Reynoutria ×bohemica

Renouée de Bohême

Reynoutria ×bohemica
Description de cette image, également commentée ci-après
Reynoutria ×bohemica, la Renouée de Bohême (Allemagne)
Classification GBIF
Règne Plantae
Embranchement Tracheophyta
Classe Magnoliopsida
Ordre Caryophyllales
Famille Polygonaceae
Genre Reynoutria

Espèce

Reynoutria ×bohemica
Chrtek & Chrtková, 1983[1]

Reynoutria ×bohemica, la Renouée de Bohême, est une grande plante herbacée hybride de la famille des Polygonaceae provenant du croisement entre les espèces Reynoutria japonica, la Renouée du Japon et Reynoutria sachalinensis, la Renouée de Sakhaline dont elle possède des caractères intermédiaires principalement foliaires. Du fait de cette hybridité, ses rhizomes sont plus vigoureux et son agressivité écologique lui vaut un caractère invasif redouté. Cette plante est originaire des sols métallifères du Japon et sa présence sur les continents européens et Nord-américains est le reflet de la pollution aux métaux lourds en pleine expansion.

Description modifier

 
Inflorescences blanches de Reynoutria ×bohemica

Comme ses parents, Reynoutria ×bohemica est une grande plante herbacée à rhizomes puissants qui forme des populations denses pouvant mesurer 3 à 4 m de haut. Ses tiges, qui mesurent généralement moins de 10 mm de diamètre, sont non volubiles, robustes, anguleuses et creuses colorées de vert glauque ou de rougeâtre. Quant aux feuilles, elles sont grandes, pétiolées et pourvues d'une ochréa qui entoure la tige. Les fleurs forment des panicules à l'aiselle des feuilles[2],[3].

Reynoutria ×bohemica se différencie de Reynoutria japonica par la face inférieure des feuilles à poils épars, au moins sous les nervures, alors qu'elle est entièrement glabre chez sa parente ; des feuilles médianes dépassant les 7 cm de long et un rapport longueur/largeur inférieur ou égale à 1,5, contrairement à celles de R. japonica qui ne dépassent pas les 7 cm et ont un rapport longueur/largeur supérieur à 1,5. De plus, la base des feuilles n'est pas anguleuse chez R. ×bohemica alors qu'elle est tronquée chez R. japonica. Enfin, les ailes du fruit sont progressivement rétrécies à la base alors que ce rétrécissement est brusque chez R. japonica[2].

Reynoutria ×bohemica se différencie de Reynoutria sachalinensis par l'ensemble de ses tépales, le périgone, blanc ou blanc cassé alors qu'il est franchement vert chez sa parente ; par les poils de la surface inférieure de ses feuilles droits et supérieurs à 1 mm de long alors qu'ils sont flexueux et inférieur à 1 mm chez R. sachalinensis ; par la forme de son limbe moins allongé et plus trapu que celui de R. sachalinensis ; par la base de son limbe peu échancrée alors qu'il franchement en forme de cœur chez R. sachalinensis ; par la taille relative de sa grappe florifère mesurant moins de 50% de la feuille correspondante, alors qu'elle est supérieure chez R. sachalinensis, et enfin, par les fleurs mâles dressées à épanouissement lorsqu'elles sont fertiles et étalées lorsqu'elles sont stériles alors que chez R. sachalinensis, les premières sont plutôt étalées et les deuxièmes pendantes[2].


Biologie et écologie modifier

 
Reynoutria ×bohemica poussant en milieu urbain.

Reynoutria ×bohemica est une espèce hybride hexaploïde ayant pour parents Reynoutria japonica et Reynoutria sachalinensis. Contrairement à la Renouée du Japon en France, elle est fertile, mais reste génétiquement très variable. Ses rhizomes sont beaucoup plus compétitif, voire agressifs notamment à cause de l'effet hétérosis. Son envahissement est redouté car elle étouffe les espèces herbacées indigènes[2]. En Belgique, sa plantation est d'ailleurs interdite en Région wallonne depuis le [4].

Comme ses parents, Reynoutria ×bohemica est originaire des sols métallifères du Japon. En Europe, elle apprécie les milieux anthropisés dont le sol est chargé en métaux lourds , notamment le long des ruisseaux, des autoroutes et des voies ferrées ainsi que les friches et les anciennes décharges d'ordures ménagères[3]. Plus précisément, il s'agit d'une plante héliophile qui pousse au sein des friches et lisières vivaces médioeuropéennes, eutrophiles, mésohydriques à mésohygrophiles où elle apprécie les sols légèrement basiques et riches en nutriments[5]. En Europe occidentale, elle est associée au Lierre terrestre et à la grande Ortie[5].

Depuis, les années 1990, sa présence en Europe occidentale est de plus en plus abondante, signe que la pollution aux métaux lourds s'aggrave[3].

Répartition modifier

 
Poils de la nervure de la face inférieure de la feuille de Reynoutria ×bohemica.

Comme ses parents, cet hybride est indigène de l'île du Japon et considéré comme invasif en Amérique du Nord et en Europe[6].

Plus précisément, en Europe, il est présent en Allemagne, en Belgique, en Bulgarie, Russie européenne, au Danemark, en Finlande, en France, en Grande-Bretagne, en Hongrie, en Irlande, en Italie, en Norvège, en Pologne, en Roumanie, en Suède, en Suisse, aux Pays-Bas et en ex-Tchécoslovaquie[6]. En Europe occidentale, de nombreuses mentions de R. japonica et R. sachalinensis doivent lui être attribuées[2].

En Amérique du Nord, cette plante est présente en Colombie-Britannique, au Connecticut, en Idaho, en Illinois, en Iowa, au Kansas, au Kentucky, en Louisiane, au Maine, au Maryland, au Massachusetts, au Minnesota, au Nebraska, à New York, en Terre-Neuve, en Caroline du Nord, en Nouvelle-Écosse, en Oregon, en Pennsylvanie, au Québec, au Tennessee, au Vermont, en Virginie, à Washington, en Virginie occidentale et au Wisconsin[6].

Taxonomie modifier

 
Partie souterraine rhizomateuse de Reynoutria ×bohemica.

Reynoutria ×bohemica est décrite pour la première fois par les botanistes tchèques Jindřich Chrtek et Anna Chrtková en à partir de spécimens récoltés près de Náchod dans la région historique de la Bohême[1]. Comme pour ses parents, son placement dans le genre Fallopia par le botaniste écossais John Paul Bailey en a longtemps fait débat. Cependant, il semble que ce soit son basionyme qui fasse consensus au sein des principaux organismes de référence en taxonomie comme les jardins botaniques de Kew[6], le muséum national d'histoire naturelle de Paris[7] et Catalogue of Life[8]. Néanmoins, d'autres références préfèrent la recombinaison au sein du genre Fallopia comme le jardin botanique du Missouri[9] et le réseau de botanistes Tela Botanica[5] qui suit l'avis de Ronse Decraene & Akeroyd de qui considèrent le genre Reynoutria comme une section du genre Fallopia[10].

D'autres combinaisons ont été proposées comme en où le Japonais Misao Tatewaki considère la plante comme la variété intermedia de la Renouée de Sakhaline[6] et en où les Américains Francis Zika et Arthur Jacobson la placent dans le genre Polygonum[11].

Ce taxon porte en français le nom vulgarisé et normalisé « Renouée de Bohême[12],[7],[5] » et de façon plus marginale « Reynoutrie de Bohême[7] » ainsi que « Renouée hybride[13] ».

Synonymie modifier

Reynoutria bohemica a pour synonymes[12],[6] :

  • Fallopia ×bohemica (Chrtek & Chrtková) J.P.Bailey
  • Polygonum ×bohemicum (Chrtek & Chrtková) Zika & Jacobson
  • Fallopia sachalinensis var. intermedia (Tatew.) Yonek. & H.Ohashi
  • Polygonum sachalinense var. intermedium Tatew.
  • Reynoutria sachalinensis var. intermedia (Tatew.) Miyabe & Kudô
  • Reynoutria ×mizushimae Yokouchi ex T.Shimizu
  • Reynoutria ×vivax J.Schmitz & Strank

Notes et références modifier

  1. a et b Chrtek & Chrtková, « Reynoutria ×bohemica », Časopis Národního Muzea v Praze, Rada Přírodovědna, Prague, vol. 152, no 2,‎ , p. 120
  2. a b c d et e Jean-Marc Tison & Bruno de Foucault, Flora Gallica, Mèze, Éditions Biotope & Société botanique de France, , 1196 p. (ISBN 9782366620122)
  3. a b et c Gérard Ducerf, L'encyclopédie des Plantes bio-indicatrices alimentaires et médicinales, vol. 1, Saint-Just la Pendue, Promonature, , 352 p. (ISBN 2951925816)
  4. Service public de Wallonie : Circulaire relative aux plantes exotiques envahissantes
  5. a b c et d Tela Botanica, <https://www.tela-botanica.org>, licence CC BY-SA 4.0 <https://creativecommons.org/licenses/by-sa/4.0>, consulté le 27 avril 2022
  6. a b c d e et f POWO. Plants of the World Online. Facilitated by the Royal Botanic Gardens, Kew. Published on the Internet; http://www.plantsoftheworldonline.org/, consulté le 27 avril 2022
  7. a b et c MNHN & OFB [Ed]. 2003-présent. Inventaire national du patrimoine naturel (INPN), Site web : https://inpn.mnhn.fr, consulté le 27 avril 2022
  8. Catalogue of Life Checklist, consulté le 27 avril 2022
  9. Tropicos.org. Missouri Botanical Garden., consulté le 27 avril 2022
  10. (en) Louis-Philippe Ronse Decraene et J. R. Akeroyd, « Generic limits in Polygonum and related genera (Polygonaceae) on the basis of floral characters », Botanical Journal of the Linnean Society, vol. 98, no 4,‎ , p. 321–371 (DOI 10.1111/j.1095-8339.1988.tb01706.x)
  11. (en) Zika & Jacobson, « An overlooked hybrid japanese knotweed (Polygonum cuspidatum x sachalinense; Polygonaceae) in North America », Rhodora (Journal of the New England Botanical Club), Cambridge, MA, vol. 105, no 922,‎ , p. 144 (lire en ligne)
  12. a et b GBIF Secretariat. GBIF Backbone Taxonomy. Checklist dataset https://doi.org/10.15468/39omei accessed via GBIF.org, consulté le 27 avril 2022
  13. Base de données mondiale de l'OEPP, https://gd.eppo.int, consulté le 27 avril 2022

Voir aussi modifier

Articles connexes modifier

Liens externes modifier

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