Safed

ville du nord d'Israël située en Haute Galilée
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Safed en hébreu Tzfat (hébreu : צפת Sefath ; arabe : صفد Safad ; aussi appelée Tsfat) est une ville du nord d'Israël située en Haute Galilée. Avec une altitude de 900 m, c'est la ville la plus élevée d'Israël. Le nom צְפַת vient du verbe צָפָה guetter, observer. À l'époque du Sanhédrin de Jérusalem, Safed était l'un des villages-fanaux (מַשּׂוּאוֹת) construits sur les collines depuis Jérusalem, où des feux étaient allumés de proche en proche pour annoncer la nouvelle lune et les jours saints.

Safed
(he) צפת (ar) صفد
Blason de Safed
Héraldique
Administration
Pays Drapeau d’Israël Israël
District District nord
Maire Yossi Kakon (2024- )
Démographie
Population 35 715 hab. (2018[1])
Densité 1 221 hab./km2
Géographie
Coordonnées 32° 57′ 56″ nord, 35° 29′ 59″ est
Altitude 900 m
Superficie 2 924,8 ha = 29,248 km2
Localisation
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Safed
Géolocalisation sur la carte : Israël
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Safed
Liens
Site web http://www.zefat.muni.il
Vue moderne de Safed.

Safed est l'une des quatre villes saintes juives, avec Jérusalem, Hébron et Tibériade. Safed est communément appelée la « ville bleue des cabbalistes », car c'est la couleur dominante de ses synagogues et de son cimetière, où les tombes sont peintes en bleu, et car elle perpétue une longue tradition de cabbalistes, depuis qu'elle est devenue le lieu d'enseignement de Moïse Cordovero et Isaac Louria et a servi de centre de diffusion mondiale de la Kabbale juive au XVIe siècle[2].

Histoire

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Antiquité

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La ville n'est pas mentionnée dans la Bible. Elle est parfois identifiée avec Sepph (grec : Σεπφ), ville de Galilée fortifiée par Flavius Josèphe pour soutenir une attaque romaine en 66[3].

La ville est mentionnée dans le Talmud de Jérusalem[4].

Entre la période talmudique et les Croisades, son histoire reste inconnue[3].

Moyen-Age

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Safed apparaît dans les sources juives depuis le Moyen Âge[5]. Un document de la Guéniza du Caire, écrit en 1034, mentionne une transaction faite à Tiberiade en 1023 par un certain juif du nom de Musa ben Hiba ben Salmun avec la nisba (suffixe apposé à un nom en arabe ) "al-Safati" (soit, de Safed) indiquant ainsi la présence d'une communauté juive vivant avec les musulmans au XIe siècle.

Des sources croisés, on sait également qu'en 1140 à Saphet il existait une forteresse très puissante entre Saint-Jean d'Acre et le lac de Tibériade construite par le roi Foulques d'Anjou. Puis cette forteresse fut cédée aux Templiers. Elle fut prise par Saladin en décembre 1188 et démantelée en 1220[3]. En 1240, Safed est reprise par les Templiers qui doivent la céder 1266 au sultan mamelouk Baybars, qui renforce les fortifications de la ville[3] et y construit des caravansérails, des bazars et des mosquées. Les Mamelouks font de Safed la capitale d'une province comprenant la Galilée et le Liban[3].

Si quelques juifs ont pu vivre à Safed au XIe siècle, une communauté juive ne semble y être fermement implantée qu'à partir du XIIIe siècle. Mais la peste noire amène le déclin de la ville à partir de 1348.

La communauté juive, florissante sous le gouvernement mamelouk se monte en 1481 à 300 familles dans Safed et ses environs. Ils s'y livrent au commerce des produits alimentaires dont les épices. La communauté sépharade venue d'Espagne croît notablement après la conquête de la Palestine par les Ottomans en 1516[3].

Période du califat ottoman

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Safed est particulièrement importante dans l'histoire du judaïsme, devenant le refuge de nombreux érudits après l'expulsion des Juifs d'Espagne en 1492 ; de fait, elle devient l'un des grands centres de la Kabbale, recueillant des savants aussi renommés que Moïse Cordovero ou Isaac Louria, mais aussi de la Halakha, puisque Yossef Karo, l'auteur du Choulhan Aroukh y résida également. C'est également la ville de Salomon Alkabetz, auteur du Lekha Dodi, hymne chanté pour accueillir le Shabbat. Un autre poème liturgique, Shalom alekhem qui est chanté lors de l'entrée du Shabbat, a également été composé à Safed par les Kabbalistes, à la fin du XVIIe siècle. Ajoutons également le poème liturgique Yedid nefesh, composé à Safed au XVIe siècle par le rabbin et kabbaliste Elazar Azikri. Safed est comptée parmi les quatre villes saintes juives avec Jérusalem, Hébron et Tibériade[6],[7]. Les traditions talmudiques assignent à Safed et à Tibériade une sainteté qui rivalise avec celle de Jérusalem. Selon elles, le Messie sortira du lac de Génézareth, à Tibériade, et établira le siège de son empire à Safed.

En 1522, 300 familles juives vivent à Safed. Des statistiques turques de 1548 indiquent que Safed était alors le centre d'un district comprenant 282 villages. Approximativement 1 900 familles familles de contribuables vivaient en ville dont 716 juives[3].

La cité fut prospère jusqu'au XVIe siècle, et on y fonda en 1578 la première imprimerie du Moyen-Orient. Huit synagogues sont fondées au XVIe siècle[3].

Cependant, la diminution de la qualité du gouvernement turc, une épidémie en 1747 , un tremblement de terre qui tue 1800 personnes et conflits entre Juifs et Arabes entraînent peu à peu le déclin de la communauté juive[3].

 
La Galerie Beit Castel (en) à Safed.

La ville fut pratiquement désertée par la population juive après les émeutes arabes de 1929.

Safed a de nos jours regagné en popularité, et est redevenue aujourd'hui un centre d'études juives. C'est aussi un centre artistique, avec ses célèbres rues pavées. Il s'y tient annuellement un festival de musique klezmer mondialement connu[8].

Safed est également devenu de nos jours un lieu de pèlerinage sur les tombes des Justes (Kivre Tsadikim) et dans les antiques synagogues de la ville : synagogue Aboad, Joseph ben Ephraim Karo, Ari Ashkenazi, Ari Sephardi... Il est également possible de se tremper dans le Mikvé du Ari (Isaac Luria), dont les eaux sont glaciales.

Tensions entre sionistes et arabes

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Monument dédié aux soldats qui ont combattu pendant la guerre d'indépendance.
 
Quartier musulman de Safed en 1908.

Selon les données de l'administration britannique de 1922, Safed avait une population de 8 761 habitants, dont 5 431 musulmans, 2 986 juifs, 343 chrétiens. Safed est ville à population mixte sous Palestine mandataire, ce qui génère des tensions dès les années 1920. Lors des Émeutes de 1929, 18 Juifs sont tués dans cette ville considérée comme « ville sainte » au même titre que Jérusalem[9]. En 1948, Safed comptait une population comprise entre 10 000 et 12 000 Arabes, et 1 500 à 1 700 Juifs pour la plupart religieux[10],[11]. Au cours de la guerre civile qui marqua les six derniers mois du mandat britannique, les habitants musulmans fuient les combats, sans être autorisés à revenir[11], dont la famille du Président de l'Autorité palestinienne Mahmoud Abbas[12],[13].

Safed est allouée à Israël par le plan de partage de la Palestine en 1947. Le 16 avril 1948, les Britanniques évacuent la ville et des combats éclatent entre la Hagana et des miliciens arabes. Le 21 avril, l’opération Yiftah est lancée en Haute Galilée. À partir du , les villages de la région sont attaqués par la Haganah ; Safed est bombardée au mortier le 9 mai au soir. L’artillerie de l’Armée de libération arabe intervient sans pouvoir empêcher l'entrée des forces juives le 10 mai dans la ville, qui est sécurisée le [10] par les troupes du Palmach[11]. La plupart des habitants arabes prennent la fuite. Antérieurement, le 4 mai, dans un village de la sous-préfecture de Safed, 'Aïne Al-Zaïtoune, environ 70 Arabes avaient été exécutés par la Haganah[14][source insuffisante].

Depuis la création de l'Etat d'Israël

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En 1974, 102 écoliers de la ville sont pris en otage par des Palestiniens du FPLP, 22 d'entre eux sont massacrés et 68 sont blessés. Les trois adultes qui accompagnaient les enfants sont assassinés[15].

En 2006, le Hezbollah tire 74 roquettes Katioucha sur la ville et 397 autres s’abattent à proximité faisant un mort et plusieurs blessés parmi la population civile[16],[17].

Cinquante rabbins ultra-orthodoxes ont cosigné une lettre rendue publique le , dans laquelle ils affirment que « la Torah interdit de louer ou de vendre une propriété à un non-juif », les Arabes israéliens étant la principale cible de cette initiative, rapporte Yediot Aharonot. Plusieurs personnalités israéliennes ont dénoncé ce manifeste. Parmi eux, Noah Flug, le président de l’association chapeautant en Israël toutes les organisations de rescapés de la Shoah a exprimé son indignation en soulignant que « les Nazis appelaient à ne pas louer aux juifs », relève le quotidien israélien. Shmuel Eliyahou, le chef rabbin de Safed, une ville du nord d’Israël, a été le premier, en octobre, à appeler les habitants de sa ville à ne pas louer ou vendre des appartements à des Arabes[18].

Le , des heurts éclatèrent à nouveau entre Arabes et Juifs ultra-orthodoxes, avec échanges d'insultes et jets de pierres[19]. Le , le polémiste israélien Gideon Levy a qualifié Safed dans une tribune publiée par Haaretz (classé à gauche) de « ville la plus raciste du pays »[20].

Le grand rabbin de la ville, Shmuel Eliyahu, déclenche une controverse en émettant une ordonnance religieuse interdisant aux Juifs de Safed de louer ou vendre un bien à un non-Juif[21].

 
Vue panoramique de Safed avec le mont Méron en arrière-plan.

Personnalités originaires de Safed

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Jumelages

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Notes et références

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  1. (en) « The population of all localities in Northern District according to census results and latest official estimates », sur citypopulation.de
  2. Morris Faierstein, Safed Kabbalah and the Sefardic Heritage in Zion Zohar, Sephardic and Mizrahi Jewry: from the Golden Age of Spain to modern times, New York University Press, Chap. 10.
  3. a b c d e f g h et i (en) « Geography of Israel : Safed », sur Jewish Virtual Library
  4. "Safed". Encyclopedia Judaica. Vol. 14. Jerusalem, Israel: Keter. 1972. p. 626.
  5. Vilnay, Zev (1972). "Tsefat". A Guide to Israel. Jerusalem, Palestine: HaMakor Press. p. 522–532.
  6. (en) Michael Avi-Yonah, « Safed », dans Fred Skolnik et Michael Berenbaum (dir.), Encyclopaedia Judaica, vol. 17, Thompson Gale et Keter Publishing House, , 2e éd..
  7. « Safed », sur Jewish Virtual Library.
  8. You can take the music out of the shtetl, Jerusalem Post.
  9. Benny Morris, Victimes - Histoire revisitée du conflit arabo-sioniste, Paris: Éditions complexe / IHTP CNRS, 2003, p. 132.
  10. a et b Guide to Israel, Zeev Vilnay.
  11. a b et c Benny Morris, The Birth of the Palestinian Refugee Problem Revisited, 2003, p. 221-226.
  12. Myre, Greg. 2 More Israelis Are Killed as Rain of Rockets From Lebanon Pushes Thousands South. New York Times, .
  13. Palestine Media Center - PMC [Official arm of PA]. "Full Israeli Withdrawal Not Enough -'Palestinians Would Never Give up 'Right of Return.'", .
  14. Natiba Ben Yahouda, Derrière les fallacieuses.
  15. (en) Jack Khoury, « U.S. filmmakers plan documentary on Ma'alot massacre », Haaretz,‎ (lire en ligne  , consulté le ).
  16. « Civilians under Assault : Hezbollah’s Rocket Attacks on Israel in the 2006 War : … », sur hrw.org (consulté le ).
  17. (de) « Detail - europe online », sur europeonline-magazine.eu (consulté le ).
  18. Ne louez pas à des non Juifs, Courrier international, .
  19. [1].
  20. Le fromage pourri de Safed, Haaretz, .
  21. Yossi Gurvitz, « En Israël, victoires de la « suprématie juive » », sur Le Monde diplomatique,

Voir aussi

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Articles connexes

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Liens externes

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