Utilisateur:Leonard Fibonacci/Bérénice - Véronique

Véronique est identifiée à Bérénice par la tradition chrétienne orientale. Dans sa version la plus connue[1], il s'agit d'une femme pieuse de Jérusalem qui, poussée par la compassion lorsque Jésus-Christ portait sa croix au Golgotha, lui a donné son voile pour qu'il pût essuyer son front. Jésus accepta et, après s'en être servi, le lui rendit avec l'image de son visage qui s'y était miraculeusement imprimée (d'où la croyance du voile de Véronique). L'iconographie chrétienne représente traditionnellement Véronique tenant un tissu où s'est imprimé le visage de Jésus.

Cet épisode n'apparaît pas dans le Nouveau Testament, mais à partir du IVe siècle, le nom de Bérénice (« Βερενίκη » Berenikê, mot macédonien signifiant « qui porte la victoire[2], latinisé en « Véronique », est donné à une femme anonyme guérie miraculeusement par Jésus dans les Évangiles synoptiques.

Dans la version grecque (recension A) des Actes de Pilate, un apocryphe qui date du IVe siècle, elle intervient pour le défendre lors du procès de Jésus sous le nom de Bérénice (Berenikè, ou Beronikè).

« Une femme, du nom de Bérénice, lui cria de loin : « J'avais une perte de sang, et j'ai touché la frange de son manteau et mon flux s'est tari, qui durait depuis douze ans ! » Les Juifs dirent : «Notre loi n'admet pas le témoignage d'une femme[3]. » »

Mais c'est dans des versions latines de ce texte, dans lesquelles Bérénice devient Véronique (Veronica), qu'apparaît la plus ancienne version de la légende du voile de Véronique. Il s'agit d'un épisode mis en appendice, la Cura Sanitatis Tiberii (La guérison de Tibère), dont le plus ancien manuscrit date du VIIIe siècle. Véronique, en témoignage d'amour et gratitude, a peint un portrait de Jésus de son vivant (Imago Christi)[4], qu'elle présente à l'empereur Tibère, ce qui le guérit d'une infirmité. Tibère offre à Véronique des richesses, fait construire un sanctuaire pour le portrait, se convertit et se fait baptiser[5].

Dans la tradition latine, la sixième station du Chemin de croix évoque cette femme qui aurait bravé la foule hostile et utilisé le voile qui couvrait sa tête pour essuyer le visage du Christ pendant sa montée au Calvaire. L'image supposée avoir été recueillie sur ce linge prit le nom de Sainte Face.

Eusèbe de Césarée modifier

Un passage commun aux trois évangiles synoptiques (Marc Mc 5:25-34, Matthieu Mt 9:20-22, et Luc Lc 8:43-48), raconte la guérison miraculeuse d'une femme atteinte d'hémorragies chroniques et qui touche le vêtement de Jésus. Cette femme n'est pas nommée (on parle de la « femme hémoroïsse »), et n'intervient pas ailleurs dans les évangiles. Dans les Actes de Pilate, il est dit que cette femme s'appelait Bérénice.

Au IVe siècle Eusèbe de Césarée rapporte dans son Histoire ecclésiastique (VII 18), que la femme venait de Césarée de Philippe, et qu'on y voit une statue de bronze la représentant agenouillée au pied du Christ.

Légende ultérieure modifier

Une tradition occidentale fait de Véronique l'épouse de Saint Amator. L'hagiographe Bernard Gui rapporte dans Sanctoral ou miroir des Saints que tous deux seraient allés jusqu'à Soulac et Amadour[6].

Étymologie fantaisiste modifier

L'étymologie populaire a ensuite rapproché le nom de Véronique des mots latins qui signifient « vraie » (vera) et « image » (icon, -is, fém[7].).

La dérivation fantaisiste du nom de Veronica à partir des mots Vera Icon (eikon), « image fidèle », remonte aux Otia Imperialia (III 25) de Gervais de Tilbury (vers 1211), où on lit : Est ergo Veronica pictura, Domini veram secundum carnem representans effigiem a pectore superius[8]...

Julia Crispina (JSTOR) modifier

« La seule inscription découverte sur un sarcophage trouvé dans le Tombeau des Rois porte le nom familier ( the unfamiliar name) de Reine Saddan (Sdn mlkt). Ce nom a donc été identifié comme la version araméenne du Grec Hélène, le nom par lequel la reine d'Adiabène est connue. Si ce nom avait été découvert dans un autre cadre géographique etc. »

Les Berenicien(s) (JSTOR) modifier

« Le nom masculin Berenicien est sans aucun doute dérivé du prénom Bérénice. Berenice est un nom qui a été beaucoup utilisé pendant la période hellénistique. C'était le nom des reines de la dynastie égyptienne des Ptolémée. Il servait aussi de nom à une grande ville de Cyrénaïque et à un port sur la mer Rouge, ainsi qu'à d'autres villes hellénistiques. Le nom masculin Berenicianus était inconnu jusqu'à ce que cette reine hérodienne décide de nommer son fils d'après son propre nom. Dans le monde romain et hellénistique il était beaucoup plus fréquent de nommer une fille en dérivant un nom masculin et cela a été encore plus populaire chez les Juifs. La reine Bérénice a décidé d'inverser cette pratique. Il n'y a aucune preuve du contraire[9]. »

« Les papyrus ainsi que six des inscriptions sont datées et toutes les mentions de Bernicianus post-date notre homme (Berenicianus, fils de Bérénice). Un papyrus de Memphis (no  23 in n 57) mentionne le rhéteur Berenicianus à la date de 135. Ce rhéteur a donc le même âge ou est légèrement plus jeune que Jula Crispina, ainsi qu'une génération plus jeune que le Berenicianus dont nous traitons[9]. » Un deuxième papyrus concernant un autre Berenicianus est daté de 197-198.

Sur les 6 inscriptions datées, deux sont précisément datées de 143 (n° 18) et 203-203 (n° 19). Deux autres peuvent être datées par déduction logique: le n° 17 peut être daté au plus tôt de la fin du IIIe siècle, puisque c'est une inscription typique d'une tombe chrétienne; et la n° 21 peut être datée de la première moitié du IIIe siècle[10].

« La datation de l'inscription n° 4 mérite une attention spéciale puisqu'elle a été trouvée dans le village de Rahkle, au pied du mont Hermon, au voisinage de Chalcis, le royaume de la reine Bérénice[10]. » L'inscription de la date n'est pas lisible en toute certitude. Toutefois, il semble qu'il est écrit 344, ce qui correspond à la date de 32 si l'inscription est datée depuis l'ère séleucide[10]. Toutefois, Ilan propose propose d'y voir une datation à partir du calendrier d'Abilène, ce qui correspondrait alors à la date de 281[10]. Il précise que « Abila était l'une des villes grecques de la décapole en Transjordanie[10]. »

« Un Berenicianus apparemment mentionné dans deux inscriptions, l'une datée, l'autre non datée, mérite une attention spéciale[10]. Un en:Gaius Julius Alexander Berenicianus est mentionné sur une inscription d'Ephèse (n° 5 in n 57), qui a été copiée au XIe siècle par Cyrique de Anacona et n'a plus été vue depuis. Ce Berenicianus peut être identifié avec un autre homme qui a été proconsul de la province romaine d'Asie en 132-133. Il est mentionnée dans une inscription de Laodicée (no  6 in n. 57), où il est désigné comme Berenicianus fils d'Alexander. En 1882, Waddington l'a identifié comme étant le petit-fils d'Gaius Julius Alexander (en), le dernier roi Hérodien de Cilicie (AJ. 18-140). Si cette identification est correcte, c'est une indication qu'au moins un autre porteur de ce nom appartenait au groupe des Hérodiens[11],[12]. »

Il semble que le nom de Berenicianus a acquis une rapide popularité dans les cercles Hérodien et ailleurs, particulièrement dans le voisinage de Chacis où Bérénice a été reine. La plupart des inscriptions portant le nom Berenicianus sont issus du Liban ou de Syrie. Celles-ci peuvent servir de preuve de la popularité de Bérénice en son temps et de son influence par la suite[13],[14].

Bibliographie modifier

Intéressant, à explorer modifier

Notes et références modifier

  1. Rapportée dans Acta Sanctorum publiés par les Bollandistes (pour le 4 février).
  2. Selon le dictionnaire grec-français Magnien-Lacroix (Belin, éd. de 1969), ce nom apparaît également sous la forme de « Βερονίκη » (Beronikê) chez Plutarque. Il s'agit d'une forme macédonienne où le verbe berein, « porter », qui correspond au verbe grec pherein, est suivi du mot nikê (« victoire »). D'après le même dictionnaire, ce verbe est construit sur la racine sanscrite bher-, qui signifie « porter ». « Bérénice » est un prénom féminin usuel dans l'Antiquité macédonienne ; entre autres, il fut celui de plusieurs reines de la dynastie alexandrine des Lagides, à commencer par Bérénice Ire, la troisième épouse de Ptolémée Ier Sôter.
  3. Attribué à Nicodème ben Gorion, Actes de Pilate, § 7.
  4. La Légende dorée de Jacques de Voragine, p. 279
  5. James E. Cross Two Old English apocrypha and their manuscript source: the Gospel of Nichodemus and the Avenging of the Saviour, Cambridge University Press, 1996 sur googlebooks
  6. Hagiographie et histoire monastique
  7. Le Gaffiot donne le mot grec εἰκών / eikôn, pour origine du mot latin icon. Le Bailly et le Magnien-Lacroix indiquent comme sens général, pour εἰκών, celui d'une image au sens de « représentation par l'art ».
  8. Otia imperialia III, 25, éd. S.E. Banks, J. W. Binns, Oxford, 2002, p. 606-607.
  9. a et b Tal Ilan, "Integrating Women Into Second Temple History" (Mohr Siebeck, Germany 1999), Part 3: Women and the Judaean Desert Papyri, Chapter Eight: Julia Crispina: A Herodian Princess in the Babatha Archive, p. 375
  10. a b c d e et f Tal Ilan, "Integrating Women Into Second Temple History" (Mohr Siebeck, Germany 1999), Part 3: Women and the Judaean Desert Papyri, Chapter Eight: Julia Crispina: A Herodian Princess in the Babatha Archive, p. 376
  11. Tal Ilan, "Integrating Women Into Second Temple History" (Mohr Siebeck, Germany 1999), Part 3: Women and the Judaean Desert Papyri, Chapter Eight: Julia Crispina: A Herodian Princess in the Babatha Archive, p. 377
  12. Ilan 1992
  13. Tal Ilan, "Integrating Women Into Second Temple History" (Mohr Siebeck, Germany 1999), Part 3: Women and the Judaean Desert Papyri, Chapter Eight: Julia Crispina: A Herodian Princess in the Babatha Archive, p. 377
  14. Ilan 1992