Utilisateur:Daniel Girouard/Brouillon

Hyacinthe Delorme Jacques-Hyacinthe Simon dit Delorme est le deuxième seigneur et le fondateur de la ville de Saint-Hyacinthe au Québec. Né le 3 septembre 1720 à Québec, il est décédé le 24 octobre 1778 à Saint-Hyacinthe.

Biographie Fils de Jacques Simon dit Delorme et de Marie Rouillard, Jacques-Hyacinthe est le deuxième enfant et l'aîné des garçons de cette famille de sept enfants. Il a été baptisé le jour de sa naissance, le 3 septembre 1720, en la cathédrale de Québec. Quoi qu'on le dise parfois issu d'une famille pauvre ou modeste, son père était un maître charron qui réussissait très bien en affaires. On peut d'ailleurs le constater en jetant un coup d'oeil au fichier Parchemin, banque de données notariales du Québec ancien, dans lequel on trouve pas moins de douze actes concernant des transactions à son nom.

Suivant les traces de son père, Jacques-Hyacinthe est passé d'apprenti, à menuisier, à compagnon, pour finalement devenir entrepreneur. En 1745, il atteint sa majorité (qui était fixée à vingt-cinq ans à cette époque). Il entre alors au service de sa Majesté le roi Louis XV, dit le Bien-Aimé, en tant qu'entrepreneur pour les plates-formes, affûts et artillerie, ouvrages nécessaires à l'installation des canons. Ce contrat est plutôt lucratif car en 1747 et 1748 il fait l'achat de quelques emplacements situés sur la rue Saint-Louis à Québec.

Le 25 octobre 1753, il achète de Pierre-François Rigaud, la seigneurie de Maska, une des deux plus vastes à avoir été concédée avant la conquête, avec ses trente-six lieues de superficie sur les deux rives de la rivière Yamaska. La transaction qui fut signée en l'étude de Maitre Christophe-Hilarion Dulaurent de Québec se résume ainsi « Vente d'une terre en fief et seigneurie le long de la rivière de Maska par Pierre-François Rigaud, écuyer, chevalier, seigneur de Vaudreuil, chevalier de l'Ordre royal de St-Louis et gouverneur des villes et gouvernement des Trois-Rivières et Louise Fleury de la Gorgendière, son épouse, à Hyacinthe Delorme, entrepreneur pour les plates-formes, affûts et artillerie pour le service du Roi.» Cette vente fut conclue pour un montant de quatre mille francs, soit environ 800 dollars. Notons que bien que ce Pierre-François Rigaud soit officielement reconnu comme le premier seigneur en titre de la seigneurie de Maska qu'il avait reçue de Louis XV en 1748, il n'y a jamais mis les pieds, trop occupé par ses obligations militaires.

Pour nous donner une idée de l'étendue de cette seigneurie au temps de Delorme, mentionnons qu'elle comprendrait aujourd'hui, en plus du grand Saint-Hyacinthe, les villages et paroisses suivants : Saint-Damase, Sainte-Madeleine, Sainte-Marie-Madeleine, Rougemont, Saint-Césaire, L'Ange-Gardien, Saint-Pie, Saint-Dominique et La Présentation.

Hyacinthe Delorme quitte Québec au début de l'été 1754 et remonte le Saint-Laurent jusqu'aux bouches de l'Yamaska. Il s'arrête à St-François-du-Lac où il fait la connaissance de Marie-Josèphe Jutras dite Desrosiers, la fille unique du seigneur du lieu, qu'il épouse le 25 février 1756. L'année suivante, son épouse lui donne un premier enfant, un fils qui est baptisé Jean-Baptiste-Hyacinthe. Il ne survit que vingt-trois jours et est enterré dans le cimetière paroissial.

C'est au mois d'août de cette année 1757 que Delorme quitte St-François-du-Lac en compagnie de son épouse et de six défricheurs qu'il avait engagé pour venir s'établir dans sa seigneurie. En remontant la rivière Yamaska, qui doit son nom aux mots abénaquis dont il est formé: iyamitaw qui signifie beaucoup, et askaw, foin ou jonc, le petit groupe doit s'arrêter à un endroit où il y a des rapides. Delorme nomme cet endroit le Rapide-Plat.

C'est là qu'il fait construire un modeste manoir en bois et le premier moulin à scie, sur un petit affluent de la rivière Yamaska qu'il nomme la rivière Delorme. Durant les premières années, le jeune seigneur se consacre exclusivement à l'exploitation forestière en faisant la coupe et le commerce du bois pour la marine marchande.

En 1758, son épouse donne naissance à des jumelles, Geneviève et Claire. La première meurt à trente-huit jours et la seconde à cinq mois. Les deux petites sont enterrées dans le cimetière de St-Michel d'Yamaska.

En 1763, il décide de donner un nouveau nom à sa seigneurie. Il choisit celui de son saint patron qui était un frère précheur de Cracovie en Pologne. On l'appelle depuis Saint-Hyacinthe. Il commence à accorder les premières concessions à des colons, en aval et en amont du Rapide-Plat. Une concession a généralement trois arpents de front sur trente de profondeur. Cette année-là, dix-huit colons deviennent officiellement des maskoutains.

En 1764, Delorme voit naître une autre fille, baptisée Marie-Josèphe, comme sa mère. Elle sera la seule enfant du couple à survivre et épousera plus tard (en 1779) Dominique Debartzch. En 1772, Delorme perd son épouse qui rend l'âme le 26 juillet à l'âge de trente-huit ans. Elle est enterrée dans son village natal, à St-François-du-Lac.

En cette même année 1772, Delorme fait construire un nouveau moulin à scie et à farine à la cascade. Par la suite, on a longtemps nommé cet endroit dans les actes de concession de cette période, la cascade du moulin. La rue princiaple du centre-ville de Saint-Hyacinthe, nommée Des Cascades, débouche à son extrémité est à cet endroit, près du pont Barsalou.

Déjà à cette époque, Hyacinthe Delorme, dans son esprit visionnaire, envisageait de faire de cette partie de la seigneurie le noyau central de développement. Il s'y était d'ailleurs réservé un vaste domaine pour son exploitation personnelle. Cet emplacement engloberait aujourd'hui le quartier Christ-Roi, le parc Casimir-Dessaulles, le palais de justice et une partie du quartier Bourg-Joli.

En 1774, alors âgé de cinquante-quatre ans, il se remarie avec Marie-Anne Crevier dite Descheneaux, âgée de vingt-quatre ans et elle aussi originaire de St-François-du-Lac. De cette union sont nés trois enfants: Marie-Anne, née et décédée en 1776, Hyacinthe-Marie, né en 1777 et la dernière, Marie-Anne-Josette, née en 1779. Elle épousera en 1800 Claude Dénéchau qui sera plus tard élu député à la Chambre d'Assemblée du Bas-Canada.

Hyacinte Delorme n'a pas connu cette dernière enfant puisqu'il est décédé le 24 octobre 1778, à l'âge de cinquante-huit ans. Il n'aura pas eu le temps de réaliser tous les beaux grands projets qu'il avait en tête pour son cher Saint-Hyacinthe.Sa dépouille fut enterrée au premier cimetière de l'époque, au Rapide-Plat. Vingt ans plus tard, en 1798, lorsque fut construite la première église en pierres dédiée à Notre-Dame-du-Rosaire, son corps fut exhumé et transporté dans la crypte, du côté de l'épître, sous le banc seigneurial.

Sa veuve prit en charge la seigneurie pendant trois ans en tant que tutrice des trois enfants mineurs. Par la suite, elle donna une procuration au curé François Noiseux de Beloeil pour l'épauler. En 1797, elle fit appel à son neveu, Jean Dessaulles, qui prit la relève jusqu'au moment où l'unique fils Hyacinthe-Marie a atteint sa majorité. C'est lui qui a fait construire le magnifique manoir en pierres qui se trouvait où se situe aujourd'hui le parc Casimir-Dessaulles. On a d'ailleurs marqué au sol l'emplacement exact où il se trouvait. Il fut démoli en 1876. Tous s'entendent à dire que Hyacinthe-Marie Delorme a grandement contribué à l'expansion de la seigneurie.

Marie-Anne Crevier dite Descheneaux, deuxième épouse du seigneur Hyacinthe Delorme est décédée en 1801 à l'âge de cinquante-deux ans. Quant au fils Hyacinthe-Marie Delorme, il est décédé prématurément en 1814, célibataire, à l'âge de trente-six ans. Leurs dépouilles ont été inhumées dans la crypte de l'église Notre-Dame-du-Rosaire, aux côtés du seigneur, comme en fait foi la plaque qui a été apposée sur l'église en 2002 par la Société d'Histoire régionale de Saint-Hyacinthe.

Hyacinthe-Marie avait légué par testament sa part de la seigneurie à son cousin, Jean Dessaulles.

En 1948, à l'occasion du 200e anniversaire de la seigneurie de Maska, on a érigé deux monuments à la mémoire du seigneur Jacques-Hyacinthe Simon dit Delorme. L'un se trouve à l'endroit où le seigneur a fait construire son moulin et son manoir, au Rapide-Plat. Le second est à Saint-Hyacinthe, sur la rue Dessaulles, entre les avenues Concorde et Sainte-Marie. Une rue a également été nommée en son honneur. La rue Delorme est située dans le quartier Bourg-Joli. La polyvalente de Saint-Hyacinthe porte aussi le nom du fondateur, la polyvalente Hyacinthe-Delorme.

Références :

Album Souvenir St-Hyacinthe 1748-1948, 160 pages, imprimerie Yamaska / Saint-Hyacinthe 1748-1998, août 1998, 398 pages, Septentrion / D'une rue à l'autre à Saint-Hyacinthe, par Jacques Fiset, 327 pages, Imprimerie Maska inc. / Programme de Recherches en Démographie Historique de l'Université de Montréal / BMS2000 / Généalogie Québec