Pierre-Arnaud Dartigoeyte

personnalité politique française

Pierre-Arnaud Dartigoeyte
Fonctions
Député des Landes

(3 ans, 1 mois et 22 jours)
Gouvernement Convention nationale
Biographie
Date de naissance
Lieu de naissance Mugron (Landes)
Date de décès (à 49 ans)
Lieu de décès Lahosse (Landes)
Nationalité Drapeau de la France Française
Parti politique Gauche
Profession Procureur-syndic
députés des Landes

Pierre-Arnaud Dartigoeyte, né le à Mugron (dans l'actuel département des Landes), mort le à Lahosse (Landes), est un conventionnel français.

Biographie modifier

Fils d'un notaire de Mugron, qui possède par ailleurs des biens à Lahosse, Pierre-Arnaud Dartigoeyte suit des études de droit à Bordeaux et devient avocat au Parlement de cette ville. En 1788, il est avocat à Mugron et se fait appeler Dartigoeyte de Lamarque[1].

En septembre 1792, alors qu'il est procureur-syndic du district de Saint-Sever, Dartigoeyte est élu député du département des Landes, le premier sur six, à la Convention nationale. Il siège sur les bancs de la Montagne. Lors du procès de Louis XVI, il rejette l'appel au peuple et le sursis et vote pour « la mort sans délai ». Il est absent lors de la mise en accusation de Marat[2] et lors du rétablissement de la Commission des Douze[3].

Dartigoeyte est envoyé en mission, d'abord auprès de la section des Amis-de-la-Patrie aux côtés de Bourdon « de l'Oise »[4]. Il se rend, entre mars et juin 1793, dans les départements du Gers et des Landes aux côtés de Pierre Ichon[5].

Il est envoyé dans le département du Gers comme représentant en mission pour faire appliquer le décret du sur la levée en masse, mission qui sera renouvelée le 2 frimaire an II, et qu'il accomplit avec une rigueur exceptionnelle. Le département est jusque-là majoritairement partisan des girondins. L'administration montagnarde s'emploie donc à reprendre les choses en main. Le médecin François-Michel Lantrac (1760-1848), un des montagnards les plus actifs, est nommé procureur général-syndic provisoire et avec Dartigoeyte ils mènent une politique rigoureuse. Dartigoeyte combat la religion catholique, pourchasse les prêtres réfractaires, brûle sur une place d'Auch les objets de culte. Ses actes lui attirent de nombreuses inimitiés[6]. Le 17 germinal an II, alors qu'il préside la Société populaire d'Auch qui se tient au théâtre, une brique est lancée dans sa direction, sans l'atteindre. Dartigoeyte tempère l'ardeur de ses partisans, mais il n'interviendra pas dans la suite des événements : un soldat de 23 ans, Pierre Lacassaigne, est arrêté. L'incident provoque la convocation de la commission militaire de Bayonne, chargée de la justice révolutionnaire. Les 15 et , la guillotine servie assez laborieusement par le bourreau Jean Rascat[7] fonctionne : neuf condamnés à mort sont exécutés. Le 16, la Convention décrète la suppression des tribunaux et commissions militaires dans les départements, mais la nouvelle arrivera trop tard. La commission a consommé pour plus de quatorze cents livres de repas, boissons et liqueurs diverses chez Alexandre, le fameux aubergiste d'Auch.

Dartigoeyte est présenté comme un personnage cruel, cynique, grossier, plutôt porté sur le vin. Il tente vainement de séduire une jeune fille, Victoire Guérard, alors âgée de seize ans. Comme elle lui reproche ses discours extrémistes, il va jusqu'à prononcer une diatribe contre ses propres amis et partisans dans la cathédrale, devenue Temple de la Raison. Il devra s'en excuser quelque temps après.

En prairial an III (juin 1795), Dartigoeyte est décrété d'arrestation, dénoncé au Comité de Législation par Joachim Perez, député suppléant du Gers incarcéré en septembre 1793 comme fédéraliste, puis admis à siéger à la Convention[8]. Il est libéré à la faveur de l'amnistie rendue à la fin de la session de la Convention.

Mariage - Décès modifier

Le révolutionnaire épouse l'aristocrate Jeanne-Sophie de Foix-Candalle-Doazit[9], héritière d'une illustre famille, et cherche à faire oublier son passé.

En 1808 il se retire à Montfort-en-Chalosse dans la maison de son grand-père paternel[10] et meurt à Lahosse, dans les Landes, le 25 novembre 1812 à l'âge de 49 ans[11].

Sa veuve Jeanne Sophie de Foix-Candale, retirée à Lahosse dans un ancien prieuré acquis par son mari pendant la Révolution, est morte le 12 août 1827.

Notes modifier

  1. Bulletin de la Société de Borda, 1969, n°335, p.374
  2. Archives parlementaires de 1787 à 1860, Première série, tome 62, séance du 13 avril 1793, p. 73.
  3. Archives parlementaires de 1787 à 1860, Première série, tome 65, séance du 28 mai 1793, p. 538.
  4. Alphonse Aulard, Recueil des Actes du Comité de Salut public tome 2, Représentants en mission, séance du 8 mars, p. 285.
  5. Ibid., Représentants en mission, séance du 9 mars 1793, p. 303.
  6. Jean-François Bladé, dans la préface de ses Contes de Gascogne, évoque les démêlés de sa grand-mère, Marie de Lacaze, avec le représentant.
  7. Ce Rascat, né en 1759, fut le dernier bourreau de la ville de Lectoure Voir Tour du Bourreau (Lectoure). Jean-François Bladé (Contes de Gascogne), dit que le nom de rascat était devenu courant dans les campagnes pour désigner un bourreau.
  8. Françoise Brunel, « Les derniers montagnards et l'unité révolutionnaire », Annales historiques de la Révolution française n°229, 1977, p. 388.
  9. Le mariage religieux est célébré le 12 mai 1795 (v.s.) à la chapelle du couvent de la Conception, louée par l'abbé Asselin, de la Communauté de Saint-Roch pour célébrer le culte interdit dans les églises de Paris. (Archives historiques de l’Archevêché de Paris, Paroisse Saint-Roch, BMS, 8 décembre 1794-19 septembre 1796, Voir en ligne
  10. Maurice Gassie, Montfort, bastide de Chalosse, édition de la Sauvagère, 2013, p.74-75 : "Déclaration de domicile faite à la mairie de Montfort le 16 août 1808. Pierre Arnaud Datigoeyte, avocat et propriétaire, déclare qu'il a quitté la commune de Lahosse où il était habitant et domicilié pour se retirer dans celle de Montfort, dans la maison dite de Petite Hourcade, où son ayeul paternel est né et où le déclarant possède une propriété assez conséquente (...) Déclaration en conformité avec l'article 104 du code Napoléon. Sur quoi, nous Maire de Montfort François Xavier Candeloup, avons donné acte."
  11. Registre des actes de l'état civil de la commune de Lahosse, 1803-1831, cote 4 E 141/2-5, page 443/541 : "lesquels nous ont déclaré que pierre arnaud Dartigoeyte âgé de quarante huit ans, profession d'avocat, domicilié à Montfort, fils d'arnaud clement Dartigoeyte et de M. Lanefranque est décédé le vingt cinq du mois de Novembre"

Sources et bibliographie modifier

  • « Pierre-Arnaud Dartigoeyte », dans Adolphe Robert et Gaston Cougny, Dictionnaire des parlementaires français, Edgar Bourloton, 1889-1891 [détail de l’édition]
  • Bulletin de la Société archéologique du Gers
  • Gilbert Sourbadère, Daniel Hourquebie, Histoires de la Révolution en Gascogne, Loubatières, 1989
  • Gilbert Brégail, Le Gers pendant la Révolution, Auch, Cocharaux, 1934
  • G. Cabannes, Dartigoeyte, J. Lacoste, Mont-de-Marsan, 1936
  • Hubert Delpont, Nouvelle approche de Dartigoeyte, le Landais maudit par l'Histoire, Bulletin de la Société de Borda, 1-2014, p. 35-50.

Voir aussi modifier