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Howard Gardner - Théorie des intelligences multiples
modifierHoward Earl Gardner est un psychologue américain et est le père de la théorie des intelligences multiples[1]. Il est né le 11 juillet 1943 (77 ans) à Scranton en Pennsylvanie. Il débute sa carrière en traitant d'anciens combattants puisqu’il remarque qu'un individu peut subir un traumatisme ou une maladie affectant certaines de ses fonctions, sans que cela ne touche les autres capacités de la zone atteinte. Au cours de sa carrière, Gardner a été professeur en Sciences de l’éducation à l’Université d'Harvard, mais également professeur de neurosciences à l’Université de Boston.
Biographie
modifierCarrière
modifierHoward Gardner, de son vrai nom Howard Earl Gardner, est un psychologue américain du développement cognitif et est marié à Ellen Winner, professeure en psychologie à l’Université de Boston.
Psychologue du développement cognitif ainsi que père de la théorie des intelligences multiples, il fut professeur en neurologie à l’Université de Boston de 1984 à 2005 ainsi que professeur d’éducation à Harvard de 1986 à 1998.
Il est le directeur de «The Good Project»[2] et a été pendant très longtemps codirecteur de «Project Zero»[3].
Howard Gardner écrit des centaines d’articles et 30 livres traduits dans plus de 30 langues différentes. Il est surtout connu pour son livre «Frames of Mind : the theory of multiple intelligences». Il a pris sa retraite d’enseignant en 2019.
Passions et études
modifierFils de réfugié juif, c’était un élève studieux qui aimait lire et jouait du piano, pour lequel il développa une réelle passion.
Il obtient son diplôme de fin d’études secondaires en sociologie à Harvard en 1965 et son doctorat sur le développement psychologique en 1971.
Tandis qu’il était destiné à étudier le droit, il fut inspiré par les travaux de Jean Piaget sur le développement psychologique. Il a suivi des cours de psychanalyse dispensés par Erik Erikson, des cours de sociologie dispensés par David Riesman ainsi que des cours de psychologie cognitive dispensés par Jerome Bruner, tous créateurs de savoir sur l’Homme. Tout ce parcours lui a permis de s’investir dans la nature de l’Homme, particulièrement sur la façon de penser de ces derniers. Sa passion pour la musique a contribué à sa conception des capacités cognitives des individus, qui lui a permis de développer sa théorie sur les intelligences multiples.
Travaux de recherche
modifierSes travaux se répercutent principalement dans le milieu scolaire et notamment dans beaucoup d’écoles aux États-Unis, qui déploient beaucoup d'efforts en vue d’améliorer leur établissement en termes d’enseignements. Howard Gardner prône l’idée qu’il est essentiel de comprendre les diverses capacités des étudiants et souligne l’importance de personnaliser les environnements éducationnels selon leurs besoins. L’école est le lieu privilégié du développement de toutes les formes d’intelligences.
Il est également très reconnu en psychologie ainsi qu’en philosophie et anthropologie, notamment son livre intitulé «The Mind’s New Science» dans lequel nous pouvons trouver un réel dynamisme scientifique et une multitude d’idées.
Résumé
modifierPsychologue cognitiviste et professeur à la faculté de médecine de Boston, Gardner y enseigne la neurologie. Il a mené des recherches sur les capacités cognitives des individus et publie en 1983 son premier ouvrage sur les intelligences multiples «Frames of Mind». À travers son travail de recherche, il étudie de nombreux domaines tels que : «l’anthropologie», «la psychologie cognitive», les «approches psychométriques», les «approches physiologiques», les «approches neurologiques» et le cerveau.[4]
Théorie des intelligences multiples
modifierLes personnalités exceptionnelles
modifierHoward Gardner est l’auteur de l’ouvrage «Les personnalités exceptionnelles[5] : Mozart, Freud, Gandhi et les autres», publié en 1999.
Il s’intéresse aux personnalités talentueuses, c'est-à-dire les individus qui sont excellents dans leurs domaines. Pour ce faire, il va s’intéresser à l'aspect psychologique qui les rend hors du commun. Il définit quatre profils : Maîtres, Bâtisseurs, Introspectifs et Charismatiques. Dans son analyse, il présente les différents mécanismes mentaux pour chacun des profils et les illustre à l’aide de quatre grandes figures.
- Les Maîtres représentent la figure de Mozart : il «acquiert une maîtrise parfaite d'un ou de plusieurs domaines d'activité ; ses propositions novatrices s'effectuent dans le cadre d'une pratique déjà établie».
- Les Bâtisseurs représentent la figure de Freud : il «atteint un haut degré de maîtrise dans un ou plusieurs domaines préexistants, mais il (ou elle) consacre toute son énergie à la création d'un nouveau domaine».
- Les Introspectifs représentent la figure de Virginia Woolf : elle «s'attache avant tout à explorer sa propre vie intérieure : les expériences de tous les jours, les peurs et les besoins primordiaux, les mouvements de la conscience».
- Les charismatiques représentent la figure de Gandhi : ils «cherchent avant tout à influencer d'autres personnes».
Le but de Gardner est de permettre à chacun d’entre nous d’avoir la possibilité d’accroître sa «part exceptionnelle».
Les 8 critères de l'intelligence
modifierHoward Gardner établit 8 conditions[6] existantes qui permettent de reconnaître les différentes intelligences. Les voici :
- L’autonomie au niveau cérébral : nous pouvons dire qu’en cas de lésions cérébrales, la ou les facultés endommagées se retrouvent être indépendantes du fonctionnement des autres capacités.
- La faculté de se distinguer par la manifestation de sa médiocrité aux talents exceptionnels.
- Le développement d’une faculté se caractérise par la faculté elle-même.
- Un développement biologique et historique identifiable à tous les individus : qu’ils aient du talent ou non.
- Grâce aux indices historiques, il est possible de retracer l'évolution des différentes formes d’intelligences.
- Les travaux de la psychologie expérimentale mettent en évidence que les différentes formes d’intelligence fonctionnent de manière isolée les unes des autres.
- Des tests et des mesures efficaces ont pu être élaborés grâce au développement de la psychométrie.
- Pour être définie comme une intelligence, une faculté doit avoir son propre système d’encodage symbolique.
Les 7 formes d'intelligence
modifierGrâce à ces 8 conditions citées ci-dessus, Gardner établit 7 intelligences[7]. Pour lui, l’intelligence «est un potentiel qui peut être, ou non, utilisé par une personne qui la possède pouvant être modifiable à tout moment».
- Intelligence intrapersonnelle : intelligence dirigée vers soi-même («capacité de percevoir sa propre vie émotive» ; capacité à s’auto-critiquer ; capacité de travailler en autonomie).
- Intelligence interpersonnelle : intelligence dirigée vers les autres («capacité de remarquer les autres» ; aime le travail de groupe, le travail collectif ; distinguer le ressenti des individus).
- Intelligence corporelle et kinesthésique : intelligence permettant d’utiliser son propre corps à des fins d’expressions ou de réalisation (le mime ; la danse ; apprentissage kinesthésique).
- Intelligence linguistique : intelligence commune à l’intégralité des êtres humains (expression orale ou écrite ; «bonne mémoire» ; «apprend à travers les mots»).
- Intelligence logico-mathématique : intelligence à partir du toucher dans un premier temps, notamment en manipulant des objets par exemple. C’est aussi une capacité de raisonnement («le raisonnement scientifique» ; «pensée déductive et inductive»).
- Intelligence musicale : intelligence centrale en matière d’expériences humaines et est ouverte à tout individu (sensible à ce que la personne entend ; «comprend la structure musicale»).
- Intelligence spatiale : intelligence ayant une capacité de représentation distincte («capacités de percevoir le monde visuel de façon précise» ; compréhension grâce aux schémas, aux images, aux graphiques, etc).
12 années après la publication de ses travaux à propos des 7 intelligences, Gardner présente une huitième intelligence se nommant l’intelligence naturaliste. Cette intelligence correspond à la compréhension du monde extérieur, à savoir de la nature dans sa globalité. Les personnes développant cette forme d’intelligence particulière sont par exemple les biologistes, les vétérinaires, les médecins.
Intérêts et passions
modifierIntérêts globaux
modifierGardner s’est beaucoup intéressé à la S.S.A. (Symbol Systems Approach) qui est un groupe de chercheurs, dans lequel Howard fait partie, s’intéressant aux systèmes symboliques humains, mais aussi à la neurobiologie (qui se focalise sur les phénomènes intellectuels), et à la psychologie (à la fois cognitive et développementale).
Howard s’inscrit dans le courant de pensée de la psychologie culturelle. Il porte un intérêt particulier pour les sciences cognitives[8] qui représentent une approche interdisciplinaire étant donné qu’elles rassemblent à la fois la philosophie, la psychologie, l’anthropologie, les neurosciences, etc.
Intérêts au cours des études et de projets
modifierA 19 ans, Howard Gardner était fasciné par les croisades et la révolution industrielle, mais ne s'intéressait pas de la façon dont les historiens écrivaient à ce sujet. Par conséquent, lors de sa seconde année en étude d’histoire, il a décidé de changer de discipline. Il a donc trouvé un intérêt pour la psychologie, et il s’est spécialisé en sciences sociales. Il a rencontré le psychologue Jérôme Bruner en Angleterre et il a commencé à s'intéresser à la psychologie cognitive, à savoir leur origine, leur évolution, leur devenir. Après son mariage, il a rencontré Jean Piaget à Genève et il a décidé de faire psychologie du développement cognitif.
Après son doctorat en psychologie développementale, il a travaillé dans un hôpital avec des patients atteints de lésions cérébrales. Grâce à ce travail, il a commencé à réaliser la présence de patients qui ne pouvaient pas parler mais qui savaient jouer correctement de la musique. Il a donc pu réfléchir au fait que l’intelligence n’est pas unique via ses expériences. Il affirme également que tous les hommes sont intelligents, la différence réside dans le fait qu’ils ne le sont pas de la même manière.
Gardner a continué ses études en s’intéressant toujours au domaine de l'éducation. Il fait partie d’un «collège invisible» : avec d’autres chercheurs (John Dewey, William James, Nelson Goodman, Jerome Bruner, Anne Brown, Joseph Campione, David Perkins), ils forment un groupe dans lequel il est question d’approfondir certaines interrogations qu’ils ont en commun. Ce qui les réunit se trouve être le domaine de la pédagogie. Ces chercheurs ont réalisé des travaux sur des thématiques différentes à propos de la psychologie culturelle, mais il est possible de trouver des similitudes. Avec Brown et Campione, Howard s’est plutôt concentré sur la cognition spécifique à chaque domaine. Il affirme que la psychologie a joué un rôle dans la construction de la science cognitive. Dans son écrit, Howard tient à ce que le lecteur comprenne ce qu’il expose et, pour cela, il n’hésite pas à l’orienter vers d’autres chercheurs.
Par ailleurs, il s’est également intéressé au sujet en tant que forme de pensée, comme Bruner. Brown, Campione, Gardner et Perkins ont commencé à se préoccuper de ce qu’il se passe à l’intérieur des écoles : c’est à ce moment qu’ils élaborent une réelle réflexion et se passionnent pour la pédagogie. Ils tentent alors de percevoir «la nature des défis auxquels l’école américaine doit aujourd’hui faire face». Gardner critique le fonctionnement des écoles actuelles, car il estime qu’elles sont fondées sur une conception uniforme de l’esprit humain. Pour lui, le problème du monde de l'enseignement est qu’il ne prend en compte que l’intelligence linguistique et logico-mathématique. C’est pourquoi les intelligences multiples devraient faire évoluer ce domaine : Howard rêve d'une école où les différentes intelligences seront prisent en compte. Il accorde également une attention particulière au rôle de l’évaluation. Selon lui, les écoles devraient être réformées en se composant de l’évaluation, des programmes scolaires, de la formation initiale et continue des enseignants ainsi que de la participation de la collectivité aux processus éducatifs. Pour Gardner, ce qui est important correspond à l’étude accrue «de certains contenus disciplinaires, d’apprendre comment on les apprend et comment il faut les connaître».
En travaillant à «Project Zero», il a commencé à faire des recherches sur le développement artistique des enfants, et il s’est concentré sur la pensée artistique. Dans son livre «Gribouillages et dessins d’enfants»[9], il parle de processus de microgenèse («plus l’enfant se concentre sur une activité sur la durée, plus il développe ses capacités, minute après minute»), du mouvement intuitif de vas et vient («l’enfant cherche des formes géométriques, l’enfant essaie d’écrire : il essaie de s’y prendre à travers le dessin») et du mouvement graphique contrasté qui entraîne des qualités distinctes («faire des points est une activité brusque/martelange, comme donner des coups de poing dans un sac de sable, etc»).
Il met en place un projet s’intitulant «Project Spectrum»[10] dont l’objectif est de faire un diagnostic à propos de la cognition humaine. Pour ce faire, il dispose des jeux spécialement conçus pour rendre observables certains modes de cognition à de jeunes enfants dans leur environnement (ce qui correspond à un milieu naturel) durant un temps indéterminé. Il n’hésite pas à clairement indiquer ses recommandations : il réclame une science cognitive intégrative. Il reste d’ailleurs plutôt positif quant au devenir des sciences cognitives.
Références
modifier- Jacques BELLEAU, « Pédagogie et théorie des intelligences multiples de Howard Gardner », (consulté en )
- « The Good Project | Project Zero », sur pz.harvard.edu (consulté le )
- « Howard Gardner | Project Zero », sur www.pz.harvard.edu (consulté le )
- Lea Roduner, L'influence de la théorie des intelligences multiples d'Howard Gardner sur l'apprentissage du vocabulaire allemand au secondaire 1, , 52 p. (lire en ligne)
- Howard Gardner, Les personnalités exceptionnelles: Mozart, Freud, Gandhi et les autres, Odile Jacob, (ISBN 978-2-7381-0703-9, lire en ligne)
- Gabriel Racle, « Une intelligence ou des intelligences ? », Communication & Langages, vol. 68, no 1, , p. 51–66 (DOI 10.3406/colan.1986.1760, lire en ligne, consulté le )
- Gabriel Racle, « Une intelligence ou des intelligences ? », Communication & Langages, vol. 68, no 1, , p. 51–66 (DOI 10.3406/colan.1986.1760, lire en ligne, consulté le )
- Louis Timbal-Duclaux, « The mind'snew science: a history of the cognitive revolution, par H. Gardner », Communication & Langages, vol. 69, no 1, , p. 127–127 (lire en ligne, consulté le )
- Howard Gardner, Gribouillages et dessins d'enfants: leur signification, Editions Mardaga, (ISBN 978-2-87009-658-1, lire en ligne)
- (en) Mara Krechevsky, Project Spectrum: Preschool Assessment Handbook. Project Zero Frameworks for Early Childhood Education, Volume 3, Teachers College Press, P, 1998/00/00 (ISBN 978-0-8077-3768-2, lire en ligne)