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Louise Bourque
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Jolicoeur Touriste (d) (), Just Words (d)Voir et modifier les données sur Wikidata

Louise Bourque est une cinéaste expérimentale canadienne née le 2 février 1963 à Edmundston, au Nouveau-Brunswick. Elle a réalisé plus d'une douzaine de films qui ont marqué le cinéma expérimental canadien[1] et est une des rares femmes à pratiquer cette forme cinématographique depuis la fin des années 1980. Louise Bourque a enseigné les études et la production cinématographiques au Emerson College, à l'Université Concordia ainsi qu'à la School of the Museum of Fine Arts de Boston[1]. Sa carrière a été célébrée par une rétrospective à la Cinémathèque québécoise (2021) et d'une monographie publiée par l'Institut canadien du film[1].

Biographie

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Débuts de carrière

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Louise Bourque prend goût au cinéma pendant de ses études en journalisme à l'Université de Moncton, où elle assiste à un cours sur le cinéma muet donné par le Père Maurice Chamard[2],[3].

Active dans la scène culturelle acadienne, elle participe à des événements de poésie et d'art contemporain locaux et y côtoie plusieurs figures majeures comme Rose Després, Herménégilde Chiasson et Gérald Leblanc[2]. C'est d'ailleurs à partir des écrits de ce dernier qu'elle co-réalise une première oeuvre vidéo avec la complicité du poète Daniel Dugas et du musicien Jean-Pierre Morin en 1985. Louise Bourque entretient un attachement profond à la littérature acadienne, dans laquelle elle retrouve son désir d'évasion et sa volonté de "célébrer les émotions de la vie"[4].

Animée par le désir de laisser place à sa créativité, elle déménage à Montréal en 1987 pour entamer des études à l'École de cinéma Mel-Hoppenheim de l'Université Concordia[4]. Elle y fait une rencontre déterminante avec la réalisatrice et professeure Marielle Nitoslawka, qui l'initie aux des techniques de création expérimentales et lui fait découvrir un vaste corpus d'art vidéo et de films expérimentaux[2],[4].

C'est dans le cadre de ses études qu'elle réalise son tout premier film, Jolicœur Touriste, un court métrage sélectionné dans de nombreux festivals internationaux (Prix du meilleur film expérimental au Festival international du film de Melbourne). À travers une narration fragmentée, le film dépeint un personnage masculin qui lutte pour s'extirper des contraintes d'un isolement à la fois physique et psychique, imposé par la vie urbaine[1]. Le film, réalisé à partir d'un scénario, de scénarimages, d'un acteur et d'une petite équipe, est un rare exemple de production cinématographique plus traditionnelle dans sa filmographie[5]. Puis, en 1990, Louise Bourque décide de poursuivre sa formation en production cinématographique à la maîtrise, à l'École de l'Art Institute of Chicago. Elle y termine son deuxième court métrage, Just Words (1991), un collage qui rassemble des extraits du monologue dramatique Not I de Samuel Beckett (1972) performée par une bouche désincarnée avec des images de sa mère provenant de films familiaux[2]. Ce film marque d'ailleurs l'entrée du réemploi dans sa pratique[2].

Parcours d'une cinéaste expérimentale

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Au cours de la décennie 1990, Louise Bourque repousse les limites du format 16 mm en expérimentant avec différents procédés plastiques qui donneront lieu à des réalisations telles que Imprint (1997) et Fissures (1999). En 1996, alors qu'elle prépare un déménagement au États-Unis, elle met en terre les chutes de ses premiers films 16 mm, qu'elle déterre plusieurs années plus tard pour réaliser Self Portrait Post Mortem (2002)[6].

Les films de Louise Bourque ont fait l'objet de plusieurs rétrospectives, notamment à la Galerie d'art de l'Université Mount Saint Vincent à Halifax[2] (2002), au Festival Images de Toronto (2009), au Festival international du cinéma francophone en Acadie à Moncton (2012) ainsi qu'à la Cinémathèque québécoise à Montréal (2021). Ses œuvres ont aussi été présentées dans de prestigieux musées et galeries du monde entier, notamment au Musée des civilisations et au Musée national des beaux-arts du Québec, à la National Gallery of Art à Washington, DC, au Museum of Modern Art et au Whitney Museum of American Art à New York[7].

En 2011, elle réalise Remains à partir des chutes de son précédent film The People in the House[8].

En 2017, elle illustre les textes du 13e numéro de la revue acadienne de création littéraire Ancrages[9].

En 2021, ses films font l'objet d'une importante rétrospective à la Cinémathèque québécoise. Un dossier spécial de la revue de cinéma en ligne Hors Champ est publié en complément de cette présentation[10]. Cette même, l'Institut canadien du film lui consacre une monographie dirigée par Clint Enns et Stephen Broomer[11].

Travail artistique

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Comme une incursion au coeur de la psyché humaine, les films de Louise Bourque abordent la mémoire, les traumatismes intergénérationnels et les traces du passé sur le présent. Empreints de mélancolie et de nostalgie, ses films découvrent la rencontre de l'aliénation et de la tendresse dans l'espace familial.

La maison est figure récurrente dans ses films : elle incarne une limite entre l'espace extérieur et intérieur, entre le public et le privé, et la division genrée qui s'y opère[12]. Possédée, enflammée, impénétrable, cette maison représente un espace de drame et de trauma tant personnel que social, résultant de l'emprise de la religion catholique sur l'éducation de l'artiste[12].

Film-matière

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Les films de Louise Bourque frappent par leur matérialité. Les manipulations directes à la tireuse optique, le réemploi de films de famille, les techniques de développement manuelles et la décomposition organique et photochimique de la pellicule font partie intégrante de sa démarche artistique[6],[12]. Ces procédés d'abstraction lui servent à explorer l'empreinte laissée par les traumas et la mémoire sur le support de la pellicule[1]. Ils lui donnent également la possibilité de se réapproprier les images familiales en les manipulant directement[2].

- Dégradation photochimique :

- Dégradation biologique : enterrement, incubation

Réemploi

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Fille du Dr Jean Clarence Bourque[13], elle hérite de nombreux films de famille réalisés par son père entre 1955 et 1966 grâce à une caméra Kodachrome 8 mm.

- Bourque travaille en collaboration avec le cinéaste Guillaume Vallée comme assistant monteur pour le film Bye Bye Now.

Autoreprésentation

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Le parcours personnel de l'artiste et les lieux qu'elle habite se reflètent dans ses réalisations[6].

Bourque transforme des éléments de vie personnelle en thèmes universels: la maison familiale et la "famille patriarcale" sont autant de symboles qui éveillent des affects dans le corps de la personne qui regarde[2]. L'icône de la maison est omniprésente dans les oeuvres de Louise Bourque, comme en témoignent The People in the House (1994)[1],[12].

- Son corpus d'autoportraits lui servent de procédés de guérison (Habib)

- Ses films font de l'espace extérieur de la demeure une frontière entre la sphère publique et privée[12].

Filmographie

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Films et vidéos

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  • 2021 : Bye Bye Now, 16 mm numérisé en DV, couleur, son, 10 min
  • 2013 : Auto Portrait/Self Portrait Post Partum, 35 mm, couleur, son, 13.5 min
  • 2011 : a little prayer (H-E-L-P), 35 mm, noir et blanc, son, 8 min
  • 2011 : The Visitation, miniDV, couleur, son, 3 min
  • 2011 : Remains, 16mm numérisé en DV, couleur, son, 5 min
  • 2005 : L'éclat du mal / The Bleeding Heart of It, 35 mm, couleur, son, 8 min
  • 2003 : Jours en fleurs, 35 mm, couleur, son, 4.5 min
  • 2002 : Self Portrait Post Mortem, 35 mm, couleur, son, 2.5 min
  • 2000 : Going Back Home, 35 mm, couleur, son, 30 sec
  • 1999 : Fissures, 16 mm, couleur, son, 2.5 min
  • 1997 : Imprint, 16 mm, couleur, son, 14 min
  • 1994 : The People in the House, 16 mm, couleur, son, 22 min
  • 1991: Just Words, 16 mm, couleur, son, 10 min
  • 1989 : Jolicœur Touriste, 16 mm, couleur, 10 min

Collaborations

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Installations

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Distinctions

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Récompenses

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Nominations et sélections

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  • 1990 : Mention honorable "une étoile" (Jolicoeur Touriste), Festival canadien international du film d'art, Ontario

Rétrospectives

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Notes et références

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  1. a b c d e et f Stephen Broomer et Clint Enns, Imprints : the films of Louise Bourque, (ISBN 978-0-919096-55-4 et 0-919096-55-7, OCLC 1312272807, lire en ligne)
  2. a b c d e f g et h (en-US) Todd Fraser et Clint Enns, « Past // Images :: Future // Remains: An Interview with Louise Bourque »   (consulté le )
  3. Jean L. Pedneault, « Louise Bourque vit une carrière prometteuse en cinéma », Le Madawaska,‎ , p. 7A
  4. a b et c Myriame El Yamani, « Louise Bourque : un brasier de détermination », Vent d'est, no 41,‎ , s.p.
  5. (en) Brian Wilson, Imprints : the films of Louise Bourque, Ottawa, Canadian Film Institute, , 210 p., « A Fractured Narrative. Notes on Jolicoeur Touriste », p. 88
  6. a b et c André Habib, « L’autoportrait et autres ruines », sur horschamp.qc.ca, novembre / décembre 2021 (consulté le )
  7. s.a., « Louise BOURQUE », sur Light Cone (consulté le )
  8. (en-US) « Past // Images :: Future // Remains: An Interview with Louise Bourque – Clint Enns » (consulté le )
  9. Ancrages, « No 13. Fragments d'humanité. Nouvelles », sur Ancrages, s.d. (consulté le )
  10. « Bourque, Louise », sur horschamp.qc.ca (consulté le )
  11. (en) « Imprints: The Films of Louise Bourque », sur CFMDC (consulté le )
  12. a b c d et e Michael Sicinski, « Des retours à la maison impossibles »  , sur horschamp.qc.ca, november / décembre 2021 (consulté le )
  13. Jean L. Pedneault, « La cinéaste madawaskayenne Louise Bourque à l’honneur », Le Madawaska,‎ , p. 15A

Bibliographie

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  • Broomer, Stephen et Enns, Clint. Imprints : the films of Louise Bourque. Ottawa : Canadian Film Institute, 2021. 210p.
  • El Yamani, Myriame. « Louise Bourque : un brasier de détermination ». Vent d’est, no 41, janvier-février 1991, n.p.
  • Pedneault, Jean L. « Louise Bourque vit une carrière prometteuse en cinéma ». Le Madawaska, 5 août 1992, p.7A.
  • JLP [Pedneault, Jean L.]. « La cinéaste madawaskayenne Louise Bourque à l’honneur ». Le Madawaska, 01 septembre 1995, M268, p.15A.
  • s.n. « Prix du meilleur film expérimental pour la cinéaste Louise Bourque ». Le Madawaska, 22 novembre 1995, L268, p.1C.
  • Stratton, David. « Good eye for pix, g’day for tix at Oz film fests : short film competition prizes ». Variety, 27 juin 1990, n.p.
  • « 65 films québécois », 24 images, no 191, juin 2019, pp.105-107.
  • Ancrages : revue acadienne de création littéraire. No 13. https://ancrages.ca/edition/no-13-fragments-humanite/.
  • Camper, Fred. « Time and place in recent AG Film ». The Chicago reader, 16 avril 1999.
  • Spletzer, Andy. « Avant-garde film series ». The Stranger (Seatle), février 1999.
  • Scott, Jay. « Everybody in these movies seems nice ». The Glode and mail, 6 mars 1992.