Serpillière

tissu servant à nettoyer les sols

Une serpillière ou serpillère est un morceau de toile grossière et résistante, de forme plus ou moins régulière et d'environ 50 cm de côté, servant à laver les sols à l'eau savonneuse (ou avec d’autres liquides). On la passe sur les sols durs et résistant à l'eau (ni la moquette, ni la terre battue, etc.) à l'aide d'un balai-brosse. Le lavage exploite le frottement du tissu sur le sol et la mise en suspension (ou, dans une moindre mesure, en solution) de la saleté dans l'eau. L'eau exerce en outre une action de lubrification qui limite l'usure de l'objet. La serpillière retient une grosse quantité d'eau par capillarité, laissant un sol humide mais séchant très rapidement. Toutefois, l'humidité peut a contrario aussi coller la poussière au sol.

Un morceau de tissu en coton épais blanchâtre agrémenté de fines lignes colorées et une sorte de balais sans poils.
Une serpillière et son support de bois.
Brevet de T. W. Stewart de 1893.
Le balai serpillière, avec son seau muni d'un bac d'essorage.

On désigne également par serpillière un balai particulier destiné à laver les sols, dont l'extrémité est munie de franges (coton, tissu) ou d'un support à lingettes. Certains balais à serpillière comprennent un dispositif mécanique d'essorage, intégré au balai, ou au seau associé (serpillière « espagnole » par exemple).

Histoire modifier

À l'origine, la serpillière était une toile grosse et claire servant aux marchands à emballer leurs marchandises[1]. De coût moindre que la toile classique, elle servait aussi de tablier[1], de pare-soleil[2], de tapis de selle[3] ou même de linceul[4]. La serpillière usée servait alors de torchon[2]. Ce n'est qu'au cours du XIXe siècle que cette toile semble dévolue au nettoyage du sol[5],[6] bien qu'on lui préfère parfois, pour des raisons d'économie, les couvertures usées[7]. À la fin du XIXe siècle, des règlements en préconisent l'usage en lieu et place du balai dans les hôpitaux[8] et les casernes[9] pour des raisons de meilleure hygiène.

Odeur modifier

L'odeur de vieille serpillière, comme celle de serviette mouillée, provient de la prolifération de bactéries et de levures (notamment de Rhodotorula glutinis (en)) rejetant des acides organiques volatils qui, en présence d'eau, se dissolvent et deviennent alors perceptibles[réf. nécessaire][10].

Variantes régionales modifier

La serpillière est :

Une enquête linguistique récente a permis de cartographier avec précision l'aire géographique de ces différentes dénominations[20].

Notes et références modifier

  1. a et b Dictionnaire de l'Académie française, Firmin Didot frères, 1835, p. 735.
  2. a et b Jacques Savary des Bruslons, Philemon-Louis Savary, Dictionnaire universel de commerce, 1741, vol. 3, p. 509.
  3. F. Joseph Cardini, Dictionnaire d'hippiatrique et d'équitation, Bouchard-Huzard, 1845, p. 468.
  4. Matthieu Joseph Bonaventure Orfila, Traité de Médecine légale, Béchet, 1836, p. 29.
  5. a et b Société d'agriculture, sciences et arts, Mémoires de la société d'agriculture, sciences & arts centrale du département du Nord séant a Douai, 1852, p. 130.
  6. a et b François Fertiault, Dictionnaire du langage populaire verduno-chalonnais (Saône-et-Loire), 1896, p. 78, Charpillère.
  7. Recueil des circulaires, instructions et autres actes émanés du Ministère de la justice ou relatifs à ce département, Impr. administrative, 1854, circulaire no 1542.
  8. Henri Huchard, Albert Robin, Charles Eloy, Charles Albert Fiessinger, Revue générale de clinique et de thérapeutique : Journal des praticien, s.n., 1898, p. 360.
  9. Note ministérielle du au sujet de la nécessité de l'initiative pourra assurer le maintien de la santé des troupes [PDF].
  10. « Serviettes de bain : la maison des microbes », sur www.franceinter.fr (consulté le ).
  11. L'association « le Haillan Généalogie Histoire », « Le Bordeluche, G » (consulté le ).
  12. Jean-Pierre Martin, Description lexicale du français parlé en Vallée d'Aoste, éd. Musumeci, Quart, 1984.
  13. René Lepelley, Dictionnaire du français régional de Basse-Normandie, Paris, Bonneton, 1989, p. 138a.
  14. René Lepelley, Dictionnaire du français régional de Normandie, Paris, Bonneton, 1993, p. 140b.
  15. Pierre Rézeau (éd.), Dictionnaire des régionalismes de France, De Boek Duculot, Bruxelles, 2001, p. 976b.
  16. Patrice Brasseur, Atlas Linguistique et Ethnographique Normand, CNRS, Paris, vol. IV, OUEN / PUC, Caen, 2011, carte no 1076, « Serpillière ».
  17. Pascal Singy, L'image du français en Suisse romande : une enquête sociolinguistique en Pays de Vaud, Éditions L'Harmattan, 1996, p. 172.
  18. a et b (oc) « dicod'Òc - Recèrca », sur locongres.org (consulté le ).
  19. [1].
  20. Mathieu Avanzi, « La serpillière 2.0 », sur Français de nos régions, (consulté le ).

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