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Bonjour!

J’ai décidé de créer un compte Wikipédia afin d’apporter des modifications aux pages « Musée de Lachine » et « LeBer-LeMoyne House ». En tant qu’employée du Musée, j’ai remarqué que les pages contiennent plusieurs erreurs et manque de l’information. Ce n’est pas mon intention de « vendre » le Musée de Lachine, mais de contribuer aux connaissances des amateurs d’histoire. De plus, je souhaite réfuter l’hypothèse (populaire) proposée par les historiens Alan M. Stewart et Léon Robichaud (auteurs de l’Étude historique du site de la Maison LeBer-LeMoyne) en 1999. Plusieurs sites internet basent leur recherche uniquement sur cette publication. Malheureusement, ces sites ignorent les nombreux rapports archéologiques rédigés par la firme Archéotec entre 2000 et 2011 suite aux fouilles qui ont eu lieu sur le site patrimonial LeBer-LeMoyne. J’ai passé de nombreuses semaines à lire les rapports écrits à ce sujet : les rapports archéologiques rédigés par la firme Archéotec Inc, le rapport architecturale rédigé par la firme Beaupré et Michaud, et les deux études historiques rédigées par Robichaud et Stewart. Vous trouverez ci-dessous un bilan abrégé de mes recherches. Ce document n'a jamais été publié. En créant cette fiche d’utilisateur, j’espère que la communauté Wikipédia me permettra de corriger les erreurs qui ce trouvent actuellement sur votre site. Merci et bonne lecture!

BILAN DES RECHERCHES HISTORIQUES EFFECTUÉES PAR ALAN M. STEWART ET LÉON ROBICHAUD EN 1999 - 2000

PAR SABRINA CARONE

PRÉSENTÉ À JESSICA DUMONT, RESPONSABLE DU SERVICE ÉDUCATIF, ET DOMINIQUE CHALIFOUX, CONSERVATRICE AU MUSÉE DE LACHINE.

L’étude historique de la Maison LeBer-LeMoyne s’inscrit dans un cadre d’un projet de mise en valeur parrainé par le Musée de Lachine, subventionné par le Ministère de la Culture et des Communications du Québec et géré par la firme Art-Gestion. L’évaluation archéologique réalisée par Archéotec Inc en 1998 recommandait la préparation d’une recherche historique afin de documenter l’histoire du site et de mettre à jour des connaissances à partir des sources documentaires, iconographiques et cartographiques. Une recherche historique a été effectuée par la firme Remparts et les historiens Alan M. Stewart et Léon Robichaud en 1999. Les résultats de cette recherche se retrouvent dans le rapport Étude historique du site de la Maison LeBer-LeMoyne. À la demande du ministère de la Culture et des Communications, le ministère des Affaires municipales et de la Métropole, Stewart et Robichaud effectuent une recherche complémentaire en 2000. En septembre 2000, ils publient Le site de la maison LeBer-LeMoyne à Lachine : Recherches historiques complémentaires. Puisque la recherche de sources documentaires additionnelles fut infructueuse, ils conservent l’hypothèse mise en avant en 1999 dans Étude historique du site de la maison LeBer-LeMoyne, mais modifient légèrement leurs arguments pour qu’ils coïncident avec les résultats des fouilles archéologiques menées en 1998 et 1999.

Ce bilan a comme but d’identifier les hypothèses mises en avant par Stewart et Robichaud ainsi que leurs arguments. Il est à noter que certaines hypothèses proposées par Stewart et Robichaud ont été réfutées lors des fouilles archéologiques en 2000, 2009 et 2010.


ÉTUDES HISTORIQUE DU SITE DE LA MAISON LEBER-LEMOYNE (1999)

En 1999, Stewart et Robichaud nous propose les hypothèses suivantes :

Le commerce de fourrure construit par Charles LeMoyne et Jacques LeBer a brulé lors du massacre de Lachine. La maison sur le site du Musée de Lachine a été construite par Guillaume de Lorimier et Marguerite Chorel entre 1695 et 1698. De plus, la Dépendance aurait été construite après 1731. Selon Steward et Robichaud, un bâtiment de pierre de telles largeurs devrait être mentionné dans les documents notariés, ce qui n’est pas le cas. Ils proposent que la date de construction de la Dépendance soit située entre l’acquisition de Heney en 1765 et l’aveu (inventaire des terres et des bâtiments) en 1781.

Voici un survol de leurs arguments en 1999 :

- Les deux historiens suggèrent qu’il est improbable que la Maison fût épargnée deux fois par les attaques des Iroquois (en 1689 et encore en 1691).

- Stewart et Robichaud proposent que la maison fût rétablie entre 1695 et 1698, car ses mesures semblent avoir changé. En effet, les mesures de l’intérieur de la maison en 1671 sont de 37 pieds sur 18 à 20 pieds, mesures françaises, tandis qu’elles sont de 30,6 pieds sur 20,5 pieds mesures françaises en 1768.

- Lors du massacre de Lachine, les militaires du Fort Rolland ont échangé des coups de fusil avec des Iroquois derrière les ruines d’une maison en pierre brulée. À l’époque du massacre, il y a 17 concessions entre les forts Rolland et Rémy et 14 d’entre elles sont habitées. La Maison LeBer-LeMoyne, une des rares maisons de pierre hors des forts, offrirait plus de protection qu’un bâtiment en bois. Stewart et Robichaud proposent la possibilité que la Maison LeBer-LeMoyne soit le bâtiment incendié en question.

- Suite au massacre, la famille Lalande abandonne les terres et la maison en août 1689. La famille se refugie à Montréal et Lalande achète un terrain où il se fait construire une maison et une boulangerie. Devant défrayer les coûts d’une nouvelle maison et boulangerie à Montréal, Lalande ne peut pas payer une maison et des terres à Lachine. Dans ce cas, pourquoi abandonner une maison en bonne état?

- Catherine Primot (la veuve le Charles LeMoyne) fait mention d’un incendie dans le Partage entre les cohéritiers de feus Monsieur et Madame LeMoyne. Un acte notarié relié au partage des biens des héritiers de Charles LeMoyne et Catherine Primot nous apprend qu’en 1695 Guillemot dit Lalande leur doit toujours 750 livres (la moitié du prix total de la vente d’une terre à Lachine). Catherine Primot renonce aux intérêts qui continuent de s’accumuler « en Considération des pertes qu’ils ont soufferts par la guerre, ayant esté obliger d’abandonner la terre, après que la Maison a Esté bruslée des Ennemis ».

LE SITE DE LA MAISON LEBER-LEMOYNE À LACHINE : RECHERCHES HISTORIQUES COMPLÉMENTAIRES (2000)

Dans le rapport Recherches historiques complémentaires présenté en 2000, Stewart et Robichaud conservent l’hypothèse que la Maison LeBer-LeMoyne fut incendiée lors du Massacre de Lachine en 1689. Par contre, ils interprètent les découvertes archéologiques différemment de la firme Archéotec inc. Ils ajustent leurs arguments en conséquence. De plus, ils constatent qu’il est en effet possible que la Dépendance fut construite avant le 18e siècle.

Voici un survol de leurs arguments en 2000  :

- Stewart et Robichaud proposent que la maison fût rétablie entre 1695 et 1698 car ses mesures semblent changées. En effet, les mesures de l’intérieur de la maison en 1671 sont de 37 pieds sur 18 à 20 pieds, mesures françaises, tandis qu’elles sont de 30,6 pieds sur 20,5 pieds mesures françaises en 1768.

- Puisqu’il est improbable que la Maison fut épargnée par les iroquois en 1689 et encore en 1691, l’absence de traces majeures d’un incendie sur les murs et sur les fondations et l’absence de trace d’élargissement dans la maçonnerie suggère que le bâtiment fut complètement reconstruit par Marguerite Chorel et son mari Guillaume de Lorimier entre 1695 et 1698.

- Stewart et Robichaud suggèrent que le style d’architecture se rapproche plus aux maisons de ferme du tournant du XVIII siècle que les maisons défensives du milieu du XVII siècle.

- Catherine Primot fait mention d’un incendie dans le Partage entre les cohéritiers de feus Monsieur et Madame LeMoyne en 1695.

- L’acquisition du site par Chorel et Lorimier en 1695 et leur établissement sur le site vers 1698.

- Selon Stewart et Robichaud, les artefacts trouvés par les archéologues sont plutôt associés aux années 1680 et plus.


LES ARGUMENTS ET LES HYPOTHÈSES RÉFUTÉS

Par contre, Stewart et Robichaud constatent que les sources primaires utilisées dans leur recherche de 1999 n’étaient pas toujours fiables. De plus, au cours des années suivantes, les résultats des fouilles archéologiques ont réfuté les hypothèses proposées par Stewart et Robichaud.

- Les firmes Archéotec inc. et les architectes Beaupré et Michaud proposent que le notaire ait noté les bonnes mesures de la Maison mais, par la suite les mesures ont été mal retranscrites. Il est possible que le numéro 1 (31pi x 20pi) ait été confondu pour un 7 (37pi x 20 pi). (Les mesures de l’intérieur de la maison en 1671 sont de 37 pieds sur 18 à 20 pieds, mesures françaises, tandis qu’elles sont de 30,6 pieds sur 20,5 pieds mesures françaises en 1768).

- Guillemot dit Lalande et sa famille n’apparaissent pas parmi les victimes ou les captifs. La famille a survécu au Massacre de Lachine.

- Selon Girouard (auteur de Le Vieux Lachine), un habitant aurait réussi à défendre sa maison. Est-ce dit Lalande?

- Les militaires du Fort Rolland, qui ont échangé des coups de fusil avec des Iroquois et ont pris refuge derrière une maison brulée étaient probablement en amont de la Maison LeBer-LeMoyne. Selon la description de l’intervention militaire ils étaient plus près du Fort Rolland que du Fort Rémy. La Maison LeBer-LeMoyne n’est pas la maison incendiée décrit dans ce récit.

- Les historiens ont retrouvé le Partage entre les cohéritiers de feus Monsieur et Madame LeMoyne de 1695. Dans le partage, le notaire cite la phrase « en Considération des pertes qu’ils ont soufferts par la guerre, ayant esté obliger d’abandonner la terre, après que la Maison a Esté bruslée des Ennemis ». Il s’agit d’une citation tirée d’un document qui remise («annule») les intérêts sur le prix de la vente que dit Lalande doit à la famille LeMoyne-Primot. Par contre, le document original (la remise («l’annulation» des intérêts) n’a pas été retrouvé.

- Nous avons très peu de précisions concernant cet incendie.

- Selon Stewart est Robichaud, lors des années de guerres entre les Français et les Nations iroquoiennes, de nombreux habitants quittent Lachine car la paroisse est trop exposée. Est-ce possible que la famille Lalande aurait abandonné les terres à Lachine car ils craignent une nouvelle attaque?

- Dans une quittance de Guillaume de Lorimier à François Chorel , Lorimier reconnait avoir reçu les 4000 livres de la dot constituée en faveur de son épouse, dont 1500 payées par François Chorel au sieur Paul LeMoyne pour une terre à Lachine. Nous avons la quittance. Par contre, l’acte de vente est introuvable. Steward et Robichaud admettent que le prix est un peu élevé pour une terre abandonnée et une maison incendiée six ans auparavant.

- Selon Stewart et Robichaud, étant donné que les murs d’une structure de pierre subsistent suite à un incendie, le couple Chorel-de Lorimier aurait reconstruit la maison à partir de la masure (cabane, ruines) qui est toujours sur le terrain. Par contre, les archéologues n’ont trouvé aucune trace majeure d’un incendie sur les murs et sur les fondations et aucune trace d’élargissement dans la maçonnerie.

- De plus, ces travaux n’ont laissé aucune trace dans les archives.

- Selon Archéotec : « C’est avec l’arrivé de Jacques LeBer et de Charles LeMoyne que la maison se construit. La grande quantité d’artefacts liés à la traite dans des couches d’occupations en place, entre autre le cendrier, confirme l’ancienneté de la maison. Par contre il n’y avait aucune trace de l’incendie qui aurait détruit la maison lors du Massacre de Lachine en 1689. Cela laisse supposer que seulement une partie de la maison aurait été détruite par le feu…Par contre, la période de quatre ans consacrée à la restauration de la maison, par le couple Chorel - de Lorimier entre 1695 et 1699 restes obscurs. Peut-être que le fait d’avoir inoccupé la maison entre 1689/1690 et 1695 a précipité la détérioration de celle-ci. Cependant ces travaux de réhabilitation n’ont laissé aucune trace dans le sol. »

- Compte tenu des lacunes de certaines sources, même celles qui semble refléter fidèlement une réalité historique-il est possible que la Dépendance ait été construite auparavant.

- Les archéologues soutiennent que les fondations de la Dépendance et de la Maison correspondent à la même époque puisque ce sont exactement les mêmes techniques de construction qui ont été utilisées. Ces points communs entre les deux constructions vont dans le sens de la contemporanéité des deux bâtiments.

- De plus, de la céramique française a été retrouvé dans le lot 2A5 et 2A4 (Mur sud, à l’extérieur de la Dépendance) lors des fouilles. Elle constitue une preuve de datation de la construction du bâtiment (Régime française).

CONCULSION

Depuis la présentation de la recherche complémentaire de Stewart et Robichaud en septembre 2000, deux autres fouilles ont été effectuées sur le site de la Maison LeBer-LeMoyne. En 2009 la firme archéologique Archéotec inc. a fouillé devant la façade de la Maison. La fouille a dévoilé de l’information sur la construction de la cave. Comme les fouilles précédentes, les résultats de la fouille menée en 2009 réfutent les hypothèses proposées par Stewart et Robichaud. Les archéologues n’ont toujours pas trouvé de trace d’incendie. Par contre, ils ont découvert d’autres artefacts qui associent le bâtiment à la traite de la fourrure dès sa construction en 1669 et probablement jusque dans les années 1780. [1]

Par la suite, la firme Archéocène a effectué une fouille le long du mur ouest de l’annexe de la Maison en 2013. Les fouilles répandront à l’été 2014. Actuellement, nous attendons le rapport de la fouille effectuée en 2013. Les résultats préliminaires de cette fouille ne réfutent pas les conclusions présentées par Archéotec.

BIBLIOGRAPHIE - ANQ-M, min. not. A. Adhémar, 6 août 1699, Quittance de Guillaume de Lorimier envers François Chorel de Saint-Romain.

- Archéotec inc., Intervention archéologiques sur de la maison LeBer-LeMoyne (BiFk-6), Musée de Lachine, Septembre 1998, (Montréal : Mars 1999) p.52-54.

- Archéotec inc., Rapport Interventions archéologiques 1999-2000. Site LeBer-LeMoyne BiFk-6 à Lachine, (Québec, juin 2000)

- Archéotec inc., Musée de Lachine, Montréal Arrondissement de Lachine Maison LeBer- LeMoyne, BiFk-6. Interventions archéologiques 2009. Rapport, (Montréal : Février 2011)

- Beaupré et Michaud, architectes, Site de la Maison LeBer LeMoyne Volet architecture et paysage, .(Montréal : 2000)

- Charrois, Dominique. Maison LeBer-LeMoyne, Lachine (Québec), Supplément--Demande de lieu. s.l., Commission des lieux et monuments historiques du Canada, 2002-2003. P.98.

- Dagneau, Charles, « Étude dendrochronologique du site de la Maison LeBer-LeMoyne (BiFk-6)» dans le Rapport Interventions archéologiques 1999 et 2000 : Site LeBer-LeMoyne BiFk-6 à Lachine (Québec, juin 2000)

- Girouard, Désiré, Le vieux Lachine et le massacre du 5 août, 1689, (Montréal : Gebhardt-Berthiaume, 1889)

- Stewart, Alan M. et Léon Robichaud, Étude historique du site de la Maison LeBer-LeMoyne, (Québec : Remparts, 1999)

- Stewart, Alan M. et Léon Robichaud, Le site de la maison LeBer-LeMoyne à Lachine : Recherches historiques complémentaires, (Québec : Remparts, 2000)