Utilisateur:S.zighed/Brouillon

À la mémoire du Chahid ZIGHED SMAIN...

Depuis toujours, toute révolution a enfanté des hommes d’exception : penseurs, idéologues, combattants, hommes dont les circonstances ont forgé leur destin, hommes devenant pour les générations futures des HÉROS. Leur vie courte en durée mais riche en actes et porteuse d’événements, a marqué d’un sceau indélébile l’Histoire de leur Pays. Notre Révolution a engendré, elle aussi une grande variété de ces hommes. L’écriture de l’histoire de cette période n’a pas encore apporté toute la lumière sur les hommes et les événements . Seuls sont connus de tous quelques noms marquants mais combien d’autres sont restés dans l’anonymat ou connus seulement de leurs proches. Il en est ainsi de ZIGHED SMAIN...


Imprégné d’un esprit nationaliste et pétri de qualités, il deviendra un responsable très estimé des militants de la Cause Nationale.

Il adhéra dès son jeune âge au Scoutisme, véritable école du nationalisme, où la pratique des chants patriotiques et le port de l’uniforme contribuaient à la formation des militants. Cet engagement l’amènera à partir aux manifestations du 8 mai 1945.

Arrêté, molesté par la police, il fut relâché. 11 n’avait que 17 ans... Alors, commença pour lui une vie intense entièrement dévouée à la Cause Nationaliste, au sein du scoutisme. Ses discours empreints de son amour pour la patrie algérienne, de son désir de la libérer du joug colonial, étaient les prémices des actions futures qui changeraient le cours de l'Histoire en Algérie.

Il ne se consacra plus qu’à sa raison d’être, à l’essence même de sa vie : la Cause Nationale.

ZIGHED SMAIN naquit le 7 juillet 1927 à Constantine, rue Mouloud près de la mosquée Sidi Affane, dans une famille d’origine modeste. Après une brillante scolarité dans l’enseignement primaire, doué d’une intelligence exceptionnelle, il fut arrêté dans la poursuite de ses études dans l’enseignement secondaire par l’arbitraire du système colonial. Seuls les fils de la grande bourgeoisie et des serviteurs de la puissance coloniale : caïds et bachaghas pouvaient terminer les études secondaires et faire des études supérieures.

Après les événements du 8 mai 1945, il adhéra au M.T.L.D., parti issu du Parti du Peuple Algérien que la France venait d’interdire au lendemain des émeutes du 8 mai 1945 (les massacres perpétrés par la France ont fait 45.000 morts parmi la communauté musulmane). Ce nouveau parti : le Mouvement pour le Triomphe des Libertés Démocratiques devait continuer la lutte de Libération Nationale.

Âgé de 20 ans, ZIGHED SMAIN milite au sein du M.T.L.D et participe à toutes les réunions et meetings du parti.

Sa forte personnalité, son charisme de meneur d’hommes, sa brillante éloquence l’aidèrent à faire passer sans se lasser le message nationaliste à tous les habitants des villes et villages du “Nord-Est” du Constantinois.

Durant les campagnes électorales ce 1947- 1948, il fut pourchassé par la police du candidat officiel pro-français Bénchenouf et dut dormir dans le cimetière de Constantine.

Arrestation et torture qu’il connut à plusieurs reprises, ne faisaient que renforcer sa détermination nationaliste et révolutionnaire. Rien ne pouvait freiner son élan.

De nuit, il écrivait des slogans nationalistes sur les murs des maisons et glissait des tracts sous les portes des habitations et des magasins.

Méprisant le danger et la peur, il suscitait l’admiration chez ses frères militants. Son activité au sein du parti fut Connue des services de police et des Renseignements Généraux, donc il fut fiché et surveillé étroitement ainsi que sa famille. Il fut l’objet de plusieurs perquisitions domiciliaires. Quand à ses frères, ils furent interpellés à plusieurs reprises par la police.

Evidemment cet intérêt marqué de la police à l’égard des siens fit qualifier sa famille de rebelle. Mais, lui faisait fi de ces tracasseries, difficultés, interdictions de séjour, se concentrant sur le but qu’il s’était fixé. 11 progressait dans sa lutte qui n’en était qu’à ses débuts, voulant donner l’impulsion initiale au mouvement libérateur dans sa région.

Le M.T.L.D., ayant créé l’Organisation Secrète, le désigna comme Chef du Groupe “COMMANDO”. Cette organisation paramilitaire devait attaquer les points stratégiques de Constantine. Il entraîna et organisa son groupe secrètement dans les environs de Constantine. Pour se procurer des armes et des explosifs, ZIGHED SMAIN dirigea l’attaque de la carrière “LENTINI” et s’empara d’explosifs et de fil “BIOFORT” qu’il dissimula dans une cave de son domicile. Pour arriver à son objec­tif, il avait assommé un gardien, démontrait ainsi sa force physique et son sang froid à toute épreuve.

Cette organisation fut démantelée et ses prin­cipaux responsables arrêtés, ZIGHED SMAIN dut s’enfuir en France. Là, il s’installa à Lyon et entra à la Fédération de France où il milita.

Sollicité par le M.T.L.D. et les centralistes, il se tourna vers le groupe des “22”, né de la scis­sion du M.T.L.D. Homme de terrain et d’action, il était très lié à Didouche Mourad, qui d’ailleurs l’avait personnellement contacté. Di­douche Mourad fut le premier responsable de la wilaya II (Nord-Est du Constantinois).

Il fut chargé par Didouche Mourad de la responsabilité des liaisons et communications, et en même temps de l’organisation terroriste de la ville de Constantine.

Il assuma avec efficacité cette charge lourde et délicate. Ce fut une réussite du genre avec l’aide des membres de sa cellule : Bougeriou, Aouati, Zadi, Keddar et bien d’autres. Il ache­mina vers le maquis des bombes, des grenades, des tenues militaires.

Au lendemain du 1er novembre 1954, il fut arrêté à deux reprises puis relâché après 50 jours de détention. Avant de rejoindre le ma­quis, lui et ses compagnons lanceront des bombes (casino de Constantine) et tireront sur Boukherkhar, agent de la P.R.G., ennemi des nationalistes et tortionnaire. Au maquis, Di­douche Mourad le désigne comme responsable militaire de la Nahia de Skikda.

Avec ses compagnons de combat, il mena la lutte armée sans répit, débordant même des limites de son secteur, comme l’atteste l’attaque de la Place d’Armes d’Annaba.

Quelques mois plus tard, ZIGHED SMAIN mit sur pied, une action d’envergure visant à soulever les villes et les villages du Nord-Est du Constantinois, dont le déclenchement était prévu pour le 20 août 1955.

Le 20 août 1955, ZIGHED SMAIN et ses hommes pénètrent dans Skikda. Cette action synchronisée fut une réussite totale. Au lende­main de cette date historique, ZIGHED SMAIN fut assassiné dans la région d’El-Milia, il avait 29 ans. Fauché en pleine jeunesse, les circon­stances de sa mort ainsi que celle de six de ses compagnons, sont restées mystérieuses jusqu’à ce que soit donnée une réponse définitive aux questions que se posent sa famille, ses proches, les jeunes scouts qu’il a formés, les anciens ma­quisards qui ont combattu à ses côtés ?

Il fut le premier maquisard de Constantine et son souvenir reste vivant à jamais dans le coeur et la mémoire de ceux qui l’ont connu...