Coptodon guineensis

espèce de poissons
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Coptodon guineensis (souvent mentionnée par son synonyme Tilapia guineensis) est une espèce de poisson euryhalin de la famille des Cichlidae largement répartie le long de la côte ouest de l'Afrique.

Description

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« La coloration habituelle de C. guineensis est brillante, jaune verdâtre foncé sur le dos et les flancs, devenant plus claire vers l'abdomen. La lèvre inférieure est blanche. La partie ventrale est généralement blanche, bien que certains spécimens présentent une coloration noire et rouge. Toutes les écailles des flancs ont une tache noire à la base. La nageoire anale est grise et les nageoires ventrales sont grises ou noires et marquées d'une ligne blanche sur le bord antérieur. La nageoire dorsale est grise ou transparente avec une marque noire caractéristique des « tilapia » très proéminente. La queue est gris bleuâtre et marquée de taches plus claires et d'une partie supérieure et inférieure nettement ombrée. »
— Traduction libre à partir de Campbell (1987)[a]

Répartition

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Aire de répartition de C. guineensis d'après l'UICN (2024).

Ce taxon se rencontre dans les pays suivants[2] : Angola, Bénin, Cameroun, Côte d'Ivoire, Gabon, Gambie, Ghana, Guinée équatoriale, Guinée-Bissau, Guinée, Liberia, Mauritanie, Nigeria, République du Congo, République démocratique du Congo, Sierra Leone, Sénégal, Togo.

Habitat

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L'espèce est classée parmi les espèces « Estuariennes strictes »[b] (Es) dans la classification d'Albaret[3] pour les poissons des milieux estuariens et lagunaires d'Afrique de l'Ouest[4] et « Freshwater immigrant »[c] dans celle de Whitfield[5].

Reproduction

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Coptodon guineensis pond sur divers substrats. Il forme un lien de couple solide avec une association prolongée, au moins pendant un cycle de reproduction. Le couple établit un territoire, à l'intérieur duquel se trouve le nid, et le défendent tous deux. Le nid se compose d'une série de trous, dont la forme et les dimensions varient considérablement en fonction de la nature du substrat et de la taille des parents[1]. Dans les sols sableux argileux, un nid typique aura la forme d'un grand bassin, de 50 cm de diamètre, avec des séries de trous partant du fond, chacun ayant 10 à 15 cm de diamètre et dont la profondeur maximale observée est de 1 mètre[6].

Lors de la reproduction, la femelle passe sur le nid en pondant une seule ligne d'œufs. Le mâle suit immédiatement et les féconde. La femelle dépose ensuite une autre ligne, et le processus se poursuit jusqu'à ce que tous les œufs soient pondus. L'ensemble du processus prend entre 5 et 15 minutes[1]. La femelle, et dans une moindre mesure le mâle, gardent et ventillent tous deux les oeufs fécondés. Lors de la garde des œufs, la marque noire caractéristique des tilapia devient plus claire chez le mâle mais est conservée chez la femelle[7].

Œufs et éclosion

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La longueur des œufs est de 2,7 mm environ et les larves mesurent 5 à 5,5 mm à l'éclosion[8].

À des températures supérieures à 26 C, les œufs éclosent en deux jours et le sac vitellin est absorbé 4 à 5 jours plus tard. Les alevins nouvellement éclos pèsent 1 à 2 mg. Les deux parents continuent de garder les alevins après l'absorption du sac vitellin et le début de l'alimentation active, bien que la durée exacte de l'association soit inconnue. Les parents et la progéniture quitteront le nid et voyageront largement dans une eau peu profonde (moins de 10 cm) où les alevins commenceront à se nourrir. Les estimations basées sur la taille des alevins capturés avec des soins parentaux continus indiquent que les soins se poursuivent au moins 10 jours après la réabsorption du sac vitellin[1].

Régime alimentaire

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Il semble que les adultes de cette espèce consomment et sont capables de digérer une variété d'aliments naturels et artificiels. Au vu de la grande diversité des régimes alimentaires décrits dans la littérature pour cette espèce (brouteur benthique, mâcheur de feuilles estuarien, herbivore, détritivore, invertivore macrophage) on ne peut que conclure que C. guineensis est un prédateur opportuniste, apparemment capable de consommer et de digérer une grande variété d'articles alimentaires[1].

Aquaculture

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Comme de nombreux autres tilapias, C. guineensis a fait l'objet de nombreux essais d'élevage en aquaculture, y compris en Belgique en utilisant des eaux de refroidissement de centrales nucléaires, mais les résultats ont en général montré que cette espèce est dotée d'un faible potentiel pour les élevages en cage[9]. Mais des travaux plus récents (2019) ont montré un intérêt potentiel pour les élevages de cette espèce en eau douce[10].

Systématique

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Le nom valide complet (avec auteur) de ce taxon est Coptodon guineensis (Günther, 1862)[11].

Ce taxon porte en français les noms vernaculaires ou normalisés suivants : Carpe[2], Perche Africaine[2].

Coptodon guineensis a pour synonymes[11] :

  • Tilapia zillii guineensis (Günther, 1862)
  • Chromis guineensis Günther, 1862
  • Chromis lata Günther, 1862
  • Chromis latus Günther, 1862
  • Chromis polycentra (Duméril, 1861)
  • Haligenes guineensis Bleeker, 1863
  • Haligenes guineënsis Bleeker, 1863
  • Tilapia affinis Duméril, 1861
  • Tilapia guineensis (Bleeker, 1863)
  • Tilapia guineensis (Günther, 1862)
  • Tilapia guinensis (Günther, 1862)
  • Tilapia lata (Günther, 1862)
  • Tilapia polycentra Duméril, 1861

Publication originale

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  • Günther, Albert Carl Ludwig Gotthilf. Catalogue of the Fishes in the British Museum. Catalogue of the Acanthopterygii, Pharyngognathi and Anacanthini. Vol. 4. London, British Museum (Natural History), Department of Zoology, 1859-1868, 1862 ; [lire en ligne (page consultée le 4 juin 2024)]. Sur la base du compte rendu de Bleeker (page 271) et d'un spécimen du BMNH (p. 510), l'auteur est considéré comme étant Günther, même si le compte rendu à la page 271 est de Bleeker[12].

Liens externes

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Notes et références

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  1. Citation originale : « The usual coloration of T. guineensis is shiny, dark greenish yellow on the back and flanks becoming lighter in shade near the abdomen. The lower lip is white. The ventral part is usually white although in some specimens black and red coloration appears. All scales on the flanks have a black spot at the base. The anal fin is grey and the ventral fins are grey or black and marked by a white line in the anterior edge. The dorsal fin is gray or transparent with the black “tilapia” mark very prominent. The tail is bluish grey and banded with lighter colored spots and a distinctly shaded upper and lower portion. »[1]
  2. espèces accomplissant la totalité de leur cycle de reproduction en milieu estuarien et seulement en milieu estuarien.
  3. « Immigrant d'eau douce ». Espèces de poissons d'eau douce qui sont souvent retrouvées dans les estuaires, se retirant dans les rivières du bassin versant lorsque les conditions deviennent défavorables. Certaines de ces espèces peuvent également se reproduire dans les estuaires lorsque les conditions sont favorables.

Références

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  1. a b c d et e (en) Daniel Campbell, « A review of the biology and culture of Tilapia guineensis », sur www.fao.org, Centre Régional africain d'Aquaculture, Port Harcourt, Nigeria, (consulté le )
  2. a b et c UICN, consulté le 29 mars 2024
  3. Albaret, J. J., Les peuplements des estuaires et des lagunes, Paris, IRD Editions, , 512 p. (ISBN 978-2-7099-2042-1, lire en ligne), « Les poissons des eaux continentales africaines: diversité, écologie, utilisation par l’homme », p. 325‑349
  4. Albaret, J. J., Simier, M., Sadio, O., Suivi biologique des peuplements de poissons d’une aire protégée en zone de mangrove : le bolon de Bamboung (Sine Saloum, Sénégal) - Rapport final 2005, Dakar, Sénégal, IRD Dakar, , 80 p. (lire en ligne), p. 21
  5. (en) Whitfield, A. K., « Preliminary documentation and assessment of fish diversity in sub-Saharan African estuaries », African Journal of Marine Science, vol. 27, no 1,‎ , p. 307‑324 (lire en ligne  , consulté le )
  6. Legendre, M., Observations préliminaires sur la croissance et le comportement en élevage de Sarotherodon melanotheron (Ruppel, 1852) et de Tilapia guineensis (Bleeker, 1862) en lagune Ebrié (Côte d’Ivoire), Abidjan, Côte d'Ivoire, CRO, , 36 p. (lire en ligne  ), p. 31 (fig. 15)
  7. (en) Fryer, G., Iles, T. D., The cichlid fishes of the great lakes of Africa : their biology and evolution, Neptune City, N.J., USA, T.F.H. Publications, , 641 p. (ISBN 0-05-002347-0, lire en ligne  ), p. 195
  8. Hanon, L., « Adaptations morphologiques et comportementales a l’incubation buccale chez les poissons cichlides: oeufs et alevins. », Annales de la Societe Royale Zoologique de Belgique, vol. 105, no 1‑2,‎ , p. 169‑192
  9. (en) Pullin, R., & Lowe-McConnell, R. (dir.), The biology and culture of tilapias, Manille, Philippines, ICLARM, , 432 p. (lire en ligne), p. 236
  10. (en) Amos Asase, Emmanuel Sesi Acolatse, Alexander Kyeremeh Apraku et Justice Eric Darko, « Potential for the culture of Tilapia guineensis (Bleeker, 1862): A comparative growth performance with Nile tilapia (Oreochromis niloticus) in a fresh water pond », Journal of Fisheries and Coastal Management, vol. 1, no 1,‎ , p. 24–24 (ISSN 2676-2854, DOI 10.5455/jfcom.20190401124703, lire en ligne, consulté le )
  11. a et b World Register of Marine Species, consulté le 29 mars 2024
  12. (en) ECoF (Eschmeyer's Catalog of Fishes), California Academy of Science, « Coptodon guineensis (from synonym Chromis guineensis) »  , (consulté le )

Bibliographie

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  : document utilisé comme source pour la rédaction de cet article.

  • (en) Fryer, G., & Iles, T. D. (1972). The cichlid fishes of the great lakes of Africa : Their biology and evolution. T.F.H. Publications. [lire en ligne (page consultée le 4 juin 2024)].  
  • (en) Pullin, R., & Lowe-McConnell, R. (Éds.). (1982). The biology and culture of tilapias. ICLARM. [Lire en ligne (page consultée le 4 juin 2024)]