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Brouillon pour page "Musée Rops"

Historique

Les origines du projet muséal

La création d’un musée dédié à Félicien Rops revient au gouverneur François Bovesse (1890-1944) et à Marcel Grafé (1884-1936), amateur d’art et vice-président des « Amis du Musée des Beaux-Arts de Namur ».

L’Hôtel de Croix de Namur accueille, en 1937, une exposition sur des lithographies, gravures, peintures, dessins et souvenirs de l’artiste namurois, Félicien Rops. Cependant, les œuvres les plus érotiques et sataniques sont délibérément écartées de l’exposition laissant ainsi la place au réalisme, à la caricature ainsi qu’à la peinture de paysage.

Il faudra attendre les années 1960 pour que le projet soit repris, c’est d’ailleurs à cette même époque que Maurice Kunel (1883-1971) fonde l’association « Les Amis de Félicien Rops » aux côtés de Georges de Froidcourt (1885-1972), historien, et du comte Fernand Visart de Bocarmé (1890-1976), président du Tribunal de première Instance de Namur et amateur d’art reconnu. C’est l’acte de naissance des « Ropsistes ». Rapidement, l’association sollicite la création d’une salle « Rops » au cœur de l’hôtel de Gaiffier d’Hestroy, hôtel de maitre datant du 18ème siècle, situé rue de Fer à Namur et légué en 1950 à la Province de Namur dans l’espoir d’y installer un musée.

Quatre salles sont attribuées à l’œuvre de Rops et se déclinent sur deux étages. Le rez-de-chaussée est consacré à la reconstitution de l’ « atelier » de Rops tandis que l’étage accueille la salle des peintures ; un salon imprégné de l’ambiance studio des années 1890, avec présentation des grandes lithographies et d’une bibliothèque pour les livres reliés ; et enfin, la salle des estampes avec lithographies et eaux-fortes. En juin 1964, l’inauguration a lieu[1].

Constitution d’une collection de référence

Lorsque la Province de Namur prend la décision d’aménager un musée Rops, ces trois principaux artisans, Maurice Kunel, Georges de Froidcourt et le comte Visart de Bocarmé, se voient octroyer un certain budget. Qui plus est, le comte de Visart de Bocarmé offre, dès 1962, sa collection d’œuvres de Rops, majoritairement composée de gravures, à la Province de Namur. En partant de ce fonds, ils complètent du mieux qu’ils peuvent cette collection de référence en obtenant des donations mais également en procédant à des acquisitions auprès de collectionneurs « historiques » de Rops.

Entrent alors dans le fonds de la Province de Namur des peintures et dessins de qualité tels que La Dèche, La Femme au pantin et à l’éventail, Tête de vieille Anversoise issus de la collection de Maurice Exteens (1887-1961), connu comme étant le gendre de Gustave Pellet (1859- 1919) qui fut l’un des marchands de Rops à Paris et acquéreur de ses droits d’auteur après sa mort ; des dessins originaux provenant de la collection d’Edmond Deman (1857-1918), libraire-éditeur qui collabora avec Rops pour l’illustration d’ouvrages à Bruxelles ; ou encore de tableaux et d’archives venant de la famille Rops au château de Thozée.

À ses débuts, la collection du musée se compose de 300 pièces dont près de 100 œuvres de la donation Visart de Bocarmé, une soixantaine d’estampes et lithographies des musées d’Art et d’Histoire de Namur, les autres pièces ayant été acquises ou reçues par la commission d’achat.

Le rôle de la Communauté française de Belgique - Fédération Wallonie-Bruxelles

Depuis son installation en 1964, la Province de Namur a poursuivi sa politique d’acquisition d’œuvres de Félicien Rops. À partir des années 1980, elle est soutenue par un nouveau partenaire : le ministère de la Culture de la Communauté française de Belgique.

Depuis lors, le ministère de la Fédération Wallonie-Bruxelles a toujours apporter son soutien au musée, notamment en participant à la vente Drouot à Paris en 1984 où elle fait l’acquisition du dessin original Pornocratès ou La Dame au cochon qui est aujourd’hui classé parmi ses trésors.

D’autres œuvres comme des dessins des Cent légers croquis sans prétention pour réjouir les honnêtes gens ou une huile sur panneau Satan semant l’ivraie ou encore une série de gravures avec texte autographe en marge des Sataniques sont acquises et mises en dépôt au musée Rops pour le plus grand plaisir des visiteurs. En 2002, la Fédération Wallonie-Bruxelles fait l’acquisition, avec la Province de Namur, d’un fonds de gravures de 2000 pièces ayant appartenu à un collectionneur important, Maurice Pereire (1867- 1946). Le musée possède alors la quasi-totalité des états de chaque gravure de Rops, comblant ainsi en une fois toutes les lacunes de la collection d’estampes.

Le second musée Rops

À partir des années 1980, la superficie du musée situé rue de Fer ne permet plus l’exposition des multiples acquisitions de la Province de Namur et de la Fédération Wallonie-Bruxelles.

Sous l’impulsion du gouverneur Pierre Falize (1927-1980), des députés permanents Philippe Hugé (1947- 2021) et Guy Milcamps (1951-), et des conservateurs Jean Hanon (1922-2015) et Guy Cuvelier (1937-1991), le musée déménage, dans un hôtel de maître, situé rue Fumal, 12 au cœur du vieux Namur et à proximité de la maison natale de Félicien Rops.

Le 18 septembre 1987, l’inauguration a lieu. Le premier étage permet au visiteur de suivre Rops au travers de son parcours chronologique en trois étapes clé : Namur, Bruxelles et Paris. Le second étage présente, quant à lui, les principales techniques de Rops : gravure, dessin et peinture.

Historique de ce nouveau lieu d’accueil de l’œuvre de Rops

Le bâtiment originel date du 17ème siècle et est présent sur les plans de la ville. En 1834, Théodore Polet, le beau-père de Félicien Rops achète la propriété et la rehausse en 1850 en l’habillant dans un style néoclassique. À l’intérieur, on perçoit encore la distribution intérieure et une refonte du décor, tendance Second Empire (escalier, plafond, cheminée). En 1874, le fabricant de chocolat et de moutarde, Auguste Boty construit dans le jardin une serre en forme de galerie, en style éclectique. Elle sera démolie après 1980. L’avocat Hamoir qui achète la maison en 1898, fait installer une baie vitrée de style Art nouveau, façon Hankar ouvrant le « grand salon » (actuel accueil du musée) sur ladite serre. C’est Henri Hamoir qui cède la maison en 1934, aux Renard-Dietens, qui la vendront aux Renard-Crabbé, torréfacteurs de café. Finalement, la Province de Namur acquiert le bâtiment en 1978.

L’extension du musée Rops entre 1996 et 2003

L’équipe du musée Rops est désireuse d’offrir à ses visiteurs des services nouveaux. En quelques années seulement, force est de constater que le « nouveau » musée est déjà trop petit. En effet, il doit aussi prendre en compte les besoins et les normes de sécurité d’un musée actif (conservation, diffusion, recherche scientifique). Dès 1993, la Province de Namur soutenue par la Fédération Wallonie-Bruxelles souhaite programmer plusieurs phases de travaux.

En 1996, les travaux débutent par l’aménagement de l’ancien atelier de torréfaction. Cet espace, réparti sur deux étages, se compose de 200m² consacrés aux expositions temporaires, d’une réserve d’œuvres pour peintures et dessins et d’un atelier destiné aux animations pédagogiques et à la restauration d’œuvres sur papier.

En 1999, deux nouvelles salles sont aménagées pour la collection de référence ainsi qu’une salle audiovisuelle, une zone administrative, une réserve pour les gravures et un ascenseur. La façade de l’immeuble reste au niveau des matériaux dans l’esprit de la rue, mais devient quasi-aveugle afin de satisfaire aux normes très strictes de conservation d’œuvres sur papier : seules deux fentes de lumière sont pratiquées de part et d’autre d’un mur courbe rentrant latéralement dans le bâtiment.

Fin 2002, la troisième et dernière phase de travaux concerne le réaménagement des salles d’exposition permanente, les travaux de stabilité, l’installation de la climatisation et d’un nouvel éclairage adapté à la conservation des œuvres, la création d’une bibliothèque et surtout la conception d’une nouvelle scénographie.

Compte tenu de la passion pour la botanique de Rops, le jardin du musée est complètement transformé en 2005, sur base d’une analyse minutieuse par Philippe Martin, botaniste et responsable de la collection de botanique de l’UNamur, des herbiers de l’artiste conservés au musée. Le « jardin d’en haut » et « jardin d’en bas » établis par Rops dans son parc à Thozée sont évoqués par deux niveaux distincts recréés pour l’occasion. L’artiste contemporaine, Anne Jones (1951-), choisit les plantes préférées de l’artiste pour embellir le fond du jardin, tandis qu’une sculpture composée de 25 sphères en ardoise, Carré d’ardoises, prend place à l’avant-plan.

S’étendre à nouveau grâce à la Fondation Roi Baudouin

Une vingtaine d’années plus tard, l’espace disponible dans le bâtiment pose de nouveau problème à l’équipe du musée : il ne permet plus à celle-ci de remplir ses missions qui ont évoluée en même temps que la société.

La Fondation Roi Baudouin achète, en janvier 2020, le 10 rue Fumal dans l’optique de confier cette future extension à l’asbl « Les Amis du musée Rops », le soutien sans faille du musée.

Le rez-de-chaussée est aménagé en ateliers pédagogiques principalement dévolus à la technique de la gravure. Les personnes à mobilité réduites tout comme les enfants peuvent y accéder facilement.  De cette façon, de nouvelles possibilités d’animations peuvent ainsi voir le jour. Dans un futur proche seront réalisés des travaux et aménagements dans le but de mettre aux normes l’ensemble de l’annexe.

2 La collection de référence

Reprendre quelques œuvres+ thématiques+ genre etc…  (voir guide du visiteur) + renvoyer vers la page internet du musée + collection en ligne) Mettre le nombre un nombre approximatif d’œuvres ???? + la mise en ligne de son inventaire (près de 3000 gravures et près de 500 autres dessins et peintures. En cours de préparation).

L’œuvre de Félicien Rops constitue un chapitre fondamental de la modernité en Belgique, entre l’époque du Réalisme critique et le Symbolisme ; ses peintures et ses œuvres sur papier relèvent d’un imaginaire auquel ses obsessions ont donné naissance.

La collection est articulée autour d’une idée maîtresse : la découverte de la vie de l’artiste au travers de différentes thématiques qui constituent autant d’étapes importantes de la carrière artistique de Félicien Rops. Ainsi le musée possède des caricatures du début de carrière de l’artiste, lorsque ce dernier faisait ses armes à l’Université Libre de Bruxelles et dans le journal Uylenspiegel ; des gravures et dessins liés à sa période réaliste ; des tableaux et pochades de ses nombreux voyages ainsi que de nombreuses œuvres symbolistes dont il est l’un des premiers représentants. Les lettres et les documents d’archives complètent la vision générale sur l’artiste et le 19ème siècle ainsi que des croquis et carnets lui ayant appartenus.

La collection ne prétend pas à l’exhaustivité mais permet de manière cohérente de présenter un panel représentatif de l’œuvre complexe de Félicien Rops ainsi que des œuvres témoignant de ses pratiques artistiques, comme les gravures avec dessins en marge et la série des Cent légers croquis.

La muséographie est structurée selon une logique chronologique mais aussi une logique thématique.

Le début de l’exposition est consacré à la genèse artistique de Rops, lorsque ce dernier fréquentait les cercles estudiantins de l’Université libre de Bruxelles à la fin des années 1850. Il débuta sa carrière en faisant des caricatures dans différents journaux satiriques comme Le Crocodile ou encore Uylenspiegel. Journal des ébats artistiques et littéraires. C’est à cette époque que l’artiste commence à se forger une réputation et à faire de nombreuses rencontres qui auront un impact sur la suite de sa carrière.

Après ses débuts de caricaturistes, Félicien Rops sera très influencé par le mouvement réaliste dont l’un des représentants les plus célèbres n’est autre que Gustave Courbet (1819-1877). Certaines œuvres de cette époque sont des chefs d’œuvres de la production ropsienne comme Enterrement au pays wallon, La Dèche, La Buveuse d’absinthe ou encore Le Scandale. C’est surtout l’aspect social du réalisme qui intéresse l’artiste.

Les années 1860 seront déterminantes pour Félicien Rops avec notamment la rencontre de Charles Baudelaire (1821-1867) en 1864 qui marque un véritable tournant pour lui. En effet, c’est après la rencontre avec le poète maudit que Rops s’intéresse de plus en plus à l’allégorie et au symbolisme.  C’est aussi dans le sillage baudelairien que la figure du squelette et de la femme fatale vont faire leur entrée dans le répertoire ropsien. Des œuvres telles que Satan semant l’ivraie (1867), La Mort qui danse (1865),  Mors syphilitica (1865) ou encore Parodie humaine (1878-1881) sont caractéristiques de sa production.

L’attrait pour le symbolisme ne se démentira jamais – Rops en étant l’un des représentants les plus emblématiques – puisque les années 1870 seront celles de certaines de ses plus belles et célèbres compositions comme la série des Dames au patin (1873-1890) et surtout Pornocratès ou la Dame au cochon. Les années 1870 correspondent aussi à une période faste dans la vie de Rops  puisqu’il est à présent bien établi à Paris et est l’un des illustrateurs les plus courus de la capitale française. C’est l’époque de création de sa célèbre série des Cent légers croquis pour le bibliophile Jules Noilly. Il illustra notamment des ouvrages de Stéphane Mallarmé, Paul Verlaine, Joséphin Péladan, les frères Jules et Edmond de Goncourt, Jules Barbey d’Aurevilly, Charles Baudelaire, … Une partie de la collection de référence est consacrée à son travail d’illustrateur.

Les années 1870-1880 sont celles du développement de la « peinture de plein air » représentée par les paysagistes et surtout les impressionnistes. Il semblerait que Félicien ait été en contact avec ses milieux artistiques avant-gardistes. Il s’est d’ailleurs lui-même essayé à ce type de production avec des œuvres comme Sainte-Adresse ou encore La Plage de Heyst. La collection de référence s’attarde aussi sur les nombreux voyages effectués par l’artiste en Espagne, en Scandinavie ou encore en Hongrie.

L’exposition permanente se clôture sur le côté plus sulfureux de l’artiste lorsque vers la fin de sa vie, il s’est plus particulièrement intéressé à la figure du diable. La série Les Sataniques et Les Diaboliques en sont les témoins.

3        Œuvres Majeures

Un enterrement au pays wallon (1863) : Dans une lettre, Rops explique qu'il a fidèlement reproduit un enterrement auquel il a assisté par hasard, en se promenant à Namur. Toute sa sensibilité ressort de cette scène réaliste touchant à la caricature. Inspiré de l'Enterrement à Ornans de Gustave Courbet, Rops distille une pointe de cynisme face au clergé qui, absorbé par le culte, ignore tout de la douleur de l'enfant.

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Les Épaves (1866) : En 1866, deux ans après sa rencontre avec Charles Baudelaire, Rops réalise pour l’écrivain, un frontispice typiquement "ropsien" pour Les Epaves, le recueil des poèmes censurés des Fleurs du mal. Rops développe ici un ensemble de symboles qu’il continuera à utiliser ultérieurement. Les frontispices qu’il réalisera durant toute sa carrière constitueront "la synthèse de sa pensée symbolique comme le frontispice est censé être la synthèse d’un livre"1. Cette collaboration confirme la réputation de Rops auprès des plus grands écrivains et éditeurs de son temps.

1. Hélène Védrine, De l’encre dans l’acide, Paris, Honoré Champion, 2002, p.145

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Les Dames au pantin (1873-1890) : Quatre dessins composent cette série réalisée sur près de 20 ans. De la simple cocotte dans un boudoir du 19ème siècle regardant, amusée, un homme transformé en marionnette, la femme se transforme en meurtrière, couteau à la ceinture. Du ventre du pantin coule des pièces d'or : la femme vénale manipule l'homme et lui soutire ses richesses. "Ecce Homo", Voici l'Homme, dit la légende de l'œuvre, pendant qu'une danse macabre emmène les bourgeois vers leur destination finale. En cette fin-de-siècle décadente, nombreux sont les auteurs et artistes qui représentent une femme fatale et dominatrice manipulant la gente masculine. A travers cette série, Rops s'inscrit dans l'esprit de son temps et construit un discours saturé en symboles et références culturelles. "L’homme pantin de la femme, la femme pantin du diable", écrit Joséphin Péladan1. La série des Dames au pantin fait évoluer Rops vers le symbolisme et l'allégorie.

1. Joséphin Péladan, « L’Esthétique au salon de 1833 », in L’Artiste, vol.1, mai 1883, p. 341

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Bouge à matelots (1875) : "Aussi je vais retourner au plus vite à Paris pour y retrouver la petite ivresse de là-bas, qui fait sortir du crayon les belles imaginations"1. Les maisons closes, les filles des boulevards, les femmes absinthées, toute cette vie nocturne, Rops la côtoie et la traduit dans un esprit proche de Toulouse-Lautrec mais aussi de Zola, des frères Goncourt ou de Maupassant. Dans Le Bouge à matelots, la composition diagonale confère une dynamique à l’atmosphère du lieu. Les regards se perdent dans toutes les directions, laissant imaginer l’effervescence du cabaret. Une prostituée embrasse un matelot, une autre, à moitié nue, se laisse aborder par un marin, tandis que le geste d’une troisième, le bras levé tenant une bouteille d’alcool donne un rythme vif et enlevé à la scène. Une nature morte aux vêtements révèle la mesure du talent de dessinateur de Rops qui mêle ici une série de techniques comme le pastel, l'aquarelle et rehauts de gouache.

1. Lettre à Rops à Eugène Rodrigues, Heyst, 19 septembre 1882. www.ropslettres.be, n° d'édition 312

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Le Sphinx (1884) : C’est en 1882 que Jules Barbey d’Aurevilly, l’écrivain dandy et décadent par excellence, donne l’autorisation à l’éditeur Alphonse Lemerre (1838-1912) de republier ses nouvelles réunies sous le titre Les Diaboliques qui étaient sorties chez Dentu en 1874. Lemerre fait appel à Rops pour illustrer les 6 nouvelles qui composent l’ouvrage. Rops lit attentivement chaque récit et s’en inspire pour faire de chaque image, un résumé de l’esprit du texte. Barbey n’appréciera que moyennement le travail de Rops qui pourtant, a beaucoup de succès auprès des lecteurs de l’époque. Rops saisit, dans cette série, l’esprit de modernité de son siècle, en unissant sensualité et morbidité. La Sphinge est la première illustration de l’ouvrage des Diaboliques, c’est sans doute pour cette raison que Rops en fit un dessin en couleurs. Une femme, enlacée à une sphinge en pierre, est épiée par un Satan habillé en dandy du 19ème siècle.

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Pornocratès (1878) : "Le dessin représente une grande femme nue, quart nature, se détachant sur un ciel bleu foncé parsemé d’étoiles et où des amours – 3 amours ! volent en s’enfuyant, à tire d’aîles, la femme, les yeux bandés est conduite en aveugle par un cochon. C’est intitulé – Pornocratie – Sous la frise les petits génies des Beaux- Arts courbent – en gémissant !! la tête !! La femme est chaussée & gantée de noir"1, décrit l'artiste. Pornocratès, La Dame au cochon ou Pornocratie, trois titres pour nommer ce dessin majeur de Rops qui illustre aujourd'hui encore l'esprit décalé et impertinent de l'art belge. La femme moderne piétine les arts anciens, figés dans la pierre. Elle se laisse guider par ses instincts, symbolisés par le cochon. C'est donc un dessin qui représente une double profession de foi pour l'artiste : en art, un refus virulent pour l'académisme et dans la société, une dénonciation de l'hypocrisie bourgeoise qui cache une certaine liberté de mœurs.

1. Lettre de Rops à Maurice Bonvoisin, Paris, 20 février 1879. www.ropslettres.be, n° d'édition 475

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Plage de Heyst (1886) : "Mes dunes blanches, mes belles flamandes blondes, mes vastes horizons et la mer nacrée à nulle autre pareille, qui ont fait si longtemps ma joie, & qui la feront encore je l’espère!"1 Rops aime peindre dans la nature à la Mer du Nord. Il plante son chevalet sur la plage et peint les ciels nuageux de ces nouveaux lieux de villégiature de la bourgeoisie belge et étrangère qui découvre la société de loisirs. Sa Plage de Heyst, avec ses touches de lumière et de couleurs éparses colorées, la silhouette féminine bravant le vent, prend des airs de peinture impressionniste. La palette de Rops s'éclaircit, la technique est subtile, l'atmosphère prédomine. "Il y aura peut-être à espérer beaucoup d’un mouvement de peinture bizarre qui commence maintenant sous le nom d’École des Impressionnistes & a pour caractéristique une peinture claire dans le genre de celle qu’on fait beaucoup maintenant en Belgique mais plus heurtée plus enlevée. C’est plein de choses grotesques mais il y a là trois bonshommes, Caillebotte & Degas & Monet (pas Manet) qui sont d’une jolie force & très artistes."2

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1. Lettre de Rops à Armand Rassenfosse, Paris, 26 juillet 1893. Bruxelles, Bibliothèque royale Albert Ier, Cabinet des Manuscrits, II 6957 (19) 1893

2. Lettre de Rops à Armand Rassenfosse, Paris, s.d. www.ropslettres.be, n° d'édition 881


4. Les expositions temporaires

Les thématiques abordées lors des expositions temporaires sont très variées. Des maîtres « oubliés » ou moins connus du 19ème siècle sont régulièrement mis en valeur, de Henri de Braekeleer (1840-1888) à Henry de Groux (1866-1930) en passant par Charles Doudelet (1861-1938). Certains aspects de la vie artistique du 19ème siècle sont également traités comme les ateliers d’artistes, le marché de l’art ou des cercles artistiques. Un regard sur l’art contemporain et la mise en regard avec le travail de Félicien Rops est aussi régulièrement envisagé.

Quelques exemples d’expositions temporaires présentées au musée Félicien Rops

Ø 22/10/22 – 05/03/23 : Les Portes d’or. Charles Doudelet (1861-1938) et le symbolisme

Ø 13/05 – 25/09/22 : The Circus We are

Ø 23/10/21 - 20/03/22 : Dans les yeux de Van Gogh. L'empreinte des artistes belges sur Vincent van Gogh

Ø 19/06/21 - 03/10/21 : Un été impressionniste. De Rops à Ensor. Les collections du musée d'Ixelles

Ø 11/09/20 - 18/04/21 : « Adjugé ! » Les artistes et le marché de l'art en Belgique (1850-1900)

Ø 19/06/2021 - 7/11/2021 Expos focus : Rops pas à pas, sur les chemins du poète

Ø 07/03/20- 23/08/2020 : Mars (1849-1912), dessinateur & collectionneur de Rops

Ø 19/10/19 - 2/2/20 : Henri De Braekeleer (1840-1888). Fenêtre ouverte sur la modernité

Ø 12/09/20 - 12/12/21 Expos Focus : Rops et la Franc-maçonnerie

Ø 25/05 - 22/09/2019 : Henry de Groux (1866-1930). Maître de la démesure

Ø 18/02 - 12/04/2019 : Félicien Rops en son château

Ø 20/10/2018 - 17/02/2019 : La Zwanze, burlesque & canular. De Louis Ghémar à James Ensor

Les archives des expositions temporaires sont consultables sur le site web du musée : www.museerops.be

4       Ropslettres

« Si l’on publie un jour ou l’autre la correspondance de Félicien Rops, je m’inscris d’avance pour mille exemplaires de propagande ! ». Lettre d’Edgar Degas à Édouard Manet 1


Les lettres de l’artiste namurois (1833-1898) jouissent dès le 19è siècle, d’une grande réputation auprès des artistes et écrivains de son temps et nombreux sont ceux qui souhaitent leur diffusion. En marge de sa grande qualité littéraire, le corpus des lettres de Rops se caractérise également par la verve de son auteur et l’humour quasi irrésistible qu’il y déploie. OEuvres littéraires, parfois visuelles lorsqu’elles sont illustrées, les lettres de Rops constituent une source documentaire essentielle à l’étude de l’artiste et de la société du 19è siècle.

                                 

Depuis les années 1990, le musée Félicien Rops (Province de Namur) et l’asbl « Les Amis du musée Rops » oeuvrent à l’édition intégrale et critique de la correspondance de l’artiste. Le choix s’est porté sur une publication en ligne qui pourra évoluer de concert avec le projet.

Le site Internet www.ropslettres.be met en lumière plus de 3500 lettres du peintre-graveur d’une qualité tout à fait exceptionnelle. La priorité du musée Félicien Rops est d’offrir dans un premier temps l’ensemble des transcriptions des lettres de l’artiste avec en parallèle leurs fac-similés numériques. Les autographes de l’artiste issus de la collection du musée Rops, soit près de 500 lettres, ont  été les premiers à être édités. D’autres corpus de divers lieux de conservation sont venus ensuite enrichir la publication. Citons par exemple les fonds de la Bibliothèque royale de Belgique et de la Bibliothèque nationale de France. Dans un second temps, paraîtra l’annotation critique par vagues successives.


Pour mener à bien ce vaste projet, des années de recherches ont été nécessaires et une part importante du travail demeure encore à accomplir. De nombreuses personnes ont pris part à ce projet éditoriale et ont contribué activement à son développement.


1 Lettre d’Edgar Degas à Édouard Manet. Citée d’après : BOYER D’AGEN [BOYE Auguste Jean dit ROIG Jean de], Rops..iana, Paris, Pellet, 1924, p. 5.


5       Bibliographie reprendre une partie de la biblio voir https://www.ropslettres.be/bibliographie/

6        Liens externes : http://www.ropslettres.be + asbl les amis du musée Rops + : Fonds Félicien Rops + www.museerops.be + https://linktr.ee/museefelicienrops


[1] Pour consulter les images d’archives du premier musée Rops, voir le site des archives audiovisuelles, Sonuma : https://www.sonuma.be/archive/ce-pays-est-a-vous-du-17021969.