Phare du Cap Guardafui

bâtiment en Afrique

Le phare du Cap Guardafui aussi nommé Phare de Francesco Crispi[1] est située au cap Guardafui à 50 kilomètres de la ville d'Alula dans la province du Pount. Inauguré en 1924, il est le plus vieux bâtiment de ce type en Somalie et fait figure du passé colonial du pays. En effet sa conception et sa création remontent à l'époque où le pays était une colonie du royaume d'Italie. De plus, sa forme en fasces est une référence directe au Parti national fasciste et le phare est parfois baptisé phare de Mussolini[1].

Phare du Cap Guardafui
Phare de Francesco Crispi avec la forme d'un fasces
Localisation
Coordonnées
Localisation
Histoire
Construction
Visiteurs
non
Architecture
Hauteur
19 m
Élévation
244 m
Équipement
Portée
26 miles
Feux
3 lampes rouges, 15 s
Carte

Histoire modifier

Un long processus de construction modifier

Située sur un axe commercial stratégique dès l'ouverture du canal de Suez en novembre 1869, la corne de l'Afrique voit alors passer un grand nombre de bateaux en provenance de l'océan Indien pour continuer leurs routes en mer Rouge[2]. Le territoire, appartenant à la Grande-Bretagne, est le témoin de nombreux naufrages et de catastrophes maritimes. En témoigne par exemple l'accord informel que les Anglais ont passé avec le roi Osman Mahamuud pour sauver les équipages britanniques[2]. Les récits de ces naufrages sont présents dans une grande proportion dans les nombreux rapports maritimes. Lors d'une correspondance, Charles Iverson Graves écrit à sa femme le que les Somaliens lui ont dit qu'ils attendaient l'arrivée de "au moins deux ou trois navires durant l'été"[3]. De même, alors que Frederick Mercier Hunter rapporte sept accidents entre et [4], la nécessité d'un phare se fait de plus en plus pressante. Voici une liste exhaustive des navires connus s'étant échoués sur le cap en l'absence du phare:

Dans un rapport du lieutenant-colonel Graves, une autre préoccupation force la précipitation de la construction d'un phare : celui des dangers des pillages et des attaques à l'entrée et à la sortie du golfe d'Aden. En effet, dans une note de 1878, on peut lire que près du cap Guardafui se trouve un "Cheik qui, très renommé dans le pays, fait jour et nuit, pendant la mauvaise saison, des prières au Bon Dieu pour qu'il leur envoie des navires chrétiens [...] parce qu'ils sont toujours plus richement chargés que les autres"[14].

Une autre difficulté de la construction d'un tel phare était, après son prix, le sujet de questions techniques et logistiques. En effet, cette zone de la Somalie n'est que très peu habitée si ce n'est par les Somaliens qui profitent des naufrages. Il faut donc, avec un phare, prévoir une garnison militaire permanente ainsi qu'un moyen d'approvisionner les personnes sur place[14].

Cependant, les Anglais ne procèdent pas à la construction d'un phare et cèdent le territoire à l'Italie le qui devient une colonie en 1905. Dans une note au sous-secrétaire aux affaires étrangères, James Weir demande que la construction d'un phare soit mise en œuvre en 1902. Le gouvernement italien est alors contacté mais les désaccords entre les compagnies navales britanniques ainsi que le coût insupportable pour l'Italie seule condamnent le projet[15],[16].

La construction et l'actualité du phare modifier

Construit enfin en 1924 avec une station de radio[17], le phare n'est pas celui que l'on connait aujourd'hui. En effet, il ne s'agit que d'une simple tourelle en métal d'une hauteur de 15 mètres[18]. Les modifications pour le transformer en tour de pierre de 19 mètres ne prendront effet qu'en 1930[19].

Sur le phare, une plaque de bronze porte l'inscription suivante:

 
Plaque du phare
« Proveniente da Suez diretta a Calcutta

Doppiava questo Capo nell’ottobre 1871
La nave mista “Emilia”, tonnellate 1046.
Primo piroscafo italiano che tentasse il nuovo traffico con le Indie.
La comandava il venticinquenne Capitano DE ALBERTIS.
l’intrepido navigatore oceanico del “CORSARO”
Campione ancora vivente dello spirito marinaro di nostra gente

Deposta la spada per il timone
Il Veterano delle guerre di liberazione d’Italia
Generale NINO BIXIO
Con ardore di marinaio pari al valore del condottiero
Comandava il piroscafo “MADDALONI”
La seconda delle navi italiane che solcava queste acque
Per interesse e floridi commerci d’oltre mare
Sul quale la Patria fondò le sue speranze.
Dal Ministero della Marina, aprile 1924. »

Le phare, de par sa forme finale est un symbole de l'impérialisme italien et est accompagné d'une garnison pour sa sécurité. Il est l'objet de nombreux symboles de l'Italie fasciste comme des timbres. Il figure sur la médaille de la marine royale italienne pour les soldats ayant servi en Somalie italienne avec l'inscription Silentia et Sidera. De par sa localisation stratégique et l'implication de l'Italie dans l'axe, le phare est repris par les Britanniques le lors de la campagne d'Afrique de l'est[20]. Son dernier gardien, Antonio Selvaggi est alors fait prisonnier[21].

Désactivé en 1957[21], le phare est aujourd'hui en abandon total après le départ des Italiens et les guerres successives qui frappent la Somalie.

Références modifier

  1. a et b (en-US) « Capo Guardafui: "Il Faro di Mussolini", Alberto Alpozzi », sur www.lookoutnews.it (consulté le )
  2. a et b (it) « CAPO GUARDAFUI, RAS ‘ASÄYR راس عسير- Alberto Alpozzi Fotografia », sur www.albertoalpozzi.it (consulté le )
  3. « Charles Iverson Graves Papers, 1831-1962 », sur finding-aids.lib.unc.edu (consulté le )
  4. (en) « Atrocious Misery: The African Origins of Famine in Northern Somalia, 1839-1884 | Wayne K. Durrill | Academic Room », sur www.academicroom.com (consulté le )
  5. « The Singapore free press and mercantile advertiser », sur archive.org (consulté le )
  6. a et b « An account of the British settlement of Aden in Arabia », sur archive.org (consulté le )
  7. « Wrecksite - KWANGCHOW PASSENGER/CARGO SHIP 1872-1873 », sur www.wrecksite.eu (consulté le )
  8. « Wrecksite - OVERIJSSEL PASSENGER/CARGO SHIP 1877-1879 », sur www.wrecksite.eu (consulté le )
  9. (en) Allan Simmons et John Henry Stape, Lord Jim : Centennial Essays, Rodopi, , 139 p. (ISBN 978-90-420-1224-0 et 90-420-1224-2, lire en ligne)
  10. « Wrecksite - DALMATIA CARGO SHIP 1883-1885 », sur www.wrecksite.eu (consulté le )
  11. « Wrecksite - WILLINGDALE CARGO SHIP 1883-1885 », sur www.wrecksite.eu (consulté le )
  12. « Wrecksite - CASHMERE PASSENGER/CARGO SHIP 1864-1887 », sur www.wrecksite.eu (consulté le )
  13. « Wrecksite - CHODOC 1897-1905 », sur www.wrecksite.eu (consulté le )
  14. a et b (en) « Full text of "Bulletin de la Société de géographie d'Égypte" », sur archive.org (consulté le )
  15. (en-GB) « Cape Guardafui and Socotra—Lighting. (Hansard, 14 March 1902) », sur hansard.millbanksystems.com (consulté le )
  16. La Nature — Revue des sciences (lire en ligne), p. 41
  17. « Un faro torinese contro i pirati africani », sur LaStampa.it (consulté le )
  18. « 1924 – Il primo faro a capo Guardafui nella Somalia Italiana », sur Faro Francesco Crispi - Cape Guardafui, Somalia A.O.I., (consulté le )
  19. « 1930 – Il nuovo faro Crispi a capo Guardafui nella Somalia Italiana », sur Faro Francesco Crispi - Cape Guardafui, Somalia A.O.I., (consulté le )
  20. « Royal Navy, East Indies Station war despatches, 1940-41 », sur www.naval-history.net (consulté le )
  21. a et b González Macías, Atlas des phares du bout du monde, Autrement, 2021, p. 80