Utilisateur:Leonard Fibonacci/Kalonikos - Callinicus

Le père d'Onqelos le prosélyte appelé Kalinikos dans le Talmud peut-il être le prince de Commagène appelé Callinicus ? Les deux formes du nom signifie la même chose : « beau vainqueur ». Le couple Kalinimus/Kalinikus renverrait à deux personnages tous deux pères d'un "Aquila", prosélytes du judaïsme et tous deux des traducteurs de la Bible. Kalonimus/Clément étant le père d'Aquila de Sinope et Kalonikus étant le père de l'Aquila qui a traduit le Targoum Onkelos.

Kalonikus peut tout à fait n'être que le père adoptif d'Aquila (et Nicétas), dans le droit romain un fils adopté a pleinement les droits d'un fils. Vu son rang social, son aire géographique et sa période, Callinicus de Commagène peut tout à fait s'être marié avec une princesse syro-phéncienne ayant eu une grande demeure entre Tyr et Sidon et qui est donnée comme la femme qui a adopté Aquila et Nicétas. Le nom "Aquila" pourrait venir de cette branche familiale et la soeur de Titus (et de Domitien) qui a donné naissance à Aquila de Sinope pourrait être une de ses parentes. Vespasien aurait eu une maîtresse jamais citée dans les sources pendant qu'il dirigeait les armées romaines contre les révoltés juifs (fin 66 à 69). Si une fille est née de cette union, elle a eu 17 ans entre la fin 83 et la fin 86. Il est donc tout à fait logique que ce soit Domitien qui la marie avec un Clément (qu'il fera exécuter en 96) qui est probablement Cornelius Clemens. De même, si cette sœur de Titus et de Domitien a eu un fils avec ce Kalonimus/Clément, son rang social serait tout à fait compatible avec celui d'Aquila de Sinope, qui est donné comme étant « frère selon la Loi » de l'empereur Hadrien, ce qui pour de nombreux critiques veut dire qu'il était marié avec une sœur d'Hadrien. On peut d'ailleurs remarquer qu'Hadrien est né le 24 janvier 76 à Italica, alors que Cornelius Clemens est peut-être issu d'une famille originaire d'Augusta Emerita, la capitale de la Lusitanie[1]. Deux villes de la péninsule ibérique distantes de moins de 30 km.

La dynastie de Commagène est liée à celle du Pont et Aquila tout comme Aquila de Sinope sont liés à ce territoire. Est-ce suffisant pour identifier Callinicus de Commagène avec le père adoptif d'Aquila et de Nicétas ? Il est possible que notamment pour Aquila de Sinope, le lien soit à rechercher dans l'ascendance des deux épouses de Kalinicus et Kalinimus — et donc dans celle de la maîtresse de Vespasien — qui appartiennent vraisemblablement à la même branche familiale.

La littérature pseudo-clémentine fait de la princesse syro-phénicienne la mère d'une Bérénice qui est vraisemblablement la Bérénice que la tradition appelle sainte Véronique.

Autre possibilité, l'Aquila auteur du Targoum Onkelos est un troisième Aquila, effectivement fils de Callinicus de Commagène, qui ne serait pas Aquila, le mari de Priscilla. Les deux Aquila de branches cousines viendraient alors de ce que Matidia la femme de Faustinus et la soeur de Titus (et de Domitien) appartiendraient pour moitié à la même famille : la dynastie de Commagène ou une famille liée à cette dynastie.

Mais le plus probable, c'est que l'Aquila des Actes des Apôtres, des Constitutions apostoliques et de la littérature pseudo-clémentine soit l'auteur du Targoum Onkelos.

Profil de Callinicus modifier

Le père de Callinicus, Antiochos IV de Commagène est vraisemblablement juif. Il est dans les termes les plus intimes avec Caligula. Hérode Agrippa Ier et lui sont présentés comme les instructeurs de l'empereur dans l'art de la tyrannie[2]. Il fait parti des rois (juifs) qu'Agrippa Ier réunit à Tibériade et à qui Marsus ordonne de se disperser car il craint que cette réunion soit une conspiration contre Claude.

En 43, le frère de Callinicus, Caius Julius Archelaus Antiochus Épiphane, est fiancé à Drusilla, une fille d'Agrippa Ier[3]. Toutefois comme celui-ci ne s'est pas fait circoncire, le mariage n'aura jamais lieu[4]. Nous avons donc bien affaire à des prosélytes du judaïsme. Callinicus était-il lui aussi non-circoncis, ou bien étant né après son frère, l'évolution de la famille a fait qu'il a été circoncis ? Une circoncision qui peut avoir eu lieu 8 jours après sa naissance conformément à la tradition juive.

Son frère participe à la répression de la révolte, mais cela ne semble pas être son cas.

Arbre généalogique modifier

 
 
 
 
Antiochos III de Commagène
roi de 12 à 17
 
 
 
 
 
 
Aka II of Commagene (en)
 
 
 
Tiberius Claudius Thrasyllus
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
Iotape de Commagène
 
Antiochos IV de Commagène
roi de 38 à 72
 
Capitolina ?
 
Tiberius Claudius Balbilus
Préfet d'Égypte de 55 à 59
 
Claudia Thrasylla
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
Callinicus
prince de Commagène
 
Caius Iulius Archelaus Antiochus Epiphanes
prince de Commagène
 
 
 
Claudia Capitolina
 
 
 
Marcus Iunius Rufus
Préfet d'Égypte
de 94 à 98
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
Julia Balbilla
 
 
 
Caius Iulius Antiochus Epiphanes Philopappus

Bérénice - Martha modifier

La littérature pseudo-clémentine fait de la princesse syro-phénicienne la mère d'une Bérénice identifiée dans plusieurs sources comme l'hémoroïsse qui est guérie par Jésus. Ambroise de Milan semble être le premier et quasiment le seul à identifier cette Bérénie à Martha, la sœur de Lazare et de Marie la Magdaléenne. Si c'était Bérénice/Martha, cela impliquerait que le mari de la princesse syro-phénicienne, mère de Bérénice, était Simon le Lépreux, c'est-à-dire Simon Cantheras chez Flavius Josèphe. Il est tout à fait possible que le nom biblique Simon ait été donné à Callinicus après le baptême des prosélytes décrit notamment par Étienne Nodet. Mais Simon Canthera est désigné grand-prêtre par Agrippa Ier. Si comme son frère, Callinicus de Commagène n'était pas circoncis, une telle nomination est totalement improbable. De plus cela impliquerait que les Boethusiens étaient la famille de Commagène, ce qui semble improbable puisqu'au Ier siècle}, il s'agit de prosélytes du judaïsme. Si on regarde la généalogie de Simon Cantheras, elle est incompatible avec celle de la dynastie de Commagène. Comme cette identification est le seul fait d'Ambroise de Milan, le plus probable est que ce soit une erreur et que donc sainte Véronique soit distincte de Martha fille de Boethus.

Par ailleurs, Martha peut tout à fait avoir comme deuxième nom Bérénice, mais elle est différente de la fille de la princesse syro-phénicienne ayant une résidence entre Tyr et Sidon. On peut d'ailleurs remarquer que cette Bérénice n'est jamais mise en scène avec un frère (Lazare) ou une sœur (Marie la Magdaléenne).

Voir aussi modifier

Notes et références modifier

  1. Françoise Des Boscs-Plateaux, Un parti hispanique à Rome?: ascension des élites hispaniques et pouvoir], p. 468.
  2. Dion Cassius, op. cit., LIX, 8.
  3. Flavius Josèphe, Antiquités judaïques, XIX, 9, § 1.
  4. Christian-Georges Schwentzel, "Hérode le Grand", Pygmalion, Paris, 2011, p. 255.