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Brouillons en vrac sur le thème de la Querelle des sages-femmes et des accoucheurs au XVIIIe siècle autour de la médicalisation de l'accouchement modifier

Commencé à partir d'Elizabeth Nihell (Lien manquant à partir de l'article césarienne) Sage-femme anglaise, polémiste, connue pour ses publications et prises de position contre l'apparition des hommes dans la profession de sages-femmes, du fait de la médicalisation de l'accouchement qui en a découlé.

-->?? revoir dans accouchement # Critiques de la médicalisation de l'accouchement

5 femmes en Grande-Bretagne qui participent à la querelle des sages-femmes et des accoucheurs au XVIIIe autour de la médicalisation de l'accouchement, toutes des Sans Pages!

Sophie Vasset, « La querelle des accoucheurs et des sages-femmes en Grande-Bretagne : l'exemple d'Elizabeth Nihell », sur Cairn info, Littératures classiques,

  • Martha Mears (sage-femme): article traduit depuis le 6.03.21 et augmenté des sources exploitées pour Nihell. Aurait pu être publié en l'état, mais restait à résoudre le problème d'homonymie : Martha Mears. Je découvre le 2 mai 2021 que l'article a été créé entre-temps, magie de WP! Complété l'ébauche de quelques lignes à partir de mon brouillon, à compléter encore par l'article de Bosanquet qui lui est consacré (à lire).
  • Jane Sharp: l'article de WP:en est très complet ! Traduction et adaptation commencées le 15.05.21 avec ajout de quelques infos glanées dans les sources utilisées pour Nihell. Penser à ajouter, après publication, un lien interne sur l'article Karen Cushman, créé au passage, autrice d'un roman pour enfants inspisé par Jane. Laissé un moment en pause car rencontré sur l'article anglais de Jane Sharp un lien rouge en français pour protoféminisme, 14 interwikis... trop tentant --> Protoféminisme publié dans la nuit du 15 au 16 avril). Traduction complétée des sources déjà exploitée publiée le 18.05.21.
  • Sarah Stone: à traduire de l'anglais + quelques infos glanées dans les sources utilisées pour Nihell
  • Margaret Stephen: pas d'article sur WP, pas trouvée sur Wikidata... Tout reste à faire à partir des sources, à chercher aussi!
  • Prévoir l'article générique sur la querelle

Sur la querelle elle-même modifier

Vasset: "La querelle des accoucheurs et des sages-femmes traverse l’Europe : elle débute en France, par ce que Jacques Gélis considère comme une campagne de discrédit des matrones au profit de ceux que la médecine de l’époque appelle les « chirurgiens accoucheurs », et rejoint très vite la Grande-Bretagne, certaines des sages-femmes formées à l’Hôtel-Dieu de Paris revenant ensuite à Londres diffuser leur savoir. La querelle britannique se cristallise autour de plusieurs voix anti-accoucheurs, dont certaines sont des sages-femmes (ce qui est plus rare de l’autre côté de la Manche), et d’autres des médecins ou des moralistes." « C’est en Angleterre que cette mise en cause globale, cette entreprise de dénigrement a pris corps, et ce n’est pas un hasard : l’ambition des chirurgiens, leur désir d’exercer l’obstétrique et d’évincer les matrones y sont alors de plus en plus manifestes. La vague s’amplifie, et autour de 1750, tout ce que l’Europe compte d’esprits éclairés pointe le doigt en direction de la matrone. On se persuade désormais que la protection du nouveau-né et de sa mère passe par l’élimination systématique de l’accoucheuse ; à tel point que cet objectif va devenir critère de bon gouvernement. » J. Gélis, La Sage-femme ou le médecin, Paris, Fayard, 1988, p. 102, cité par Vasset, op. cit. [1]. long débat qui court de la fin du XVIIe siècle au XIXe, qui est enrichi de plusieurs querelles individuelles et qui se consolide au cours de plusieurs rebondissements. "Reflétant partiellement les pratiques de l’accouchement, les écrits polémiques se polarisent sur des questions spécifiques comme celles des instruments, du savoir et du statut des praticiens. " Les lettres et pamphlets se cristallisent souvent sur des attaques plus personnelles, comme les voix qui s’élèvent de manière récurrente contre les enseignements et la pratique du chirurgien accoucheur William Smellie. Au-delà de ces attaques ad hominem, la querelle soulève la question des genres et du savoir, puisqu’il s’agit de déterminer s’il est raisonnable de laisser les hommes exercer un métier de femme, et dont l’objet est, directement, le sexe féminin.

Ressources sur le thème modifier

  • Bosanquet(en) Anna Bosanquet, « Inspiration from the Past (3). Elizabeth Nihell, the 'anti-obstetric' Midwife. », The Practising Midwife, vol. vol.12, no 10,‎ , p. 46-48 (lire en ligne).</ref>: Synthétisé pour Nihell, mais mentionne aussi Jane Sharp et Sarah Stone:
    • both her[Nihell's]] predecessors, Jane Sharp and Sarah Stone, warned against the interventionist approaches of malemidwives
    • Similarto Sharp and Stone, Nihell warns against ‘mistaking the signs of delivery’ and instructs midwivesto differentiate clearly between the ‘spurious’ and the ‘true’ pains. If a woman is prevented from being ‘fruitlessly fatigued and tormented’ by

instructing her to push too early, her labour will ‘proceed happily’. She criticises those ‘…hurrying up the Nature… as if she was to do her work the better for their hurrying her’.

    • Like Sharp and Stone, Nihell pays generally a lot of attention to the physical and psychological wellbeing of women in

labour and immediately after giving birth.:

Elle met en garde les femmes contre l'interventionnisme des médecins masculins, qui entraîne souvent des complications en chaîne et enjoint les femmes à écouter leur corps. À l'inverse de ces confrères masculins, elle accorde une grande attention au bien-être physique et psychologique des mères pendant et après l'accouchement.

  • Bryant m'a donné de la matière pour les nouvelles bio: On ne compte que cinq femmes reconnues pour leurs écrits en obstétrique en anglais avant 1800: five female midwives were fearlessly contesting professional competition from inexperienced male doctors. Jane Sharp (1671), Sarah Stone (en) (1737), Elizabeth Nihell, Margaret Stephen (1795) et Martha Mears - attention homonymie) (1797), qui opposent leur pratique de l'accouchement centrée sur la femme aux docteurs hommes inexpérimentés et se rejoignent dans leur confiance dans la puissance du corps féminin et dans la nature, ainsi que dans leur volonté de maintenir une forme de « normalité » dans l'accouchement. Tout en étant compétentes dans la gestion des urgences lors de l'accouchement, elles ont tous soutenu que la grande majorité des travaux étaient sûrs et faciles entre les mains d'une sage-femme bien formée et, par conséquent, sans avoir peur d'intervenir si nécessaire, elles restaient très sceptiques sur ce qu'elles considéraient comme l'approche interventionniste téméraire des médecins masculins inexpérimentés de l'époque.(en) Frankee Bryant, « Labour Pains: Elizabeth Nihell and the Struggle to Champion Female Midwifery », Bluestocking, no 10,‎ (lire en ligne).

Ressources pas encore exploitées modifier

  • Article à lire[2].
  • Les références de Bryant, outre Nihell elle-même:
    • Bosanquet, A (2009). Inspiration from the Past (1). Jane Sharp. The Practising Midwife vol. 12 (8): 33-35.
    • Bosanquet, A (2009). Inspiration from the Past (2) Sarah Stone, the Enlightenment Midwife. The Practising Midwife vol. 12 (9): 31-32.
    • Bosanquet, A (2009). Inspiration from the Past (3). Elizabeth Nihell, the ‘anti-obstetric’ midwife. The Practising Midwife vol. 12 (10): 46-48.   Lu et synthétisé pour Elizabth Nihell.
    • Bosanquet, A (2009). Inspiration from the Past (4). Margaret Stephen, protector of the profession. The Practising Midwife vol. 12 (11): 31-32.
    • Bosanquet, A (2010). Inspiration from the Past (5). Martha Mears, nature worshipper. The Practising Midwife vol. 13 (1): 34-36.--> Recherche en cours
  • Titre Maternal Bodies: Redefining Motherhood in Early America

Auteur Nora Doyle Édition illustrée Éditeur UNC Press Books, 2018

(ISBN 1469637200 et 9781469637204)

Longueur 286 pages https://books.google.ch/books?id=jRdSDwAAQBAJ&printsec=frontcover&dq=judith+drake,+17th+century+author,+wom&hl=en&sa=X&ved=2ahUKEwiducW44NbwAhWVgP0HHRBpCzQQ6AEwAXoECAUQAg#v=onepage&q&f=false (30 premières pages sur google book)


Brouillon Elizabeth Nihell modifier

Ogier P./Brouillon
Elizabeth Nihell


Elizabeth Nihell, née en 1723 et morte en mai 1776, est une sage-femme anglaise, auteur d'ouvrages d'obstétrique et polémiste. Elle est surtout connue pour ses publications et prises de position contre l'apparition des hommes dans la profession de sages-femmes, du fait de la médicalisation de l'accouchement qui en a découlé.

Biographie modifier

Elizabeth Nihell est née à Londres en 1723 de parents français et catholiques[3],[4]. Il existe peu d'informations sur le début de sa vie jusqu'au moment où elle a déménagé à Paris et épousé un homme appelé Edmund ou Edward Nihell, un chirurgien-apothicaire irlandais catholique[3],[5]. Il était le quatrième fils d'une célèbre famille de marchands, médecins et prêtres. Ils ont eu au moins un enfant, même s'il existe peu d'informations permettant de savoir si cet enfant a vécu ou non. En 1754, Elizabeth Nihell et son mari retournent en Angleterre et emménagent à Haymarket Street à Londres, où elle débute sa carrière de sage-femme. Vers 1771, son mari l'abandonne, la laissant incapable de subvenir à ses besoins par son seul travail de sage-femme. Finalement, en 1775, après avoir connu de nombreux déboires, elle se tourne vers la paroisse pour obtenir une aide financière. Elle est alors placée à l'hospice (Workhouse) de St Martins-in-the-Fields. Un an plus tard, en 1776, Elisabeth Nihell meurt et est enterrée par le programme d'aide anglais aux plus pauvres (Poor Laws)[3]. La cause de sa mort comme la localisation de sa tombe demeurent inconnues aujourd'hui.

Carrière modifier

Formation modifier

Elizabeth Nihell commence sa formation de sage-femme en 1747 à l'Hôtel-Dieu de Paris, pendant deux ans, sous la direction de Marie-Claude Pour[6]. Ce long séjour aurait été facilité par le Duc d'Orléans, qui pourrait d'ailleurs avoir été la raison de la durée de celui-ci[3]. Là-bas, elle a l'occasion d'assister à plus de 2'000 naissances[5]. Une formation aussi poussée est alors très rare pour une femme, qui n'étudiaient généralement pas, surtout dans le domaine médical. L'Hôtel-Dieu est alors un hôpital public à cette époque, où la profession de sage-femme est enseignée par une sage-femme très renommée, Madame du Coudray, soutenue par Louis XV[7]. Cette formation sera décisive pour Elisabeth Nihell, car elle constate, dans cette maternité où les accouchements sont gérés par des femmes, sans requérir l'assistance d'accoucheurs masculins, que les complications sont moins nombreuses que dans les maternités anglaises gérées par des hommes et que, lors de délivrances plus compliquées, les sages-femmes sont capables d'assurer une issue heureuse par la pratique des gestes médicaux et l'utilisation d'instruments généralement réservés aux accoucheurs[5],[8].

Après son déménagement à Haymarket en 1754, Elizabeth Nihell commence à faire la promotion de ses services en tant que sage-femme dans le London Evening Post[3]. Elle assiste ainsi à plus de 900 naisssances en tant que sage-femme indépendante[9].

Polémiques autour de la médicalisation de l'accouchement modifier

En 1760, elle publie son premier ouvrage, un Traité de l'Art des Sages-Femmes (en anglais : Treatise on the Art of Midwifery), dans lequel elle critique sévèrement les méthodes d'accouchement utilisée par l'obstétricien anglais William Smellie, en particulier son usage des forceps[3]. L'Angleterre est alors le seul pays qui permet à des sages-femmes averties, comme Elizabeth, de s'exprimer pour défendre leur pratique[10]. Avant le XVIIIe siècle, les hommes étaient si rares dans les salles d'accouchement que la pratique des sages-femmes ne donnait pas lieu à beaucoup de controverses scientifiques [11]. Par la suite, en raison de la création puis de la diffusion des forceps, les accoucheurs sont devenus plus populaires et le statut des sages-femmes a décliné en raison de la préférence de la classe supérieure anglaise pour les accoucheurs et de la croyance que les femmes étaient incapables de comprendre et d'exécuter les techniques obstétriques. Cependant, l'opinion anglaise reproche aux accoucheurs leur brutalité injustifiée, et l'ouvrage d'Elizabeth Nihell, s'inscrit dans la lignée de plusieurs textes polémiques célèbres sévères envers les accoucheurs anglais instrumentalistes, tels que The Petition of the Unborn Babes (1751), un pamphlet de Frank Nicholls (en) ou Tristram Shandy (1759), un roman de Laurence Sterne[10].

On ne compte cependant que cinq femmes reconnues pour leurs écrits en obstétrique en anglais avant 1800: Jane Sharp (1671), Sarah Stone (en) (1737), Elizabeth Nihell, Margaret Stephen (1795) et Martha Mears - attention homonymie) (1797), qui opposent leur pratique de l'accouchement centrée sur la femme aux docteurs hommes inexpérimentés et se rejoignent dans leur confiance dans la puissance du corps féminin et dans la nature, ainsi que dans leur volonté de maintenir une forme de « normalité » dans l'accouchement[8]

 
La première publication d'Elizabeth Nihell.

Dans ce contexte, l'ouvrage d'Elizabeth Nihell oppose la pratique empathique, basée sur une approche naturelle, des femmes à l'interventionnisme des hommes, qui auraient besoin de montrer ainsi leur « supériorité » sur les femmes[5]. Elle y explique comment l'introduction des instruments dans la salle d'accouchement par les accoucheurs est généralement inutile et cause des dommages au bébé[9]. Pire, elle constate que ces interventions font apparaître des complications dans des situations qui n'en présentaient pas, que les accoucheurs mettront ensuite sur le compte d'une tête du bébé trop large, d'un passage trop étroit,... déclarant ces difficultés insurmontables sans interventions supplémentaires[8]. Elizabeth Nihell explique également à ses lectrices qu'elles ont le droit de prendre toutes les décisions dans la salle d'accouchement et ne sont pas obligées d'obéir aux hommes sages-femmes[11]. La principale préoccupation d'Elizabeth Nihell est de constater que ces nouveaux instruments obstétricaux remplacent les sages-femmes auprès des mères, et ce au prix de nombreuses vies de nourrissons[9]. Elizabeth Nihell est convaincue que pour un accouchement facile, l'assistance d'une sage-femme est tout ce qui est nécessaire et pour les situations extrêmes, celles-ci possèdent la connaissance, l'expérience, la tendresse et la présence d'esprit nécessaires[5]. Elle affirme qu'il est préférable de laisser la nature faire son œuvre sans la perturber et que la sage-femme est avant tout là pour recevoir l'enfant et contribuer au bien-être de sa patiente[5].

Dans son ouvrage, elle s'attaque en particulier à certaines interventions, comme la rupture prématurée des membranes, qui perturbe le déroulement naturel de la délivrance[5]. Elle théorise également l'idée que, rendues vulnérables par les douleurs du travail, les femmes en train d'accoucher sont moins enclines à avoir confiance en elles et en leurs capacités, devenant ainsi plus faciles à convaincre d'accepter une intervention, qui finira par en entrainer d'autres. Puis, lorsque ces interventions auront meurtri, voire tué, la mère ou l'enfant, l'entourage se réjouira cependant de l'intervention de l'accoucheur, persuadé que l'issue aurait été encore plus défavorable sans[5].

Ne se satisfaisant pas que certaines morts maternelles survenues très peu de temps après la délivrance soient attribuées à des « causes occultes et inévitables », Elisabeth Nihell comprend que l'hémorragie du post-partum est due à des défauts de contraction de l'utérus et recommande dans ces circonstances d'assister manuellement la délivrance du placenta[5].

Finalement, dans cet ouvrage, elle critique également le fait que les accoucheurs sont mieux payés que les accoucheuses[6],[5].

Son traité se veut aussi comme un ouvrage à destination des patientes, qu'elle encourage à retrouver confiance dans la puissance de leur corps et de la nature, et même à destination de tout public, ainsi que l'annonce sa préface:

« the subject of the following sheets is of such universal importance,
that it would be difficult to name that human individual,
to whom it does not in some measure relate
[12]. »

« [Traduction libre]
Le sujet des feuillets suivants est d'une telle importance universelle
qu'il serait difficile de nommer un individu humain
dont il n'y serait pas question dans une certaine mesure »

Elizabeth doit faire face à de nombreuses critiques suite à la publication de ses travaux. Elle se défend avec des publications anonymes, des lettres ouvertes dans la presse et un nouveau traité intitulé Le Danger et l'immodestie de la coutume actuelle trop généralisée d'employer inutilement des hommes sages-femmes (en anglais : The Danger and Immodesty of the Present too General Customs of Unnecessarily Employing Men-Midwives) en 1772. Elle serait allée jusqu'à traiter un de ces détracteurs de « buffoon », propos particulièrement choquants de la part d'une femme à cette époque, où elles n'étaient pas censées s'exprimer si ouvertement[3].

Publications modifier

  • Traité de l'Art des Sages-Femmes. Y exposant divers abus, notamment en ce qui concerne la pratique des instruments: le tout servant à mettre tous les enquêteurs rationnels en mesure de se forger leur propre jugement de manière équitable et saine sur la question de savoir s'il vaut mieux employer, durant la grossesse et le travail un homme sage-femme ou une sage-femme (en anglais : Treatise on the Art of Midwifery. Setting forth various abuses therein, especially as to the practice with instruments: the whole serving to put all rational inquirers in a fair way of very safely forming their own judgment upon the question; which it is best to employ, in cases of pregnancy and lying-in, a man-midwife; or, a midwife), 1760[3].
  • Le Danger et l'immodestie de la coutume actuelle trop généralisée d'employer inutilement des hommes sages-femmes (en anglais : The Danger and Immodesty of the Present too General Customs of Unnecessarily Employing Men-Midwives), 1772[3].

Notes et références modifier

Références modifier

  : document utilisé comme source pour la rédaction de cet article.

  1. Sophie Vasset, « La querelle des accoucheurs et des sages-femmes en Grande-Bretagne : l'exemple d'Elizabeth Nihell », sur Cairn info, Littératures classiques, (consulté le )
  2. Sophie Vasset, « La querelle des accoucheurs et des sages-femmes en Grande-Bretagne : l'exemple d'Elizabeth Nihell », sur Cairn info, Littératures classiques,
  3. a b c d e f g h et i (en) Lisa Forman Cody, Birthing the Nation Sex, Science, and the Conception of Eighteenth-century Britons, Oxford, Oxford University Press, , pp. 184–6
  4. « Nihell, Elisabeth », BIU Santé, Paris (consulté le ).
  5. a b c d e f g h i et j  (en) Anna Bosanquet, « Inspiration from the Past (3). Elizabeth Nihell, the 'anti-obstetric' Midwife. », The Practising Midwife, vol. vol.12, no 10,‎ , p. 46-48 (lire en ligne).
  6. a et b (en) Marilyn Bailey Ogilvie et Joy Harvey (dir.), The Biographical Dictionary of Women in Science: Pioneering Lives from Ancient times to the Mid-20th Century, vol. 2, New York, Routledge, , p. 946.
  7. (en) Nina Rattner Gelbart, The King's Midwife, a History and Mystery of Madame Du Coudray, Berkeley, Calif., University of California Press, , p. 51-53.
  8. a b et c  (en) Frankee Bryant, « Labour Pains: Elizabeth Nihell and the Struggle to Champion Female Midwifery », Bluestocking, no 10,‎ (lire en ligne).
  9. a b et c (en) Mary M. Lay, The Rhetoric of Midwifery Gender, Knowledge, and Power, New Brunswick, N.J., Rutgers University Press, , p. 51–2.
  10. a et b Jacques Gélis, La sage-femme ou le médecin, une nouvelle conception de la vie, Paris, Fayard, , 560 p. (ISBN 2-213-01918-5), partie II, chap. III (« Les grands débats de l'obstétrique européenne »), p. 361-383..
  11. a et b (en) Judy Barrett Litoff, American Midwives, 1860 to the Present, Westport, Conn., Greenwood Press, , p. 7.
  12. Citée par Bosanquet, 2009, op. cit.

Bibliographie modifier

  • Jacques Gélis, La sage-femme ou le médecin, une nouvelle conception de la vie, Paris, Fayard, , 560 p. (ISBN 2-213-01918-5), partie II, chap. III (« Les grands débats de l'obstétrique européenne »), p. 361-383..
  • (en) Anna Bosanquet, « Inspiration from the Past (3). Elizabeth Nihell, the 'anti-obstetric' Midwife. », The Practising Midwife, vol. vol.12, no 10,‎ , p. 46-48 (lire en ligne).
  • (en) Frankee Bryant, « Labour Pains: Elizabeth Nihell and the Struggle to Champion Female Midwifery », Bluestocking, no 10,‎ (lire en ligne).
  • (en) Lisa Forman Cody, Birthing the Nation Sex, Science, and the Conception of Eighteenth-century Britons, Oxford, Oxford University Press, .
  • (en) Nina Rattner Gelbart, The King's Midwife, a History and Mystery of Madame Du Coudray, Berkeley, Calif., University of California Press, .
  • (en) Mary M. Lay, The Rhetoric of Midwifery Gender, Knowledge, and Power, New Brunswick, N.J., Rutgers University Press, .
  • (en) Judy Barrett Litoff, American Midwives, 1860 to the Present, Westport, Conn., Greenwood Press, .
  • (en) Lianne McTavish, Childbirth and the Display of Authority in Early Modern France, Burlington, VT, Ashgate Pub., .
  • (en) Elizabeth Nihell, A Treatise on the Art of Midwifery: Setting Forth Various Abuses Therein, Especially as to the Practice with Instruments : The Whole Serving to Put All Rational Inquirers in a Fair Way of Very Safely Forming Their Own Judgment upon the Question, Which It Is Best to Employ, in Cases of Pregnancy and Lying-in, a Man-midwife, Or, a Midwife, London, Printed for A. Morley, .
  • (en) Marilyn Bailey Ogilvie et Joy Harvey (dir.), The Biographical Dictionary of Women in Science: Pioneering Lives from Ancient times to the Mid-20th Century, vol. 2, New York, Routledge, , p. 946.
  • (en) Shelly Romalis, Childbirth, Alternatives to Medical Control, Austin, University of Texas Press, .
  • (en) Barbara Katz Rothman, In Labor: Women and Power in the Birthplace, New York, Norton, .
  • (en) Edward Shorter, A History of Women's Bodies, New York, Basic Books, .

Articles connexes modifier

Liens externes modifier



Brouillon Jane Sharp modifier

Ogier P./Brouillon

Jane Sharp, née vers 1641, est une sage-femme et auteure anglaise du XVIIe siècle. Elle est connue comme une contributrice majeure du débat entre les sages-femmes et les accoucheurs autour de la médicalisation de l'accouchement des XVIIe et XVIIIe siècles. Son traité The Midwives Book: or the Whole Art of Midwifery Discovered, publié en 1671, est le premier ouvrage de maïeutique écrit par une britannique et le premier manuel en anglais sur l'anatomie féminine rédigé par une femme pour les femmes.

Biographie modifier

Le peu de choses que l'on sait de la vie de Jane Sharp repose sur ses écrits. Elle serait née à Shrewsbury, principale ville du comté de Shropshire, en Angleterre[1].

La page de titre de son manuel affirme qu'elle pratique comme sage-femme depuis plus de trente ans : « practitioner in the art of midwifry [sic] above thirty years »[2]. Il semblerait qu'elle exerce à Londres, même si le nom de Jane Sharp n'apparaît dans aucun registre de l'Église d'Angleterre, ni comme témoin signant l'un des près de 500 certificats délivrés par les sages-femmes londoniennes entre 1661 et 1669 conservés à ce jour[1]. Elle n'apparaît pas non plus sur aucun des registres de l'Église catholique à cette époque. Jane Sharp appartient peut-être au mouvement puritain, ce qui expliquerait le fait qu'elle soit lettrée : les puritaines étaient plus fréquemment alphabétisées que les catholiques ou les anglicanes[3],[4]. Le fait qu'elle écrive et qu'elle ait la possibilité de voyager à Londres et ailleurs suggère qu'elle est aisée financièrement, mais il n'est pas certain qu'elle ait reçu une éducation formelle[5]. Bien qu'aucun enregistrement de son mariage n'ait pu être retrouvé, il est certain qu'elle a au moins eu une fille ou une belle-fille car la sage-femme Anne Parrott de St Clement Danes à Londres lègue une petite somme à « Sarah Sharp the daughter of Jane Sharp »[6] (« Sarah Sharp, fille de Jane Sharp »).

Vu le peu de connaissances dont on dispose sur sa vie personnelle ainsi que l'absence de la mention de sa mort sur les registres officiels, certains chercheurs ont avancé que le nom de Jane Sharp pouvait être un pseudonyme[1], ce qui était très fréquent pour les œuvres rédigées par des femmes au XVIIe siècle[6],[7].

Formation modifier

On ignore si Jane Sharp reçoit une éducation formelle, mais elle affirme avoir pratiqué la maïeutique durant trente ans[4]. Comme sage-femme, elle doit avoir été éduquée mais, à l'inverse des chirurgiens masculins de l'époque, les sages-femmes reçoivent rarement une formation médicale formelle[6]. À la place, c'est par la pratique qu'elles apprennent une profession qui est l'une des très rares offertes aux femmes à cette époque, sanctionnée par les paroisses anglicane et catholique au cours du XVIe siècle et du XVIIe siècle[7]. Bien que les hommes commencent à intégrer cette discipline, les normes sociales anglaises de l'époque voient la naissance comme un domaine exclusivement féminin et découragent les hommes d'y intervenir[8]. En ce temps, la plupart des naissances ont lieu au domicile de la mère, sous la supervision d'une sage-femme de sexe féminin[9]. Jane Sharp, parmi ses conseils pratiques, enjoint les femmes à adopter une position confortable durant le travail, préconisant même un accouchement debout, au moyen d'une chaise d'accouchement[9].

Au-delà de ces conseils pratiques, les écrits de Jane Sharp s'étendent aux questions médicales. Alors que les femmes dominent la profession de sage-femme, les hommes reçoivent une éducation formelle en vue de devenir médecins ou chirurgiens[6],[8]. Elle écrit pour les femmes sur leurs problèmes médicaux en utilisant les connaissances médicales admises à l'époque et sa propre expérience pratique pour compléter les connaissances médicales de ses lectrices[10].

Travaux modifier

Jane Sharp est une sage-femme et auteure anglaise connue, avec Sarah Stone (en) (1737), Elizabeth Nihell (1760), Margaret Stephen (1795) et Martha Mears (1797) comme l'une des cinq femmes célèbres pour leurs écrits en obstétrique en anglais avant 1800 et ayant participé au débat entre les sages-femmes et les accoucheurs autour de la médicalisation de l'accouchement. Celles-ci opposent leur pratique de l'accouchement centrée sur la femme aux docteurs hommes inexpérimentés et se rejoignent dans leur confiance dans la puissance du corps féminin et dans la nature, ainsi que dans leur volonté de maintenir une forme de « normalité » dans l'accouchement[11].

The Midwives Book modifier

Son traité The Midwives Book: or the Whole Art of Midwifery Discovered, publié en 1671, est le premier ouvrage de maïeutique écrit par une britannique[12].

La première édition de The Midwives Book, or, The Whole Art of Midwifry Discovered est publiée en 1671, puis des éditions subséquentes paraissent en 1674, 1724 et 1725.[13]. Les deux premières sont publiées par Simon Miller[14] et les troisième et quatrième éditions posthumes par John Marshall (publisher) (en) sous le titre The Compleat Midwife's Companion[13]. Publié sous la forme d'un petit in-octavo, le Midwives Book est un long texte de 95'000 mots vendu pour deux shillings et six pence (0,125 £)[13][14]. Sa longueur et son prix suggèrent un public cible aisé, mais il est avant tout destiné aux sages-femmes en exercice, à qui Jane Sharp s'adresse en ouverture de son traité :

« TO THE MIDWIVES OF ENGLAND. Sisters. I Have often sate down sad in the Consideration of the many Miseries Women endure in the Hands of unskilful Midwives; many professing the Art (without any skill in Anatomy, which is the Principal part effectually necessary for a Midwife) meerly for Lucres sake. I have been at Great Cost in Translations for all Books, either French, Dutch, or Ita∣lian of this kind. All which I offer with my own Experience. Humbly begging the assistance of Almighty God to aid you in this Great Work, and am Your Affectionate Friend Jane Sharp. »

— Jane Sharp, The Midwives Book, Preface

.

« AUX SAGES-FEMMES D'ANGLETERRE, Mes Sœurs, Je me suis souvent assise tristement en constatant les nombreux malheurs que les femmes endurent dans les mains de sages-femmes incompétentes; beaucoup se réclament de l'Art sans aucune compétence en anatomie, ce qui est la matière principale et essentielle nécessaire à une sage-femme, dans un but purement lucratif. J'ai fourni de grands efforts de traduction de tous les livres en français, en néerlandais ou en italien traitant du sujet. Tout ce que j'ai à offir est ma propre Expérience. Je demandant humblement à Dieu Tout-Puissant de vous assister dans cette Grande Œuvre et suis Votre affectueuse Amie, Jane Sharp. »

— Jane Sharp, The Midwives Book, Préface [Traduction libre]

.

La première édition est dédiée à Lady Elleanour Talbutt, sœur de John Talbot, 10th Earle of Shrewsbury (en), que Jane Sharp désigne comme sa « much esteemed and ever honoured friend »[14], ce qui semble prouver également les liens de Jane Sharp avec l'ouest de l'Angleterre[1]. La page de titre décrit Jane Sharp comme « Practitioner in the Art of midwivry above thirty years » (pratiquant l'Art de la maïeutique depuis trente ans) au moment de la publication[14]. Les éditions suivantes, incluant le texte posthume The Compleat Midwife's Companion publié en 1724, affirme que Jane Sharp aura pratiqué plus de quarante ans[15].


But et structure modifier

The Midwives Book est publié en 1671 pour instruire les femmes sur comment concevoir un enfant, faire durer leur grossesse, se préparer pour l'accouchement, pour prendre soin d'un nouveau-né et sur les soins à prodiguer aux femmes après l'accouchement. Ainsi, ce n'est pas seulement un manuel pour les sages-femmes, mais pour les hommes et les femmes qui souhaitent s'instruire sur l'anatomie et la sexualité. La plupart des traités de maïeutique de l'époque étaient rédigés par des hommes, dont certains n'avaient même jamais assisté à une naissance[6],[16]. Le livre de Jane Sharp se focalise sur la pratique. Elle utilise également ce guide pratique pour exposer ses opinions sur l'éducation des femmes, sur les accoucheurs et sur la sexualité féminine[17]. C'est aussi la raison de son utilisation de la langue vernaculaire. Elle déclare « hard words... are but the shell of knowledge » (les mots compliqués ne sont qu'une coquille de savoir)[18].

 
La représentation par Jane Sharp d'une femme s'apprêtant à accoucher

Son manuel se divise en six parties:

  • I. An Anatomical Description of the Parts of Men and Women (L'anatomie des organes sexuels mâles et femelles et leur usage pour la reproduction)
  • II. What is requisite for Procreation: Signes of a Womans being with Child, and whether it be Male or Female, and how the Child is formed in the womb (Description de la reproduction sexuée, conseils sur la conception et pour noter les indices de la grossesse et du processus de gestation)
  • III. The causes and hinderance of conception and Barrenness, and of the paines and difficulties of Childbearing with their causes, signes and cures (Conseils pour améliorer la fertilité et prendre soins des femmes enceintes)
  • IV. Rules to know when a woman is near her labour, and when she is near conception, and how to order the Child when born (Guide pour préparer les femmes pour le travail, proposant des rôles et des responsabilités pour les sages-femmes et les deux parents, et sur la manière d'examiner et de s'occuper d'un nouveau-né)
  • V. How to order women in Childbirth, and of several diseases and cures for women in that condition (Enseigne auy sages-femmes comment gérer l'accouchement dans divers conditions et circonstances et comment s'occuper des femmes souffrant de différente affections durant la grossesse et l'accouchement)
  • VI. Of Diseases incident to women after conception; Rules for the choice of a nurse; her office; with proper cures for all diseases Incident to young Children (Traite des aspects des soins post-partum pour la femme et son nouveau-né, y compris le soutien nutritif de l'enfant, les techniques d'allaitement, et les soins de nombreuses maladies sexuellement transmissibles, telles que la syphilis)[19].
 
La représentation par Jane Sharp de fœtus in utero.

Style modifier

Les écrits de Jane inspirent les connaissances médicales consensuelles de l'époque, suggérant que ses publications scientifiques et médicales étaient beaucoup lues par les professionnels dans les publications scientifiques et médicales[20]. En écrivant dans la langue vernaculaire, elle transmet les techniques chirurgicales et pharmacologiques aux femmes qui se forment ainsi à la profession de sages-femmes, de sorte à ne pas devoir toujours dépendre des médecins de sexe masculin lors de complications ou d'urgences survenant lors de l'accouchement[21].

Jane Sharp utilise la technique des lieux communs,[22] très répandue dans les écrits scientifiques de l'époque[23]. Son manuel est constitué de ces lieux communs, associés, comme une forme de scrapbooking, à des informations provenant d'autres sources reconnues, ainsi que des notes, remarques, annotations, tables et illustrations. Cette composition permet à Jane Sharp d'intégrer à son ouvrage les connaissances académiques d'alors sur l'anatomie, l'enfantement et la santé féminine, tout en les complétant de son expertise tirée de sa pratique. Elle résume ainsi, en les corrigeant parfois, les connaissances médicales relatives à l'anatomie féminine, à la reproduction et à la naissance[24][8] Par exemple, elle mentionne les théories remontant à l'antiquité grecque de la médecine humorale, telle que développée et pariquée par Aristote, Hippocrate et Claude Galien, qui présupposait que le sang menstruel féminin nourrissait le fœtus. Elle explique ensuite l'opinion prédominante de son époque, partagée par Fernelius, Pline le Jeune, Columelle, qui affirmaient que le sang menstruel empoisonnait le fœtus. Puis viennent ses observations, qui corrigent ces deux théories : « Pour leur répondre à tous [...] Hippocrate se trompait [...] [car] si l'enfant n'est pas nourri avec ce sang, alors que devient ce sang quand les femmes sont enceintes ? » (« But to answer all... Hippocrates was mistaken... [for] if the child be not fed with this blood what becomes of this blood when women are with child ? »[14]:143–144). En se reposant directement sur des sources académiques, Jane Sharp démontre ses connaissances de la tradition médicale établie, tout en légitimant l'expertise qu'elle a acquise de sa pratique comme sage-femme en montrant comment celle-ci permet d'enrichir le savoir médical[25].

Ainsi Jane Sharp expérimente et remet en question les méthodes académiques des médecins masculins formés uniquement à la théorie par des corrections basées sur les connaissances empiriques qu'elle a tirées de son expérience pratique[8], créant ainsi un guide de l'anatomie féminine accessible remettant en question l'autorité du savoir académique[8],[25].

Prises de positions modifier

Le livre de Jane Sharp combine les connaissances médicales de l'époque avec des anecdotes personnelles et avance que la maïeutique devrait être réservée aux femmes, à une époque où les hommes deviennent de plus en plus nombreux dans le domaine. Elle presse les sages-femmes d'apprendre les techniques chirurgicales et pharmaceutiques afin de ne plus devoir recourir à un médecin masculin si des complications surviennent. Bien que les connaissances acquises par les hommes à l'universités aient plus de prestige, ceux-ci manquent souvent de l'expérience dont bénéficient les sages-femmes. Le fait que le célèbre médecin et auteur Nicholas Culpeper admette qu'il n'ait jamais assisté à un accouchement en est un exemple notable[14]. Jane Sharp souligne que ce sont la pratique et l'expérience, combinées à la connaissance des textes médicaux, qui produisent le meilleur clinicien, et pas uniquement des connaissances théoriques :

« It is not hard words that perform the work, as if none understood the Art that cannot understand Greek. Words are but the shell, that we often break our Teeth with them to come at the kernel. »

— Jane Sharp[26].

.

« Ce ne sont pas les mots compliqués qui font le travail, comme si celui qui ne connaissait pas le grec ne pouvait rien comprendre à cet Art. Les mots ne sont qu'une coquille car nous devons souvent nous casser les dents sur eux pour en atteindre le cœur »

— traduction libre

.

En s'opposant à la tendance montante du recours à des médecins masculins, elle exprime une croyance selon laquelle les femmes ont une inclinaison naturelle pour la profession de sage-femme. Elle reconnaît que les hommes ont un meilleur accès à l'éducation et qu'ils possèdent généralement de plus grandes connaissances théoriques, mais elle déplore leur manque de compétences pratiques. Elle appelle les sages-femmes féminines à mettre fin à leur dépendance totale envers les docteurs masculins et à apprendre comment gérer les urgences et les complications par elles-mêmes[17]. Se plaignant des insuffisances de l'éducation des femmes, elle ajoute que les femmes ne peuvent que rarement atteindre le niveau de connaissances des choses qu'ont les hommes qui sont éduqués dans des universités (« women cannot attain so rarely to the knowledge of things as many [men] may, who are bred up in universities »)[27].

Jane Sharp met en garde les femmes contre l'interventionnisme des médecins masculins, qui entraîne souvent des complications en chaîne et enjoint les femmes à écouter leur corps. À l'inverse de ces confrères masculins, elle accorde une grande attention au bien-être physique et phsychlogique des mères pendant et après l'accouchement[28].

Autres manuels de maïeutique modifier

The Midwives Book s'inspire de sources contemporaines telles que les ouvrages de Nicholas Culpepper's A Directory for Midwives (1651) et de Daniel Sennert Practical Physick (1664), mais en corrigeant leurs erreurs et en modifiant la tonalité afin de refléter ses propres opinions protoféministes.

Les manuels de maïeutique commençaient en Angleterre par le texte The Byrth of Mankynd, une traduction de 1540 du Rosengarten d'Eucharius Rösslin[29]. Depuis cette époque et jusqu'à la publication de The Midwives Book, ces manuels sont exclusivement rédigés par des auteurs masculins sans aucune expérience pratique. Plutôt que d'interroger les sages-femmes et les mères, ils se réfèrent aux traductions des Grecs anciens et à d'autres traités d'obstétrique, également écrits par des hommes inexpérimentés. Ces écrivains démontraient dans leurs traités une fascination grotesque pour la sexualité féminine[14] qui les amènent à percevoir les femmes comme reflecting an understanding of women as hypersexuelles, excessives, faibles et commes des êtres inférieurs, dont la valeur ne se calcule qu'en termes de leur utilité pour les hommes[29].

L'introduction de l'édition de 1999 de The Midwives Book affirme:

« For all the parallels between The Midwives Book and its male equivalents, then, the differences in detail result in a fundamental shift in the way sexuality and gender are conceptualized. »

.

« En dépit de tous les parallèles qu'on peut établir entre The Midwives Book et les autres manuels écrits par des hommes, les différences de détails result in a fundamental shift in the way sexuality and gender are conceptualized produisent un changement fondamental dans la façon de conceptualiser la sexualité et le genre. »

— traduction libre

.

Héritage modifier

The Midwives Book: or the Whole Art of Midwifry Discovered prodigue de précieux conseils à un moment où les sages-femmes étaient confrontées au changement. Sa popularité indique qu'il s'agissait probablement d'un classique au XVIIIe siècle. Il continue d'être réédité comme un ouvrage de références sur les femmes, l'accouchement et la sexualité jusqu'au début de la période moderne.

Le roman pour enfants de 1991 de Karen Cushman, The Midwife's Apprentice (en), qui remporte la Médaille Newbery en 1996, présente un personnage basé sur Jane Sharp.

Références modifier

(en) Cet article est partiellement ou en totalité issu de l’article de Wikipédia en anglais intitulé « Jane Sharp » (voir la liste des auteurs).

  : document utilisé comme source pour la rédaction de cet article.

  1. a b c et d (en) Ornella Moscucci, « Sharp, Jane (fl. 1641–1671), midwife », dans Oxford Dictionary of National Biography, Oxford University Press,
  2. Cathy McClive, « Jane Sharp, The midwives book or the whole art of midwifry discovered, edited by Elaine Hobby, New York and Oxford, Oxford University Press, 1999, pp. xliii, 323, illus., £30.00 (hardback 0-19-508652-X). », Medical History, vol. 45, no 4,‎ , p. 540–541 (ISSN 0025-7273, DOI 10.1017/s0025727300068459).
  3. Diane Willen, « Godly Women in Early Modern England: Puritanism and Gender », Journal of Ecclesiastical History, vol. 43, no 4,‎ , p. 561–580 (DOI 10.1017/S0022046900001962, lire en ligne).
  4. a et b Jane Beal, « Jane Sharp: A Midwife of Renaissance England », Midwifery Today, vol. 107, no 107,‎ , p. 30–1 (PMID 24133800).
  5. « Jane Sharp (1641–71) ».
  6. a b c d et e (en) Doreen Evenden, The Midwives of Seventeenth-Century London, New York, Cambridge University Press, , 10 p. (ISBN 0521661072), « Introduction »
  7. a et b « Women Writers in Context », sur www.wwp.northeastern.edu (consulté le ).
  8. a b c d et e (en) « Swaddling England: How Jane Sharp's Midwives Book Shaped the Body of Early Modern Reproductive Tradition », sur Early Modern Studies Journal (consulté le ).
  9. a et b (en) Jane Sharp et Elaine Hobby, The Midwives Book: or the Whole Art of Midwifery Discovered, Illustrated, (ISBN 0-19-508653-8, lire en ligne).
  10. (en) Mary E. Fissell, Women in healing spaces, , 153–164 p. (ISBN 9780521885270, DOI 10.1017/ccol9780521885270.011, lire en ligne).
  11.  (en) Frankee Bryant, « Labour Pains: Elizabeth Nihell and the Struggle to Champion Female Midwifery », Bluestocking, no 10,‎ (lire en ligne).
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  13. a b et c (en) Ornella Moscucci, « Sharp, Jane (fl. 1641–1671), midwife », dans Oxford Dictionary of National Biography, Oxford University Press,
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  16. Elaine Hobby, « Secrets of the Female Sex: Jane Sharp, the female reproductive body, and early modern midwifery manuals », Women's Writing, no 8:2,‎ , p. 201–212 (DOI 10.1080/09699080100200188).
  17. a et b Anna Bosanquet, « Inspiration from the Past: Jane Sharp », The Practicing Midwife, vol. 12, no 8,‎
  18. (en) Jane Sharp et Elaine Hobby, The Midwives Book: or the Whole Art of Midwifery Discovered, Illustrated, (ISBN 0-19-508653-8, lire en ligne)
  19. (en) Jane Sharp et Elaine Hobby, The Midwives Book: or the Whole Art of Midwifery Discovered, Illustrated, , xvii–xxix (ISBN 0-19-508653-8, lire en ligne).
  20. (en) Marilyn Ogilvie et Joy Harvey, The Biographical Dictionary of Women in Science, vol. 2, L–Z, Routledge, (ISBN 978-0-415-92038-4, lire en ligne), p. 1181
  21. (en) Mary E. Fissell, Women in healing spaces, , 153–164 p. (ISBN 9780521885270, DOI 10.1017/ccol9780521885270.011, lire en ligne)
  22. Elizabeth Mackay, « Rhetorical Intertextualities of M. R.'s The Mothers Counsell, or Live Within Compasse, 1630 », sur Women Writers Online, (consulté le ).
  23. (en) M. D. Eddy, « Tools for Reordering: Commonplacing and the Space of Words in Linnaeus's Philosophia Botanica », Intellectual History Review, vol. 20, no 2,‎ , p. 227–252 (ISSN 1749-6977, DOI 10.1080/17496971003783773, S2CID 144878999).
  24. Anna Bosanquet, « Inspiration from the past (1) Jane Sharp », The Practising Midwife, vol. 12, no 8,‎ , p. 33–35 (lire en ligne)
  25. a et b Caroline Bicks, « Stones Like Women's Paps: Revising Gender in Jane Sharp's Midwives Book », Journal for Early Modern Cultural Studies, vol. 7, no 2,‎ , p. 1–27 (DOI 10.2979/JEM.2007.7.2.1, JSTOR 40339578).
  26. Anna Bosanquet, « Inspiration from the past (1) Jane Sharp », The Practising Midwife, vol. 12, no 8,‎ , p. 33–35 (lire en ligne).
  27. (en) Marilyn Ogilvie et Joy Harvey, The Biographical Dictionary of Women in Science, vol. 2, L–Z, Routledge, (ISBN 978-0-415-92038-4, lire en ligne), p. 1181.
  28.  (en) Anna Bosanquet, « Inspiration from the Past (3). Elizabeth Nihell, the 'anti-obstetric' Midwife. », The Practising Midwife, vol. vol.12, no 10,‎ , p. 46-48 (lire en ligne).
  29. a et b Elaine Hobby, « Secrets of the Female Sex: Jane Sharp, the female reproductive body, and early modern midwifery manuals », Women's Writing, no 8:2,‎ , p. 201–212 (DOI 10.1080/09699080100200188).

Articles connexes modifier

Traductions à faire modifier

Un article à reprendre modifier

Histoire de l'obstétrique :

  • voir dans l'historique des reverts bizarres, version actuelle non neutre (mars 2021)


Idées à creuser modifier

Voir Martha Mears: En 1979, l'artiste féministe états-unienne Judy Chicago lui rend hommage en la citant dans son œuvre The Dinner Party[1]. Cette œuvre est une table comprenant 39 places pour autant de femmes qui repose sur un socle, appelé « plancher du patrimoine » (Heritage Floor), triangle équilatéral composé de 2 300 plaquettes de porcelaine sur lesquelles figurent les noms de 999 femmes mythiques et historiques: cette liste contient encore plusieurs noms rouges.

  1. « Brooklyn Museum: Martha Mears », sur www.brooklynmuseum.org (consulté le )