Société lyonnaise des forces motrices du Rhône

La Société lyonnaise des forces motrices du Rhône (SLFMR), ou sous la forme courte Forces Motrices du Rhône (FMR), est une ancienne compagnie française d'électricité, basée à Lyon. Apparue en 1892, elle remplace le Syndicat des Forces Motrices du Rhône (SFMR), créé à Paris le 25 février 1889, pour l'exploitation hydroélectrique du Rhône à Lyon[1]. C'était un des premiers grands groupes privés de distribution et de production de l'électricité avant-guerre en France. Progressivement absorbée dans les années 1920 par l'Énergie industrielle, elle disparaît véritablement en 1931[1].

Lyonnaise des Forces Motrices du Rhône
logo de Société lyonnaise des forces motrices du Rhône

Création [1]
Disparition 1931
Fondateurs Henry & Raclet
Forme juridique société anonyme
Siège social Lyon
Drapeau de la France France
Activité production et distribution d'énergie

L'entreprise marque encore de nos jours le paysage lyonnais. De nombreux bâtiments anciens portent encore des plaques ou autres éléments techniques chargées de la mention Forces Motrices, et l'usine hydroélectrique de Cusset à Villeurbanne, alors principale source d'électricité de la ville, constitue un élément clé du patrimoine industriel lyonnais. Son fronton porte encore, en mosaïque, le nom de la société.

Histoire

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La Société lyonnaise des forces motrices du Rhône a été constituée à l'occasion d'une demande de concession accordée le pour le canal de Jonage, long de 19 kilomètres, qui alimente la centrale hydroélectrique de Cusset. Entre 1892 et 1899, la vocation du Rhône amont se modifia au profit de la production électrique : on creusa le canal de Jonage avec le Grand Large, côté Vaulx-en-Velin, pour alimenter en eau l'usine de Cusset, qui était alors la plus puissante centrale hydroélectrique d'Europe. On construisit la digue insubmersible qu'emprunte aujourd'hui le boulevard Laurent-Bonnevay[2].

Les travaux ont commencé en pour se terminer en 1899 et occupe 3 000 personnes. À elle seule, la centrale hydroélectrique de Cusset, avec ses 16 turbines, doit développer autant d'électricité que les 136 centrales en activité en France. L'une de ses missions est d'assurer la production d'énergie électrique pour l'industrie de la soie et les tramways de Villeurbanne.

L'accord de 1900 entre le Gaz de Lyon et la Société lyonnaise des forces motrices du Rhône, les deux sociétés qui distribuaient l'électricité à Lyon ne fut pas renouvelé et fit place à une concurrence acharnée, avec guerre de tarifs et recherche de grandes réserves d'énergie. Dès 1910, la Société lyonnaise des forces motrices du Rhône entre en pourparlers avec la Société Grenobloise de Force et Lumière, pour des achats de courant et pour l'aménagement en commun de nouvelles chutes d'eau dans les Alpes[3]. Cette dernière, par suite de ces accords, noue des ententes avec la Société hydroélectrique de la Bridoire et la Société française des forces hydrauliques du Rhône. Elle se tourne aussi en 1912 vers une affaire de chutes d'eau dans la Haute-Isère, prend d'abord une part importante dans la Société qui l'a étudiée, puis rachète la totalité de ses actions.

Le Gaz de Lyon, de son côté, importe de l'énergie de Moûtiers, en Savoie, en achète également à la Société grenobloise de force et lumière et constitue en 1911, en association avec la Compagnie Continentale Edison, la Société Hydroélectrique des Forces du Fier, au capital de 4 millions de francs[3].

À la suite de plusieurs augmentations de capital, la Société lyonnaise des forces motrices du Rhône a doublé ses capitaux propres[4], qui passèrent de 25 millions à 54 millions de francs entre 1902 et 1926. Dans les années 1920, le groupe se développe dans la production hydroélectrique : il a en projet le futur barrage de Tignes[5] et le barrage de Jons, destiné à limiter le débit du canal de Miribel et favoriser celui du canal de Jonage pour augmenter la puissance de la centrale hydroélectrique de Cusset.

Avant même que ce projet ait été mené à bien, la Société lyonnaise des forces motrices du Rhône a fait l'objet d'un raid boursier à la fin des années 1920. En , L'Énergie industrielle a acheté 12 000 actions à la Compagnie d'électricité de l'Est, ce qui lui a permis de s'emparer de la SLFMR[6].

Galerie

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Notes et références

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  1. a b et c « Lyonnaise des Forces motrices du Rhône (Sté) », Laboratoire de Recherche Historique Rhône-Alpes (consulté le )
  2. Pierre Coeur, Mémento de l'histoire de Lyon, Europe, Brignais, éditions des Traboules, , 220 p. (ISBN 2-911491-55-6), p. 98
  3. a et b "La concentration des entreprises, un cas particulier : l'industrie hydro-électrique des Alpes", par Jean Néré dans "Mélanges d'histoire sociale" (1944)
  4. "Le Crédit lyonnais, 1863-1986: études historiques", page 473, par Bernard Desjardins - 2003 - [1]
  5. Le Crédit lyonnais, 1863-1986 : études historiques, page 475, par Bernard Desjardins - 2003 - [2]
  6. Le Crédit lyonnais, 1863-1986 : études historiques, page 475, par Bernard Desjardins - 2003 - [3]