes efficaces formulent des recommandations en faveurs des organismes caritatifs d'après l'impact marginal des dons plutôt qu'en évaluant la valeur moyenne des dons[55][56]. Les altruistes efficaces évitent les dons à des organisations sans "marge de manœuvre supplémentaire", c'est-à-dire qui se heurtent à des goulots d'étranglement autres que l'argent qui les empêchent de dépenser les fonds déjà accumulées ou qu'elles peuvent recevoir[57]. Par exemple, un organisme de bienfaisance médical pourrait ne pas être en mesure d'engager suffisamment de médecins ou d'infirmières pour distribuer les fournitures médicales qu'il est pourtant capable d'acheter, ou il pourrait déjà servir tous les patients potentiels qu'il cible. Pour d'autres organisations revanche, davantage de financement sera utile et donner à l'une d'entre elles produirait des améliorations concrètes.

Vues sur les actes surérogatoires

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Plusieurs philosophes influents de l'altruisme efficace, y compris Peter Singer et Peter Unger, rejettent la croyance commune que le don à la charité serait surérogatoire (un acte surérogatoire est celui qui est bon, mais qu'il n'est pas moralement nécessaire de faire). Ces philosophes soutiennent que s'abstenir d'aider les personnes les plus pauvres est une faute morale. Les altruistes efficaces ne rejettent pas nécessairement l'existence d'actes surérogatoires, mais sont susceptibles de nier le caractère surérogatoire de certains actes. Singer utilise une expérience de pensée pour illustrer cette idée: « Si, en allant travailler, vous passez devant un étang peu profond dans lequel un enfant est en train de se noyer, il est très probable que vous vous arrêtiez et salissiez votre beau costume pour aller le sauver. Alors, pourquoi ne pas faire la même chose pour un enfant loin de vous en train de mourir de faim, par exemple en donnant l’argent du costume en question à une organisation humanitaire ?[58]» Cet argument suppose que la distance physique n'affecte pas la moralité d'une action, un principe clé de l'altruisme efficace.

Comportements

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L'altruisme efficace encourage les dons importants pour des organisations caritatives qui répondent le mieux aux critères d'efficacité, en particulier le coût/bénéfice, la transparence et des preuves solides[59]. Certains affirment que c'est un devoir moral de faire un don pour atténuer la souffrance, si ce à quoi nous renonçons ne nous causent pas une souffrance comparable[60]. Les principes de l'altruisme efficace peuvent impliquer des changements de style de vie importants, conduisant certains altruistes efficaces à mener une vie frugale afin de donner beaucoup plus que ce qui est typique dans leur société[61][62]. D'une manière générale, les personnes adhérant aux idées de l'altruisme efficace recommandent de donner au moins 10% de leurs revenus. Certains altruistes efficaces poursuivent également des carrières à hauts revenus afin d'avoir plus d'argent à donner[63], selon la stratégie appelée gagner pour donner. Par exemple, Jason Trigg travaille comme analyste quantitatif pour une entreprise financière et donne la moitié de son salaire[64].

Le mouvement vise à augmenter le montant des dons et

Giving What We Can (GWWC) est une organisation qui rassemble une communauté de personnes qui se sont engagées à donner au moins 10% de leurs revenus pour le reste de leur vie active aux causes qu’ils considèrent les plus efficaces. GWWC a été fondé en 2009 par Toby Ord, philosophe de la morale à l'Université d'Oxford, qui vit avec 18 000 £ (27 000 $) par an et verse le reste de ses revenus à une œuvre caritative[65]. En 2019, plus de 4 100 personnes ont pris l'engagement, qui se sont collectivement engagées à verser plus de 1,5 milliard de dollars au cours de leur vie[66][67].

The Founders Pledge est une initiative similaire du Founders Forum for Good, une organisation à but non lucratif, dans laquelle les fondateurs des startups s'engagent juridiquement à donner au moins 2% de leur gain personnelle à des œuvres de bienfaisance dans le cas où ils vendent leur entreprise[68][69][70]. En janvier 2019, trois ans après le lancement, plus de 1 400 entrepreneurs ont annoncé une valeur totale estimée à 700 millions de dollars sur la base des capitaux propres et de la valeur des sociétés et au moins 91 millions de dollars ont été collectés[71].

Certains altruistes efficaces accordent moins d'importance à la frugalité, estimant qu'il est plus important de maintenir un mode de vie qui a plus de chances d’être imité par d'autres, ou de leur permettre de faire plus facilement du bien directement par leur travail.

Choix de carrière

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Les altruistes efficaces soutiennent que le choix de la carrière est un facteur déterminant de la quantité de bien que l'on fait[24] à la fois directement (à travers les services fournis au monde) et indirectement (à travers les moyens par lesquels on dirige l'argent gagné en fonction de la carrière)[72].

80,000 Hours, cofondé par William MacAskill et Benjamin Todd[73][74] est une organisation dans la communauté de l'altruisme efficace qui mène des recherches sur les carrières ayant le plus grand impact social positif et fournit des conseils de carrière fondés sur ces recherches[3][75]. Le nom fait référence au nombre d'heures que l'on passe en moyenne à travailler au cours de sa carrière. 80,000 Hours conseille les personnes à la recherche de carrières altruistes cherchant à investir ce temps de la manière la plus efficace possible. Certains altruistes efficaces choisissent d'avoir un impact direct à travers leur travail (comme en travaillant dans la recherche scientifique), d'autres choisissent des carrières fortement rémunérées pour faire plus de dons, et d'autres encore se dirigent en début de carrière vers des emplois leur permettant d'accumuler du capital humain (revenu, influence...) afin d'avoir un grand impact plus tard dans leur carrière[76].

"Gagner pour donner" a été proposé comme une stratégie possible pour les altruistes efficaces. Cette stratégie consiste à choisir de travailler dans des carrières bien rémunérées dans le but explicite de verser d'importantes sommes d'argent à des œuvres caritatives[77][78]. William MacAskill soutient qu'il pourrait même valoir la peine de gagner de l'argent dans des carrières moralement controversées, car l'impact marginal de prendre un tel travail contraire à l'éthique est faible si quelqu'un d'autre l'aurait accepté de toute façon, alors que l'impact contre-factuel des dons serait important[72]. Cependant, 80 000 hours ont récemment fait valoir qu'il était préférable d'éviter les carrières causant des torts directs importants, même s'il semble que les conséquences négatives seraient compensées par les dons. Cela est dû au fait que les carrières non éthiques ont souvent des effets préjudiciables cachés et qu’il est important de tenir compte de l’incertitude morale[79].

David Brooks, éditorialiste au New York Times, a critiqué le concept de "gagner pour donner". Il a écrit que la plupart des personnes travaillant dans le secteur de la finance et d’autres secteurs bien rémunérés valorise leur argent pour des raisons égoïstes, et qu'être entouré de ces personnes rendrait les altruistes efficaces deviendraient moins altruistes[80]. Peter Singer a répondu à ces critiques dans son livre The most good you can do en donnant des exemples de personnes qui gagnent à donner depuis des années sans perdre leur motivation altruiste[81]. DansThe Week, Pascal-Emmanuel Gobry a soutenu que cette pratique était "déroutante"[82].

Hiérarchisation des causes

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L'altruisme efficace est en théorie neutre vis à vis des causes, c'est à dire disposé à aider n'importe quelle cause tant qu'elle permet d'avoir le plus grand impact positif possible[83],[84] [85]. En pratique, certaines causes comme la pauvreté mondiale, le bien-être des animaux et les risques pour la survie et l’épanouissement de l’humanité et de ses descendants à long terme sont souvent jugées prioritaires[86], [30][19][87].

Réduire la pauvreté mondiale

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La réduction de la pauvreté mondiale est l'objectif de certaines des organisations les plus anciennes et les plus influentes associées à l'altruisme efficace. Bien que l'altruisme efficace se soit initialement focalisé sur des stratégies directes telles que les soins médicaux[88] et les transferts d'argent directs[89], des stratégies visant à réduire la pauvreté mondiale sur le long-terme suscitent également un intérêt (réformes sociales, politiques, économiques)[90].

L'évaluateur d'organismes caritatifs GiveWell fut fondé en 2007 par Holden Karnofsky et Elie Hassenfeld pour lutter contre la pauvreté.[91][92]. GiveWell défend que les dons ont le plus de valeur dans les réduction de la pauvreté dans le monde et des problèmes de santé des pays en développement[93][94] (notamment les associations de lutte contre le paludisme Against Malaria Foundation et Malaria Consortium, l’Initiative de lutte contre le schistosomiase, l’initiative de vermifugation Deworm the World , ainsi que GiveDirectly pour des transferts monétaires directs et inconditionnels)[95][96].

L'organisation The Life You Can Save, issue du livre du même nom de Peter Singer, vise également à réduire la pauvreté dans le monde en promouvant des œuvres caritatives fondées sur des bases factuelles, en dispensant une éducation en matière de philanthropie et en transformant la culture du don dans les pays riches[97][98].

En 2011, GiveWell annonca que GiveWell Labs (rebaptisé par la suite Open Philanthropy Project) issue de la collaboration entre GiveWell et Good Ventures (une fondation philanthropique fondée par le cofondateur de Facebook, Dustin Moskovitz, et son épouse, Cari Tuna[99][100][101]) serait destiné à la recherche et au financement de causes plus spéculatives et diverses, telles que la réforme des politiques, la réduction globale des risques catastrophiques et la recherche scientifique[102][103].

Bien-être animal

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Beaucoup d'altruistes efficaces pensent que la réduction de la souffrance animale devrait être une priorité et qu'il existe actuellement des moyens efficaces et peu coûteux d'agir[104][105]. Peter Singer cite des estimations de l'Organisation des Nations Unies pour l'alimentation et l'agriculture et de l'organisation britannique Fishcount selon lesquelles 60 milliards d'animaux terrestres sont abattus et que de 1 à 2 700 milliards de poissons sont tués chaque année pour la consommation humaine[106][107][108]. Il soutient que les altruistes efficaces en matière de bien-être animal devraient donner la priorité à l’élevage industriel au détriment de causes plus populaires et très financées, telles que le bien-être des animaux domestiques[16][21]. Peter Singer explique également que si un minimum de conscience était attribué aux animaux d'élevage tels que les poulets, les efforts visant à réduire l'élevage industriel (par exemple, en réduisant la consommation mondiale de viande) constituerait un moyen encore efficace de réduire les souffrances mondiales actuelles que de s'attaquer à réduire la pauvreté humaine[109].

En 2018, le livre The End of Animal Farming de Jacy Reese traite des problèmes de bien-être animal dans une perspective d'altruisme efficace, en mettant l'accent sur le potentiel de la viande cultivée pour lutter contre la souffrance des animaux d'élevage et sur l'importance d'élargir le cercle moral pour aider les gens en savoir plus sur les futurs êtres, les animaux sauvages, les insectes et la sensibilité artificielle[110].

Philosophiquement, la souffrance des animaux sauvages peut aussi constituer une préoccupation morale pour les altruistes efficaces[111].

Animal Charity Evaluators (ACE) est une organisation altruiste efficace qui évalue et compare différents organismes de bienfaisance pour animaux en fonction de leur rentabilité et de leur transparence, en particulier de ceux qui s’attaquent à l’élevage[2][112][113]. Faunalytics (anciennement le Humane Research Council) est une organisation qui mène des recherches indépendantes sur des thèmes importants du bien-être animal, fournit des ressources aux défenseurs et donateurs, et collabore avec des organisations de protection des animaux pour évaluer leur travail[114][115]. Le Sentience Institute est un nouveau groupe de réflexion fondé en 2017 pour traiter de l'expansion du cercle moral[116].

Avenir lointain et risques existentiels

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Certains altruistes efficaces pensent que la valeur de n'importe quelle métrique (richesse, souffrance potentielle, bien-être potentiel...), additionnée sur l'ensemble des générations futures, surpasse largement la valeur des individus vivant aujourd'hui[30] [117],[118],[119]. Or les risques existentiels, tels que les dangers associés aux biotechnologies[120], aux pandémies et aux intelligences artificielles avancées, peuvent mettre en péril ces générations futures[121]. Ils sont donc aujourd'hui un sujet de recherche actif [122],[123],[124],[125].

Parce qu'il est souvent impossible d'utiliser des données scientifiques empiriques (telles que des essais contrôlés randomisés) pour mesurer la probabilité d'un risque existentiel, des chercheurs tels que Nick Bostrom ont utilisé d'autres méthodes pour évaluer leur importance, telles que la collecte d'avis d'opinions[126].

Certaines organisations qui travaillent activement à la recherche pour améliorer l'avenir à long terme, ont des liens avec la communauté altruiste efficace, comme le Future of Humanity Institute de l'Université d'Oxford, le Centre d'étude du risque existentiel de l'Université de Cambridge et le Future of Life Institute[127] ; le Machine Intelligence Research Institute est focalisé sur le problème de l’alignement des IA fortes[128][129].

Recherche sur les causes prioritaires

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La recherche sur les causes prioritaires est elle-même une cause prioritaire au sein de l'altruisme efficace[130]. L'altruisme efficace n'étant pas intrinsèquement plus favorable à une cause ou une autre [131], l'accent est mis sur une évaluation objective des différentes causes pour permettre de diriger des ressources vers les causes qui conduiront à un impact positif maximal.

Histoire du mouvement social

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De nombreuses idées derrière l'altruisme efficace, tel que le conséquentialisme, sont présentes dans l'éthique pratique depuis longtemps et ont été reflétées dans les écrits de philosophes tels que Jeremy Bentham[132], John Stuart Mill[133], Peter Singer[15], et Peter Unger. Un argument de base a été défini dans l'article de 1972 de Singer "Famine, Affluence, and Morality", dans lequel il affirmait que les gens ont l'obligation d'aider ceux qui sont dans le besoin:

S’il est en notre pouvoir d’empêcher que quelque chose de mauvais ne se produise, sans pour autant sacrifier quoi que ce soit d’importance morale comparable, nous devrions alors, moralement, le faire.[60]

Cependant, le mouvement qui porte le nom d'altruisme efficace n'a vu le jour qu'à la fin des années 2000[134] en tant que communauté formée autour de Give What We Can. Les écrits de Nick Bostrom soulignant l'importance de réduire le risque d'extinction humaine, la création d'organisations telles que GiveWell et The life you can save, ainsi que la création du forum Internet LessWrong ont tous contribué à faire un mouvement mondial en expansion[135][133].

Des conférences sur l'altruisme efficaces sont organisées depuis 2013[136][137]. En 2015, Peter Singer a publié The Most Good You Can Do qui décrit la philosophie et le mouvement social de l'altruisme efficace et plaide en sa faveur[16]. La même année, William MacAskill publiait son livre intitulé Doing good better, contribuant à populariser le mouvement[138][139][8]. MacAskill a également co-fondé Giving What We Can et 80000 hours, qui font tous deux partie du Center for Effective Altruism.[132]

En 2018, le site d'informations américain Vox a lancé sa section Future Perfect, publiant des écrits et des podcasts qui couvrent des idées d'altruisme efficace sur la mission "Trouver les meilleurs moyens de faire le bien[140][141]". Future Perfect a depuis publiénde nombreux articles sur des sujets fondamentaux tels que la philanthropie efficace, les choix de carrière à fort impact, la réduction de la pauvreté, l'amélioration du bien-être animal et les moyens de réduire les risques catastrophiques à l'échelle mondiale[142][3][143][2][144].

Peter Singer

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Le philosophe Peter Singer (1946-) a écrit plusieurs ouvrages sur l'altruisme efficace, dont The Life You Can Save (en), dans lequel il encourage les lecteurs à réfléchir à l'efficacité de leurs dons[145], et l'essai Famine, Affluence et moralité.

Singer est le fondateur d'une organisation à but non lucratif, aussi appelée The Life You Can Save, qui encourage des dons aux organismes de bienfaisance efficaces. Il est membre de Giving What We Can, et membre du conseil d'Animal Charity Evaluators, et donne au moins 33 % de son revenu à une variété d'organismes caritatifs efficaces[146],[147],[148].

Toby Ord

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Toby Ord (1979-) est un philosophe à l'Université Oxford. Il promeut l'éthique conséquentialiste et s'intéresse à la pauvreté mondiale et aux risques existentiels pour l'humanité[149]. Il est le cofondateur de l'organisation Giving What We Can, dont les membres s'engagent à donner 10% de leur revenu à des organisations caritatives efficaces. Il vit avec 18 000 £ (24 000 €) par an et fait don du reste de son revenu[150].

Organisations

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Un certain nombre d'organisations travaillent dans le domaine de l'altruisme efficace. On compte notamment :

  • GiveWell, un organisme indépendant d'évaluation d'organisations caritatives.
  • Giving What We Can, une société internationale pour la promotion des organismes caritatifs efficaces contre la pauvreté. Il étudie les plupart des organismes, encourage les dons intelligents et construit une communauté de gens qui donnent une proportion importante de leurs revenus aux causes les plus efficaces.
  • Animal Charity Evaluators, une association à but non lucratif dédiée à la recherche et la promotion de méthodes efficaces pour améliorer la vie des animaux.
  • Charity Science, un organisme qui récolte des fonds pour des organisations caritatives recommandées par GiveWell.
  • The Life You Can Save, un mouvement qui prône la lutte contre l'extrême pauvreté en donnant aux organismes de bienfaisance très efficaces. Il a été lancé par le philosophe Peter Singer à la suite de la publication de son livre.
  • 80,000 Hours, un service d'orientation professionnelle éthique pour ceux qui souhaitent utiliser leur carrière pour avoir un impact positif dans le monde.

En France, l'organisation Altruisme Efficace France a pour mission de faire connaître l'altruisme efficace auprès du public francophone et de faciliter l’orientation de ressources vers les actions altruistes les plus bénéfiques[151].

Critiques

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Illégitimité des comparaison entre les causes

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David Brooks s'est demandé si les enfants de pays lointains devraient être traités comme ayant une valeur morale égale à ceux des enfants proches. Il affirme que la morale devrait être "ennoblissant intérieurement[80]".Dans le Stanford Social Innovation Review, Ken Berger et Robert Penna de Charity Navigator condamnèrent la pratique consistant à "mettre en balance les causes et les bénéficiaires les uns contre les autres", appelant cela "moraliste, au pire sens du terme[152]".

Biais en faveur des interventions mesurables

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Pascal-Emmanuel Gobry met en garde sur le "problème de la mesure", soulignant que certains domaines, tels que la recherche médicale ou l'aide à la réforme progressive de la gouvernance des pays en développement, ont un rapport coût-efficacité difficile à mesurer par des essais contrôlés, et donc risquent d'être sous-évalué par le mouvement de l'altruisme efficaces[82]. Jennifer Rubenstein émet également l’hypothèse d'un altruisme efficace pouvant être biaisé en défaveur des causes difficiles à mesurer[133].

Absence de traitement des racines des problèmes

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Dans le magazine Jacobin, Mathew Snow a fait valoir qu'un altruisme efficace "implore les individus d'utiliser leur argent pour fournir des produits de première nécessité à ceux qui en ont désespérément besoin, mais ne dit rien sur le système qui détermine la manière dont ces éléments de base sont produits et distribués"[153]. Diverses critiques se sont également opposées à un altruisme efficace, invoquant le fait que ses partisans ont tendance à ne pas soutenir des causes politiques telles que l'anticapitalisme qui modifient "l'ordre institutionnel mondial existant"[154]. Joshua Kissel a répondu que l'anticapitalisme était compatible avec l'altruisme efficace en théorie[85]. Brian Berkey a également expliqué que le soutien aux changement d'institutions telles que le capitalisme ne contredit pas les principes de l'altruisme efficace, qui est ouvert à toute action qui aura le plus grand impact positif sur le monde, y compris la possibilité de changer le système institutionnel mondial existant[154]. Elizabeth Ashford affirme que nous sommes tenus séparément de faire des dons à des organisations caritatives efficaces et de réformer les structures responsables de la pauvreté[155].

Notes et références

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  • Lectures complémentaires

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