Serge Bec (escrime)

escrimeur français
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Serge Bec est un escrimeur et pongiste français, né le . Il a été le premier Français médaillé d'or en escrime lors de Jeux paralympiques.

Serge Bec
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Biographie
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Serge Bec a été blessé au cours de la guerre d'Algérie à la moelle épinière et au ventre, ce qui l'a rendu paraplégique. C'est aux Invalides où il est en rééducation qu'il découvre l'escrime.

Il a été médaillé de l'Académie des sports en 1964 en même temps que d'autres grands sportifs comme Michel Crauste et Claude Piquemal. La Légion d’honneur (chevalier) lui est donnée par le maire de Vierzon Maurice Caron en 1972 à titre militaire (uniquement). Quinze ans plus tard, il est fait officier. Il reçut d'autres titres : médaille d’honneur des sports, diplôme d’honneur de l’escrime, etc.

Biographie modifier

Les années d'insouciance (1938-1958) modifier

Serge Bec naquit le dans une petite commune de Bretagne. Sa mère et ses grands-parents étaient de Riec-sur-Bélon, dans le Finistère. Il a trois frères et une sœur. Comme une majorité de famille à l’époque, sa mère est une femme au foyer et s’occupe des enfants et des tâches de la maison. Son père est conducteur de locomotive. C’est d’ailleurs pour raisons professionnelles que la famille vient s’installer à Vierzon en 1942. En effet, le complexe ferroviaire de Vierzon est renommé pour être la 2e gare de triage de France. De plus, en période de guerre, son rôle est amplifié avec le rationnement des vivres acheminés ensuite vers l’Allemagne. Les voies de communication sont également d’une importance de premier ordre dans le transport de soldats, de matériels (munitions, obus…). Cela peut expliquer la mutation du conducteur dans une zone où le besoin de main-d’œuvre est pressant.

Dans le domaine scolaire, Serge Bec passe brillamment les classes les unes après les autres. À l’issue de la 3e, il réussit son certificat d’études (l’équivalent du brevet national des collèges) en 1952. Puis, trois ans plus tard, à travers un apprentissage, il obtient son certificat d'aptitude professionnelle d’ébéniste.

Dès l’obtention du diplôme, il trouve un employeur à Vierzon et s’épanouit au sein de cette manufacture, composée du gérant, de deux autres ouvriers et de deux apprentis.

Sous l'égide de l'armée (1958-1962) modifier

Cependant, en 1958, jeune homme de vingt ans, il est appelé pour réaliser son service militaire pendant 18 mois tel que le prévoit la loi. La majorité civile n’est obtenue qu’à l’âge de 21 ans (jusqu’en 1974), alors il part en tant que mineur afin d’obéir à la conscription et d’augmenter les contingents de l’armée en Algérie. En effet, l’indépendance se profile et de nombreuses émeutes apparaissent. Les effectifs étant limités, la conscription est établie pour que la colonie reste sous contrôle. Après trois mois de classe et l’apprentissage du maniement des armes, chaque recrue est affectée dans un bataillon : pour le Vierzonnais, ce sera celui des tirailleurs algériens. Il est héliporté dans le sud-est Oranais et dès le , il fait face aux premiers combats. Pendant deux ans, le danger est omniprésent mais la peur, la survie… renforcent la complicité des hommes. En 1960, à deux mois de la fameuse quille (symbole de la libération des appelés au service militaire), il ne doit plus être en première ligne. Le problème est qu’il est chef de section et a alors pour obligation d’encadrer les nouvelles recrues. Le , une mission se déroule mal et c’est la catastrophe. Quatre militaires sont grièvement blessés dont un qui décède. Serge est touché, il reste tout le temps conscient malgré l’importance des dommages physiques. Cela est admirable d’un point de vue extérieur mais terrifiant et choquant pour la personne ensanglantée. Envoyé en urgence à Alger, selon lui, l'un des médecins le déclare mort sur la table d'opération et le chirurgien lui sauve la vie en le réanimant plusieurs fois. Il est ensuite transféré à l’hôpital parisien du Val-de-Grâce où on lui annonce que sa moelle épinière est littéralement broyée, les balles ont atteint les lombaires 1 à 5 qui occasionnent une paraplégie (soit un non-contrôle des membres inférieurs). Il reste en convalescence pendant six mois.

L’institut des invalides se charge de la rééducation de 1960 à 1962 et de nombreuses interventions chirurgicales sont encore nécessaires. Tous les gestes simple de la vie sont à réapprendre ce qui est motif à beaucoup de douleurs aussi bien physiques par le handicap que morales par la perte de repères. De plus, la famille, prévenue par le maire de la mauvaise nouvelle, semble accablée par le malheur. Un de ses deux frères est décédé d’une appendicite gangreneuse, son père a la tuberculose et sa mère reste à son chevet.

Comme beaucoup de blessés de guerre à ses côtés, Serge pense alors à renoncer à se battre pour affronter cette nouvelle vie. Le fait de ne plus de courir est ressenti comme une perte de liberté, une absence de vie. Il bénéficie d’un fort soutien militaire et familial (à distance). Néanmoins, le véritable déclic intervient lors d’une rencontre avec un jeune homme de 20 ans aveugle et les 4 membres sectionnés. La compassion l'empêche de s’apitoyer sur son sort et au prix d’une formidable volonté, il redevient autonome. Pour rompre la monotonie des longues journées d’exercices de rééducation[1], le choix de deux sports est imposé afin de développer la motricité et la coordination de manière plus ludique. La réinsertion sociale par la pratique sportive en est à ses balbutiements. La Fédération française handisport n’est véritablement créée qu’en 1977. Serge Bec choisit le tennis de table et l’escrime. Cette initiation est assez intensive, il y a trois entraînements par semaine aux côtés, pour le sport d’arme, de maître Clerc. Il n’a jamais fait de sport auparavant, si ce n’est du vélo en loisir.

Carrière sportive (1962-1968) modifier

Escrime modifier

Le sportif se révèle doué et à son retour à Vierzon, il s’inscrit dans le club d’escrime sous la direction du maître d’arme Larieux et dans celui de tennis de table. Il excelle en escrime et c’est le début d’une riche carrière internationale. En 1963, invaincu, il remporte toutes les compétitions nationales (championnat de France) et internationales (championnat d’Europe, du monde en Angleterre…).

1964 est l’année de la consécration, il participe aux IIes jeux paralympiques à Tokyo, 15 jours après les Jeux olympiques qui avaient eu lieu pour la première fois en Asie.

En sabre individuel, Serge devient le premier champion paralympique français en escrime. Il devance l’Italien Roberto Marson et le Français C. Planchon. La razzia est complète dans cette arme avec la victoire en par équipe de la France composé de Serge Bec, C. Planchon et Foucre. Seule trois équipes ont été engagées. Les Japonais S. Saito, S. Harasawa et S. Aono et les Italiens Franco Rossi, Renzo Rogo et Roberto Marson montent respectivement sur la deuxième et troisième du podium.

En épée individuel, l’arme de prédilection de Serge, il s’impose à nouveau devant Roberto Marson et un autre italien, Germano Pecchenino. Seul l’épée par équipe l'empêche de décrocher le grand chelem où il se « contente » de l’argent. L’équipe d’Italie (la même que pour le sabre) prend sa revanche mais l’équipe de France prend le meilleur sur les deux autres équipes : la Grande-Bretagne (Shipman J. ; Dickson B. ; Thomas Cyril) 3e et l’Australie (Ponta F. ; Hopper Gary ; Mather-Brown, W) 4e.

Il réalise donc le quasi sans faute dans cette discipline avec trois titres en épée, en sabre individuel et en épée par équipe. Avec 4 médailles (3 d’or et une d’argent)[2], il remporte plus du tiers de celle de l’équipe de France (10 au total) et trois des quatre médailles d’or.

Pour sa performance, il est sacré meilleur sportif des Jeux. La princesse Michiko, femme de l'héritier du trône impérial, lui remet à cet honneur le sabre d’or.

À l’occasion des championnats d’Europe de 1967 à Saint-Étienne, il a le privilège de prononcer le serment olympique à l’écoute de tous les athlètes.

La concurrence est plus vive que quatre ans auparavant puisque le nombre d’athlètes a quasiment doublé (750 contre 400). Cela se ressent en escrime. Au sabre individuel, Serge termine invaincu de la poule 2 (sur 4) et laisse dominés l’Israélien Nava, l’Australien Gary Hooper, le Britannique M. Kelly, l’Allemand de l’Ouest Maul et l’Italien Germano Zanaratto. Deux nouvelles poules regroupant un mélange des trois premiers de chaque poule sont constituées. Il finit à nouveau premier égalité avec un autre français, Schuh, mais avec seulement 4 victoires sur 5 possibles. Un dernière poule reprend les trois meilleurs des deux précédentes. Chaque joueur se rencontre et Roberto Marson (invaincu de toute de la compétition) prend sa revanche de Tokyo sur Serge Bec qui avec 4 victoires acquiert la médaille d’argent. En sabre par équipe, après des victoires 5-2 contre Israël et 5-4 contre la Grande-Bretagne en poule, elle conserve son titre de justesse face à l’Italie 5 à 4.

À l’épée individuel, 2e de la poule 2 derrière Vittorio Loi (italien), il échoue sur la plus petite marche du podium en finale derrière le doublé italien de l’inusable Marson (1er) et Loi (2e). En épée par équipe, le seul titre manquant à l’escrimeur en 1964 est glané face à l’Italie (5-2) et la Grande-Bretagne (6-1).

Réservé au novice en 1964, Serge Bec participe aux épreuves du fleuret qui accepte enfin les non-débutants. En individuel, il finit 5e puis 2e dans le par équipe. Seul son plus grand rival, Roberto Manson a raison de lui en finale de fleuret par équipe. Alors qu’il menait 4-1, il se fait battre 5-4. Une fois de plus, le duel franco-italien a tenu toutes ses promesses mais cette fois, c’est l’Italie qui conquiert le plus de médaille grâce en grande partie à leur formidable leader Manson (4 médailles d’or et 2 d’argent sur 6 possibles au total).

Cela n’efface en rien le résultat de Serge Bec qui avec 2 titres, deux médailles d’argent et une de bronze, porte à neuf son nombre total de médaille paralympique. À l’issue de l’année 1968, il met avec grand regret, un terme à sa carrière d’escrime car le nombre important de torsions qu’engendre le sport conjugué à sa blessure lui donne des maux trop importants au dos.

Tennis de table modifier

En plus d’être un excellent escrimeur, Serge Bec se révèle être aussi un bon pongiste. Certes il n’a pas un palmarès aussi étoffé au niveau international, mais, au niveau national, son palmarès est équivalent à celui qu’il s’est forgé en escrime.

Aux paralympiades, le choix d’un deuxième sport le destina au tennis de table. En 1964, il est éliminé avant les demi-finale et personne n’en garde trace.

À Tel-Aviv, les joueurs sont répartis en fonction de leur handicap en trois classes, A, B et C. Le pongiste se situe dans la classe C, il bat le Canadien W. Dann mais comble de malchance, il est éliminé dès les 1/16 de finale par l’Israélien Barush Hagai, futur vainqueur de l’épreuve. En double, il est associé au Français Montagnana. Il vainc les Australiens Watts et Martin en 1/16 de finale puis les Américains Petit et Chess en 1/8 mais perd contre sa « bête noire » Barush Hagai associé à Arieh Rubin en ¼ de finale. La paire israélienne gagne le tournoi. Il continue le tennis de table en fauteuil roulant moins exigeant concernant les torsions du tronc.

Il s’adjuge un palmarès assez important de cinq titres nationaux en simple et deux en double entre 1962 et 1972.

Une vie après le sport (1972-1996) modifier

  • L'engagement associatif

Au-delà de ses performances, c’est son engagement associatif qu’il faut souligner. Quand il est de retour chez lui en 1962, il participe à la création d'une section tennis de table au sein du club omnisports Églantine Vierzonnaise. Peu structuré au départ, le club grandit doucement. C’est lui qui met en place une école de tennis de table réservé aux jeunes pour assurer la relève. Il forme beaucoup de jeunes pongistes Vierzonnais pendant plus de 15 ans jusqu’à trouver quelqu’un pour le remplacer. Il arrête le tennis de table en 1996. Un trophée Serge-Bec récompensa durant de nombreuses années le meilleur joueur du club de l’année.

Il a aussi lutté pour une meilleure intégration des handicapés et souligne que le regard des gens change petit à petit. Enfin, à force d'obstination, il est parvenu à se hisser sur ses deux jambes et à se déplacer avec des béquilles.

Vie privée modifier

En outre, son épanouissement passe aussi par une vie familiale aboutie.

Ainsi, sa femme est d’une grande aide morale quotidienne. Ils se sont mariés en 1967. Deux filles naissent de cette union. Il vit dans une grande et belle demeure à Méreau, petite commune située dans l'agglomération de Vierzon.

Dès son invalidité, le militaire reçut une pension. Il continua par passion le travail du bois et se créa un véritable atelier chez lui. Il se mit aussi à la peinture.

Pour la petite histoire, son petit-fils Éliot Chagnon (2004) entre rapidement en équipe de France de fleuret chez les espoirs. Il remporte de multiples titres de champion de France avec le Cercle d’escrime Melun Val de Seine et de nombreuses médailles internationales en coupes du monde ou lors des championnats d’Europe avec l’équipe de France.

Palmarès modifier

Escrime
  • Jeux paralympiques de Tokyo en 1964
    •   Champion paralympique au sabre individuel
    •   Champion paralympique au sabre par équipes
    •   Champion paralympique à l'épée individuelle
    •   Médaillé d'argent à l'épée par équipes
    • sabre d'or du meilleur sportif des jeux.
  • Jeux paralympiques de Tel-Aviv en 1968
    •   Champion paralympique à l'épée par équipes
    •   Champion paralympique au sabre par équipes
    •   Médaillée d'argent au sabre individuel
    •   Médaillé d'argent au fleuret par équipes
    •   Médaillée de bronze à l'épée individuelle
    • 5e au fleuret individuel
Tennis de table
  • 5 fois Champion de France en simple
  • 2 fois Champion de France en double
  • Jeux paralympiques de Tel-Aviv en 1968
    • 1/4 de finaliste en double catégorie C associé au français Montagna.
    • 1/16 de finaliste en simple catégorie C.

Décorations modifier

Galerie photographique modifier

Bibliographie modifier

  • Auberger, A. (dir.), La même flamme - 50 ans de défis et d’exploits handisport, Paris, Le Cherche midi, 2005, 141 p. (ISBN 2749104947)

Notes et références modifier

Liens externes modifier