Utilisateur:Shiva Loog/Brouillon

La Guerre d'indépendance Camerounaise

modifier

La guerre civile camerounaise

modifier

Ce conflit armé, qui se déroula de 1955 à 1960, puis de 1970 à 1971 avec une dernier sursaut d’Ernest Oundié. Cette guerre opposa l'UPC (Union des Populations Camerounaises) à l'armée camerounaise, administrée par les Hauts commissaires envoyés de Paris à l'instar de Roland Pré ou encore, Pierre Messmer.

Cette guerre s'inscrit dans le contexte des indépendances en Afrique, revendiquées par une partie des "évolués", c'est-à-dire, des membres provenant des populations locales qui ont intégrés l'élite. Ces derniers, dès 1945, protestent face à la puissance coloniale qu'est la France, surtout depuis les promesses faites par le Général de Gaulle lors de la Conférence de Brazzaville en 1944, concernant l'autonomie où les conditions humiliantes liées au colonialisme.

En France, la 4ème, puis la 5ème République instituée depuis 1958, ont entamé un processus d'autonomisation puis de décolonisation de l'espace colonial, suite aux pressions internationales ainsi qu'aux volontés nationalistes qui aspirent à l'indépendance. La Guerre Froide a été déterminante dans la politique étrangère de la France qui souhaite préserver sa sphère d'influence en Afrique, afin de pérenniser son statut de puissance mondiale, à travers des relations étroites avec les anciennes colonies.

Création de l'UPC en 1948

modifier

C’est un parti politique crée en 1948, issu par des syndicats camerounais qui militent pour l’indépendance. Ce mouvement prend rapidement de l’ampleur puisque les revendications font échos au sein de la population.  Après 1945, certains « évolués » réclament plus d’équité entre la métropole et ses colonies. Les exactions militaires et les inégalités sont toujours aussi criantes, malgré les promesses de la Conférence de Brazzaville en 1944, la situation semble inchangée.

Plusieurs figures participent à cet engouement, à l’image de Ruben Um Nyobe qui en devient le secrétaire général, Felix-Rolland Moumié ou encore, Ernest Ouandié. Ce sont surtout ces trois hommes qui sont considérés comme des héros face au colonialisme. Le parti est en revanche, rapidement déclaré illégal en Mai 1955 par Rolland Pré, Haut-Commissaire français, en poste au Cameroun. La métropole craignait en effet que, les idées de l’UPC soient reprises par les classes dirigeantes africaines, menaçant de fait, sa sphère d’influence sur le continent africain. Malgré tout, les partisans sont conduits en exil et exercent dans la clandestinité, en dépit de leur pacifisme.

La position de la France en Afrique depuis 1944

modifier

La position française en Afrique est renforcée durant la deuxième Guerre Mondiale, en effet, la résistance a fait de Brazzaville, sa capitale durant l’occupation. En outre, les troupes coloniales ont grandement contribué à la libération du territoire français, ont subi les exactions militaires des nazis. L’effort humain et matériel augmente le statut des colonies, qui depuis la Conférence de Brazzaville en 1944, ont droit à plus d’autonomie. C’est la période du colonial tardif, c’est-à-dire que la métropole accorde plus de droits politiques et sociaux, supprime le code de l’indigénat, investie davantage dans le développement de ses colonies avec la construction d’hôpitaux, écoles, infrastructures routières et maritimes. La France « lâche du zest », mais est encore plus influente que jamais, ce sont des fonctionnaires de la métropole, ou africains, mais formés par des cadres français qui dirigent les colonies.

Au Cameroun
modifier

Le Cameroun était une colonie allemande, sous le nom de Kamerun. La défaite sur le front africain en 1916 de l'Allemagne, lui priva de toutes ses colonies sur le continent, la SDN plaça sous protectorat, le territoire limitrophe au Nigéria, soit la partie occidentale, aux britanniques, alors que les français reçurent la partie orientale. La conservation du Cameroun est vitale pour les intérêts français, en Afrique centrale, ce pays apparaissait aux yeux du pouvoir français comme le maillon faible de la présence française dans cette région. La perte du Cameroun risquant d'entraîner la perte de toute la zone, d'autant plus que le port de Douala est situé stratégiquement en bordure de l'Atlantique, et à l'extrémité du Golf de Guinée. C'est un des ports le plus importants d'Afrique centrale.Douala, est une interface essentielle pour l'importation et l'exportation du commerce de pétrole et d'uranium.

Le déroulement du conflit (1955-1960)

modifier

L'acheminent vers un conflit (1955-1956)

modifier

Les émeutes et manifestations sont durement réprimées par Rolland Pré, qui cède sa place à Pierre Messmer en 1956. Ce dernier adopte tout d’abord,  une stratégie qui diffère de son prédécesseur. Dans la mesure où, il légiféra la loi-cadre Defferre votée en Juin 1956, les élites africaines obtiennent plus de pouvoir afin de gérer leurs affaires locales. En mettant au pouvoir, des nationalistes enclins à coopérer étroitement avec la France, plutôt que les partisans de l’UPC, la France est en mesure de canaliser les mouvements indépendantistes, qui sont hors-la-loi, et qui plus est, à l’écart des décisions politiques.

L'UPC se regroupe dans les maquis

modifier

Dès lors, les combats se concentrent dans la région du Sanaga-Maritime et le pays Bamilékés, où les partisans de l’UPC se regroupent dans des maquis en pleine forêt dense. C’est un terrain propice à la guérilla, et non aux opérations militaires structurées avec des attaques terrestres et aériennes. La France s’appuie alors sur les chefs de cantons, qu’elles remplacent par des hommes plus aptes à coopérer, instituant des milices qui sont formées par la métropole.

La guerre est terrible, l’usage de la torture est banal, les camps de détentions sont mis en place, les massacres de populations locales sont justifiés ou légitimés par la suspicion, des villages sont même rasés. Cette violence exacerbée s’explique par l’envoi de militaires qui ont participés aux guerres d’Algérie et d’Indochine, apportant avec eux, leur savoir-faire et leurs pratiques dans les guerres asymétriques. Par conséquent, les maquisards camerounais perdent du terrain et des hommes. Le 13 septembre 1958, Ruben Um Nyobe,  un des leaders les plus en vus, est assassiné, sans doute a-t-il été dénoncé par un de ses proches ou par la traque incessante des milices.

La mort de Ruben Um Nyobe, synonyme d'indépendance.
modifier

La mort de Ruben Um Nyobe est un soulagement pour les autorités françaises, qui le 01 Janvier 1960, accorde l’indépendance au Cameroun, en installant Amadou Ahidjo au pouvoir, après des élections contestables et contrôlées jusqu’au bout. Alors que la guerre civile est toujours d’actualité, le nouveau dirigeant du Cameroun proclame l’amnistie aux maquisards. Ce dernier est soutenu par la France, et par extension, les Etats-Unis d’Amérique qui soutiennent la métropole. L’URSS, adopte une attitude passive, ce qui isola définitivement l’UPC, dirigée par Felix Rolland Moumié, qui en exil, est à la tête  de l’Armée de libération nationale du Kamerun (ALNK). Le dernier nommé entreprend des attaques dans les grandes villes du Cameroun, et s’installent durablement dans les espaces ruraux de l’ouest camerounais.

Bien que les troupes d’Amadou Ahidjo participent au combat, ce sont bien les français qui sont aux postes de commandements. En effet, l’influence de la métropole est incontestable, du discours d’indépendance à la rédaction de la constitution rédigés par des technocrates français, aux secteurs secondaires et tertiaires, ce sont les ressortissants français qui sont au pouvoir, au détriment des camerounais qui remarquent, tristement, que leur indépendance n’est que théorique.

Toujours est-il que le Cameroun est indépendant, indépendance reconnue internationalement, soit par l’ONU, la France peut donc, indirectement mais de manière discrètement directe, s’ingérer librement, sans que le bloc occidental critique ses actions, comme lors de la Guerre d’Algérie. Michel Debré et Pierre Messmer sont aux commandes, suppléées par le fameux général Max Briand, qui apporte son expérience militaire d’Algérie et d’Indochine, où il est reconnu pour son efficacité en matière de guerre coloniale.

Moumié et Ouandié, dernières figures de résistances
modifier

Les combats ne cessent d’être dévastateurs, même à l’extérieur du Cameroun, les forces de l’UPC sont mises hors d’état de nuire. Le 15 novembre 1960, Felix Moumié, leader de l’UPC, est empoisonné par les services secrets français (SDECE), signifiant pratiquement, la fin de la lutte armée. Au même moment, Ahidjo procède à une politique de contrôles et de perquisitions auprès de son peuple, ce qui fragmente progressivement les maquisards, qui sont de plus en plus, démembrés.

Après 1960, les maquisards sont  en exil au Congo Brazzaville, désorganisés, les effectifs se réduisent conséquemment. Des opérations sont lancées à partir du Congo, mais sans grande réussite. En 1971, Ouandié tenta une dernière attaque, quelque jour avant de la visite de Pompidou au Cameroun, il est publiquement exécuté, et le rêve de l’UPC avec.

Conséquences

modifier

Conséquences

La guerre se solde par une sanglante victoire du Cameroun d’Ahidjo, qui est confortablement installé au pouvoir par la France, qui soutient sa dictature. L’ancienne métropole a réussis à préserver son influence, voire son contrôle, sur le Cameroun, à travers des accords militaires et économiques, qui lui assure la pérennité de ses intérêts dans la région. Ahidjo installe un régime autoritaire, au parti unique qu’est Union Nationale Camerounaise (UNC). 

La place de ce conflit dans l’historiographie des indépendances en 1960

modifier

La place de ce conflit dans les indépendances en 1960

Ce conflit s’inscrit dans le contexte des guerres d’indépendances qui sévissent dans les années 1950-1960, les plus célèbres étant celles d’Algérie et d’Indochine. Ce qui expliquerait alors, le quasi-silence de la presse concernant de cette guerre, au profit des autres ou la France était directement engagée. Ici, la métropole n’officialisa pas l’état de guerre ou de mobilisation générale, elle se contenta effectivement, d’envoyer des fonctionnaires militaires sur le terrain.

En outre, la guerre menée est une victoire, contrairement à l’Algérie ou l’Indochine, la France a gagné ce conflit, sans pour autant que son bilan matériel et humain soit conséquent. L’opinion publique se concentre davantage sur ces aspects de la guerre, en l’occurrence, la France a tissé dans l’ombre le problème camerounais, surtout avec la guerre d’Algérie qui occupa longuement les esprits. Par ailleurs, la Guerre du Vietnam succéda rapidement aux préoccupations françaises, laissant dans la pénombre, le Cameroun.

Et c’est surtout le silence des autorités françaises, dissimulant leurs opérations. Les médias voyaient le rôle de la France, comme celui d’un arbitre dans un « conflit tribal », dans la mesure où, des mercenaires tchadiens, congolais et autres, étaient engagés dans les milices supervisées par les français. La Dictature de Ahidjo a complété la manœuvre, en effaçant toute trace de l’UPC au Cameroun, par le biais de contrôle systématique de la population, et l’arrestation des suspects.

Un bilan humain controversé

modifier

Le bilan humain de cette guerre est complexe à définir, les archives locales et coloniales sont détruites ou inaccessible. Il est utile de rappeler que le Cameroun comptait trois millions d’habitants durant cette période.  Le général Max Briand, qui était en poste à partir de 1960, estime le nombre de morts à 20.000, uniquement à l’ouest du Cameroun. André Blanchet, spécialiste de l’Afrique pour le journal le monde, évoque  la mort 120.000 personnes de 1959 à 1962. Enfin, Meredith Terretta, une chercheuse venant des Etats-Unis d’Amérique, fait état  de 61.300 à 76.300 civils tués entre 1956 et 1964.

En somme, les historiens qui étudient cette guerre, n’arrivent pas à se mettre en adéquation concernant le bilan humain, qui est compliqué à établir en raison du manque de sources, des massacres de populations, maladies engendrées, tortures mortelles, détentions non déclarées dans des camps.

Articles connexes

modifier

Ahmadou Ahidjo

Cameroun

Empire colonial français

Pierre Messmer

Ruben Um Nyobe

Union des populations du Cameroun

Bibliographie

modifier

COQUERY-VIDROVITCH Catherine, MONIOT Henri, L’Afrique Noire, de 1800 à nos jours, Presses Universitaires de France, Paris, 1993

DELANCEY Mark, MBELLA MOKEBA H, Historical Dictionary of the Republic Of Cameroon, Scarecrow Press, 1991

Thomas DELTOMBE, Manuel DOMERGUE, Jacob TATSITSA, Kamerun! Une guerre cachée aux origines de la FrançAfrique (1948 - 1971), Broché, 2011

[1]

[2]