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Pierre Jérôme (1905-1982)

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Artiste peintre consacré par le Prix de Rome en 1934, Pierre Jérôme fut regardé jusqu’à sa mort, en 1982, comme un professeur d'exception. Sorte d’incarnation de Frenhofer, le héros du Chef-d’œuvre inconnu de Balzac, ce maître enseignait la peinture à l’Académie de la Grande Chaumière et à l’École polytechnique. Le Dictionnaire Bénézit le classe parmi les peintres de « nus, figures, portraits ». Il a aussi multiplié les bouquets de fleurs, reconnaissables au premier coup d’œil.

Biographie

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  • 1905 : 20 janvier, naissance de Pierre Émile Henri Jérôme à Dunkerque, fils d’Arthur Alfred Henri Jérôme et de Jeanne Marie Louis Boulanger. Son ascendance, tant paternelle que maternelle, est picarde.
  • 1910 : La famille Jérôme s’installe à Paris. Pierre fréquente l’école communale de la rue Danrémont à Montmartre.
  • 1914 : Son père est mobilisé dès les premiers jours de la guerre et sa mère a pour unique ressource l’allocation militaire. Lorsque Paris est bombardé, elle se réfugie avec ses enfants à Amboise, puis à Caen où le jeune Pierre travaille chez un avoué. La famille revient ensuite à Paris. Pierre et sa mère travaillent à la compagnie d’assurances La Paix ; il y est coursier jusqu’à la démobilisation de son père, en 1918. Un soir, en remontant la rue de Maubeuge avec sa mère, il passe devant une boutique de matériel pour artistes où sont exposés en devanture des reproductions de dessins de maîtres. Sa mère lui en achète quelques-unes, ainsi qu’une boîte de crayons et du papier à dessin. Dès lors, les loisirs de Pierre sont exclusivement consacrés à copier ces beaux modèles.
  • 1919 : De retour de la guerre, son père accepte de lui faire prendre quelques leçons pour qu’il se présente au concours d’admission de l’École Bernard Palissy (actuellement École des Arts appliqués à l’industrie). Pierre est reçu. En seconde année, il choisit l’atelier de peinture décorative et obtient le second prix. Tempérant une inclination pour la peinture qui ne pourrait déboucher que sur une carrière trop aléatoire, son père décide de le former à une profession immédiatement lucrative et l’inscrit en apprentissage à la Chambre syndicale de la bijouterie, joaillerie, orfèvrerie et horlogerie ; il y demeure six mois et travaille ensuite chez un fabricant de bijoux pour forains dans le quartier du Temple. C’est alors que sa vocation de peintre se décide. Il suit assidûment des cours du soir tout en travaillant comme dessinateur de bijoux chez plusieurs fabricants, en particulier un ciseleur et un joailler.
  • 1924 : Son père ayant subi une grave opération, Pierre le remplace pendant un an comme représentant d’une fabrique de textiles ; il continue cependant à fréquenter les cours du soir.
  • 1925-1926 : Il effectue un service militaire de dix-huit mois. Au cours de ses permissions, il cherche et trouve une place de dessinateur à mi-temps qui rend possible la réalisation de son rêve : entrer à l’École des Beaux-Arts.
  • 1927 : Premier échec au concours d’entrée. Il est néanmoins admis aux galeries où il dessine d’après l’Antique. Plus tard, il entre comme élève libre dans l’atelier du peintre Pierre Laurens. Durant quelques années, Pierre Jérôme continue de satisfaire aux commandes de créations d’un atelier qui travaille pour plusieurs joaillers de la rue de la Paix, tout en restant assidu, chaque matin, à l’atelier de l’École des Beaux-Arts.
  • 1932 : La mort de son patron d’atelier Pierre Laurens l’affecte profondément. Il suit désormais les conseils du frère de Pierre Laurens, Paul Albert Laurens qui a pris sa succession aux Beaux-Arts. Il prépare le concours de montée en loge pour le Grand Prix de Rome. Il obtient le 2e Second Grand Prix avec L’Enfance de Jésus. Il obtient également une médaille d’argent au Salon des Artistes Français avec Pierre Laurens sur son lit de mort, actuellement au musée de Chartres.
  • 1933 : Nouvelle tentative pour le Grand Prix de Rome, récompensée par le 1er Second Grand Prix attribué à Suzanne et les vieillards.
  • 1934 : Il obtient enfin le Premier Grand Prix de Rome avec Ulysse chez la nymphe Calypso.
  • 1935 : Il arrive à la Villa Médicis à Rome, mais une grave maladie l’oblige à partir se reposer dans un village des Abruzzes, San Vito Romano, où il peint cependant une grande composition inspirée par les paysans du village. Il retourne à la Villa au bout d’un an ; il se lie d’amitié avec les Farnésiens, pour la plupart des Normaliens. Un voyage en Grèce lui donne le goût du bel équilibre classique.
  • 1938 : Il est de retour à Paris et ses œuvres exécutées à Rome sont exposées au musée de l’Orangerie à Paris.
  • 1939 : Chargé par la direction des Beaux-Arts de décorer une des quatre entrées du Pavillon de l’eau à Liège. Il peint aussi une composition en frise évoquant les provinces du Nord et de l’Est de la France, destinée à l’Exposition du Progrès Social à Lille. Au retour d’un voyage aux Pays-Bas où la peinture des maîtres flamands et hollandais l’abasourdit, il détruit toutes ses toiles, à peu près quatre-vingts, ainsi que ses dessins. Il rencontre souvent Raoul Dufy et se lie d’amitié avec l’ingénieur chimiste Marc Havel et le peintre Jacques Maroger. Ses nouveaux amis l’incitent à la recherche des « secrets » des techniques des maîtres anciens. Cet intérêt ne le quitte plus par la suite et l’aide aussi dans l’enseignement qui forme la deuxième partie de son existence.
  • 1940 : Pierre est mobilisé dès le premier jour ; il rejoint sa section à Bethel. La Ville de Paris lui achète un tableau.
  • 1941 : Démobilisé et revenu à Paris, il est sans ressources ; il subit l’Occupation, donne quelques leçons et exécute quelques rares portraits.
  • 1942 : Décoration du fond du chœur de l’église de Villeneuve-la-Garenne.
  • 1944 : Il obtient la médaille d’or du Salon des Artistes Français avec le Portrait de l’abbé Heidsieck. Son envoi au Salon provoque la rencontre avec Christiane Fuchs, sa future épouse. Son ami, le graveur Lemagny, lui fait obtenir un poste de professeur dans une académie de peinture du boulevard Saint-Germain, dirigée par Mademoiselle Joubert. Par la suite, cette académie fusionne avec l’Académie Julian, rue du Dragon, où Pierre Jérôme crée un cours de composition picturale. Dans l’assistance se trouve Jean Bernheim qui l’accueille dans sa galerie.
  • 1946 : M. Torré, conservateur du musée de la Légion d’honneur, le charge de peindre les portraits de plusieurs généraux : de Larminat, De Lattre de Tassigny et Bloch d’Assault. En parallèle, il réalise d’autres portraits dont ceux de l’amiral Durand Vieil et de Mr Jefferson Caffery, ambassadeur des États-Unis, de Charles Tillon, ancien ministre de l’aviation qui devient un de ses amis. Il est nommé membre adjoint au jury du concours pour le Grand Prix de Rome.
  • 1948 : Par décret du ministre de la Guerre, il est nommé maître de dessin à l’École Polytechnique.
  • 1949 : Première exposition à la galerie Bernheim Jeune du Faubourg Saint-Honoré. Les expositions dans cette galerie se succèdent (1950, 1953, 1955, 1958 et 1959). Il expose au Salon du Dessin et de la Peinture à l’eau, Paris.
  • 1954 : Il fait la connaissance d’un grand collectionneur américain, Mr Nathan Cummings, qui lui achètera de très nombreux tableaux. Devient Sociétaire du Salon d’Automne.
  • 1955 : Première exposition à Liège en Belgique. Trois grandes décorations pour le nouvel Hôtel des Postes à Reims (sujets historiques, trois panneaux de 3,50 m x 1,75 m).
  • 1956 : Il est nommé chevalier dans l’ordre de la Légion d’honneur.
  • 1957 : Mariage de Pierre Jérôme avec Christiane Hélène Fuchs le 14 juin, à la mairie du 18e arrondissement de Paris.
  • 1958 : Décoration d’une école à Troyes (deux panneaux de 3 x 2,50 m).
  • 1959 : Première exposition en Amérique, à Toronto, Canada.
  • 1960 : Première exposition à New York, galerie Vercel. En 1962,1963 et 1964 : il exposera de nouveau à la galerie Romanet-Vercel (New York et Palm Beach, Floride).
  • 1961 : Exposition à l’Atelier Matignon à Paris. Il est fait chevalier dans l’ordre des Palmes académiques.
  • 1964 : Voyage en Israël, pays qui l’impressionne beaucoup, surtout la ville de Jaffa. Au retour, il peint une série de toiles vivement colorées de tendance plus abstraite.
  • 1965 : Peint Le Carnaval étrange à la demande d’un collectionneur.
  • 1967 : Exposition à la galerie des Anciens et des Modernes à Paris. Cette année-là, il rencontre Hervé Loilier, élève de l’École polytechnique, qui deviendra son héritier spirituel et son premier biographe.
  • 1968 : Expositions à Thouars (Deux-Sèvres) et au Havre (Seine- Maritime). Jérôme assume la direction d’un atelier de peinture et de composition à l’Académie libre de la Grande Chaumière, dans la rue du même nom, à Paris, où une plaque — Atelier Pierre Jérôme —, conserve aujourd’hui encore le souvenir de son enseignement.
  • 1969 : Il est fait officier dans l’ordre des Palmes académiques et dans l’ordre national du Mérite.
  • 1970 : À la suite d’un voyage en Bretagne, il peint une série d’études qui l’orientent vers une nouvelle manière, plus libre.
  • 1972 : Il prend sa retraite de l’École polytechnique en juin. Exposition à la galerie Air-France, Montparnasse.
  • 1976 : Expositions aux musées de Dunkerque, Dieppe, Le Mans.
  • 1977 : Exposition au musée des Beaux-Arts de Besançon.
  • 1979 : Exposition à la bibliothèque Octavio-Paz, avenue Marceau, à Paris.
  • 1982 : Décès de Pierre Jérôme à son domicile, 15, rue Hégésippe-Moreau, Paris 18e, le 11 mars à 4 h 30 du matin, à l’âge de soixante-dix-sept ans.
  • 1984 : Exposition à l’École polytechnique.
  • 2016 : Exposition « Pierre Jérôme. Le maître retrouvé », au Centre Cristel Éditeur d’Art, à Saint-Malo du 16 avril au 18 juin 2016, où son œuvre majeure, Le Carnaval étrange, est montrée au public pour la première fois. C’est le premier acte d’un naturel processus de réhabilitation pour ce grand peintre que le XXIe siècle redécouvre. [1] 

Récompenses et distinctions

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  • Médaille d’or des Artistes français en 1944
  • Chevalier dans l’ordre de la Légion d’honneur en 1956
  • Officier dans l’ordre des Palmes académiques en 1969
  • Officier dans l’ordre National du Mérite en 1969

Musées et collections publiques

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  • Portrait du Général de Larminat, H.S.T., 1946, Musée de la Légion d’honneur.
  • Portrait du général De Lattre de Tassigny, H.S.T., 1946, Musée de la Légion d’honneur.
  • Portrait du général Bloch d’Assault, H.S.T., 1946, Musée de la Légion d’honneur.
  • Hommage à Jean Bart, H.S.T., 150 x 300 cm, 1976, Musée des Beaux-Arts de Dunkerque.
  • Un tableau, 1940, Musée de la Ville de Paris.
  • Pierre Laurens sur son lit de mort, H.S.T., 1932, Musée de Chartres.

Publications

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  • Tobie Reumaux, « Pierre Jérôme », in Bulletin de l’Union Faulconnier, tome 33, 1936.
  • Raymond Cogniat, Pierre Jérôme, catalogue d’exposition, 1959.
  • Pierre Girre, Pierre Jérôme. Propos d’atelier, 1970.
  • 1868-1968. L’Académie Julian a 100 ans, 1985.
  • Denis Coutagne, Pierre Jérôme, Peintures. Le Carnaval étrange, catalogue d’exposition, Musée des Beaux-Arts de Dunkerque & Château-Musée de Dieppe & Musée de Tessé au Mans, 1976.
  • Denis Coutagne, Pierre Jérôme, Le Carnaval étrange (peintures, dessins et pastels), catalogue d’exposition, Musée des Beaux-Arts de Besançon, 1977.
  • « Pierre Jérôme, le maître retrouvé », in Place Publique n° 40, mars-avril 2016.
  • « À la recherche de Pierre Jérôme, l’enchanteur », de Christophe Penot (préface à Pierre Jérôme. Vie et passions d’un maître retrouvé, 2016.
  • Pierre Jérôme. Vie et passions d’un maître retrouvé, essai biographique signé par le peintre et professeur Hervé Loilier, Éditions Cristel, 2016.
  • Bénézit, Dictionnaire critique et documentaire des peintres, sculpteurs, dessinateurs, graveurs, Gründ, Paris, 1999, tome 7, p. 529 : article sur Pierre Jérôme.