Utilisateur:Edouard de Cantel/Brouillon

Jules-David de Cromot Baron du Bourg

« Le nom de Cromot fut souvent avancé pour remplacer Necker, le comte de Provence protégeant en sous-main, depuis Brunoy, le lancement de telles rumeurs. Cependant, Cromot échouera dans son dessein d’accéder au Contrôle général des finances. Comme consolation, il conservera tout au long de son service auprès de Monsieur, de solides amitiés, aussi bien dans l’entourage immédiat du prince que dans d’autres milieux plus ouverts ».


Cromot aimait le comte de Provence ; on trouve témoignages d’affection pour le prince dans l’hôtel particulier du surintendant : on dénombre ainsi trois portraits de Monsieur dans la demeure de Cromot. Donnés par le prince, ils ne seront pas prisés lors de l’inventaire après décès et seront conservés « pour mémoire » – tout comme d’ailleurs un buste en marbre du roi Louis XVI, donné personnellement par le souverain explique la veuve de Cromot. L’attachement de la famille Cromot pour le comte de Provence semble donc être réel et durable.


Né roturier et baptisé à Avallon dans l’Yonne en l’église Saint-Pierre le 25 janvier 1725, mort le 13 octobre 1786 et inhumé le 14 à Brunoy, Essonne.

Contrôleur général alternatif et quadriennal du Marc d’Or et des Ordres de Sa Majesté, unité de monnaie, de 1754 à 1768, premier commis des finances, chevalier de Saint-michel en 1761, surintendant des finances de Monsieur, gouverneur des ville et château d’Alençon, gouverneur du château de Brunoy, chevalier de Saint-Jean de Jérusalem.

Il épouse en l’église de Saint-Eustache le 18 août 1751 Rose Sophie Josèphe de Baudon, baptisée à Paris le 5 novembre 1729 et morte au Bourg Saint-Léonard le 15 février1820 et inhumée au cimetière le 18.

Son père, « Charles-Robert Cromot d’une famille ancienne et qui a toujours vécu noblement à Avallon », fut anobli en 2 avril 1761 par Lettres patentes du Parlement de bourgogne signées du roi Louis XV. Ses fiefs et terres deviennent seigneurie de Vassy et de La Vaire et il portera les armes :


Pour ses enfants, descendants et postérité. La famille Cromot a été alliée de grandes familles comme les Le Fou, Les Cœurs de roi, les Cluny et les Le Normants-du Monfaux. Notice du Grand Armorial d’Hozier.

Cromot habita tour à tour édifice exceptionnel à travers l’Hôtel Cromot du Bourg, bel hôtel particulier du XVIIIème siècle, partiellement inscrit à l’inventaire supplémentaire des Monuments Historiques, le château de Brunoy et le château qu’il se fit construire au Bourg Saint-Léonard.

Deux faits marquants révèlent la personnalité de jules-David :

1/ Le comte de Provence et son surintendant des Bâtiments, un partenariat original, 1771-1791 2/ sa rencontre avec François-Louis, comte de Saillans.

1/ Les relations particulières que Cromot du Bourg, puis son fils et successeur, Cromot de Fougy, entretinrent avec Monsieur, sont exceptionnelles. Complicité, confiance et fidélité restent hors du commun à une époque où les autres maisons princières connaissaient un renouvellement fréquent des personnels. Pendant vingt ans, le surintendant a pu exercer une vraie tutelle sur les choix princiers. Il est alors possible d’examiner l’ambiguïté des choix artistiques du comte de Provence. Les enjeux de pouvoir, de politique, de prestige et de libéralité le disputent alors aux aspirations intimes d’un prince qui se disait ami des arts. Monsieur et les Lumières, telle est l’image paradoxale que nous renvoie l’analyse de ses relations avec son surintendant. Revue d’histoire contemporaine n°53-3, juillet-septembre 2006.

D’une famille originaire de Bourgogne, Jules-David Cromot du Bourg représente le type même de l’administrateur travailleur et ambitieux. Né en 1725 à Avallon (Yonne), il est le fils de Charles-Robert Cromot, capitaine au régiment de Tavanes3 , anobli en février 1761. Il avait épousé en 1719 Marguerite-Charlotte Boudrey, fille d’Edme, conseiller du Roi, receveur au grenier à sel d’Avallon.De cette union, Jules-David sera l’aîné des treize enfants. A l’apogée de sa carrière, Cromot du Bourg cumulait les honneurs. «Écuyer, chevalier baron du Bourg et autres lieux, conseiller d’État et de Monsieur, frère du Roi, en tous ses Conseils, Surintendant de ses Maisons, Domaines, Finances, Bâtiments, Jardins, Arts et Manufactures, chevalier de l’Ordre du Roi, gouverneur des ville et château d’Alençon et gouverneur du château de Brunoy », Cromot apparaît d’abord comme l’indispensable responsable du comte de Provence. Sa carrière avait pourtant d’abord débuté dans le domaine financier.

La carrière de Cromot du Bourg et ses ambitions


Jules-David, portrait au Bourg Saint-Léonard

Commis des finances de Louis XV depuis 1745, en août 1751 il avait épousé Rose-Josèphe-Sophie de Baudon (1729-1820), fille de François, écuyer et conseiller-secrétaire du Roi, l’un de ses fermiers généraux, et de Rose de Verneuil – ce qui permettait à Cromot de s’allier à des personnages de son milieu, celui des affaires financières et politiques. De ce mariage, Cromot eut deux fils : Marie-François-Joseph-Maxime, écuyer, né le 28 avril 1756, et Anne-David, écuyer, né le 7 août 1760. Ce dernier, Cromot de Fougy, succédera à la charge de son père, à sa mort en 1786, comme surintendant des Finances et des Bâtiments de Monsieur. Tandis que l’aîné, Cromot du Bourg, sera le gouverneur du château de Brunoy, propriété du comte de Provence. Homme compétent, à l’activité multiple, aux innombrables relations, Jules-David Cromot du Bourg avait déployé ses talents dans un milieu fermé, mais très influent sous le règne de Louis XV : le Contrôle général et ses secrets. Si l’on s’en tient aux Mémoires de Marmontel, il occupait une place de faveur au sein des affaires politiques de l’époque : « Ma société journalière était celle de premiers commis, presque tous gens aimables et faisant a l’envi la meilleure chère du monde […] De ces laborieux sybarites, le plus vif, le plus séduisant, le plus voluptueux avec la santé la plus frêle était ce Cromot qu’on a vu depuis si brillant sous tant de ministres. La facilité, l’agrément, la prestesse de son travail, et surtout sa dextérité, les captivent en dépit d’eux-mêmes. Il étoit, quand je le connus, le secrétaire intime favori de M. de Machault ». Lié au fermier général Bouret, Marmontel ajoute : « Je dînaî avec lui chez son ami Cromot. Difficilement aurait-on réuni deux hommes d’un esprit naturel plus preste, plus fertile en traits ingénieux, que ces deux hommes-là. Dans Cromot, cependant, l’on voyait plus d’aisance, de grâce habituelle et de facilité ». Capacité » avec lesquels il servit le Roi l’eussent porté à le décorer de la noblesse « si elle ne lui était déjà acquise », lit-on dans les lettres patentes qui anoblirent son père, Charles-Robert. Recommandé par le prince de Condé pour faire renvoyer Choiseul, il verra ses intrigues et son ambition dénoncées par ses Contemporains. Exigeant, opiniâtre, Cromot se fait remarquer par sa dureté envers ses collaborateurs et subordonnés au Contrôle général, rudesse qu’il conservera au service de Monsieur, nous le verrons. Le portrait que le graveur Fessard livre de Cromot présente un homme aux traits durs et irréguliers – son air farouche démontre une détermination dépourvue d’indulgence. Sous L’Averdy, il est dans toutes les intrigues. Puis, au service du comte de Provence, il récidive sous Necker, au point que certains lui prêtent l’intention de lui succéder12 . Ainsi, tour à tour Machault d’Arnouville, Bertin, l’Averdy puis Terray eurent l’occasion de travailler avec Cromot du Bourg. Son nom était donc reconnu, ses compétences établies, ses ambitions craintes Il n’aura pas à se donner tant de peine pour obtenir un poste brillant ; même s’il demeure moins prestigieux que le Contrôle général, la Surintendance des Finances et des Bâtiments couronnait, somme toute, une carrière bien remplie. Désigné en décembre 1770 surintendant des Finances du comte de Provence, poste primordial dans la vie d’une Maison princière, la tâche qui incombe à Cromot du Bourg semble adaptée à ses fines qualités de financier : aux affaires depuis les années 1750, il a suffisamment d’expérience pour paraître digne au roi de l’y faire nommer en avril 1771, à la création de la Maison de son petit-fils13 . La charge de surintendant des Finances, fixée à 200000 livres, est la deuxième dans l’ordre hiérarchique après celle de chancelier. Cromot est seulement nommé surintendant des Bâtiments, Manufacture, Arts et Jardins en 1774, car en 1770, « il ne paraît pas qu’on veuille remplir cette charge. Le Roi n’a plus de Surintendant des Bâtiments » . Appartenant au Conseil du prince, Cromot doit compter sur l’importance des personnes qui le composent : le Chancelier-garde des Sceaux, Orceau de Fontette, le Premier conseiller, Jacob-Nicolas Moreau16 . Les revenus à gérer sont le grand problème de l’administration de Cromot durant son travail pour le comte de Provence. Avec la crise financière de l’Ancien Régime, la difficulté de trouver des fonds pour suppléer aux dépenses de la Maison de Monsieur se fait de plus en plus pressante. Aussi Cromot du Bourg usa-t-il de son crédit personnel et de ses relations avec les Directeurs généraux des finances du roi pour obtenir délais, dons, prêts. le surintendant est capable de discerner les qualités de ses collaborateurs. Les plus proches, Racine, De Bard ou Limon sont les plus soumis aux tracas de leur chef qui sait se montrer reconnaissant, bien que condescendant. De Geoffroy de Limon, alors qu’il compte quitter le comte de Provence, Cromot du Bourg écrit en 1774 :

«Monsieur vient d’obtenir le supplément d’apanage qu’il demandait et des décisions aussi favorables qu’il pouvait le désirer. Ne serait-il pas de la justice et de la bonté de Monseigneur de marquer sa satisfaction à ceux de ses officiers qui ont montré du zèle dans cette circonstance ? M. de Limon qui s’est parfaitement acquitté des détails dont il a été chargé serait par exemple dans le cas de mériter une grâce particulière. Il fait faire dans ce moment une copie à ses frais du portrait de Monseigneur et il serait sûrement comblé si Monseigneur lui faisait dire qu’il la fera payer : il est d’autant plus susceptible de ce témoignage de bonté qu’il va incessamment accompagner le portrait de Monseigneur à Angers ».


CONFIANCE ET TRANSMISSION DE CHARGES


Jules-David, portrait au château de Versailles

Louis-Stanislas-Xavier favorisa la famille de Cromot en accordant la charge de surintendant des Finances et des Bâtiments au fils cadet de Jules-David, Anne-David, Cromot de Fougy (1756-1845). Celui-ci, déjà Conseiller au parlement de Normandie26 et Intendant des finances par commission du comte de Provence, succédera à son père à sa mort, en octobre 1786, et occupera ce poste jusqu’à la Révolution. Il émigrera en 1790. Cromot de Fougy a vingt-six ans et n’a failli ne jamais obtenir cette place car son père désirait céder sa place à un maître des requêtes, Valdec de Lessart : « Son fils aîné suivait la carrière des armes. Je le vois encore, petit et chétif, vif et remuant, sorte de mouvement perpétuel. Le cadet, qui ne lui cédait en rien pour la petitesse de la taille, étoit beaucoup plus posé ; il aimait les arts, la peinture, et tout ce qui procurait des plaisirs tranquilles. Dubourg aurait dû choisir celui-ci pour succéder à sa charge ; mais point ; il lui prend un matin fantaisie de venir le trouver pour me prier d’accorder sa survivance à Valdec de Lessart, maître des requêtes, et qui depuis a été un instant ministre de Louis XVI. Je me récriais sur une telle demande et crus même devoir solliciter en faveur du jeune de Fongy, auquel d’ailleurs je m’intéressais ; mais ce fut inutile ; le père demeura inflexible et je me vis forcé de lui complaire. Le 7 septembre 1777, je reçus donc la visite de M. de Lessart, qui vint me remercier de a grâce que je lui avais accordée. Le pauvre Fongy, de son côté, me fit parler en sa faveur et s’adressa même directement à moi pour défendre son droit. Je l’engageais à prendre patience, en lui disant que son père n’ayant aucun grief contre lui ne tarderait pas à revenir à de meilleurs sentiments. En effet, quelques années après, M. de Lessart se retira volontairement et Fongy succéda à Dubourg. Je le gardai jusqu’au moment de la révolution ».

UN MODE DE VIE FASTUEUX

Quant aux revenus de Cromot du Bourg, ils paraissent élevés et lui permettent de mener grand train: fixée à 20000038 livres, la charge de surintendant des Finances du comte de Provence lui rapporte en tout, de 1771 à 1786, chaque année, 26692 livres 10 sous, dont 8000 livres de gages, 10392,10 livres sous sur l’argenterie, 7200 livres sur le menu général et 800 livres sur le logement39. Mais Cromot peut s’offrir le luxe d’habiter à Paris, rue Cadet, un bel hôtel construit vers 1750, où étaient aussi établis les bureaux de la surintendance. Meublés par les oeuvres de l’ébéniste Georges Jacob ou d’une petite collection de peintures (Fragonard,Vernet, Hubert Robert), les salons de la demeure de Cromot témoignent de l’opulence de ce commis distingué, qui réside dans le quartier de la Chaussée d’Antin, alors à la mode et en pleine restructuration foncière. L’hôtel de Cromot, encore visible de nos jours, appartient au type d’habitations bâties pour les riches spéculateurs et les fermiers généraux du dernier tiers du XVIIIe siècle qui s’installent alors dans ce quartier campagnard, au charme discret. Ainsi, le choix de cette habitation n’est-il pas un hasard Coquet et courtisan, Cromot suit les goûts du jour : ceux de ses amis de jeunesse et qui appartiennent au monde financier ou mondain de la capitale. Les plus célèbres architectes de l’époque tels Boullée, Brongniart et Chalgrin remodèlent toute cette partie de Paris en y édifiant de somptueuses demeures pour les princes et l’aristocratie parisienne. Brongniart et Chalgrin travailleront pour le comte de Provence, le premier en construisant ses écuries à Paris, rue Monsieur, le second en tant que Premier architecte de Monsieur, en élevant un pavillon pour la comtesse de Balbi à Versailles, un théâtre à Brunoy pour le comte de Provence ou en réaménageant, à Versailles, les anciennes écuries de Mme du Barry achetées par le prince.


Château de Bourg Saint Léonard


Hôtel particulier au 9 rue Cadet à Paris toujours visible.

Voici ce qu’en dit la municipalité de Paris : « l'Hôtel Cromot du Bourg au XVIIIème siècle, à l'époque où ce coin de Paris était encore un faubourg soit un quartier en dehors de Paris, le jardinier du roi Louis XV y résidait. À la fin du siècle des Lumières, le premier commis des finances du roi, Jules David de Cromot, Baron du Bourg y fit de nombreux travaux, la propriété devenant ainsi un riche Hôtel particulier qui fut ensuite partagé en plusieurs lots dont l'un fut occupé par la famille Dutuit, célèbres collectionneurs ».

2/ Sa rencontre avec Saillans. Le comte de Saillans est issu d’une famille très ancienne des Ardennes, maintenue dans sa noblesse par jugement de Caumartin, intendant de Champagne, en décembre 1668. Les alliances de cette famille allaient de paire avec sa propre notoriété : de Beuvry, de Parthenay, Hénin-Liétard, princes de Chimay et, par ceux-ci, Beauvau-Craon, ducs d’Arenberg, princes de Ligne. Les preuves de noblesse présentées à Louis-Pierre d’Hozier, juge d’armes de France le 9 juillet 1749, valident les origines. Les deux hommes se rencontrent à la chambre du roi. Cromot du Bourg lui présente sa cousine germaine, Françoise de Cromot.


François-Louis, comte de Saillans

François-Louis et Françoise, née le 15 juin 1744, se marient le 10 février 1782 à l’église Saint Pierre d’Avallon ; Jules-David est un de leur témoin du mariage. Par ce mariage, Louis-Stanislas, comte de Provence, futur Louis XVIII où nomme Saillans en 1783 comme gentilhomme de sa cour.


Jules-David et ses filles dans son hôtel particulier avec au fond un portrait du comte de Provence

Fichier:Cromot