Thunnosauria

taxon fossile

Les Thunnosauria (thunnosaures ou thunnosauriens en français) sont un clade éteint d'ichthyosaures évolués ayant vécu du début du Jurassique inférieur (Hettangien) au début du Crétacé supérieur (Cénomanien), soit il y a environ entre 201,4 et 93,9 millions d'années, en Australie, Asie, Europe, Amérique du Nord et Amérique du Sud.

Étymologie modifier

« Thunnosauria » est formé des mots du grec ancien thunnos pour « thon » et sauros pour « lézard », pour donner « lézard-thon », et signifier leur forme en fuseau comme celle des thons actuels.

Définition modifier

Le clade a été défini par Ryosuke Motani en 1999 comme « incluant le dernier ancêtre commun de Ichthyosaurus communis et Stenopterygius quadriscissus et tous ses descendants »[1].

Description modifier

 
Vue d'artiste d'un Thunnosauria :
Ichthyosaurus communis
du Jurassique inférieur d’Angleterre
par Nobu Tamura.
 
Squelette d'un Thunnosauria :
Ophthalmosaurus icenius
du Jurassique moyen (Callovien) d’Angleterre.

Les Thunnosauria incluent deux genres basaux, Ichthyosaurus et Stenopterygius et la famille des Ophthalmosauridae[2],[3].

Ils sont caractérisés par des nageoires avant au moins deux fois plus longues que les postérieures[1].

Paléobiologie modifier

Le mode de vie des Thunnosauria était similaire à celui de nos dauphins actuels. Ils devaient passer la plus grande partie de leur vie au milieu de l'océan dans les eaux profondes où ils chassaient des poissons, des céphalopodes et d'autres animaux du milieu aquatique. Leurs squelettes montrent souvent, au niveau de ce qui était leur cavité abdominale, la présence de restes de ces animaux.

En 1990, un célèbre fossile de Stenopterygius montre une mère morte en train d'accoucher de son petit (les ichthyosaures étaient vivipares). Ceci prouve que les jeunes sortaient la queue en premier du corps de la mère, tout comme les cétacés, et ce pour les empêcher de se noyer[4].

En 2018, l'étude de la composition cellulaire et moléculaire de tissus mous préservés d'un spécimen (MH 432) de Stenopterygius en provenance d'Holzmaden en Allemagne a permis plusieurs découvertes[5] :

  • sa peau est composée de deux couches (épiderme et derme) morphologiquement distinctes ;
  • celles-ci reposent sur une couche de graisse isolante qui aurait amélioré son aérodynamisme et sa flottabilité ;
  • cette graisse aurait aussi favorisé la conservation de la chaleur du corps, ce qui, associé à la viviparité, connue depuis longtemps des ichthyosaures, conforterait sa possible homéothermie ;
  • la répartition des mélanophores contenant un pigment d'eumélanine, varie selon les régions du corps, avec une pigmentation plus sombre sur la face dorsale que sur la face ventrale, ce qui se traduirait pour cet animal par un camouflage en contre-illumination, un phénomène fréquent chez les animaux actuels et, en particulier, les poissons et les mammifères marins.

La convergence évolutive des thunnosaures et, plus généralement des ichthyosaures, avec les amniotes marins actuels, comme les odontocètes ou cétacés à dents, parait ainsi s'étendre du domaine ultra-structurel au domaine moléculaire, reflétant une adaptation similaire aux contraintes environnementales de leurs vies pélagiques[5].

Classification modifier

L'analyse phylogénétique des ichthyosaures réalisée par Patrick Druckenmiller (en) et Erin E. Maxwell en 2010 conduit au cladogramme suivant, ici limité aux Thunnosauria[3] :

 Thunnosauria 

Ichthyosaurus




Stenopterygius




"Ophthalmosaurus" natans


 Ophthalmosauridae 


Aegirosaurus



Ophthalmosaurus (espèce type)





Mollesaurus




Athabascasaurus




Brachypterygius




Arthropterygius



Caypullisaurus



"Platypterygius" hercynicus



"Platypterygius" australis (=Longirostria)[6]



Platypterygius (espèce type)




Maiaspondylus



"Platypterygius" americanus (=Tenuirostria)[6]











Voir aussi modifier

Liens externes modifier

Sur les autres projets Wikimedia :

Notes et références modifier

Références taxonomiques modifier

Références modifier

  1. a b et c (en) Ryosuke Motani, « Phylogeny of the Ichthyopterygia », Journal of Vertebrate Paleontology, vol. 19, no 3,‎ , p. 472–495 (DOI 10.1080/02724634.1999.10011160, lire en ligne)
  2. (en) Michael W. Maisch and Andreas T. Matzke, « The Ichthyosauria », Stuttgarter Beiträge zur Naturkunde: Serie B, vol. 298,‎ , p. 1–159 (lire en ligne)
  3. a et b (en) Patrick S. Druckenmiller and Erin E. Maxwell, « A new Lower Cretaceous (lower Albian) ichthyosaur genus from the Clearwater Formation, Alberta, Canada », Canadian Journal of Earth Sciences, vol. 47, no 8,‎ , p. 1037–1053 (DOI 10.1139/E10-028, Bibcode 2010CaJES..47.1037D, lire en ligne).
  4. (de) Böttcher R, « Neue Erkenntnisse über die Fortpflanzungsbiologie der Ichthyosaurier », Stuttgarter Beiträge zur Naturkunde Serie B (Geologie und Paläontologie), vol. 164,‎ , p. 1–51
  5. a et b (en) Johan Lindgren, Peter Sjövall, Volker Thiel, Wenxia Zheng, Shosuke Ito, Kazumasa Wakamatsu, Rolf Hauff, Benjamin P. Kear, Anders Engdahl, Carl Alwmark, Mats E. Eriksson, Martin Jarenmark, Sven Sachs, Per E. Ahlberg, Federica Marone, Takeo Kuriyama, Ola Gustafsson, Per Malmberg, Aurélien Thomen, Irene Rodríguez-Meizoso, Per Uvdal, Makoto Ojika et Mary H. Schweitzer, « Soft-tissue evidence for homeothermy and crypsis in a Jurassic ichthyosaur », Nature, vol. 564, no 7736,‎ , p. 359–365 (DOI 10.1038/s41586-018-0775-x)
  6. a et b (en) Arkhangel’sky, M. S., 1998, On the Ichthyosaurian Genus Platypterygius: Palaeontological Journal, v. 32, n. 6, p. 611-615.