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Gabriel MARTIN

Il a fréquenté les mêmes salons que Monet, Pissarro, Boudin, Corot, Sisley, Angrand ou Frèchon mais il n’a pas eu la même notoriété et n’a pas connu la même gloire. Portrait de cet artiste-peintre rouennais oublié.


Sa filiation

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Gabriel Martin naît en 1842 à Rouen. Petit-fils de Jean-Jacques Martin, modeste cultivateur[1] du Pays de Bray, fils de Jean-Baptiste-Alexandre (1816-1895), huissier, né sans aucune espèce de fortune, et de Justine Lesueur, fille du percepteur de St Romain de Colbosc, il montre très tôt des prédispositions pour le dessin et la peinture, encouragé par sa mère Juliette, née Housset (1850-1931). Alors que son frère Auguste entreprend des études pour devenir commissaire-priseur, à 16 ans.

Sa formation d'artiste-peintre

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Gabriel est inscrit par ses parents aux cours publics et gratuits de jour de la ville de Rouen. L’Académie de peinture et de dessin est dirigée par Gustave Morin dans l’enclave Sainte-Marie. A 18 ans, il se fait déjà remarquer lors de la distribution générale des prix à l’Hôtel de ville. Il est cité 4 fois : 1er prix pour un paysage normand, 2eme prix pour une copie de tête et deux mentions honorables. Vient le temps où il doit passer au niveau supérieur. Il débarque à Paris, 52 rue Madame, installe un petit atelier et rejoint la cohorte des 650 élèves d’Alexandre Cabanel (1823-1889). Cabanel vient d’être nommé professeur, chef d’atelier de peinture aux Beaux Arts de Paris . Il est adulé du public et de Napoléon III. Opposé aux naturalistes et aux impressionnistes, Cabanel est l’un des plus grands peintres académiques du Second Empire. Il incite Gabriel Martin à participer, comme Maillol et Benjamin-Constant ses condisciples, à l’exposition annuelle officielle des artistes vivants, au Palais des Champs-Elysées et à la très renommée exposition municipale des Beaux Arts de Rouen[2] qui dure un mois et demi. Entre 1868 et 1893, il exposera 24 de ses œuvres, peintures, dessins et aquarelles. A Rouen, selon les années, ce sera au milieu de 520 à 1350 tableaux et dessins et à Paris parmi 4 à 5000 ! Il est complimenté pour ses portraits et ses rues de Rouen.

Les "Enervés de Jumièges" avant Luminais

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En 1869, il obtient une médaille de bronze au salon du Havre et le prix Bouctot[3] de l’Académie des sciences, belles lettres et arts de Rouen ainsi qu’une grande médaille d’argent et 500 f pour ses « Enervés de Jumièges », œuvre romantique reçue diversement par la critique. Fin des années 80, le Nantais Evariste-Vital Luminais[4] (1821-1896), habitué du salon de Rouen avec ses gaulois, son sujet préféré, exposera à son tour, un tableau de dimensions identiques sur le même thème légendaire des « Enervés » qui sera acheté par l’Etat à la mort du peintre. Ce tableau qui est accroché dans une des salles du musée des Beaux Arts de Rouen a fasciné Proust, Dali, Simone de Beauvoir et bien d’autres artistes et écrivains. Celui de Gabriel Martin, donné par sa famille à la Ville de Rouen n’a pas eu le même succès. Il est stocké dans les réserves du Musée depuis 2009, après avoir séjourné dans un recoin de l’Hôtel des Sociétés savantes, rue Beauvoisine, des années durant. Le 29 mai 1911, Gabriel Martin écrivait : « Je serais heureux à la fin de ma carrière d’offrir à ma ville natale ce tableau primé. J’ose espérer que la ville voudra bien accepter cette offre d’un de ses concitoyens ». Gabriel n’était pas un ingrat. Il se souvenait que sa bonne ville de Rouen qu’il chérissait, lui avait octroyé une pension pour qu’il suive ses études artistiques à l’Ecole des Beaux Arts de Paris.


Sa production

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Personne aujourd’hui n’est en mesure de dire combien de tableaux Gabriel Martin a vendus, offerts ou dispersés et s’il a vécu correctement de sa peinture. L’autre passion de l’artiste-peintre fut la photographie. Il a légué à ses deux fils, Alexandre, ingénieur agricole et Jean, officier de Marine, et à leurs descendants, des centaines de photos exceptionnelles sur des sujets aussi divers que des portraits, monuments, paysages, plages et botanique de Normandie, prises entre 1880 et 1900. Gabriel Martin est mort à 80 ans dans sa maison de la rampe Sainte-Marie à Rouen en 1922. Il est inhumé au Cimetière Monumental de Rouen. Sur sa tombe est gravée cette citation : « Non si je peux, mais si je dois ».

Notes et références

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  1. Exploitant 3 ha à Brémont, commune de Vatierville où il est inhumé depuis 1850.
  2. Catalogue de la 23éme exposition municipale de Beaux-Arts de Rouen. 1872.p54
  3. Extrait du registre des délibérations du Conseil Municipal de la ville de Rouen. Vendredi 6 août 1869
  4. https://fr.wikipedia.org/wiki/%C3%89variste-Vital_Luminais