Sévère bar Shakako

Sévère bar Shakako
Biographie
Décès
Activité

Sévère (ou Jacques) bar Shakako[1] est un évêque de l'Église jacobite syrienne, écrivain de langue syriaque, mort en 1241.

Jacques est son nom de naissance, et il prit celui de Sévère en devenant évêque. Né à Bartella (à une vingtaine de km à l'est de Mossoul), il fut moine au monastère Mor Mattay, puis évêque de Mossoul. Il mourut lors d'un déplacement qu'il faisait pour rencontrer le patriarche Ignace II David.

Il avait étudié la grammaire avec le moine nestorien Jean bar Zoubi, du monastère Mar Sabrisho de Beth Koka (Adiabène)[2]. Il fut ensuite élève à Mossoul du fameux mathématicien, astronome et philosophe arabe Kamal ad-Din Musa ibn Yunus[3]. Selon Bar-Hebraeus[4], il constitua une remarquable collection de livres qui passa après sa mort dans la bibliothèque publique (démosion) du gouverneur de Mossoul.

Il est l'auteur d'une compilation théologique datée de 1231 et appelée le Livre des trésors, et d'un ouvrage surtout consacré aux disciplines profanes intitulé le Livre des dialogues. Ce texte est divisé en deux parties : la première, série de cinquante-deux questions-réponses, est consacrée à la grammaire[5], à la logique, à la rhétorique et à la poétique[6]  ; la seconde est constituée de cinq sections (définitions et divisions de la philosophie ; éthique ; physique et physiologie ; mathématiques[7] ; métaphysique et théologie).

Il a aussi composé une grammaire du syriaque en vers de douze syllabes, intitulée Harmonia[8]. On possède encore de lui quelques autres textes[9].

Notes et références modifier

  1. Parfois transcrit Shakko, ou Shakku.
  2. Jean bar Zoubi (fin du XIIe -début du XIIIe siècle), auteur de deux grammaires célèbres du syriaque (une grande, compilation de la tradition, et une petite, en vers de sept syllabes, pour les jeunes élèves), d'homélies métriques, et d'un poème en heptasyllabes Sur les quatre problèmes de la philosophie.
  3. Kamal ad-Din Musa ibn Yunus (1156-1242) enseigna à Damas et à Mossoul et eut de nombreux élèves (dont le plus fameux est sans doute Nasir ad-Din at-Tusi). On rapporte qu'il eut un échange épistolaire avec l'empereur Frédéric II pendant le séjour de celui-ci à Jérusalem (1228-29).
  4. Chron. eccl., II, 409-411.
  5. Une dissertation sur les accents d'après le système de Jacques d'Édesse a été éditée par Adalbert Merx dans son Historia artis grammaticæ apud Syros, Leipzig, 1889.
  6. À signaler : la traduction syriaque du passage de la Poétique d'Aristote consacré à la définition de la tragédie. Une dissertation sur la versification syriaque a été éditée sous forme d'extraits par l'abbé Paulin Martin, « De la métrique chez les Syriens », in Abhandlungen für die Kunde des Morgenlandes, vol. VII, fasc. 2, Leipzig, 1879. D'autres textes sur la poésie ont été publiés par Martin Sprengling, « Severus bar Shakko's Poetics, Part II », in The American Journal of Semitic Languages and Literatures, vol. 32, n°4, juillet 1916 (University of Chicago Press), p. 293-308.
  7. C'est-à-dire arithmétique, musique, géométrie et astronomie : le quadrivium. Édition de cette section : Julius Ruska (éd.), Das Quadrivium aus Severus bar Shakku's Buch der Dialoge, Leipzig, 1896. L'éditeur remarque qu'il ne s'agit pas d'un manuel de ces disciplines, mais d'une introduction, en s'élevant aux idées mathématiques les plus abstraites, à la métaphysique et la théologie qui font l'objet de la section suivante.
  8. Éditée en partie par Adalbert Merx, op. cit..
  9. Dont deux lettres en vers heptasyllabiques dans le manuscrit BL Rich 7193, d'une composition très artificielle : tous les vers de la première, adressée à Mar Fakhr ad-Dawla, commencent et finissent par la lettre (initiale de « Fakhr ») ; tous les vers de la seconde, adressée à Abou Tahir Saïd Tadj ad-Dawla (frère du premier destinataire), commencent et finissent par la lettre tav (initiale de « Tadj »). Les deux frères étaient des médecins influents à la cour du calife al-Mustansir.