Utilisateur:Sandrine PESSE/Brouillon

La rafle de Tournai Ouest à Camphin en Pévèle

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Dès cinq heures du matin, ce 6 juin 1944, le village de Camphin en Pévèle est cerné par des hommes tout de noir vêtus. Des SS flamands et quelques policiers allemands frappent à coup de crosses aux portes et font irruption dans toutes les demeures pour en extraire les hommes.

Rassemblés dans les rues, mis en rang, ils sont conduits vers la mairie où ils sont enfermés. Des SS excités hurlent « Pour un tué, ce sera cent fusillés ! »

Cette rafle est la conséquence de l’élimination le 16 mai 1944 d’un collaborateur allemand, d’origine Anversoise, qui avait infiltré un réseau d’assistance et d’évasion d’aviateurs alliés tombés en Belgique.

Deux mois après le massacre d’Ascq, tous craignaient le pire mais, dans le courant de la matinée, une estafette allemande s’arrêtait à la mairie et les SS, dépités, se retiraient, L’annonce du débarquement en Normandie avait mis fin à cette rafle.

Mai – juin 1944 à Camphin en Pévèle

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Le réseau de l’A.S.B. (Armée Secrète Belge) avait créé un point d’évasion des aviateurs alliés tombés en Belgique, voire en Hollande, par Lamain – Camphin en Pévèle. L’instituteur de Lamain, Albert Comblez, responsable du groupe était secondé par son beau frère Maurice Huart résidant sur la frontière, Jean Chavalle, un réfractaire Belge et François Cornélis de Camphin en Pévèle. Le relai français passait à Camphin chez une femme, secrétaire de préfecture : Hélène Dubus. Ce réseau prenait ses racines à Anvers. Une femme infirmière et assistante sociale en était la cheville ouvrière. Son nom : Marie De Deken appelée Maddy. Alors qu’elle escortait trois alliés jusqu’en Espagne, elle se marie à l’un d’eux. Rentrant en Belgique, elle apprend qu’elle est recherchée par la police allemande. Elle choisit une de ses connaissances pour la remplacer. C’est un jeune homme de son âge qui a fait des études pour être instituteur. Franck Van Hecke accepte le poste. Elle lui fait donc découvrir tout le réseau, d’Anvers jusque le sud de la France. Il l’accompagne en France alors qu’elle part pour l’Espagne afin de rejoindre son mari en Angleterre. Arrivé à Toulouse elle est arrêtée, emprisonnée à Fresnes et ramenée à la prison d’Anvers. Son remplaçant revient en Belgique et passe à Lamain. Il envisage de faire passer plusieurs personnes mais son comportement attire de plus en plus de soupçons jusqu’au jour où il est démasqué. Le 16 mai, le groupe de Lamain l’arrête et après interrogatoire au cours duquel il révèle sa véritable identité, il est exécuté et, lesté, jeté dans un puits. Dès lors, la police allemande et les SS flamands n’ont de cesse de le rechercher et de mettre la main sur les meurtriers qui se sont tous évanouis dans la nature. Le 6 juin, dès 5 heures du matin, les SS cernent les villages belges de Lamain, Hertain, Blandain, Baisieux frontière et Camphin en Pévèle. Manu militari, tous les hommes sont emmenés à la mairie. Pour quelle fin ? Le souvenir du massacre d’Ascq deux mois plus tôt hante tous les esprits. Vers 10 heures une estafette allemande stationne devant la mairie. Des discussions s’engagent. Un certain nombre de SS quittent le village. Les camphinois sont relâchés en début d’après midi mais quelques uns seront emprisonnés à Tournai. L’annonce du débarquement en Normandie avait mis fin à cette opération qui est restée dans toutes les mémoires.

Par Jean GRAVE

Sources

- Robert BLERVACQ : Le 06 juin 1944, La rafle allemande à l'ouest de Tournai : [essai historique] - Editeur Robert Blervacq - 2007

- Conférence du du Cercle d'Histoire de la Vallée du Rieu de Barges ASBL - "La Rafle Allemande" par Robert BLERVACQ

- Société historique "Fondation de Pévèle" - n°47 - "La rafle allemande à l'ouest de Tournai, le 6 juin 1944" par Robert BLERVACQ