HendrikJanVisser
Description de cette image, également commentée ci-après
Verdun, le quartier où je vis
Nom de naissance Marius Visser
Nationalité Canadienne
Pays de résidence Canada
Formation
Université de Montréal


Description modifier

Ce profil utilisateur a été créé dans le cadre du cours FRA3826 - Théories de l'édition numérique, donné par Marcello Vitali-Rosati au Département des littératures de langue française de l'Université de Montréal. Je contribue donc surtout à des articles reliés au projet Édition numérique, mais aussi à des articles concernant la littérature occidentale et la musique americana, country et bluegrass.

Rendus Wikipédia modifier

Rendu Wikipédia du 25 octobre 2018 modifier

Débuts modifier

J'avais bien sûr déjà, comme tout étudiant, fait de la recherche sur Wikipédia. J'étais également avisé du fameux : « Wikipédia n'est pas une source valide » répété par mes professeurs. J'en faisais donc un usage très sommaire, en même temps que très critique. Je n'avais jamais vraiment réfléchi au processus éditorial de Wikipédia et à ses implications, ni envisagé sérieusement d'y participer en tant qu'éditeur.

Créer une page d'utilisateur Wikipédia est somme toute assez simple. Les principes généraux sont clairs et relèvent du sens commun. Une fois ma page créée, j'ai exploré un peu le monde de Wikipédia, j'étais très content de pouvoir ajouter une virgule ici, puis une référence là, sur des sujets qui m'étaient familiers. Après, j'ai ajouté des hyperliens, des références, en utilisant seulement la fonction "éditeur visuel", dont la rigidité d'emploi m'a un peu rebuté. J'ai donc essayé de modifier des pages à partir du code : je me suis tout de suite perdu parce que j'en ignorais la syntaxe. Ainsi, j'ai tenté de discuter avec le bénévole qui m'a accueilli. J'ai été redirigé sur sa page d'utilisateur, où il m'a semblé que l'interface de discussion de Wikipédia rend les échanges un peu laborieux, du moins à première vue. La démarcation entre les différentes interventions des utilisateurs sur une page m'a paru floue et les enjeux que ces interventions soulevaient m'étaient étrangers, étant donné qu'ils comportaient un aspect très technique, inintelligible pour un débutant. J'ai réalisé que le processus d'édition de Wikipédia, s'il se présente comme accessible à tous, exige un certain nombre de compétences informatiques. J'ai aussi compris que Wikipédia ne fonctionne pas comme un réseau social : le temps des discussions est beaucoup plus lent, et les pages des utilisateurs avec qui on cherche à discuter sont plutôt difficiles d'accès.

Syntaxe modifier

J'ai donc consulté les pages d'aide wikicode pour apprendre à parler wikipédien. Celles-ci sont pour la plupart bien construites et leurs indications, appuyées par des exemples, sont claires. En en consultant quelques unes, j'ai appris à insérer quelques éléments de mise en page (titres, sous-titres, etc.), des références, des hyperliens, des Infobox et des images[1]. Quand j'ai commencé à être un peu plus confiant en mes capacités, j'ai repéré quelques articles problématiques sur le portail de l'Édition numérique. Quelques interventions ponctuelles m'ont fait réfléchir au processus d'édition communautaire : parfois, le fait d'ajouter une seule phrase exigeait la réélaboration complète d'une section un d'un paragraphe, ce que je ne pouvais pas faire tout seul à chaque intervention, et ce qui aurait été en quelque sorte contraire au principe de Wikipédia. J'ai remarqué cependant que certains articles avaient un ton un peu bigarré, dysharmonieux, qui fait buter le lecteur. Il me semble que de telles interventions, parce qu'elles ne prennent pas en considération l'ensemble d'un article ou d'une section, ni d'ailleurs les normes de Wikipédia, y sont pour quelque chose. J'ai donc, dans la dernière semaine, entrepris de rénover une section complète ("humanisme numérique") dans l'article culture numérique. Même si j'entreprends la rénovation de cette section de façon plutôt "individuelle", je me plie à la norme Wikipédia et je garde en tête que mes contributions sont destinées à enrichir une communauté.

Communauté et autorité modifier

Le fait que l'autorité et la légitimation du contenu soit déterminée par une communauté a certaines conséquences. Par exemple, Stéphanie Guité Verret et moi avons tenté, de façon un peu radicale, de supprimer la page portant sur l'histoire de l'édition numérique. Nous sommes toujours convaincus que cette page n'a pas raison d'être. Mais, puisque cette décision n'est pas prise de façon communautaire, et parce que nous sommes débutants (même si Wikipédia est ouvert à tous, la distinction hiérarchique entre "débutants" et "experts" permet de légitimer le contenu - ce qui est très bien), cette page ne sera pas supprimée, bien qu'elle soit à peu près vide de contenu. Ainsi, le fait que des modifications mineures et des interventions ponctuelles peuvent être faites par n'importe quel utilisateur n'empêche pas, néanmoins, que le contenu et la validité des articles soient autorisés par des instances de légitimation. Cependant, comme ces instances répondent elles-mêmes du principe de communauté, les opérations éditoriales majeures (la suppression d'une page, par exemple) ont la lenteur caractéristique des prises de décision démocratiques : les choix d'édition sur Wikipédia ne se font pas aussi rapidement qu'on ne le pense.

Pour la suite de la session, je continuerai de travailler sur l'article "culture numérique", parce qu'il demande à être retravaillé et parce que les enjeux philosophiques et politiques que soulève l'expression "culture numérique" m'intéressent le plus. Aussi, j'aimerais explorer plus avant l'éditorialisation de contenu en balisant des textes.

Rendu Wikipédia du 6 décembre 2018 modifier

Visibilité et accessibilité modifier

Mes contributions à Wikipédia m'ont, au cours de la deuxième moitié du semestre, principalement amené à réfléchir au concept de visibilité. Si la distinction entre visibilité et accessibilité est fondamentale et bien antérieure au développement du web - dans la mesure où toute société appartenant à une tradition historique et scientifique se trouve confrontée au problème de la structuration du savoir, en vue de le rendre accessible - il m'a semblé que, dans le contexte d'une encyclopédie numérique et communautaire, le concept de visibilité prend une importance particulière. Par exemple, sur Wikipédia, la visibilité ne détermine pas seulement le mode de structuration du contenu, mais elle devient également un critère de légitimation du contenu.

J'ai été confronté à la problématique de la visibilité lorsque j'ai traduit de l'italien un article sur Benedetto Calati, un moine carmélite qui a beaucoup réfléchi, entre autres, à la pratique de la lectio divina. Je n'ai pas utilisé, toutefois, l'outil de traduction proposé par Wikipédia, car il m'a semblé qu'il rend le processus plus laborieux. Bref, mon intention était, par cette contribution, de rendre accessibles en français, précisément, des informations concernant ses travaux. Le problème, c'est que mon article est certes potentiellement accessible, mais il est «orphelin», au sens où il est lié à moins de trois autres articles (ce qui n'est pas le cas pour l'article en italien). Il est donc, pour la majorité des usagers francophones de Wikipédia, pratiquement invisible. Qui, dans le monde francophone, s'intéresse à ce moine camaldule qui a étudié la patristique ? Le problème, bien sûr, c'est celui de l'indexation. Rendre visible un contenu, c'est l'indexer dans un cadre de référence déjà existant, un espace déjà structuré pour accueillir et montrer ce qui doit être vu. Autrement dit, un contenu n'est pertinent que si une communauté dispose d'un cadre pour l'accueillir.

Ainsi, l'accessibilité au contenu ne repose pas simplement sur une opération de traduction. Dans la mesure où la culture se définit principalement par le langage, c'est-à-dire par l'institution d'un code communément partagé, la traduction de l'italien au français, en réalité, a pour effet d'extraire l'article sur Calati de son cadre de référence global. Autre problème : cette traduction est faite par moi. Si j'étais un éditeur renommé, dirigeant une collection prestigieuse sur l'étude de la tradition monacale au Moyen Âge, par exemple, j'aurais le pouvoir d'«imposer» les travaux de Calati en prétendant qu'ils sont non seulement excellents, mais légitimes. Or, dans le contexte de Wikipédia, seule la visibilité de ce contenu, c'est-à-dire la possibilité de l'indexer, de façon immanente, à un référent culturel pré-existant me permet d'en mettre à l'épreuve la cohérence et la légitimité. Dans cette optique, la visibilité est effectivement productrice de légitimité.

À ma réflexion plutôt culturelle concernant l'article sur Calati et la visibilité s'est ajoutée une réflexion sur la traçabilité. Par exemple, j'ai ajouté une bibliographie importante sur la page Hubert Aquin une première fois, sans prendre le soin de baliser mes références. Ma contribution était utile à quiconque s'intéresse directement à l'auteur. Cependant, je me suis rendu compte qu'elle avait ce caractère limité, local. C'est pourquoi j'ai décidé, par la suite, de baliser mes références selon le modèle «ouvrage», balisage qui rend ma contribution plus visible, puisque ce modèle génère automatiquement des COinS, qui permettent à certaines applications (comme Zotero) de récupérer les informations bibliographiques présentes sur Wikipédia.

Espace et production d'autorité modifier

Éventuellement, la question de la visibilité et de l'accessibilité m'a amené à réfléchir aux liens entre l'espace et l'édition, notamment dans la section «Humanisme numérique» de l'article Culture numérique. Il m'a semblé que la notion d'«immatérialité» par laquelle on caractérise souvent le numérique doit être nuancée. En effet, l'édition a toujours reposé, non seulement sur la structuration d'un contenu sous la forme de document, mais sur la création d'un espace de diffusion, d'un lieu propice à la rencontre entre auteurs et lecteurs. Il n'en va pas autrement pour l'édition numérique. C'est pourquoi Doueihi, lorsqu'il définit l'humanisme numérique, insiste avant tout sur la notion d'espace ; certes, le numérique est caractérisé par un ensemble de pratiques et de techniques, mais, comme il l'affirme, il est également créateur d'un «lieu de sociabilité sans précédent»[2].

Cet espace ouvert par le numérique est à même de déterminer de nouveaux critères d'autorité. Dans la mesure où l'environnement numérique est constamment modifié et recréé par ceux qui l'habitent et en exploitent les ressources, l'opposition traditionnelle qui caractérise la relation de l'auteur au lecteur se trouve, non pas effacée, mais redéfinie. L'auteur n'incarne plus un individu, mais simplement une instance productrice d'autorité. À l'autorité individuelle se substitue un processus d'autorisation communautaire sans cesse à l'oeuvre sur le Web. Ce processus n'est pas plus «lâche» que celui de l'édition traditionnelle ; simplement, il repose sur des critères différents, dont la visibilité n'est qu'un exemple.

Notes et références modifier

  1. D'ailleurs, une image de Gilles Deleuze que j'ai déposé sur Wikicommons a été retirée ensuite par un administrateur. Je l'avais pourtant trouvée sur une page Wikipédia serbe.
  2. Milad Doueihi, Pour un humanisme numérique, Paris, Édition du Seuil, , 178 p.