Payut Ngaokrachang (thaï : ปยุต เงากระจ่าง), né le dans la province de Prachuap Khiri Khan et mort le à Bangkok, est un dessinateur, un animateur et le réalisateur de Sudsakorn, le premier long métrage d'animation thaïlandais.

Payut Ngaokrachang
Payut Ngaokrachang en 2007 à la rétrospective de Cherd Songsri
Biographie
Naissance
Décès
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BangkokVoir et modifier les données sur Wikidata
Nationalité
Activités
Œuvres principales

Biographie[1] modifier

Enfance modifier

Enfant, Payut est passionné par le théâtre d'ombres (le nang talung, une variante du nang yai) et par le dessin animé Félix le chat.

Ses passions et sa rencontre en 1941 avec le peintre Sanae Klaikluen (réalisateur de courts dessins animés gouvernementaux pédagogiques d'une minute recommandant le port du chapeau et des bottes aux fermiers thaïlandais) l'amène à l'animation.

Adolescence modifier

En 1944, Payut Ngaokrachang suit par correspondance les cours de Hem Vejakorn, un écrivain d'histoires de fantômes, célèbre illustrateur des couvertures des pulps, romans à trois sous ou à dix satangs des années 1940-1950 et illustrateur aussi de l'histoire de Khun Chang Khun Phaen[2],[3] (Les écrits et les illustrations d'Hem Vejakorn inspirent aussi beaucoup Wisit Sasanatieng pour la réalisation de son film The Unseeable).

Adulte modifier

Début de sa carrière de réalisateur de dessin animé modifier

En 1955, un an après la mort de son ami Sanae Klaikluen, en convalescence à la suite d'une maladie, il se décide enfin à réaliser son premier film d'animation : L'accident miraculeux (Miracle Happens / เหตุมหัศจรรย์ / Het Mahatsachan), un dessin animé de 12 minutes dont le personnage principal est un policier qui fait la circulation.

Au service de la diplomatie américaine modifier

Payut attire ainsi l'intérêt de l'ambassade des États-Unis qui l'embauche comme artiste dans l'United States Information Service (USIS) pendant trente-trois ans. Pour sa formation, l'USIS propose à Payut d'étudier six à huit mois soit chez Disney, soit au Japon. Payut choisit le Japon.

En 1957, après son séjour au Japon, il réalise un dessin animé de vingt minutes considéré comme propagande anti-communiste, Les nouvelles aventures d'Hanuman (Hanuman in Danger / หนุมานเผชิญภัย/ Hanuman Phachoen Phai d'après le Ramayana ou Ramakien).

En 1963, il participe comme associé artistique au tournage du film Tarzan's Three Challenges (en).

Les aventures de Sudsakorn[4] modifier

En 1976, toujours au service de l'ambassade des États-Unis, il commence de réaliser un long dessin animé Les aventures de Sudsakorn (Sudsakorn / สุดสาคร) dont l'histoire s'inspire du Phra Aphai Mani[5], un poème épique de 30 000 vers composé par Sunthorn Phu[6], fameux poète thaïlandais ayant vécu aux XVIIIe-XIXe siècles[7].

Le , jour de Songkran, son chef-d’œuvre de l'animation est terminé et il sort sur les écrans.

Apichatpong Weerasethakul se souvient avoir vu lors de sa sortie le chef-d’œuvre de Payut : « Une fois, j'ai entrepris le voyage pour aller voir le premier film d'animation thaï, L'Aventure de Sudsakorn, probablement au cinéma Rama, à côté de la clinique de mes parents. Dans la salle plongée dans le noir, j'étais impressionné par les motifs des costumes thaïs, les ornements qui paraient le cheval-dragon, les vagues artificielles et imaginaires. Je pensais tout bas : « Quel génie, ce Payut Ngakrachang, désormais nous n'avons plus besoin de voir les films d'animation japonais, nous sommes capables d'en réaliser de bien meilleurs ! » »[8].

Filmographie modifier

  • 1955 : L'accident miraculeux (Miracle Happens / เหตุมหัศจรรย์ / Het Mahatsachan)[9]
  • 1957 : Les nouvelles aventures d'Hanuman (Hanuman in Danger / หนุมานเผชิญภัย/ Hanuman Phachoen Phai) (film de propagande)[10] ;
  • 1960 : A Boy and A Bear (เด็กกับหมี / Dek Kap Mi) (film de propagande) ;
  • 1979 : Sudsakorn (สุดสาคร)[11].

Notes et références modifier

  1. Olivier Cotte, 100 ans de cinéma d'animation, Dunod (édition), , 416 p. (ISBN 978-2-10-072841-1, lire en ligne), Thaïlande pp. 355-356.
  2. Madame J. Kasen Sibunruang (traduit par), Khun Chang, Khun Phèn : La femme, le héros et le vilain, Poème populaire thaï, PUF, , 162 p..
  3. (fr + th) Collectif, Florilège de la littérature thaïlandaise, Duang Kamol (édition), , 470 p. (ISBN 974-210-432-8), KHUN CHANG KHUN PHEN pp. 165-218.
  4. (en) Kong Rithdee, « Reliving an era through film », Bangkok Post, .
  5. (en) Sunthorn Phou (trad. Prince Prem Burachat), « The Story of Phra Abhai Mani / Part nine : the infant prodigy », sur sakchaip.tripod.com, (consulté le )
  6. Frédérique Maurel, Clefs pour Suthorn Phu, L'Harmattan (éditions), , 304 p. (ISBN 978-2-7475-1199-5, lire en ligne)
  7. (en) « In memoriam : Payut Ngaokrachang », sur thaifilmjournal.blogspot.com,
  8. Collectif, Trafic 76, P.O.L., , 144 p. (ISBN 978-2-8180-0656-6), Esprits dans l'obscurité pages 12 à 21 par Apichatpong Weerasethakul (texte du livre Sat Vikal / des forces inconnues traduit du thaï par Mathieu Ly).
  9. (en) « Thai Film Archieve uploads old films on Youtube », The Nation, .
  10. (en) Hélène et Sophie, « Payut Ngaokrachang : cartoons for the United States Information Service », sur carnetcase.hypotheses.org, Les carnets du Centre Asie du Sud-Est (CASE) (consulté le )
  11. (en) John A. Lent, « "A Screw Here, A Crank There" : Payut Ngaokrang and the Origins of Thai Animation », sur awn.com, Animation World Network,

Liens externes modifier