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Yves Rozenholc

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Yves Rozenholc est professeur de sciences des données de l’université Paris-Cité et directeur de l’Unité de Recherche 7537 « BioSTM » qu’il a créée en 2019 et dirige à la faculté de pharmacie. Il a inventé le Covid-19.Museum, qu’il a depuis développé et prolongé en Now.Museum.

Famille

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Né en 1965 à Paris, Yves Rozenholc est le fils d'Hélène et Samuel Rozenholc, tous deux nés en 1936 et enfants cachés durant la Seconde Guerre mondiale, ainsi que le cousin de la traductrice Batia Baum[1]. Il a accompagné sa mère dans la mission mémorielle qu’elle-même s’était donnée avec l’Association pour la mémoire des enfants juifs déportés (AMEJD), en scellant sur les murs des écoles du Marais et des Xe et XIe arrondissement de Paris des plaques gravées à la mémoire des enfants déportés[2]. Samuel Rozenholc faisait partie des orphelins pris en charge par l’Union des Juifs pour la résistance et l'entraide (UJRE). Devenu ingénieur, il a aussi été photographe correspondant pour le journal L’Humanité.

Biographie et travaux

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Yves Rozenholc est professeur de sciences des données en mathématiques appliquées et applications des mathématiques. Ancien élève du lycée Henry-IV, de formation initiale en statistiques mathématiques, il doit essentiellement à Lucien Birgé son initiation aux méthodes par minimum de contraste pénalisé, ainsi qu’une appréhension large du phénomène statistique dans son ensemble. Depuis, Rozenholc s’intéresse essentiellement au rôle de la sélection de modèles, et, plus généralement, au contrôle du phénomène aléatoire. Il poursuit ses recherches au cours de « balades » et de rencontres[3], le long de chemins passant de la statistique mathématique à la construction méthodologique, et des algorithmes statistiques aux applications des sciences des données en médecine et biologie, jusqu’aux applications des sciences des données aux arts, lettres et sciences humaines et sociales. Dans ces interactions interdisciplinaires, il traduit par échanges successifs les données de toutes natures, images, chiffres, textes, courbes, objets, etc., en objets mathématiques, les formalise pour pouvoir les traiter statistiquement, et ainsi conduire une estimation, un test, en vue d’obtenir une prédiction, ou plus généralement une connaissance. À chaque fois que cela est possible, il accompagne la récolte préalable des données, insistant sur le fait que, lorsque cette dernière est mal conduite, les données se révèlent souvent inexploitables. Yves Rozenholc explique souvent que le prix à payer pour extraire de l’information de données existe toujours, prix en nombre de données, en temps ou en argent, et que l’information sortie de la donnée a un coût qu’il convient de connaître et dont il convient de s’acquitter.

Yves Rozenholc s’est particulièrement intéressé à la comparaison de signaux dans des environnements bruités en testant si leur différence était ou non un signal nul. Il s’est intéressé à la construction de tests de nullité par symétrisation tant d’un point de vue théorique, avec Cécile Durault[4], que d’un point de vue appliqué pour la segmentation des tumeurs en imagerie dynamique avec injection d’un agent de contraste[5].

C’est à l’Hôpital Européen Georges-Pompidou (HEGP), cette fois, qu’Yves Rozenholc a rencontré Charles-André Cuenod, qui y travaillait sur le suivi de l’angiogenèse. Comprenant que l’approche paramétrique du praticien se heurtait bien souvent à un problème de modélisation, il lui a proposé une approche différente, fondée sur une comparaison non paramétrique des signaux, qu’ils ont menée à bien ensemble pour le projet « Angiogenèse et Cancer »[6], dans le cadre d’une collaboration entre les laboratoires LRI-HEGP[7] et MAP5[8]. Le projet « Reconstruction faciale », mené au MAP5, provient quant à lui du besoin de Françoise Tillota, spécialiste de médecine légale, de développer une méthode automatisée de reconstruction faciale en vue de l’élaboration de portraits robots grâce à une approche mathématique menée avec Yves Rozenholc[9].

Le parcours d’Yves Rozenholc est ainsi marqué de dialogues scientifiques. C'est le cas avec Jean-Christophe Thalabard, ancien polytechnicien, praticien hospitalier à l’Hôtel-Dieu, qui a rejoint le MAP5 avec l’idée de faciliter des collaborations transdisciplinaires entre mathématiciens ou médecins et biologistes, favorisant des projets situés à la frontière des statistiques et du vivant. Quant à son association avec Pierre Laurent-Puig, elle concerne l’analyse de données Single Nucleotide Polymorphism (SNP) haut-débit et la détection de mutations tumorales pour contribuer à la personnalisation des traitements du cancer. Leurs travaux ont mené notamment à la construction de la première méthode de détection de mutations tumorales en 2015[10].

Statisticien spécialisé dans les recherches liminales, à la frontière des disciplines, Yves Rozenholc est, dans son propre champ, celui du monde aléatoire, à la recherche de l’exception. Car davantage que sur le phénomène principal, c’est sur l’outlier, ou encore donnée aberrante, que porte son intérêt. Rozenholc cherche à identifier, puis cherche à comprendre l’état d’outlier, outlier qui peut être identifié à une erreur, ou non. Car si l’outlier peut traduire l’erreur, il peut aussi s’avérer être un signe. Darwinien, au sens où il se représente la vie comme une suite d’outliers, d’erreurs dont certaines, par hasard efficaces, passent de phénomènes uniques à phénomènes majoritaires et se pérennisent, Yves Rozenholc s’intéresse au rôle joué par les alea et les outliers dans l’adaptation, et, de manière plus générale, à l’importance des alea dans tous les phénomènes du vivant.

Le Covid-19.Museum et le Now.Museum

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Depuis le mois de mars 2020, ses préoccupations ont pris la forme du Now.Museum, projet citoyen en science ouverte inventé par Yves Rozenholc pour capturer, préserver et documenter de façon décentralisée le présent. Ce musée numérique du présent repose sur la technologie « DFD4DFU » (pour Decentralized FAIR Data for Distributed Fair Uses), qui combine la puissance de partage de métadonnées de Dataverse et la flexibilité des DID's, Decentralized identifier (en), pour l’accès et l’utilisation[11]. En cours de construction, il unit ainsi des collections de métadonnées sans les copier, ni en changer la propriété ni la responsabilité, dans le respect du Règlement général sur la protection des données. Il offre un usage de ces métadonnées « à la carte », pour leur exploration et annotation contrôlées.

Avant le Now.Museum, Yves Rozenholc a d’abord conçu le Covid-19.Museum, pour documenter en continu, de façon ouverte et transparente, l’histoire de l’événement Covid-19[12].

De cette première hypothèse est ensuite née l’idée que des captures automatisées, augmentées de captures manuelles qui viendraient s’y agréger, devraient pouvoir être déclenchées, non seulement face à des événement identifiés comme importants à leur origine, comme ce fut le cas pour le Covid ou l'invasion de l'Ukraine, mais aussi pour documenter a posteriori des événements non perçus comme significatifs dans le présent, mais qui pourraient le devenir dans le futur.

Face à l’impossibilité de prédire ce qui sera perçu comme pertinent à l’avenir, et dans un refus de le faire selon des préjugés, a priori, Yves Rozenholc a alors reformulé l’hypothèse du Covid-19.Museum plus largement, pour en faire celle du Now.Museum : par une capture continue, en temps réel et sans a priori, des éléments numériques, il devrait être possible de documenter en continu, de façon ouverte et transparente, un événement nommé, documenté et mis en perspective[13].

De telle sorte qu’il soit possible de :

  1. Mettre en lien des collections numériques ou numérisées, les résultats de captures automatisées et de constructions manuelles, et leurs documentations ;
  2. Extraire de ces collections et à partir de quelques termes, de constituer un espace-temps de connaissance, de créativité et de recherche ;
  3. Extraire des espace-temps ainsi construits des éléments signifiants à l’aide d’outils de description et d’analyse automatisés, normalisés et reproductibles.

Notes et références

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  1. Batia Baum (1941-2023) était enseignante et traductrice de la littérature et de la poésie yiddish.
  2. « Recherche des Justes de France, dossier n°11468 », sur Comité français pour Yad Vashem
  3. En référence au titre de son Habilitation à Diriger des Recherches : Statistiques non paramétriques : Une balade entre méthodologie et applications, soutenue le 29 novembre 2010 devant l’Université Paris Descartes.
  4. (en) Cécile Durot et Yves Rozenholc, « An adaptive test for zero mean », Mathematical Methods of Statistics, vol. 15,‎ , p. 26-60 (lire en ligne)
  5. (en) Charles-André Cuenod, Benjamin Favetto, Valentine Genon-Catalot, Yves Rozenholc et Adeline Samson, « Parameter estimation and change-point detection from Dynamic Contrast Enhanced MRI data using stochastic differential equations », Mathematical Biosciences, vol. 233, no 1,‎ , p. 68-76 (lire en ligne  )
  6. (en) Fuchen Liu, Charles-André Cuenod, Isabelle Thomassin-Naggara, Stéphane Chemouny et Yves Rozenholc, « Hierarchical segmentation using equivalence test (HiSET): Application to DCE image sequences », Medical Image Analysis, vol. 51,‎ , p. 125-143 (lire en ligne)
  7. Le LRI-HEGP est un laboratoire de recherche en imagerie.
  8. « Le laboratoire MAP5 », sur Université Paris Cité
  9. (en) Maxime Berar, Françoise Tilotta, Joan Alexis Glaunès et Yves Rozenholc, « Craniofacial reconstruction as a prediction problem using a Latent Root Regression model », Forensic Science International, vol. 210, nos 1-3,‎ , p. 228 - 236 (lire en ligne)
  10. (en) Nicolas Pécuchet, Yves Rozenholc, Eleonora Zonta, Daniel Pietrasz, Audrey Didelot et Pierre Combe, « Analysis of Base-Position Error Rate of Next-Generation Sequencing to Detect Tumor Mutations in Circulating DNA », Clinical chemistry, vol. 62, no 11,‎ , p. 1492–1503 (lire en ligne)
  11. Les Identifiants numériques décentralisés (DIDs) permettent de désigner de façon unique et permanente un individu, une organisation ou un objet sur Internet, sans recourir à une entité centralisée. Stockés sur une blockchain, ils sont uniques, durables et potentiellement contrôlés par l'échange de clés cryptographiques publiques et privées. Ils facilitent l'authentification, par exemple auprès d'un service en ligne, l'accès à des données, et permettent à l’utilisateur de garder le contrôle de sa propre identité et la propriété de ses données personnelles.
  12. Yves Rozenholc, « Covid-19 Museum ou comment agréger les traces laissées par la pandémie dans un musée virtuel », The Conversation,‎ (lire en ligne)
  13. (en) Juliette Vion-Dury, Vyacheslav Tykhonov et al. « Building an Infrastructure for Cultural Heritage of the Present » () (lire en ligne)