Ridha Ben Ammar

figure du mouvement national tunisien
Ridha Ben Ammar
Portrait de Ridha Ben Ammar.
Biographie
Naissance
Décès
Voir et modifier les données sur Wikidata (à 52 ans)
TunisVoir et modifier les données sur Wikidata
Nationalité
Activité
Père

Ridha Ben Ammar (arabe : رضا بن عمّار), né le à La Marsa et mort le à Tunis, est une figure du mouvement national tunisien.

Biographie modifier

Résistance au protectorat français modifier

Issu de la famille Ben Ammar, il reçoit durant la Seconde Guerre mondiale une formation politique et militaire dans un camp dirigé par Habib Thameur, directeur du Néo-Destour[1],[2],[3].

En décembre 1952, le syndicaliste Farhat Hached est assassiné par la Main rouge. Un groupe de résistants comprenant Salah Bouderbala, Hamadi Ghars, Noureddine Ben Jemii, Hedi Ouertani, Naceur Bey et lui-même décide de s'engager dans la lutte armée pour venger la mort du syndicaliste. Des « cellules de résistance armée » sont alors créés sur tout le territoire. Ben Ammar est chargé de commander un groupe opérant dans Tunis et ses environs.

En février 1953, une réunion constitutive du Conseil supérieur de la résistance armée est tenue au domicile d'Ali Ben Youssef et sur initiative de Bouderbala et Béchir Zarg Layoun.

Recherché pour ses activités militaires, Ben Ammar est arrêté en 1953 par l'armée française et incarcéré, sans jugement, dans la prison civile du Bardo. Dans la nuit du 22 août, il s'évade avec 46 codétenus pour se réfugier à Tripoli et rejoindre d'autres militants au Caire pour parfaire sa formation militaire et politique[4],[5].

Opposition aux accords franco-tunisiens de 1955 modifier

Après la ratification des accords franco-tunisiens octroyant à la Tunisie une autonomie interne, le , le Néo-Destour demande à partir du 20 novembre de la même année aux groupes de résistants d'arrêter leurs opérations militaires.

Plusieurs chefs militaires, tels que Lazhar Chraïti, Sassi Lasoued et Mosbah Jarbou, obtempèrent en rendant les armes. Les jugeant défavorables à la Tunisie, le groupe de Ridha Ben Ammar, encore en exil au Moyen-Orient, rejette lesdits accords et refuse d'abandonner la lutte armée.

À la suite de son rejet des accords et en raison de ses activités militaires, il est arrêté le , par l'armée tunisienne et la garde nationale, dans la ville de Medjez el-Bab[6].

Le , la Haute Cour, créée par le décret du , juge Ben Ammar et plusieurs de ses compagnons et le condamne à vingt ans de travaux forcés. Salah Ben Youssef et trois de ses lieutenants sont également jugés par contumace durant le même procès et condamnés à la peine capitale.

Le procès, qui dure treize jours, est retransmis en direct par la radio nationale[7].

Libération modifier

Dans une interview accordée le à la chaîne Al Jazeera, l'ancien président algérien Ahmed Ben Bella déclare avoir fait pression sur le président Habib Bourguiba pour obtenir la libération de Ben Ammar et Hamadi Ghars[8].

Le , alors que la Tunisie commémore le neuvième anniversaire de son indépendance, tous deux sont graciés et libérés après huit ans de détention à la prison de Ghar El Melh.

Distinctions modifier

Le , le président Bourguiba se réconcilie avec Ben Ammar en le décorant des insignes de l'Ordre de la République. Le , il reçoit à titre posthume les insignes de grand officier de l'Ordre de l'Indépendance[9],[10].

Vie privée modifier

Ridha Ben Ammar est le fils du juriste Mohammed Ben Ammar et de Habiba Chaouch, frère du magistrat Fadhel Ben Ammar et l'oncle maternel de l'activiste Sihem Bensedrine. Il est père de cinq enfants.

Instance vérité et dignité modifier

Après la révolution de 2011, et afin de veiller à l'instauration de la justice transitionnelle et à son organisation, l'Instance vérité et dignité est créée par la loi organique 2013-53 du .

Le , une première séance de témoignage sur les exactions envers les partisans de Ben Youssef est retransmise en direct sur la télévision nationale. Ghars, membre du groupe de Ben Ammar, relate les faits tels qu'il les a vécus et son long périple à ses côtés[11].

Références modifier

  1. Georges Oudard, Union française, Paris, René Julliard, (lire en ligne), p. 325.
  2. (ar) Mohamed Salah Hermassi, Tunisie : arabisme enraciné et rôle renouvelé, Tunis, Al Manhal, , 163 p. (lire en ligne), p. 58.
  3. Abdeljelil Temimi, Méthodologie de l'histoire des mouvements nationaux, Zaghouan, Fondation Temimi pour la recherche scientifique et l'information, , 424 p. (lire en ligne), p. 307.
  4. (ar) « Les combattants ont fui dans la nuit du 22 août 1953 », sur echaab.info.tn, (consulté le ).
  5. Farouk Ben Ammar, « Le résistant Ridha Ben Ammar, une page inédite de l'histoire de la Tunisie », sur huffpostmaghreb.com, (consulté le ).
  6. Mohamed Sayah, Le Nouvel état aux prises avec le complot youssefiste, 1956-1958, vol. 1, Tunis, Dar El Amal, (lire en ligne), p. 381.
  7. « La Haute Cour a prononcé 14 condamnations à mort dont 4 par contumace » [image], sur images.huffingtonpost.com (consulté le ).
  8. (ar) « L'indépendance de l'Algérie vue par Ahmed Ben Bella », sur aljazeera.net,‎ (consulté le ).
  9. « Tunisie – 57e anniversaire de l'Indépendance : Marzouki décore des militants du mouvement national », sur directinfo.webmanagercenter.com, (consulté le ).
  10. Moncef El Materi, De Saint-Cyr au peloton d'exécution de Bourguiba : la tentative de coup d'État de 1962 en Tunisie, Tunis, Al Manhal, , 666 p. (ISBN 978-9938-07-089-7, OCLC 949193056, lire en ligne), p. 357.
  11. « Témoignage de l'ancien combattant Hamadi Ghars », sur ivd.tn, (consulté le ).