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Un Système d'échange local (ou Sel) est un système d'échange de produits ou de services au sein d'un groupe fermé, généralement constitué en association. Ses membres, appelés les sélistes [1] échangent des biens et services selon une unité propre à chaque groupe. L’objectif est d'accéder à des échanges égalitaires et de tisser des liens.


Les promoteurs d'un Sel cherchent à créer de la solidarité et du lien social entre les membres du groupe. Une égalité entre les personnes se recrée.

La monnaie des Sel est limitée à l'échange, elle ne permet pas l'épargne (et ses corollaires : taux d'intérêt, spéculation, etc.). L'intérêt d'un Sel est de développer une économie solidaire et locale. Chaque membre profite de biens et des services en échange de son temps, en offrant à son tour biens et services. Faire partie d'un Sel permet ainsi de sortir de l'isolement, de bénéficier d'un réseau d'entraide et de prendre conscience de ce que l'on a à offrir à d'autres personnes. Contrairement au troc, le « Séliste » n'est pas tenu de rendre à celui dont il reçoit ; cette disposition élargit les possibilités d'échanges.

Il est possible de distinguer deux types de SEL[2]:

- Les SEL à dominante marchande (modèle anglo-saxon): renferment une vision économique d'échange de biens et de services et qui ont pour objectifs d'aider les personnes qui y adhèrent à sortir de la précarité.

- Les SEL à dominante réciprocitaire (dont les principes sont notamment adoptés par les SEL français ): en faveur de la réciprocité multilatérale, ils excluent tout principes marchands et mettent en avant les liens de solidarité. Ce type de SEL se veut une alternative au modèle économique dominant.

Les caractéristiques de fonctionnement du SEL, qui permettent d’accéder à des biens et des services dans un temps court et à moindre coût grâce à la monnaie-crédit définie par les adhérents, ont souvent été source de tensions entre la communauté des SEL, l'État et les entreprises privées.

Le procès de Foix en Ariège est un exemple poignant des problématiques que posent les SEL[3]. Dans cette affaire qui a concerné le SEL pyrénéen, un travail de réparation du toit d'une maison à été effectué par deux « Sélistes » pour le compte d'un troisième d'une valeur estimée en monnaie locale à 4000 grains de sel. La Chambre syndicale des artisans et des petites entreprises du bâtiment de l'Ariège ainsi que la Fédération du bâtiment et des travaux publics qui ont constitué la partie civile, ont saisi le tribunal qui a condamné ces derniers pour «travail clandestin». Le tribunal ne pouvant concevoir une vision autre que celle traditionnelle de l'échange marchand et monétaire a qualifié le travail fourni par les « Sélistes » dans le cadre de leurs échanges comme illégal. Les « Sélistes » ont été accusés d'avoir délibérément fournis des services rémunérés en monnaie locale (dont la valeur a été estimée par la partie civile à 30000 francs) sans s'acquitter de leurs obligations fiscales et sociales.

Le fait que les échanges au sein de ces réseaux ne soient en général pas soumis au régime fiscal national, car il n'y a pas de réel décompte des valeurs échangées, incite parfois les autorités locales à penser que certains échanges s'apparentent à de l'évasion fiscale. Parallèlement, certaines entreprises estiment que les SEL sont un système de concurrence déloyale, pour les mêmes raisons (pas de charges sur les « salaires » versés en monnaie complémentaire, pas de taxes sur les échanges, etc). Par conséquent, les SEL sont généralement tolérés par les administrations fiscales, à condition de rester de modestes structures d'entraide citoyenne.

Certains SEL, tel que le Barter's Club ou Ithaca aux États-Unis sont parfaitement intégrés au système capitaliste majoritaire, payent des taxes sur leurs échanges, et proposent même une conversion de leur monnaie propre en monnaie nationale.

Les échanges entre les membres du SEL se font par le biais d'un catalogue de services, de biens ou de savoirs (papier ou numérique)qui sont proposés par les adhérents. Il est conseillé que l'offre du séliste relève d'une activité qu'il aime partager plutôt que d'un service lié a sa profession. Cette recommandation vise à prévenir le travail dissimulé[1].

La comptabilité des unités est centralisée ou individuelle. Les débits et les crédits sont enregistrés sur les comptes des adhérents. Le fournisseur du produit ou du service voit son solde augmenter, le receveur voit son solde diminuer. Chaque Sel choisit sa propre unité d'échange.

Valeur de l'unité[modifier | modifier le code]

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L'unité d'échange est différente d'un SEL à un autre. Certains SEL refusent tout principe marchand et prennent comme unité d'échange «l'heure» quel que soit le travail effectué.

D'autres SEL fonctionnement en monnaie locale et peuvent être dits « libéraux » car ne fixent aucun prix sur les services et laissent les « Sélistes» échanger dans un mode de gré à gré, ou « intermédiaires » car ils déterminent une valeur plancher de 50 à 60 unités par heure négociable selon la nature du service rendu.[4]

Enfin certain SEL, comme le Sel de Saint-Quentin-en-Yvelines utilise une monnaie fondante.

  1. a et b (en-US) Hélène Privat, Bertrand Urien, Hélène Cherrier et Pierre Valette-Florence, « Les systèmes d’échanges locaux : création d’une échelle de mesure des motivations au sélisme et identification de profils de sélistes », Recherche et Applications en Marketing (French Edition), vol. 35, no 2,‎ , p. 3–24 (ISSN 0767-3701 et 2051-2821, DOI 10.1177/0767370119859832, lire en ligne, consulté le )
  2. Centre national de la recherche scientifique (France), Économie solidaire et démocratie., vol. 36, Éditions du CNRS, (ISBN 2-271-06140-7 et 978-2-271-06140-9, OCLC 300202339, lire en ligne)
  3. Smaïn Laacher, « L'État et les systèmes d'échanges locaux (SEL). Tensions et intentions à propos des notions de solidarité et d'intérêt général », Politix. Revue des sciences sociales du politique, vol. 11, no 42,‎ , p. 123–149 (DOI 10.3406/polix.1998.1727, lire en ligne, consulté le )
  4. Marie Hubaud, « Une expérience associative dans un système d'échange local », Connexions, vol. 77, no 1,‎ , p. 77 (ISSN 0337-3126 et 1776-2804, DOI 10.3917/cnx.077.0077, lire en ligne, consulté le )