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Vers Liriques, Pontus de Tyard modifier

 
Pontus de Tyard

Biographie modifier

Pontus de Tyard est né à Bissy-sur-Fley, une commune française située dans le département de Saône-et-Loire en région Bourgogne-Franche-Comté, le 30 avril 1521. Né de la relation entre Jehan de Tyard, un lieutenant général au bailliage de Mâcon, et de Jehanne de Ganay, Pontus de Tyard aura su, au cours de sa longue vie, s’illustrer comme un authentique humaniste, dans l’une des périodes sombres de la Bourgogne : les guerres de religion. Évêque de Chalon de 1578 à 1594, il eut le rare courage de pêcher aux uns et aux autres la modération. Accusé par les jésuites d’hérésie, tourmenté pour le soutien indéfectible qu’il porta à son souverain, Tyard fit preuve en toutes circonstances d’un courage et d’une opiniâtreté à toute épreuve. Un homme qui fut caractérisé comme une véritable encyclopédie, fut également une figure emblématique de la vie culturelle et politique française au XVIe siècle. Il a été tout d’abord l’un des fondateurs de la Pléiade, qui fut le premier mouvement de l’histoire littéraire française. Il exerça ses dispositions diplomatiques, et, assura de ce fait le rôle de conseiller d’Etat auprès du roi Henri III.

Pontus de Tyard s’impose comme l’un des maîtres de la pensée moderniste, participant avec enthousiasme à ce grand élan de connaissance qui enflamme le XVIe siècle. Ici subsiste alors l'image d'un homme, épris de culture, savant astronome, mathématicien de talent, poète et philosophe, vers qui les plus illustres et beaux esprits se sont tournés, en quête de conseils et de secours spirituel.

Tyard est d’ailleurs, comme Ronsard et Joachim du Bellay, considéré comme l’un des membres de la Pléiade. Toutefois, il s’implique moins dans les recherches poétiques du groupe dans les années 1550, travaillant alors sur une œuvre plus philosophique : Les Discours philosophiques. Une série de dialogues qui sont parus anonymement, jusqu’en 1557. Ces discours lui permettent d'explorer les connaissances dans les domaines de la poésie, de la musique, du temps, de la divination et de la science de l'univers entier. Le point de vue spirituel (la psychologie et théodicée) et le point de vue matériel (astronomie, physique, météorologie) sont abordés. Il fait ainsi mention des nouvelles théories de Copernic à plusieurs reprises. Pontus de Tyard fait précéder le Second Curieux d'un mémorable avant-propos, qui constitue un vibrant plaidoyer pour la langue française. Vers 1550-1560, il anime une société littéraire chalonnaise avec Philibert Guide, Guillaume des Autels.

Après 1570, Pontus de Tyard connaît un certain succès dans les salons parisiens, à l’occasion du courant néo-pétrarquiste qui voit dans ses Erreurs amoureuses une œuvre fondatrice. En 1573, ses Oeuvres poétiques sont dédiées à la maréchale de Retz, qui est une grande dame de savoir et de science, et, qui a également écrit des poèmes qui sont aujourd’hui disparus.

Il devient évêque de Chalon-sur-Saône en 1578. Sa vie prend alors un nouveau tournant, puisqu’il se consacre entièrement à sa nouvelle charge. Député aux Etats de Blois, en 1588, il défend l’autorité royale contre les Ligueurs. En 1594, il abandonne sa charge d’évêque pour se retirer dans ses terres où il reste jusqu'à sa mort. Il publie la même année : Extrait de la généalogie de Hugue Capet, un roi robertien et le fondateur de la dynastie capétienne. Pontus de Tyard meurt le 23 septembre 1605, au château de Bragny-sur-Saône, à l’âge de 84 ans. Il repose en paix à l’église de Bragny-sur-Saône. Son neveu Cyrus de Tyard le remplace comme évêque de Chalon-sur-Saône de 1594 à 1624.

Les oeuvres de Tyard[1] modifier

De son vivant, Tyard a écrit de nombreuses oeuvres, tant philosophiques, que poétiques :

Erreurs Amoureuses Lyon, 1549

Continuation des Erreurs Amoureuses Lyon, 1551

Leon Hebrieu de l’amour (traduction des Dialoghi d’amore) Lyon, 1551

Erreurs Amoureuses augmentées d’une tierce partie

Solitaire Premier ou Prose des Muses Lyon, 1552

Un Livre de vers liriques Lyon, 1555

Solitaire Second ou Prose de la Musique Lyon, 1555

Discours du temps, de l’an et de ses parties Lyon, 1556

L’univers ou discours des parties et de la nature du monde Lyon, 1557

Mantice ou Discours de la Divination par Astrologie Lyon, 1558

Ephemeride Octavae Sphaerae Lyon, 1562

Homilies ou discours sur l’oraison dominicale Paris, 1585

Douze fables de fleuves ou fontaines Paris, 1585

III Livres d’ Homélies Paris, 1586

Homélies sur la première table du décalogue Paris, 1588

Polémiques extrait de la Généalogie de Hugues surnommé Capet Paris, 1594

De recta nominum impositione Lyon ,1603

Fragmentum epistolae pii cuisdam episcopi,(Lettre au Jésuite Charles) Hanau, 1604

Vision sur le livre des vers liriques modifier

Le livre des vers liriques est paru en 1555, en même temps que le troisième livre des Erreurs Amoureuses. Tandis que dans les Erreurs amoureuses, le recueil contient plutôt des sonnets et des chansons vouées à Pasithée, un être dont l’origine et l’existence est inconnue. Dans le livre de vers liriques, est visible une influence de la Pléiade. Selon Eva Kushner [2] :

«  Le Livre de vers liriques se distingue au sein de son oeuvre, et vis-à-vis des oeuvres contemporaines de la sienne, par sa variété tant métrique que thématique, sa vivacité, sa teneur en mythologie, sa réflexion sur le genre lyrique, et surtout la manière très personnelle dont Tyard orchestre tous ces éléments.»

Pontus de Tyard s’aide de ses connaissances et de sa vision du monde, pour offrir à ses lecteurs des nouvelles perspectives pour réfléchir, et les aider à ne pas s’enfermer dans une lecture univoque.  

Etude du poème modifier

Dans les vers liriques, le dernier poème est une énigme, la seule que Pontus de Tyard ait créé dans tous ses écrits.

Une énigme, d'après le Dictionnaire de l'Académie française [3], est le «  discours qui renferme un sens caché qu’on propose à deviner». Une énigme est un mystère, qu’il faut résoudre.

Au XVIe siècle, l’énigme a deux fonctions : Elle est à la fois dialogue et jeux. Elle peut autant servir à divertir et amuser, qu’à instruire et critiquer. Les énigmes peuvent être utilisées pour critiquer la société de manière indirecte, comme le font les fables de La Fontaine, pour éviter la censure.

Dans les énigmes, il faut quand même faire la différence entre « le discours énigmatique et une devinette » , comme le dit Pérouse dans son œuvre [4]. Une simple devinette a une solution, elle résout « la difficulté qu’elle énonce »  alors que le discours énigmatique est plus complexe. Pour le résoudre, il faut être ouvert d’esprit, il peut avoir plusieurs réponses, il est libre à chacun de faire sa propre interprétation. L’écrivain laisse libre à son lecteur de comprendre comme il le souhaite la réponse. Il ne lui impose rien.

Ainsi, il faut voir si l’énigme de Pontus de Tyard, dans le Livre des vers liriques, essaie de divertir le lecteur, ou bien de faire passer un message.

 
[5]Enigme de Pontus de Tyard


A/ Graphie et orthographe

Cette énigme du XVIe siècle, de Pontus de Tyard, du livres des vers liriques, dans Les Oeuvres poétiques de 1555 est difficile à déchiffrer, puisqu’elle est écrite dans un français qui n’est plus utilisé de nos jours. La première étape à faire est de faire une transcription pour qu’elle soit accessible à tous.

Tout d’abord, il faut  :

-Remplacer les s longs par des s normal

-Remplacer lorsque c’est nécessaire les v en u

-Remplacer lorsque c’est nécessaire les u en v

-Remplacer lorsque c’est nécessaire les y en i

-Remplacer lorsque c’est nécessaire les i en j

-Remplacer l’esperluette par et .

Voici donc la transcription de l’énigme :

Subtile suis, et de telle beauté,

Qu’autre beauté ne peut être connue,

Que je n’y sois en une qualité.

En liberté je veux être tenue

Evidemment : car qui me veut contraindre,


Il perd et moi et l’objet de sa vue

S’il pense encore à ma substance atteindre,

Et me toucher, j’en prend telle vengeance,

Que je lui donne assez de quoi se plaindre.

Et l’œil du ciel en vain son influence

Coule çà bas, s’il ne se fait sensible

Des qualités prinses de mon essence.

Il est à l’homme à grand peine possible

Vivre sans moi : et si le fais dissoudre,

S’il est de moi entièrement passible.

Mon corps couvert d’une légère poudre

Ne me saurait avec soi arrêter :

Car je le fuis plus vite que la foudre.

Qui, tant soit peu, me veut solliciter,

Il me peut voir en colère incroyable

Les plus hauts lieux en bas précipiter.

Mobile suis, sans arrêt, variable,

Sans couleur, forme, ou certaine figure,

Et si je suis vue en ma force admirable.

Je vis de faire à mon contraire injure,

Qui par sa mort m’apporte tel encombre,

Qu’en fin la mort  la moi-même j’en endure.

Or devinez si je suis corps ou ombre.


B/Sens et Lexique

Malgré cette transcription, le vocabulaire de certains n’est pas compréhensible pour tous, il faut donc leur donner une définition.

Pour cela, des outils tel que le Dictionnaire de l'ancienne langue française [6]par Frédéric Godefroy, existent.

Dans cette énigme, le substantif « prinses » [7]vient de ‘’prins’’, qui signifie pris, et donc il peut être remplacé par “prises’’


C/Repérage de l’énigme dans l’oeuvre

Il est possible de se servir des signatures qui entourent une énigme, pour permettre de la retrouver. Par exemple, pour cette énigme, plusieurs indices sont visibles. En premier, la page est indiquée avec le nombre « 164 ». Il est indiqué que que la section est «Vers liriques » et que le poème est à la fin de la section.

L'énigme de Pontus de Tyard dans Les Oeuvres poétiques, est disponible sur internet. Pour repérer la place de l’énigme dans l'œuvre, il faut chercher sur des sources fiables, comme Gallica ou Google Books. Par exemple, sur Google Books, après avoir écrit Les Oeuvres poétiques de Pontus de Tyard, et avec une recherche plus poussée, où il faut écrire « Fin des vers liriques », il est confirmé que cette énigme se trouve à la page 164 de l'œuvre.


D/ Résolution de l'énigme :

Il explique deux types de livres à énigmes, un avec les solutions données, et un sans les solutions, pour permettre au lecteur de réfléchir par lui-même pour obtenir des réponses. Dans le cas de cette énigme, la solution n’est pas donnée, le lecteur est libre de faire plusieurs interprétations. En voici certaines :

Premièrement, le vent peut être l’une des possibilités parce que dans ce poème, il est admis que personne ne peut l’atteindre, ni le retenir :

« En liberté je veux être tenue

Evidemment : car qui me veut contraindre»

« Il perd et moi et l’objet de sa vue»

« Car je le fuis plus vite que la foudre»

Le vent est indomptable, immatériel et sauvage. L’homme ne peut pas le contraindre. L’être humain ne peut pas le poursuivre, ni le suivre. Il ne le voit pas à l'œil nu. Pourtant, même si l’homme ne peut pas le voir, le vent se manifeste, et il est visible par l’homme quand le vent interagit avec le matériel ou l’atmosphère de l’homme :

« S’il pense encore à ma substance atteindre

Et me toucher, j’en prend telle vengeance,

Que je lui donne assez de quoi se plaindre.»

« Il me peut voir en colère incroyable

Les plus hauts lieux en bas précipiter.

Mobile suis, sans arrêt, variable,

Sans couleur, forme, ou certaine figure»

Le vent est puissant, indomptable. L’homme le voit quand il s’exprime par la création de tempêtes, d’ouragans. Le vent refroidit l’atmosphère, mais il peut aussi être doux, et agréable.

« Or devinez si je suis corps ou ombre » Le dernier vers du poème laisse planer l'ambiguïté sur la réponse. Si la réponse est matérielle ou immatérielle.

La seconde proposition, est celle de l’ombre, puisque tout d’abord, l’ombre est discrète et qu’elle veut être libre, ce qui est impossible :

« Subtile »

« En liberté je veux être tenue

Evidemment : car qui me veut contraindre»

L’ombre est très subtile car elle est fine et délicate, elle semble légère. Elle veut être libre, mais l’ombre est attachée à un objet ou une personne, elle ne peut pas être détachée de celui auquel elle appartient. Cependant, l’ombre peut disparaître de la vue de l’humain, même si elle est toujours présente, elle s’adapte à son environnement :

« Il perd et moi et l’objet de sa vue

S’il pense encore à ma substance atteindre »

« Et l’œil du ciel en vain son influence

Coule çà bas, s’il ne se fait sensible

Des qualités prinses de mon essence »

« Mobile suis, sans arrêt, variable,

Sans couleur, forme, ou certaine figure »

Si l’homme se met sous «l'œil du ciel », qui peut être représenter comme le soleil, il y a une ombre. Cependant, si l’homme se met à l’abri du soleil, l’ombre disparaît de sa vue. L’ombre s’adapte aussi à son environnement, elle ne cesse de changer de forme selon la forme de l’objet ou de la personne, mais aussi ses déplacements, son orientation et la position du soleil. Dans l’énigme, il est écrit que c’est impossible de vivre sans lui, ce qui est le cas pour l’ombre si on la rattache à un être vivant :

«ll est à l’homme à grand peine possible  

Vivre sans moi : et si le fais dissoudre,

S’il est de moi entièrement passible. »

«Je vis de faire à mon contraire injure,

Qui par sa mort m’apporte tel encombre,

Qu’en fin la mort la moi-même j’en endure.  »

Elle est rattachée à l’être vivant, ils sont indissociables l’un de l’autre. Lors de la mort de l’être vivant, l’ombre est immobilisée c’est un « tel encombre » pour elle, parce qu’elle ne peut plus se mouvoir comme elle le souhaite. Elle meurt aussi.

Le dernier vers  «Or devinez si je suis corps ou ombre » donne toujours une ambiguïté sur la réponse, si c’est matérielle ou non. Mais si «ombre » est la réponse, il est possible de dire que le dernier vers de l’énigme donne la réponse.

Note et référence modifier

  1. Oeuvres poétique de Pontus de Tyard, sur le site utb-chalon
  2. Eva Kushner, Pontus de Tyard et son oeuvre poétique, Paris, Classique Garnier, coll, Bibliothèque de la Renaissance, 2018
  3. Dictionnaire de l'Académie française, 1694
  4. .PÉROUSE (Gabriel-André),  « “Énigme” = Parole ! », in MARTIN (Daniel), SERVET (Pierre), TOURNON (André) (dir.), L’Énigmatique à la Renaissance : formes, significations, esthétiques, p. 9-12, de 2008
  5. Les oeuvres poétiques de Pontus de Tyard, 1555, sur Gallica
  6. Le Dictionnaire de l’ancienne langue française et de tous ses dialectes du IXe au VIe siècle par Frédéric Godefroy, de 1880-1895.
  7. « Prins » : Pris D’après le Dictionnaire de l’ancienne langue française et de tous ses dialectes du IXe au VIe siècle par Frédéric Godefroy, de 1880-1895 ; « Prinse » : 1.Prise d’une personne ou d’un objet, 2.Droit de prise; 3.Prime pour une arrestation, 4.Reprises matrimoniales douaire, dans le contrat de mariage de Gilbert de Chabannes avec Catherine de Bourbon, en 1484 Bibliographie

Bibliographie modifier

Eva Kushner, Pontus de Tyard et son oeuvre poétique, Paris, Classique Garnier, coll, Bibliothèque de la Renaissance, 2018 PÉROUSE (Gabriel-André), L’Énigmatique à la Renaissance : formes, significations, esthétiques, de 2008

Liens externes modifier

Lien pour la biographie :

https://fr.wikipedia.org/wiki/Hugues_Capet

https://www.geneastar.org/celebrite/dethiardp/pontus-de-tyard

https://fr.wikipedia.org/wiki/Liste_des_%C3%A9v%C3%AAques_de_Chalon-sur-Sa%C3%B4ne

https://fr.wikipedia.org/wiki/Bissy-sur-Fley

https://fr.wikipedia.org/wiki/Claude_Catherine_de_Clermont

  1. « Oeuvres de Pontus de Tyard »
  2. Eva Kushner, Pontus de Tyard et son œuvre poétique, Classiques Garnier,
  3. Académie française Auteur du texte, Le dictionnaire de l'Académie françoise, dédié au Roy. T. 1. A-L, (lire en ligne)
  4. Gabriel André Pérouse, L'Enigmatique à la Renaissance : formes, significations, esthétiques,
  5. Pontus de (1521-1605) Auteur du texte Tyard, Les oeuvres poétiques de Pontus de Tyard, seigneur de Bissy : asçavoir trois livres des Erreurs amoureuses. Un livre de vers liriques. Plus un recueil des nouvelles œuvres poétiques, (lire en ligne)
  6. Frédéric Godefroy, Le Dictionnaire de l’ancienne langue française et de tous ses dialectes du IXe au VIe siècle, 1880-1895
  7. Frédéric Godefroy, Le Dictionnaire de l’ancienne langue française et de tous ses dialectes du IXe au VIe siècle, 1880-1895