Utilisateur:BIPE SA/Brouillon

Le BIPE

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Introduction

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Le BIPE est un cabinet d’ingénierie économique et de conseil en stratégie. Il a été créé en 1958 sous la forme d’une association, par l’Etat et de grandes entreprises françaises (EDF, Renault, Lafarge, …). Son premier président fut François Bloch Lainé auquel succéda Claude Gruson de 1969 à 1989, date de la transformation du BIPE en société anonyme. Le président actuel est Pascal Le Merrer, et compte Edwige Avice comme vice-présidente. Depuis sa création, le BIPE a contribué à différents grands débats économiques et stratégiques en France[1] sur un grand nombre de secteurs.

L'histoire du BIPE en cinq décennies clés

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Le BIPE est né pour répondre aux besoins et aux attentes des entreprises dans quatre domaines :

  • la fourniture d’une information économique nouvelle sur les entreprises
  • la mise en place de lieux d’échanges entre les acteurs économiques
  • la réalisation de prévisions et d’études économiques à l’usage des entreprises
  • la création d’un cabinet indépendant complémentaire aux services d’études publics et privés existants.

Années 60

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Le BIPE accompagne le lancement et la mise en œuvre de grands programmes industriels. L’Etat et les grandes entreprises ont la volonté de faire émerger de grands leaders dans les secteurs de l’énergie, de la construction aéronautique, de l’industrie automobile, de l’électronique. Les études et les prévisions (à un an et à cinq ans) mettent l’accent sur l’offre et les marchés industriels avec la mise en évidence des interdépendances entre les secteurs de l’économie. Le BIPE pose le concept de filière industrielle[2][3].

Années 70

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Le BIPE participe à la tertiarisation de l’économie en apportant une contribution majeure au Plan Calcul, précurseur de l’économie numérique. Le choc pétrolier et le développement des énergies alternatives conduisent le BIPE à réaliser le premier tableau de bord de l’environnement à la demande du premier des ministres chargés de l’environnement.

Années 80

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Le BIPE réalise à la demande de l’Etat des Prévisions Glissantes Détaillées (PGD) afin de permettre aux entreprises et à d’autres acteurs de mieux établir des prévisions à moyen terme. Les prévisions à 5 ans s’organisent autour de trois niveaux : une analyse macro économique d’ensemble, une analyse sectorielle au niveau 40, une analyse fine au niveau de 200 produits et ouvrages [4] [5]. Les PGD seront réalisées chaque année de 1980 à 1995 ; elles structurent l’activité d’études et de prévisions pendant la décennie [6].

Années 90

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L’aide au positionnement des entreprises devient largement majoritaire. Les missions se diversifient et couvrent un nombre de plus en plus importants d’entreprises et de secteurs[7]. Elles font appel aux modèles macroéconomiques et sectoriels développés en interne. Les méthodes de l’analyse sociétale mieux adaptées à la problématique des services sont appliquées à la prévision et à la prospective [8] [9].

Années 2000

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La présence à l’international s’affirme, avec en 2014 l’ouverture d’un bureau à Pékin. Depuis 2010, l’accent est mis sur les missions de conseil en stratégie, les études stratégiques mutualisées et les observatoires à dimension internationale (zone euro et hors zone euro).

Outils et méthodes

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Le concept de filière

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Utilisé au BIPE dès 1960, le concept de filière a contribué à ancrer dans l’activité de conseil aux entreprises l’idée selon laquelle l’accompagnement stratégique des entreprises doit établir une cartographie de l’ensemble des acteurs de la filière, avoir positionné les acteurs les uns par rapport aux autres de l’amont à l’aval, avoir mesuré la valeur ajoutée et le pouvoir de marché de chaque acteur de la filière.

L’analyse sociétale

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Dans un système productif de plus en plus serviciel en raison de l’évolution des modes de vie et de consommation, les études prospectives font appel aux méthodes de l’analyse sociétale. Ces méthodes ont été développées dès 1980 par Bernard Préel.

  • Analyse du cycle de vie de l’individu : représentation du cycle de vie sous la forme d’un cercle atteignant son apogée à 45 ans et se divisant en trois périodes de 30 ans à partir de six âges de 15 ans couplés deux à deux. Le cycle de vie moderne se caractérise par l’invention et la généralisation de deux temps de liberté conquis l’un sur le début et l’autre sur la fin de la vie, à savoir la jeunesse et la retraite « active ».
  • La Ménagerie ou segmentation des ménages : segmentation issue du croisement des dimensions de la vie personnelle à celle de la vie professionnelle. Dix typologies de ménages sont ainsi distingués : aux deux extrêmes l’individu solitaire inactif (une veuve âgée le plus souvent) et le ménage biactif avec les enfants présents au foyer. Chaque situation se caractérise par un mode de vie, d’habitat, de consommation et de valeurs plus ou moins spécifique. Cet ensemble de caractéristiques évolue au fil du temps sous l’effet de changements que l’on peut qualifier de sociétaux. La mutation la plus symbolique de la société française entre 1960 et 1980 a été la substitution, comme figure dominante, du couple biactif avec enfant à la famille traditionnelle avec mère au foyer.
  • L’analyse générationnelle qui problématise la question suivante : à côté de l’effet d’âge et d’époque n’y a-t-il pas un effet propre de génération sur le comportement de l’individu ? Si la réponse est positive, alors cet effet doit être pris en compte dans les études de prévision et de prospective. L’hypothèse centrale du BIPE est que les valeurs qui déterminent les comportements de génération s’acquièrent autour de l’âge de vingt ans et se maintiennent pour cette génération (née au cours de la décennie considérée) au fil du temps. A titre d’exemple, on a mis en évidence une baisse accélérée prévisible de la lecture d’un quotidien papier par les générations postérieures à celle de « mai 1968 » (née entre 1945 et 1954).
  • Les migrations résidentielles qui correspond à l’analyse spatiale des environnements économiques à partir des comportements de mobilité. Cet outil a été mis en place au début des années 2000 ; il permet de prévoir l’évolution démographique à moyen terme avec une finesse infradépartementale. En effet, plus on descend dans l’échelle des territoires, plus le solde migratoire joue un rôle important dans la croissance démographique. On a mis en évidence dès 2003 que 80% de la variation démographique d’une région s’explique par le solde migratoire et non par le solde naturel. Cette approche est utilisée pour prévoir les déplacements de population et d’entreprises.

Les modèles du BIPE

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La plupart des modèles ont été construits pour expliquer et prévoir à un horizon temporel variable le comportement d’un système d’acteurs (entreprise, secteur économique, nation, zone géographique) ; ils reposent toujours sur des hypothèses basées sur les comportements individuels et le système d’acteurs. Dans cette approche, la fiabilité de la prévision dépend beaucoup de la précision de la photographie ou du diagnostic initial. Les modèles s’organisent autour d’un système de prévisions pour répondre à des problématiques opérationnelles à trois niveaux :

  • Modèles macroéconomiques pour définir un scénario économique de référence (modèle DIVA long terme). La crise de 2008 a montré la nécessité de revoir les hypothèses de stabilité des comportements et du système d’acteurs (croissance, productivité, inflation, etc)
  • Modèles intersectoriels pour assurer la mise en cohérence avec les prévisions sectorielles (modèle MIRE)
  • Modèles microéconomiques pour simuler un plan d’entreprise ou de secteur économique (exemple : modélisation du marché automobile).

Les méthodes de la prospective

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La démarche prospective est utilisée par le BIPE pour des missions avec l’horizon temporel de moyen et long terme le plus proche de l’horizon stratégique de l’acteur concerné; elle fait intervenir les dimensions économiques, sociales, réglementaires et technologiques et à ce titre peut avoir recours aux outils et méthodes présentés précédemment[10].

Sont également utilisés des outils d’animation de groupe de travail et de quantification permettant de stimuler la réflexion collective : identification des variables clés, relations entre les acteurs, définition de scénario, quantification des scénarios retenus.

Historiquement, la démarche prospective a été conduite pour des travaux commandés par l’Etat et les ministères, notamment dans le cadre des Plans (période 60 – 95). Aujourd’hui, ses méthodes sont majoritairement mobilisées à la demande d’entreprises, de secteurs économiques et de territoires et ont une finalité directement opérationnelle : elles doivent favoriser la prise de décision et la mise en œuvre d’actions prioritaires.

[1]le site du BIPE (lien externe)

  1. Les comptes de la puissance par François Fourquet éditions Recherches Encres 1980
  2. Filières et effets de domination dans le système productif par Jean Malsot Annales des Mines Janvier 1980
  3. Une prévision technologique utile par Henri Aujac, Futuribles 1983
  4. Les prévisions glissantes détaillées par Jean Cheval, Analyse financière n° 39 1979
  5. La prévision des marchés nouveaux par Jean Philippe Dauvin, Analyse financière n° 39 1979
  6. L’économie de la France à l’horizon 2000 par le BIPE, éditions Economica 1984
  7. Compétitivité et stratégies françaises par Jean Malsot et Hervé Passeron, éditions Economica 1996
  8. Le choc des générations par Bernard Préel, éditions La découverte 2000
  9. Les générations mutantes par Bernard Préel, éditions La découverte 2005
  10. Prospective de la France en 2035, les trois scénarios du BIPE, Elisabeth Waelbroeck-Rocha et Pierre Grapin, Population et Avenir n°685. 2007