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L’hôpital des Dames écossaises de Chanteloup

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Le mouvement du Scottish Women’s Hospitals fut créé le 12 août 1914 à Édimbourg par des sociétés suffragistes écossaises. Il soutint les alliés durant la Première Guerre mondiale. Une de leurs missions s'est passée à Sainte-Savine (Aube) dans le domaine de Chanteloup où fut établi un hôpital sous tentes. L’hôpital des Dames écossaises de Chanteloup.

Unité Girton and Newnham du Scottish Women’s Hospitals

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L’unité médicale Girton and Newnham du Scottish Women’s Hospitals se mit au service de l’armée française à partir du printemps 1915. Le Domaine de Chanteloup, à Sainte-Savine (près de Troyes) fut sa première affectation. L’hôpital auxiliaire bénévole 301 y fonctionna du 9 juin au 5 octobre 1915. La grande mobilité de cet hôpital sous tentes et les compétences de son personnel convainquirent les autorités françaises d'envoyer ensuite l’unité sur le Front d’Orient, avec le corps expéditionnaire français à Guevgheli, en Serbie (novembre à décembre 1915) puis à Salonique, en Grèce (de décembre 1915 à mars 1919)[1].

Troyes, ville-hôpital

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A l'arrière du front, Troyes devint, dès août 1914, une véritable "ville hôpital". Le service de santé militaire décida d’y faire converger une partie des évacués. Des centres de soins furent alors installés dans la ville, le plus souvent dans des établissements scolaires. Une vingtaine d’hôpitaux fut mise en place, proposant en tout près de 4 000 lits. L'hôpital auxiliaire bénévole n°301 tînt une place originale dans ce dispositif. Il fut le seul hôpital troyen installé sous tentes et son personnel entièrement féminin, relevant du comité des « Scottish Women’s Hospitals », venait de Grande-Bretagne. Le site retenu pour accueillir cette formation hospitalière de 200 lits fut le domaine de Chanteloup, à Sainte-Savine, commune limitrophe et très proche de la gare de Troyes[2].

Le Scottish Women’s Hospitals

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Le mouvement du Scottish Women’s Hospitals fut créé le 12 août 1914 à Édimbourg par des sociétés suffragistes écossaises. Le docteur Elsie Inglis, à l’initiative de cette fondation, proposa la constitution d’équipes médicales entièrement féminines servant sur le front. Mrs. Inglis s’adressa au ministère britannique de la guerre qui rejeta l’offre de service de ces militantes féministes. Le SWH se tourna alors vers d’autres nations alliées et notamment la France. Pendant toute la durée du conflit le SWH fut en mesure de déployer 14 unités médicales en France (Calais, Royaumont, Sainte-Savine, Ajaccio et Sallanches), à Malte, en Roumanie, en Russie, en Grèce et en Serbie[3]. Le SWH a été un mouvement médical et humanitaire atypique et complètement inédit. Les femmes qui ont écrit son histoire ont été sous estimées au début du conflit. Leur courage, leurs compétences et leur dévouement leur ont ensuite valu la reconnaissance et ont contribué à faire avancer la cause des femmes, en particulier en Grande-Bretagne.

Le domaine de Chanteloup

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Situé à Sainte-Savine, le domaine de Chanteloup était une propriété de quatre hectares comportant un bois, une « grande pelouse », une habitation bourgeoise appelé « château »[4] et des dépendances. Mise en vente en juin 1914 la propriété ne trouva pas d’acquéreur. L’armée put donc réquisitionner ce site inhabité[5].


L’unité Girton and Newnham

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L’expérience réussie de l’hôpital installé à partir de décembre 1914 à l’Abbaye de Royaumont incita le service de santé militaire français à demander au Scottish Women’s Hospitals l’envoi d’une nouvelle unité près de Troyes. Des étudiants anciens et actuels de Girton et Newnham, deux collèges pour femmes de l’Université de Cambridge, étaient parvenus à collecter près de 1 800 £. Cette somme considérable permit au SWH de créer l’unité Girton and Newnham qui s’installa sur le domaine de Chanteloup à partir de mai 1915. Le personnel était entièrement féminin et britannique. Il comptait une soixantaine de femmes, dont 4 doctoresses, 2 chirurgiennes, une bactériologiste, une pharmacienne, une responsable de la radiographie, des infirmières, des aides-soignantes, des conductrices de véhicules sanitaires, des brancardières, du personnel administratif...

Un hôpital sous tentes

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Une douzaine de tentes fut aménagée sur les pelouses du domaine. Chacune abritait une vingtaine de lits métalliques. Certaines étaient réservées à l’unité de chirurgie, d’autres à celle de médecine. Les patients accueillis étaient tous des soldats français. L'orangerie fut vidée et transformée en salle d'opérations. Les docteurs Anne Louise McIlroy et Laura Sandeman étaient respectivement en charge du service de chirurgie et du service médical. Katherine Harley, la sœur du Maréchal French, était la directrice administrative. La physicienne irlandaise Edith Anne Stoney la responsable du service de radiologie[6].

A la fin de septembre 1915, 174 soldats blessés provenant des champs de bataille des offensives de Champagne furent acheminés à Chanteloup. Ce nombre de patients fut le plus important enregistré[7]

Des pratiques médicales innovantes

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Les Dames écossaises mirent en œuvre des méthodes d’intervention d’avant-garde à une époque où la médecine militaire privilégiait encore les amputations. La physicienne Edith Stoney utilisait la radiographie qui permettait de gagner trente-six heures dans le diagnostic d’une éventuelle gangrène gazeuse.

La stéréoscopie était appliquée pour localiser précisément les balles ou les éclats d’obus : « … un instrument d’invention et de fabrication anglaise qui n’est en usage que depuis la guerre. Cet appareil comporte un récepteur absolument semblable à un récepteur téléphonique. L’opérateur l’applique à son oreille et fouillant la blessure avec une aiguille fine, il entend quand elle atteint le corps dur qui l’a causée. Cet appareil peut donc remplacer souvent dans de meilleures conditions de précision, les rayons X pour l’extraction des balles»[8] .

Le traitement en plein air

Dans cet hôpital de plein air on accordait au soleil un rôle primordial. Le traitement en plein air, approche thérapeutique, plus souvent associée aux soins des tuberculeux dans les sanatoriums, était d’usage à Chanteloup. «Dans la matinée ont donne les bains de soleil. Les blessures sont exposées aux rayons directs du soleil pendant des périodes de temps déterminées. Les infirmières vont d’un patient à l’autre, veillant à ce que les écrans de gaze sur les blessures soient maintenus humides […] ainsi que pour les prémunir contre tout dépassement du temps imparti[9]».

Le service de santé militaire apporta un soutien sans faille aux doctoresses écossaises et leur fit pleinement confiance. Ce dont témoigna Laura Sandeman, la responsable du service de médecine : « Aucun officier français n’a critiqué à aucun moment le travail médical ou chirurgical de l'hôpital. Une liberté totale de jugement nous est accordée pour le traitement des blessés et pour l'exécution de toutes les opérations[10]».

Le départ

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A l'approche de l'hiver, les patients furent transférés vers d'autres hôpitaux le 5 octobre 1915. L’expérience de Chanteloup, hôpital sous tentes très mobile, convainquit les autorités militaires d’affecter l’unité Girton and Newnham au Corps expéditionnaire français en Orient. La grande majorité du personnel quitta Troyes le 13 octobre et rejoignit Marseille. Les « Dames écossaises » embarquèrent le 15 à bord du Mossoul et arrivèrent à Salonique le 3 novembre.

Quelques « Dames écossaises »

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Quelques personnalités marquantes contribuèrent à l’aventure de l’hôpital des Dames écossaises de Chanteloup :

Isabel Emslie Hutton 1887-1960 médecin Mena après le conflit une brillante carrière de psychiatre et d’auteure. Consacra un chapitre à l'hôpital des Dames ecossaises de Chanteloup dans ses mémoires de guerre[11].
Katherine Mary Harley 1855-1917 directrice administrative Sœur du Maréchal French, commandant en chef des troupes britanniques en France au début de la guerre. Mrs Harley trouva la mort à Monastir (l’actuelle Bitola, en Macédoine) lors d’un bombardement le 7 mars 1917.
Honoria Somerville Keer 1883-1969 chirurgienne Responsable médicale de l’hôpital SWH d’Ajaccio
Olive Kelso King 1885-1958 conductrice de véhicule sanitaire S’engagea en 1917 dans l’armée serbe et devint dans ce pays une héroïne nationale.
Anne Louise McIlroy 1874-1968 chirurgienne en chef Fut la première femme professeure de médecine de Grande-Bretagne
Laura Stewart Sandeman 1862-1929 médecin en chef Fut une des pionnières des femmes médecins au Royaume-Uni.
Edith Anne Stoney 1869-1938 physicienne radiologue Physicienne de très grand renom. Fut une pionnière de l’utilisation de la radiographie et de la stéréoscopie dans le traitement des blessures de guerre[12].

Photographies actuellement connues

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60 photographies prises à l’hôpital des Dames écossaises de Chanteloup sont actuellement connues :

10 cartes postales Sauveur Brunclair, collection « Troyes - scènes vécues pendant la guerre de 1914 1915 » http://www.europeana1914-1918.eu/fr/contributions/17641
9 photographies Maurice-Louis Branger (Roger Viollet) : consultables sur le site http://www.europeana1914-1918.eu/fr/collection/search?q=chanteloup&qf%5Bindex%5D%5B%5D=a&utf8=%E2%9C%93
2 photographies Collection Olive Kelso King (références P011352.002 et P011352.003) : consultables sur le site de l’Australian War Memorial - http://www.awm.gov.au
4 photo-graphies Album de l’infirmière Annie Allan : Royal College of Physicians and Surgeons of Glasgow.
19 photo-graphies Archives de la Ville de Glasgow, Mitchell Library.
6 photo-graphies collection du Dr Honoria Keer : Archives de l’Université de Glasgow.
2 photo-graphies Archives du Royal College of Surgeons of Edinburgh
2 photo-graphies Collection de l’infirmière Annie Renton Greig, Archives de la Ville d’Edimbourg
3 photo-graphies Almanach du Petit Troyen 1916
3 photo-graphies Origine inconnue, collections particulières
  1. The Scottish Women’s Hospitals for Foreign Service - the Girton and Newnham Unit - 1915–1918, Elaine Morrison, Carol Parry, Royal College of Physicians of Edinburgh, 2014 [1]
  2. 1915 Chanteloup, l’hôpital des Dames écossaises, Francis Tailleur, Coopérative scolaire de l’Institut Chanteloup, 2015.
  3. A History of the Scottish Women’s Hospitals, Eva Shaw McLaren, Hodder and Stoughton, London 1919, version numérisée sur le site [2]
  4. «La Maison de Chanteloup » Charles Arpin, publié dans la Vie en Champagne (n°97, 98, 99, 101 et 102) ,1962
  5. Article de Gabriel Groley paru dans La Tribune de l’Aube, 2 juillet 1915
  6. The Scottish Women's Hospital au domaine de Chanteloup, Jacques Fournier, ATEC, 2015.
  7. The Common Cause of Humanity, 8 octobre 1915.
  8. La Tribune de l'Aube, 2 juillet 1915
  9. The British Journal of Nursing, 4 septembre 1915, p. 190
  10. Eva Shaw McLaren, op. cit., p. 330
  11. With a Woman’s Unit in Serbia, Salonika and Sebastopol, Isabel Emslie Hutton, Williams and Norgate, London, 1928
  12. Edith Stoney MA, the first woman medical physicist, Francis Duck, Scope volume 22, décembre 2013[3]


Liens externes
[4]
Le Scottish Women's Hospital (en)
[5]

Voir aussi

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Liens externes

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