Utilisateur:Skimel/Niuafo'ou

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Organisation sociale modifier

 
Une famille niuane du village de Pētani, district de Hahake, en 1967.

L'organisation sociale de Niuafoʻou a été étudiée en détail par Garth Rogers (1968). Il la décrit de la manière suivante : « Les Niuans ne divisent pas leur proches en différents groupes de parenté, mais sont préoccupés par les liens relatifs qui sont utilisés en fonction des occasions [Rogers A 1] »

Le kāinga modifier

La société niuane est structurée autour de groupes familiaux dénommés kāinga[Rogers A 2]. La composition du kāinga varie en fonction des occasions et des personnes. Un kāinga peut faire référence à :

  • la famille biologique (désignée par le néologisme fāmili et dirigée par le ʻulu i fāmili) ;
  • le foyer (les personnes qui habitent et mangent ensemble) ;
  • la parentèle plus ou moins éloignée, pouvant parfois s'étendre à toute la population de Niuafoʻou[Rogers A 2].

Le kāinga n'est donc pas un groupe défini, mais varie d'un individu à l'autre. Les Niuans distinguent le kāinga ofi (parentèle proche) du 'kāinga mamaʻo (parentèle éloignée)[Rogers A 2]. À la tête du kāinga se trouve le ʻulu motuʻa (« plus vieille tête »), généralement le grand-père ou la grand-mère paternelle. C'est une autorité traditionnelle, fine connaisseuse des coutumes et des traditions.

Les membres d'un kāinga sont redevables les uns envers les autres : accueil, hospitalité, aide, etc. En fonction de l'occasion et de l’évènement, le kāinga peut inclure un très grand nombre de personnes. Les Niuans ont ainsi des liens qui les relient à de très nombreuses personnes dans tout l'archipel des Tonga, notamment avec la communauté niuane de ʻEua. Les obligations familiales et coutumières sont très importantes. Les Niuans s'échangent par ce biais de nombreux biens, animaux, etc. Lorsqu'un membre de la parentèle proche n'est pas disponible pour le service ou le bien souhaité, c'est la parentèle éloignée qui est sollicitée. Les liens d'amitié n'interviennent qu'après[Rogers A 3].

Le kāinga est étroitement lié à la terre, comme le montre Françoise Douaire-Marsaudon : en 1963, le noble Fotofili sollicita la communauté niuane expatriée à ʻEua, mais les Niuans qui étaient autrefois sous son autorité à Niuafoʻou lui répondirent qu'ils ne faisaient plus partie de son kāinga. Ils avaient changé d'île et se trouvaient désormais sur des terres gouvernementales : ils n'étaient donc plus redevables envers Fotofili[A 1].

Le fonctionnement du kāinga à Niuafoʻou est similaire dans le reste des Tonga, à Wallis et à Futuna, comme l'a étudié Françoise Douaire-Marsaudon[A 1].

Mariage modifier

Rogers note que les Niuans ont tendance à se marier avec des gens du même village qu'eux ; dans le cas où l'épouse proviendrait d'un autre village, c'est elle qui va habiter dans le village de son mari[Rogers A 4].

Rangs dans la société tongienne modifier

La société tongienne est très hiérarchisée. Les trois rangs principaux sont les suivants[Rogers A 5] :

  • tuʻi (royauté) ;
  • houʻeiki (porteurs de titres) ;
  • haʻameʻavale (roturiers).

Le roi de Tonga porte ainsi le titre de Tuʻi Tonga.

Sous-rangs des Houʻeiki : nōpele, matāpule et autres modifier

La branche des houʻeiki se subdivise de la façon suivante[Rogers A 5] :

  • les nōpele, les nobles (néologisme venant de l'anglais noble), détenteurs d'un titre héréditaire. Il y a 34 nobles aux Tonga, chacun porteur d'un titre différent. Chaque noble a droit à des terres (tofiʻa) ;
  • les nobles secondés par les matāpule. Chaque matāpule est affilié à un noble en particulier, ou au roi. Ce sont des maîtres de cérémonie et les gardiens de la tradition ; ils veillent sur les terres du noble lorsque ce dernier est absent, et peuvent présider aux cérémonies de moindre importance. Le titre de matāpule se transmet de manière héréditaire (selon le principe de primogéniture), mais ce sont les nobles qui gardent le pouvoir de les nommer et de les renvoyer[A 2] ;
  • les individus porteurs de titre, mais ne possédant pas de terres. Ce sont avant tout des artisans, navigateurs, etc. récompensés par un roi. Leur titre se transmet de génération en génération ;
  • les individus récompensés pour leur service auprès du roi.
  • == Politique ==

La politique à Niuafoʻou est connue précisément grâce au mémoire de Garth Rogers, qui vécut sur l'île en 1967. L'évolution politique et sociale après cette date est par contre peu documentée.

 
Le noble Tevita Fusituʻa et sa femme Pīsila en 1967.

=== Sphères de pouvoir === Le pouvoir politique est détenu à Niuafoʻou par trois acteurs :

    • le gouvernement tongien, qui l'exerce à travers ses représentants ;
    • les nobles, qui détiennent une autorité traditionnelle et s'appuient sur un résau de relations familiales ;
    • et l'église[Rogers A 6]. En 1946, avant l'évacuation de l'île, cette répartition du pouvoir était équilibrée et fonctionnelle. En 1967, la situation était assez différente : d'après Rogers, les représentants du gouvernement tongien se préoccupaient peu de leurs responsabilités, et avaient une faible influence sur la politique locale. En outre, la majorité des fonctionnaires présents avant l'évacuation n'avaient pas été remplacés. En conséquence, le pouvoir de l'église et du noble Fusituʻa, basé sur son autorité traditionnelle, était devenu beaucoup plus fort[Rogers A 7]. Garth Rogers décrit également les changements sociaux de fond à l'œuvre dans la société niuane : l'autorité traditionnelle des nobles est toujours très forte, mais les habitants commencent à remettre en cause son caractère absolu (en refusant, par exemple, de répondre aux demandes des nobles lorsqu’ils les jugent exorbitantes)[Rogers A 8].D'après Wendy Pond, les Niuans ont longtemps vu les Tongiens comme des étrangers, et ont maintenu une forte autonomie par rapport au pouvoir central des Tonga. Certains chants recueillis auprès des habitants traduisent de manière indirecte les critiques adressées aux chefs et au gouvernement tongien[A 3]. === Possession et administration de la terre === ==== Noblesse ==== La terre est divisée en neuf terrains (tofiʻa) qui correspondent aux différents villages de Niuafoʻou. Elle est possédée par le Roi de Tonga, le gouvernement tongien et trois nobles : Fusituʻa, Fotofili[note 1] et Tuita[Tsukamoto 1]. Ces nobles sont détenteurs de titres héréditaires. Depuis les années 1940, néanmoins, seul le noble Fusituʻa réside à Niuafoʻou[Rogers B 1] : c'est le seul des trois nobles à ne pas posséder de terres en dehors de l'île[A 4]. Là encore, la hiérarchie est relative et dépend des personnes présentes. En l'absence des nobles Fotofili et Tuita, le noble Fusituʻa siège à la place d'honneur la plus élevée et est maître de cérémonie. Cependant, Fusituʻa est de rang inférieur par rapport à Fotofili et Tuita : ces derniers ont donc la préséance lorsqu'ils sont présents sur l'île[Rogers A 9]. Quand le roi tongien visite Niuafoʻou, il est accompagné de tous les nobles de l'île. Les nobles propriétaires des terres sont tenus de les redistribuer à leurs gens (les paysans qui font partie de leur kāinga). ==== Représentants du gouvernement tongien ==== En 1946, le gouvernement tongien était représenté à Niuafoʻou par un officier de district (pule fakavahe). Les terres appartenant au gouvernement tongien sont gérées par des représentants du gouvernement, ʻofisa kolo (« officier de village »)[Rogers A 10]. Les seules réunions politiques sont les fono (assemblées), au cours desquelles les décisions sont annoncées aux villageois. Lorsqu'un représentant du gouvernement se trouve sur une terre appartenant à un noble, il doit prendre des décisions en accord avec le noble ou ses représentants. Rogers note à ce propos : « Dans ce cas, le ʻofisa kolo est considéré comme le père (tamai) du village et le noble la mère (faʻē). Allusion est faite ici au rôle du père en tant qu'ouvrier et soutien de famille et le rôle de la mère comme conseillère [Rogers A 11] ».

Références modifier

  1. Rogers 1968, p. 18. "Niuafo'ouans do not divide their kin into different kinds of kin groupings, but are concerned with relative relationships which are utilised according to the occasion".
  2. a b et c Rogers 1968, p. 14.
  3. Rogers 1968, p. 15.
  4. Rogers 1968, p. 18.
  5. a et b Rogers 1968, p. 19-20
  6. Rogers 1968, p. 55.
  7. Rogers 1968, p. 179.
  8. Rogers 1968, p. 182-183.
  9. Rogers 1968, p. 22.
  10. Rogers 1968, p. 54.
  11. Rogers 1968, p. 55. "In these cases the ʻofisa kolo is considered the tamai "father" of the village and the noble the faʻe "mother". The allusion here is to the father's role as worker and breadwinner and the mother's role as adviser".
  1. Rogers 1986, p. 66.
  1. a et b Françoise Douaire-Marsaudon, Les premiers fruits: Parenté, identité sexuelle et pouvoirs en Polynésie occidentale (Tonga, Wallis et Futuna), Paris, Éditions de la Maison des sciences de l’homme, , 338 p. (ISBN 9782735107667, lire en ligne).
  2. (en) Daphne Grace Cant, The chiefly classes in the kingdom of Tonga (Mémoire de master en anthropologie), Vancouver, University of British Columbia, , 91 p. (OCLC 606072956, lire en ligne [PDF]).
  3. (en) Wendy Pond, « Wry Comment From the Outback: Songs of Protest From the Niua Islands, Tonga », Oral Tradition, vol. 5, nos 2-3,‎ (lire en ligne [PDF]).
  4. (en) Garth Rogers, « The evacuation of Niuafo’ou, an outlier in the kingdom of Tonga », Journal of Pacific History, vol. 16, no 3,‎ , p. 149-163 (DOI 10.1080/00223348108572421).


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