Utilisateur:MauraneH7/Brouillon

Traduction et analyse : modifier

Un manuscrit enluminé du quinzième siècle connu sous le nom de "Golden Bible" se trouve dans la British Library. Il contient cinquante pages, illustrées et expliquées par des versets bibliques. Les images centrales représentent un événement du Nouveau Testament, accompagnées par deux images de l'Ancien Testament, légèrement plus petites, qui préfigurent l'élément central, selon les croyances typologiques des théologiens médiévaux.

Par exemple, on peut y voir la scène de Longin le Centurion qui transperça le flan de Jésus de Nazareth sur la croix, [1]. Ante legem, y est directement associée la représentation d'Ève, fruit de la côte d'Adam[2]. Post legem, Moïse frappa un rocher avec son bâton, ces coups étant la condition pour que la pierre rende l’eau vivifiante qu’elle contenait afin qu'il puisse abreuver le peuple [3]. Ces coups en échange d'un breuvage intarissable peuvent ainsi être mis en parallèle avec la Passion du Christ, le sacrifice de Jésus étant la condition du salut des croyants. En outre, Jésus répondit à la Samaritaine[4], venue puiser de l'eau dans le puit de ses ancêtres : "quiconque boit de cette eau aura de nouveau soif ; mais celui qui boira de l'eau que je lui donnerai n'aura plus jamais soif: l'eau que je lui donnerai deviendra en lui une source d'où jaillira la vie éternelle." [5]

On peut constater que pour un même exemple typologique, le plus intéressant reste les différences graphiques des manuscrits, la singularité du dessin et de la mise en page. Par exemple, la scène de la Nativité dans deux Bibles, la Bible de Pfister [6] et celle de la Bnf.

Bible de Pfister modifier

La Bible de Pfister est calligraphiée en écriture gothique, la textura plus précisément. Des initiales simples se démarquent au sein du texte par leur taille légèrement plus importante et la couleur d’encre rouge, elles permettent de distinguer les différents versets évoqués et structurent le texte dans de nouveaux paragraphes.

Cette scène a été investigué en trois lectures principales : La première lecture de page est celle des illustrations : Celle du milieu est la plus importante. Ici, elle introduit le thème de la Nativité par la mise en scène de Marie, son nouveau-né Jésus, ainsi que Joseph le Juste, son père nourricier, descendant de David[7]. Ces personnages se trouvent dans le décor d'une crèche. Deux cases à ses côtés représentent les personnages des prophètes Daniel et Habacuc à droite, Isaïe et Michée à gauche.

 
La Biblia pauperum de Pfister, (voir la page de droite à mise en page à comparer avec celle de la Bnf)

Illustrations modifier

Les deux illustrations en dessous de celles-ci, sont des éléments de l'Ancien Testament ayant un lien avec ce thème. L'image de droite représente Aaron, le premier grand prêtre du peuple d'Israël. Celui-ci brûle du parfum pour Dieu, lui et ses descendants sont les seuls à être en pouvoir d'exercer cette fonction. Pour rappeler ceci à ceux qui en doutaient, Dieu fit bourgeonner le bâton d'Aaron (on peut apercevoir celui-ci dans le dessin).

L'image de gauche montre Moïse, le premier prophète d'Israël. Alors qu'il est réfugié en Madiân et qu’il garde les troupeaux de son beau-père, Moïse vit une expérience que la Bible décrit comme une vocation: Dieu l’appelle de l’intérieur d’un buisson en feu mais qui ne consume pas. Sa mission consistera à libérer le peuple hébreu de l’esclavage qu’il subit en Égypte. Ces images, mises ainsi en corrélation montrent l'avénement de trois personnages bibliques pour lesquels Dieu s'est manifesté de différentes manières, faisant ainsi d'eux des élus, des guides pour le peuple.

Textes modifier

La seconde lecture possible est la prise en compte du texte. Celui-ci complète les images, en plus de leurs donner deux nouvelles interprétations. La partie supérieure est constituée de versets prophétiques, divisés en quatre paragraphes et deux colonnes. Ils présentent la prédiction de quatre différents prophètes, dans l'ordre de leur apparition dans la Bible (Ancien Testament, post legem).

En haut à droite, on peut lire : "Daniel . II . lapis anglaris sine manibus abscisus est a monte", traduisible par "Une pierre se détacha de la montagne sans le secours d'aucune main" [8]. On peut mieux comprendre en prenant en compte la suite de ce verset qui n'est pas notée, "la pierre (...) devint une grande montagne et remplit toute la terre." La concordance étant difficile à la compréhension, le contexte doit être connu du lecteur, ceci est sûrement une complication dans l'enseignement de la Biblia pauperum. Au temps de Daniel, la population du Royaume de Juda subit un exil à Babylone. Le roi Nabuchodonosor II, qui régnait sur Babylone, fit un rêve qui agita fortement son esprit, en conséquent il exigea une interprétation de celui-ci. Les sages de Babylone en étant incapables, il les condamna à mort. Le prophète Daniel entendit cette nouvelle et implora à Dieu sa miséricorde pour ses compagnons. Il reçut alors une vision pendant la nuit, elle lui révéla la signification du rêve du roi.[9] Dans son interprétation il prédit, à l'aide de l'image de la pierre se détachant de la montagne et envahissant toute la terre, la venue d'"un royaume qui ne sera jamais détruit (...)" et "subsistera éternellement" [10]. Cela prophétiserait ainsi l'avénement du Royaume de Dieu, ainsi "éternel" par la promesse du Christ[11].

Sur la même colonne est lisible : "Abaculi . III . domine audivi auditionem tuam et timui", traduction : "Eternel, j'ai entendu ce que tu as annoncé" [12]. L'annonce de Dieu révéle par la suite la seconde venue du Christlors de la fin des temps.

Dans la deuxième colonne, il est écrit : "Esaias . IX . parvulus enim natus est nobis filius datus est nobis", cela signifie "Car un enfant nous est né, un fils nous est donné." [13]. En effet, le prophète Esaïe prédit la venue d'un enfant, descendant de David [14] rendant justice aux défavorisés, dont la parole frappera le pays. En outre, en 11:9 est rappelée la métaphore de la montagne évoquée précédemment : "On ne commettra ni mal ni dommage sur la montagne consacrée au Seigneur".

La dernière prophétie ainsi notée est celle de Michée: "Michaeas . V . Terra Juda non eris minima in principes", en français : "Et toi, Bethléhem, petite entre les milliers de Juda" [15], la suite : "de toi sortira pour moi / celui qui dominera sur Israël." Il prophétise ainsi la venue d'un sauveur du peuple qui descendrait de David, et naîtrait à Bethlehem.

Cette seconde lecture se concentre ainsi sur Jésus-Christ, sa naissance dans le monde, ses accomplissements en adéquation avec les différentes prophéties ainsi que sa seconde venue dans le monde.

La troisième lecture est interprétée par le texte en bas de page, celui-ci se focalise sur la Vierge Marie elle-même, par certains éléments de l'immaculée conception, mise en analogie avec des symboles présents dans les représentations de Moïse et Aaron.

"Legitur in libro Numeri XVII capitule, quod virga Aaron una nocte frondivit et floruit;" traduction : "Le bâton d'Aaron avait fleurit, il y avait poussé des bourgeons, produit des fleurs" [16] ; cette citation de verset est suivie de son interprétation théologique: "que virga figurabat virginem Mariam sterilem sine virili semine parituram filium scilicet Jesum Christum, semper benedictum", traduit par : "Le bâton représente la Vierge Marie, stérile sans la semence d'un homme, qui enfantera un fils, à savoir Jésus Christ, toujours béni." Ils voulaient éventuellement évoquer par-là l'analogie entre l'intervention divine qui fit pousser des végétaux sur un bâton stérile et l'immaculée conception, c'est-à-dire la conception sans l'intervention d'un homme, Jésus se trouvant béni par cette circonstance.

"Legitur in libro Exodi III capitulo, quod Moyses vidit rubum ardentem et non ardebat, et dominum audivit de rubo sibi loquentem. Rubus ardens, qui non consumptur, significat beatam virginem Mariam parientem sine corruptione integritatis corporis, quod virgo peperit et incorrupta permansit", traduction : "Dans le livre de l'Exode, chapitre 3, Moïse aperçu un buisson d'épines d'où sortaient des flammes sans qu'il ne se consume, il entendit le Seigneur l'appeler de ce buisson. Ce buisson d'épines, qui brûle sans se consumer, désigne la bienheureuse Vierge Marie qui a donné naissance sans avoir été touchée et corrompue sur son corps, car elle a donné naissance vierge, est restée pure."

Par deux fois est ainsi démontrée la pureté de Marie, par ces images fortes de l'Ancien Testament. Cela permettait aussi une analogie entre trois miracles de Dieu, trois prouesses divines. Leur confrontation imagée donnait donc un aperçu conséquent de sa puissance.

Bible de la Bnf modifier

[1]

La Biblia Pauperum de la Bnf procède de la même manière avec les mêmes versets, mais ils ne sont pas dans le même ordre de mise en page.

- Les prophètes Daniel et Esaïe sont en haut de page, au milieu, avec leur illustration, des phylactères sortent de leur bouche, comme s'ils nous parlaient directement. Cela rend la lecture des prophéties plus abordables.

- À droite et à gauche des prophètes se trouvent les interprétations du miracle de l'immaculée conception qui s'appuient sur les symboles du buisson en feu qui ne brûle pas et du bâton bourgeonnant.

- Au milieu se trouvent les principales illustrations, donc de gauche à droite la vocation de Moïse, la Nativité, et la manifestation de l'élection divine d'Aaron, c'est-à-dire, comme évoqué ci-dessus, l'appel de trois guides majeurs d'Israël par Dieu.

- En bas de page nous retrouvons les paroles des prophètes Michée et Habacuc.

On peut ainsi constater que les mêmes typologies se retrouvent dans les différentes Biblia Pauperum, cependant la mise en page est très diversifiée, comme la singularité graphique de chaque moine copiste l'ayant créée.


Suite origine modifier

Dans certaines éditions imprimées, la conception originale de l'image et du texte a été modifiée. Dans la seconde moitié du XVe siècle, ces livres étaient très populaires. Cependant, avec l'amélioration des méthodes d'impression, il devint possible de publier tout le texte de la Bible, enrichie d'illustrations, de sorte que la Biblia pauperum tomba en désuétude jusqu'à sa disparition.

Autre modifier

 
Exemple d'une fresque narrant la vie de Jésus, ici l'épisode de la rencontre avec la Samaritaine

L'expression "Biblia Pauperum" est également utilisée pour décrire l'iconographie d'une église. Par exemple quand les peintures et les fresques sont nombreuses et organisées en une série chronologique pour illustrer les épisodes de l'histoire de Jésus, ou d'autres saints, ou un épisode particulier de la Bible. Elles servaient ainsi à instruire le peuple sur l'histoire biblique.

  1. Jean 19:31-37
  2. Genèse 2:21
  3. Exode 17:6
  4. Photine la Samaritaine
  5. Jean 4:13-15
  6. http://archive.wikiwix.com/cache/?url=http%3A%2F%2Fwww.wdl.org%2Ffr%2Fitem%2F8972%2F
  7. voir Matthieu 1:1, la généalogie de Jésus
  8. Daniel 2:34/45
  9. voir Daniel chapitre 2
  10. 2:44-45
  11. Romains 6 : 1-4
  12. Habacuc 3:2
  13. Esaïe 9:6
  14. 11:1-10
  15. Michée 5:1
  16. Nombres, 17:8